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Notre étude porte sur les données du dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes provenant de la commune VI du District de Bamako. Nos principaux résultats montrent

Nous avons observé une forte adhésion au dépistage auprès du groupe d’âge cible, c’est-à-dire les femmes de 25 – 50 ans. Toutefois, la couverture en dépistage était faible chez les femmes de 60 ans et plus. Les lignes directrices actuelles recommandent l’arrêt du dépistage à partir de 65 ans si les conditions suivantes sont remplies « Les femmes de plus de 65 ans ayant eu trois tests de dépistage consécutifs négatifs et n'ayant aucun antécédent de CIN2 + au cours des 20 dernières années ne doivent pas faire l'objet d'un dépistage du cancer du col de l'utérus, quelle que soit leur modalité » [229]. L’application de cette recommandation est difficile dans notre contexte, car la plupart des femmes de 65 ans et plus n’ont jamais été dépistées pour le cancer du col de l’utérus; ces femmes sont ainsi les plus touchées par le cancer du col utérin dans la plupart des pays africains. À cet égard, il a été rapporté dans la littérature que le non-respect des recommandations de dépistage à un plus jeune âge pourrait entraîner un risque plus élevé, tandis que les personnes bénéficiant d'un dépistage préalable adéquat sont considérées comme une population à faible risque et peuvent être exemptées du dépistage à l'âge de 65 ans [300]. À la lumière de ce constat des stratégies adaptées doivent être développées pour améliorer l’adhésion au dépistage des femmes de 60 ans et plus.

Par ailleurs, la prévalence des anomalies cervicales détectées par l’IVA était de 5,6% dans notre étude. Cette prévalence est plus faible comparée à celle rapportée dans la littérature africaine où la valeur oscille entre 15,4% à 21,4%

(Tableau no19). Nos résultats pourraient s’expliquer en partie par l’expérience

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acquise par nos agents de santé en matière de dépistage du cancer du col utérin.

En effet, depuis 2001, les agents sont régulièrement formés sur la réalisation du dépistage du cancer du col utérin à l’aide de la technique IVA/IVL. Aussi, des supervisions sont – t – elle régulièrement effectuées par les gynécologues responsables des activités dans les différents CSRéf. Ces supervisions des activités ont également été renforcées lors de la campagne de dépistage gratuit

« weekend70 ». Tous ces éléments permettent d’améliorer la performance des tests et ainsi réduire des résultats faux positifs. À cet égard, une étude réalisée par notre équipe a montré que la supervision régulière des activités de dépistage améliore la qualité du programme de dépistage, réduit la charge de travail. Dans cette étude, une augmentation exponentielle de la performance des tests a été notée sur 6 trimestres [301].

Aussi, la prévalence des précancéreuses et cancéreuses du col utérin était-t-elle similaire à celle rapportée dans la littérature africaine. Toutefois, notre analyse temporelle a montré une diminution de la prévalence de ces lésions au fil temps. Ceci pourrait être dû à l’impact positif de prévention secondaire sur la réduction de l’incidence des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin.

En effet, il est clairement admis dans la littérature qu’un programme de dépistage réussi conduit à une réduction de l'incidence du cancer du col utérin par la détection et le traitement de la CIN, et ce, peu importe le type de test. À cet égard, l’étude randomisée réalisée par Sankaranarayanan et al. [302], a montré que le fardeau du cancer du col utérin peut être réduit en un seul cycle de dépistage par IVA. Dans une étude de modélisation, un dépistage à l’IVA une fois au cours de la vie, à l'âge de 35 ans, a réduit le risque de cancer de 25% à 36% par an [228]. Dans un essai randomisé en Afrique du Sud, l’IVA suivie de la cryothérapie a permis une réduction de la prévalence des CIN 2-3 de 37% et 46% respectivement à 6 et 12 mois [303].

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Tableau 19 : Prévalence des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus selon la littératur e africaine.

Auteurs Pays/année N.de

Nous avons observé un âge moyen au moment du diagnostic de 43,8 ans pour les CIN3 et 50,7 ans pour les carcinomes épidermoïdes. Ce qui un temps suffisant pour diagnostiquer les lésions précancéreuses et les traiter efficacement dans la cadre de la prévention secondaire du cancer du col utérin.

En ce qui concerne les facteurs de risque, nous avons observé une augmentation de la prévalence des lésions précancéreuses et cancéreuses selon l’âge (jusqu’à 60 ans), la gestité et le fait de vivre seule. Des résultats similaires ont été rapportés dans la littérature. Dans certaines études, le risque de cancer du col utérin était multiplié par 2 fois chez les femmes ayant quatre enfants ou plus par rapport à celles qui n’ont jamais eu d’enfant [308, 309]. Il est supposé qu'une forte parité vaginale peut causer plus de traumatismes au col de la femme [310, 311]. Et puis, si la femme est également infectée par l’HPV, le virus peut s’intégrer plus facilement et le risque de cancer du col de l’utérus augmente.

Toutefois, si la femme n’est pas infectée par l’HPV, la parité vaginale, qu’elle

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soit élevée ou faible, ne fait aucune différence, car on sait que le traumatisme en soi ne causera pas de cancer du col utérin.

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