• Aucun résultat trouvé

Le but de cette enquête épidémiologique était de déterminer la fréquence des défécations chez le chien en bonne santé. En effet, aucune donnée n’est disponible dans la littérature vétérinaire concernant cette fréquence. Nous avons donc cherché à déterminer la fréquence des défécations chez le chien sain, au moyen d’une étude rétrospective sur un échantillon d’animaux présentés en consultation à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse.

Au total, 195 chiens ont été inclus dans notre étude, et l’influence de différents facteurs sur la fréquence des défécations a été testée (âge, sexe, poids, score corporel, race, alimentation, nombre de repas, modalités d’accès à l’extérieur, modalités des promenades).

D’après les résultats des analyses statistiques que nous avons réalisées, la fréquence journalière moyenne des défécations chez le chien sain est de 2,4 (95% Cl : 2,2-2,5). La fréquence médiane des défécations est de 2 (min 1, max 5– percentiles 2,5 et 97,5% : 1-4). De plus, aucun de tous les paramètres testés n’influe sur la détermination de cette fréquence.

Figure 17 : Comparaison de la répartition des chiens en fonction du

caractère « connu » ou « estimé » de la fréquence des défécations

54 Au cours de notre étude, un certain nombre de difficultés a été rencontré. En effet, la récolte d’un nombre de questionnaires suffisant a été difficile, car beaucoup de propriétaires n’ont pas trouvé le temps nécessaire à la participation à notre étude, et aussi à cause d’une mauvaise diffusion du questionnaire à l’accueil des cliniques de l’ENVT. De plus, une part conséquente des réponses amassées était incomplète, et a nécessité un contact téléphonique ou par courrier électronique.

Bien qu’aucune étude à l’heure actuelle n’ait cherché à déterminer la fréquence des défécations chez le chien sain, de nombreux travaux ont été réalisés en médecine vétérinaire pour déterminer l’influence de certains paramètres sur la qualité des matières fécales chez le chien. Il semblerait que le format de l’animal, le temps de transit colique et la perméabilité intestinale jouent un rôle dans la détermination du score fécal. Par contre, l’âge et la teneur en fibres de l’alimentation n’entraîneraient pas de modification de l’aspect et de la consistance des selles. L’impact d’un certain nombre de facteurs sur la qualité des matières fécales n’a toujours pas été étudié : sexe, prise de boisson, stérilisation, score corporel.

Or, même si aucun lien n’a jamais été établi entre la qualité fécale d’une part, et la fréquence des défécations d’autre part, nous avons supposé que les paramètres influençant l’une pouvaient également influer sur l’autre. C’est pourquoi nous avons inclus tous ces facteurs dans notre enquête épidémiologique, de manière à rechercher leur effet sur le score fécal d’une part, et la fréquence des défécations d’autre part.

Les résultats de notre analyse statistique ne sont pas tous en accord avec ceux rencontrés dans la littérature. En effet, l’absence d’effet de l’âge et de l’alimentation sur la qualité des matières fécales a été confirmée. Cependant, dans notre étude, aucun lien n’a pu être établi entre le format des chiens et leur score fécal. Dès lors, comment expliquer une telle différence ?

Premièrement, grâce aux graphes présentés dans le chapitre précédent, un certain nombre de paramètres ne sont pas également représentés dans notre étude. C’est par exemple le cas du format des chiens. En effet, seuls 3,6% des chiens de notre échantillon appartiennent à la catégorie « giant », dont les poids varient entre 45 et 100 kg. De même, 87,7% des animaux de notre étude sont nourris avec une alimentation sèche (croquettes). Cette répartition hétérogène des chiens entre les différentes catégories peut entraîner un biais dans l’analyse statistique des résultats. Ainsi, il pourrait être judicieux d’envisager une prochaine étude où les animaux seraient également répartis dans les différentes catégories.

De plus, les modalités de notre enquête sont bien différentes de celles utilisées par les études sur lesquelles nous nous sommes appuyées. En effet, la plupart de ces dernières se basait sur un échantillon de 24 chiens, soit six chiens de quatre races différentes : le dogue allemand, le

55 schnauzer géant, le schnauzer moyen, et le caniche nain. Ainsi, nous pouvons nous poser la question de la possibilité d’extrapolation des résultats obtenus à l’ensemble des chiens, compte tenu du petit échantillon employé, et du très faible nombre de races représentées. De même, dans ces investigations, les 24 chiens étaient hospitalisés pendant toute la durée des mesures, alors que notre enquête se base sur des données rapportées par des observations de propriétaires, dans des conditions de vie normales pour les chiens. Ainsi, nous ne pouvons pas exclure que le facteur « hospitalisation » ne joue pas un rôle sur les résultats obtenus.

Enfin, bien que le degré de précision apporté par les propriétaires dans notre enquête soit correct, puisque aucune différence n’est observée en fonction du ramassage des selles, ou du caractère « observé » donc certain de la fréquence des défécations avancée, il pourrait être intéressant de poursuivre l’étude, de manière à obtenir un échantillon plus important, et à observer d’éventuelles modifications de nos résultats. De même, une investigation « prospective », grâce à un questionnaire distribué préalablement, avec des réponses rapportées basées sur les observations des semaines suivantes, permettrait de gommer l’éventuel biais dû à l’incertitude des réponses apportées par les propriétaires. En effet, malgré l’affirmation du caractère « connu » de la fréquence des défécations des chiens par certains propriétaires, celle-ci conserve une part d’estimation, puisqu’elle résulte d’une appréciation rétrospective. Ainsi, l’exactitude des informations récoltées ne peut pas être parfaite. En outre, l’indécision constatée de certaines personnes face à l’évaluation la fréquence des défécations de leur chien révèle une certaine part d’inexactitude, que seule une étude prospective pourrait effacer.

Malgré des similitudes entre les résultats de notre enquête et ceux rencontrés dans la littérature, quelques divergences et facteurs d’imprécision persistent. A l’avenir, il serait donc intéressant d’envisager la réalisation d’une étude prospective, réalisée sur un grand nombre de chiens dans leurs conditions de vie normales, pour confirmer les résultats que nous avons obtenus, en gommant les limites de notre enquête.

57

CONCLUSION

Selon l’enquête épidémiologique rétrospective que nous avons réalisée à partir d’une population de 195 chiens sains présentés aux consultations de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse entre novembre 2011 et avril 2012, la fréquence journalière moyenne des défécations dans cette espèce est de 2,4 (95% Cl : 2,2-2,5). La fréquence médiane des défécations est de 2 (min 1, max 5– percentiles 2,5 et 97,5% : 1-4).

D’après les analyses statistiques que nous avons réalisées, aucun des paramètres testés (âge, sexe, poids, score corporel, race, alimentation, nombre de repas, modalités d’accès à l’extérieur, modalités des promenades) n’influe sur la détermination de cette fréquence des défécations.

Aucune étude n’ayant été réalisée jusqu’à ce jour pour déterminer la fréquence normale des défécations chez le chien sain, et les facteurs l’influençant, il serait souhaitable que des investigations complémentaires soient réalisées, prospectives ou rétrospectives, sur un nombre de chiens plus important, de manière à confirmer les résultats que nous avons obtenus.

Grâce à la détermination de la fréquence des défécations chez le chien en bonne santé, il est désormais possible de définir les variations pathologiques de cette dernière.

59

ANNEXES

ANNEXE 1 : Questionnaire distribué aux propriétaires de chiens présentés à l’ENVT

Documents relatifs