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Cette étude inclut 14 patients dont l’âge moyen est de 17 ans, présentant des comportements-défis et atteints de TSA. 93% des patients inclus dans l’étude sont des hommes ce qui correspond à l’épidémiologie actuelle des TSA, dont le sex-ratio est de 4 garçons pour une fille selon différentes études. (3,4)

Grâce à l’utilisation du GED-DI, nous avons pu établir que 22 % des comportements-défis étaient liés aux facteurs organiques. Cela nous a permis d’éliminer cette partie des

Comportements-défis et sexualité chez les adolescents atteints de troubles du spectre autistique avec déficience intellectuelle

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comportements-défis pour la suite de notre étude car ils n’ont pas, de façon certaine, de relation avec l’émergence de la sexualité et ne nous aident donc pas à répondre à notre problématique.

A contrario, l’ABC nous a permis d’établir une répartition en pourcentage des différents facteurs induisant des comportements-défis chez les patients atteints de TSA avec déficience intellectuelle. Les facteurs psychiatriques représentent 33 % des comportements- défis pour notre étude alors que les facteurs environnementaux représentent seulement 18 %.

Concernant les 27 % des comportements-défis restants, nous avons étudié de façon approfondie les résultats du SBS qui ont confirmé que les patients avaient un comportement social inadapté ainsi qu’un gros déficit dans leurs habilités sociales. Les résultats du SBS ont également mis en évidence que les patients avaient des comportements sexuels qui divergent des normes sociétales. Ces comportements sexuels pourraient donc être selon nous, le quatrième facteur responsable des comportements-défis. En effet, les patients sont perturbés par les changements hormonaux et physiques qu’induisent l’émergence de la sexualité et ne pouvant comprendre ces changements ils réagissent par des comportements-défis. Les adolescents peuvent également effectuer des actions anormales que les soignants et leur entourage ne cautionnent pas comme : se toucher les parties intimes en public, toucher des personnes de façon inappropriée ou enlever leurs vêtements en public. Du fait de leur déficit intellectuel, les patients ne comprennent pas pourquoi ils sont réprimandés à la suite de ces actions et peuvent donc réagir par des comportements- défis. C’est ce que nous avons voulu mettre en avant dans notre étude qui aujourd’hui ne peut être comparée avec d’autres études démontrant l’existence d’un lien entre l’émergence de la sexualité et les comportements-défis. Nous avons pu étudier quelques études sur le sujet mais uniquement sur des patients souffrant d’un autisme de haut niveau. (57,75,76). L’analyse des items du contact social et des comportements sexuels du questionnaire SBS, nous permet d’établir des hypothèses quant à l’orientation sexuelle des autistes et leurs expériences sexuelles.

Répartition des 4 facteurs liés aux comportements-défis (en %)

Organique Psychiatrique Environnemental Autres

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En effet, nous constatons qu’une minorité de patients sociabilisent ou pratiquent des activités avec des personnes du sexe opposé. Leur intérêt social se porte majoritairement envers les personnes du même sexe. Selon les études de Hénault et al., 2006 et Hellemans et al., 2007, les adolescents atteints de TSA auraient effectivement une tendance à l’homosexualité. Les résultats montrent aussi que les patients atteints de TSA ont des comportements sexuels mais inadaptés comme se masturber, se dénuder ou toucher des personnes en public. Les études de Stokes et al., 2007 et Hellemans et al., 2007 confirment nos résultats.

Afin d’approfondir notre étude nous avons effectué des recherches quant aux solutions d’amélioration d’éducation sexuelle énoncées dans la littérature. Ces solutions ont pour but de diminuer la fréquence et l’intensité des comportements-défis. Nous allons citer quelques exemples issus de Elouard, 2013 et 2014 (39,77): varier les occupations, aseptiser l’environnement sexuel pour limiter les stimuli susceptibles de provoquer une excitation sexuelle, adapter les techniques d’apprentissages dites augmentatives ou alternatives au verbales (aides visuelles, démonstrations…), former les professionnels de santé, mettre en place le programme TEACH (traitement et éducation pour enfants atteints d’autismes ou autres troubles apparentés de la communication), instaurer des petits groupes de travail sur l’éducation sexuelle.

Pour conclure cette étude, nous établissons un bilan de celle-ci en établissant la liste des points forts et des limites de celles-ci :

Les points forts de notre étude résident dans l’analyse des comportements-défis et la mise en lien avec la sexualité des patients souffrant de TSA avec déficit intellectuel. Il n’existe pas de prise en charge spécifique pour ces adolescents, la littérature médicale se concentre fortement sur la prise en charge et le suivi de patients dits de haut niveau. De plus, nos données sont recueillies par les soignants, c’est ce qui diffère de la majorité des études. Nous avons fait le choix de faire recueillir les données par des professionnels de santé spécialistes des adolescents autistes. Ce choix nous a paru judicieux du fait que les patients étudiés sont déficients intellectuels et ne peuvent donc pas communiquer leur ressenti clairement et que la plupart sont issus de familles modestes et qui pour plusieurs ne parlent pas français, qui n’ont pas les capacités adéquates pour déterminer à quels facteurs pourraient être liés chacun des 105 comportements-défis. Et enfin, les questionnaires utilisés pour recueillir les données de l’étude : GED-DI, ABC et SBS, sont tous trois des questionnaires qui sont reconnus par la communauté scientifique et utilisés dans les études majeures (65,78–81).

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Mais notre étude comporte des limites, comme la petite taille de l’échantillon qui ne permet pas de généraliser nos résultats à la population de patients souffrant de TSA avec déficit intellectuel. Le caractère monocentrique de notre étude a pu également conduire à un biais de recrutement (malgré tout ce biais ne peut pas être supprimé du fait que l’Oasis soit l’unique structure accueillant les adolescents atteints de TSA avec déficit intellectuel proposant diverses thérapies, un personnel de santé spécialisé…). La méthodologie ne permet pas de comparer tous nos résultats à l’ensemble des résultats de la littérature dû à une absence de groupe contrôle.

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