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I. Confrontation résultats/hypothèses

Les analyses des tests de typage sonore ont permis de monter que, comme nous l’avions présumé, les attributs perceptifs rugosité et bourdonnement influent sur le typage sport du bruit moteur. Par ailleurs, nous avons remarqué que chaque auditeur privilégie l’un ou l’autre de ces attributs en fonction de sa propre représentation du typage sport. Ainsi, l’existence de sous-classes est montrée. Il serait intéressant de poursuivre cette étude en faisant le lien entre ces sous-classes de juges et les catégories clients. Ainsi le bruit moteur pourra être travaillé en fonction de la cible client visée.

Les résultats du test de rugosité n’ont pas permis de vérifier notre hypothèse. En effet, la décomposition de phénomène auditif de rugosité en roucoulement et rugosité râpeuse n’a pas été mise en évidence. Dans notre test, les juges ont plutôt écouté le caractère râpeux pour évaluer la rugosité. Ainsi, le paramètre SpecRoughH9-15 apparaît comme quantitatif de la rugosité.

L’influence du niveau de l’harmonique H2 varie selon la perception des différents juges. Certains juges se sont avérés être de très bon ‘’verbalisateurs’’, en employant des termes spécifiques au domaine de l’acoustique. Nous pensons que ces sujets avaient un certain niveau d’expertise dans ce domaine. Ces juges, les plus ‘’experts’’, pensent que le niveau de H2 a tendance à diminuer la rugosité perçue. Les autres pensent le contraire. En fait, l’harmonique H2 augmentant, le niveau global s’élève, laissant percevoir à certains juges plus de rugosité. Comme les harmoniques responsables de la rugosité sont éloignées en fréquence de l’harmonique H2, le phénomène de masquage est moindre. En revanche, plus le son est fort, plus il est pénible et donc, pour certains, plus rugueux. Ce dernier avis semble être celui qui nous importe puisque nous nous intéressons plus à la perception de conducteurs que d’ ‘’experts’’ en acoustique. Il serait pertinent de contrôler plus le niveau d’expertise des sujets, et choisir des sujets parmi les clients de PSA.

A partir d’un certain niveau, plus l’harmonique H2 augmente, plus la gêne se renforce. Cette harmonique est alors émergente et nous sommes en présence d’une bosse de bourdonnement.

Mais la gêne dépend d’autres paramètres que le niveau de l’harmonique H2, comme par exemple de l’acuité. En fait, la gêne est surtout liée à la sonie.

Comme nous le supposions, les harmoniques paires H2, H4 et H6 influent sur le bourdonnement perçu. Il faut que le niveau de ces harmoniques soit suffisamment élevé et que le niveau de l’harmonique H6 par rapport à celui de l’harmonique H2 ne soit pas trop faible pour percevoir la variation formantique du bruit moteur.

Le test hédonique ajoute que certains juges apprécient les sons de moteur fort et rugueux, contrairement à d’autres. Remarquons que les juges n’appréciant guère niveau et rugosité sont

ceux qui composent principalement la classe 1 du test +/- sport, classe qui n’est pas homogène.

Ainsi, interroger des juges qui ne sont pas sensibles à la sportivité du son moteur n’est pas judicieux.

L’objectif principal de cette étude était de trouver les paramètres signaux qui contrôlent le typage sport du bruit moteur. Nous avons mis en évidence les paramètres principaux :

- La sonie influe sur la sportivité. Nous lui préférerons le paramètre dBA, plus physique.

- Le paramètre SpecRoughH9-H15 est représentatif de la rugosité.

- Le niveau global et les niveaux relatifs de H2-H4-H6 joue un rôle dans la perception du bourdonnement.

II. Remarques sur le processus expérimental

Les sons des tests étaient pour la plupart artificiels, et pourtant personne n’a émis de remarques à ce sujet (sauf pour le test de gêne dans lequel certains sons étaient volontairement exagérés).

Les sons préparés pour les tests se ressemblaient beaucoup. Aussi, beaucoup de juges ont été décontenancés par l’expérience et pensaient avoir répondu au hasard. Pourtant, tous les classements effectués suivent une certaine logique. En fait, les réponses aux tests sont souvent intuitives si bien que le juge n’a pas conscience de sa stratégie de jugement. Un exemple particulièrement frappant de ce phénomène est le résultat du test sur la gêne : le classement moyen est fortement corrélé à la sonie. Or, les sons du test étaient tels que même un groupe de juges expert ne pourrait classer si bien les sons selon le niveau perçu. Il apparaît donc que sous couvert de classement selon la gêne, les juges ont inconsciemment jugé le niveau.

Le niveau d’expertise des sujets tant en acoustique qu’en connaissance de la voiture n’était pas homogène. Pour être au plus proche du ressenti du client, il faudrait interroger le client lui-même (et non des collaborateurs PSA) !

III. Conclusion et perspectives

En conclusion, différentes ‘’images auditives’’ du typage sport ont été mises en évidence. Elles sont liées à des paramètres signaux tels que la sonie, SpecRoughH9-H15 et les niveaux des harmoniques H2, H4 et H6. Pour concrétiser ces résultats, il faut d’une part les attribuer à des catégories de clients. Ainsi, l’élaboration de cibles sonores de bruit moteur sera facilitée. D’autre part, il faut approfondir les connaissances des effets de modifications techniques sur les paramètres signaux.

D’autres attributs perceptifs du bruit moteur influent sur le typage. Il s’agit d’attributs contenus dans la partie bruitée du bruit moteur comme par exemple les sons ‘sss’, ‘fff’. L’analogie entre signal moteur et signal de parole nous semble pertinente et nous pensons qu’il serait judicieux de l’étendre à ces autres composantes du bruit moteur, d’autant plus que les descripteurs générés en analyse sensorielle sont presque tous formés à partir d’onomatopées.

Par ailleurs, l’analogie formantique doit s’étendre de l’analyse d’attributs perceptifs à l’analyse globale du typage sonore.

Dans un test de catégorisation, au lieu de demander aux sujets de décrire les groupes de sons formés avec des mots, on peut leur demander de le chanter ou de l’imiter à l’aide d’onomatopées.

Le même travail peut être effectué pour le typage du bruit moteur d’un seul véhicule au travers de toutes ces situations de vie.

Le sujet chante ce qu’il considère comme primordial dans le signal, en tous cas ce pour quoi il a regroupé ces sons particuliers. Ainsi, dans l’analyse des signaux chantés, on a directement accès à l’information importante pour le sujet. De plus, on reste dans le domaine sonore : il y a imitation sonore ; il est donc bien plus direct de trouver des paramètres signal caractéristiques du groupe d’échantillons. On bénéficie de plus des techniques de traitement de la parole déjà développées.

En outre, un évènement acoustique est une fonction du temps : un son chanté aussi, pas un mot.

Avec cette technique, on garde ainsi l’évolution temporelle, les transitoires, qui contiennent une grande partie de l’information associée au timbre.

Ainsi, le chant paraît être un indice efficace pour décrire le ressenti auditif.

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