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4 Discussion, conclusions et perspectives

Nous avons analysé les effets de l’influence d’une urbanisation de cein-tures périurbaines dans un contexte déterministe et stochastique. Dans le

aléatoire caractérisant la commune. 1 4

premier cas, l’effet de la distance au centre d’emploi et celui du moment de la conversion à des usages urbains se combinent pour expliquer les gradients de valeurs foncières selon la distance au centre urbain. Dans le second cas, des valeurs d’option se forment puisque la conversion d’une terre agricole à un usage urbain est une décision irréversible, qui intervient dans une si-tuation marquée par deux types d’aléas : un “risque de marché”, dû à la variabilité à court terme des prix sur le marché immobilier et un “risque de population” dû auxfluctuations du mouvement migratoire qui, dans le long terme, peut affecter le prix de revente du bien immobilier. Dans les deux cas, le propriétaire foncier a intérêt à différer la construction pour tenir compte des informations apportées par le marché.

L’application porte sur le département de la Côte-d’Or pour lequel nous utilisons des données individuelles sur les transactions de terres agricoles et de terrains à bâtir pour les années récentes (2000, 2002, 2004 et 2006) ou sur une plus longue période (1993-2006) dans la région dijonnaise. Les résultats montrent que les gradients de rente foncière sont d’environ −3% par kilomètre pour les terrains à bâtir et d’environ−1%(−0,6%à−1,7%) pour les terres conservant un usage agricole. La différence s’explique par le fait que, dans ce dernier cas, la rente foncière résidentielle n’est anticipée qu’à partir du moment où la conversion se produira. Les effets sur les va-leurs foncières de diverses autres variables d’influence urbaine (population, zonages fonciers, etc.) ou agricole (nature cadastrale des terres, orientation productive de l’agriculture dans la commune, etc.) sont également estimés.

Le “risque de marché” se traduit par la formation d’une valeur d’option, ce résultat étant principalement dû aux communes avec zonage foncier. Le “risque de population” donne aussi lieu à une valeur d’option, cette fois dans les communes sans PLU (et pour l’ensemble des observations). Dans les deux cas, ces valeurs d’option sont liées à une rétention de terrains (que nous ne pouvons pas estimer en l’état actuel des modèles). Ces résultats peuvent avoir des implications pratiques importantes. Selon les opérateurs du marché immobilier, la montée des valeurs immobilières de la dernière décennie est en partie due au manque de matière première, c’est-à-dire de terrains à bâtir [34]. La réduction de l’offre de terrains constructibles due à l’incertitude peut contribuer à expliquer ce manque. De plus, cette rétention doit logiquement être d’autant plus importante que le trend de périurbanisation se ralentit (il était plus vif dans les années 1970-80 que dans les années 1990-2000) et que l’incertitude s’accroît. Notre analyse fournit donc un élément d’explication de l’augmentation des valeurs foncières et immobilières qui s’est produite au cours de la décennie écoulée. En même temps, cette analyse permet de réfléchir à des solutions si la puissance publique a pour objectif d’augmenter

l’offre de terrains constructibles : le “risque de population” est un risque assurable, puisqu’il s’agit d’un risque local tant que la population globale du pays s’accroît. La création d’un marché secondaire pourrait permettre d’assurer ce risque, donc d’accroître l’offre foncière.

Les résultats actuels doivent être améliorés sur plusieurs points et la re-cherche se poursuit dans plusieurs directions. Il s’agit, premièrement, d’affi -ner les données et les modèles économétriques en tenant compte de la loca-lisation des transactions dans les communes en complétant le géoréférence-ment, ce qui permettra de prendre en compte des variables intra-communales (localisation dans les différentes zones du plan local d’urbanisme et selon la distance au centre du village) et de contrôler les autocorrélations spatiales individuelles. Deuxièmement, l’étude du rôle des zonages fonciers (PLU) comme un droit à réguler le flux d’immigration en choisissant le volume annuel des tranches de permis de construire doit être précisée, en exami-nant le rôle des PLU sur la variabilité de ce mouvement migratoire par un modèle avec biais de sélection. Troisièmement, un modèle de durée doit per-mettre d’estimer la rétention de terrains à bâtir qui résulte de l’incertitude ; cela suppose que l’ensemble des parcelles du département puissent être in-troduites dans ce modèle (pour estimer les chances de survie dans un état agro-forestier), ce qui sera prochainement le cas grâce au cadastre numérisé qui est en cours de constitution par les services de l’Etat.

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Annexe 1. Résultats

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