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5 Chapitre : Conclusions générales

5.3 Discussion

5.3.1 Commentaires sur les résultats de l’étude

Au site de LaRonde, l'importance des contraintes dépasse la résistance du massif rocheux à une profondeur d’environ 2 000 m (Potvin et al., 2007). Cette situation laisse supposer que les chantiers, excavés à une profondeur égale ou supérieure à 2 000 m, devraient souffrir d’un fort niveau de convergence ou de ruptures du massif rocheux aux parois entrainant des taux de dilution élevés (Bétournay et al., 2006; Udd, 2006). Par contre, les résultats de l’analyse statistique démontrent que la variation du ratio Kmax, dont la valeur se rapproche de l'unité avec l’augmentation de la profondeur, favorise la stabilité des épontes dans les chantiers ouverts. Les résultats suggèrent que l’effet positif du ratio Kmax sur la stabilité peut être plus important que

l’effet négatif de l’augmentation des contraintes pour les chantiers de la base de données dont la profondeur varie entre 860 et 2 450 m. Ces résultats portent à s’interroger sur les profondeurs exactes à laquelle le massif rocheux entre en état de surcharge et à laquelle l’effet négatif des fortes contraintes surpassera l’effet stabilisateur de la réduction du ratio Kmax. Ce questionnement aide à comprendre les limitations entourant l’utilisation du modèle développé dans le cadre de cette étude. Comme tous les modèles empiriques, une application valable de ce dernier se limite à des cas semblables à ceux présents dans la base de données utilisée lors de son élaboration, soit des projets dont les contextes géologique, géotechnique et opérationnel sont comparables à ceux rencontrés au site de LaRonde et pour des chantiers dont la profondeur ne dépasse pas significativement les 2 500 m.

Le modèle d’évaluation d’ELOS développé au court de cette étude présente plusieurs avantages par rapport aux modèles déjà existants. Tout d’abord, il prend en compte l’effet de la variation du ratio des contraintes avec la profondeur et est basé sur une base de données comportant plus de deux mille observations faites à une profondeur aussi importante que 2 450 m. Ceci représente une nette amélioration comparativement au modèle de Clark (1998), lequel était basé sur 88 observations faites à des profondeurs ne dépassant pas les 1 100 m. De plus, il permet l’estimation des probabilités associées aux valeurs estimées. Toutefois, même si le modèle obtenu assure une plus grande précision que les modèles existants, sa précision demeure relativement faible. La section 4.2.1.3 permet de constater que le coefficient de corrélation et l’écart-type des résiduels d’ELOS obtenus lors de la régression sont respectivement faibles et relativement grands. Ceci suggère une utilisation avertie du modèle et laisse voir qu’il y a beaucoup de place pour l’amélioration. La Figure 4-6 permet de voir que la distribution des résiduels des épontes supérieures et celle de épontes inférieures diffèrent significativement. Ces résultats portent à croire que le facteur de correction corr. multipliant les valeurs RMR du modèle devrait être ajusté afin de mieux représenter l’effet de la gravité par rapport au pendage des épontes.

La rétroanalyse, des valeurs moyennes calculées d’ELOS et de dilution avec le modèle pour les chantiers de la base de données de LaRonde, montre que malgré sa précision limitée pour le calcul d’ELOS d’une paroi individuelle, le modèle permet l’estimation d’une dilution moyenne dont la valeur ne diffère que de 1.28 % avec la valeur réalisée. Cela présente une nette amélioration par rapport à la valeur originalement estimée qui présente une différence de plus de 10 % avec la valeur réalisée.

5.3.2 Rôle de l’étude dans le projet recherche « Mines profondes : défis

d’exploitation et impacts sur la récupération minéralurgique »

Bien que les résultats de l’étude de performance des chantiers ouverts en contexte de mine profonde aient mené au développement d’un modèle adéquat d’évaluation d’ELOS qui prend compte la profondeur de

minage, beaucoup de travail reste à faire afin d’obtenir une méthodologie d’estimation de la réserve minérale robuste lors de l’étude de la faisabilité des projets de mines profondes.

Tel que constaté à la section 4.3, la méthodologie proposée comporte cinq étapes. La première étape est celle de l’exploration, soit l’évaluation de la ressource délimitée planifiée à l’intérieur des limites du gisement. Le degré de succès de cette étape est grandement lié à l’accessibilité à des ressources financières suffisantes lors des premières phases d’un projet. L’accès à de telles ressources est lié au niveau de confiance des investisseurs envers les projets miniers, qui est directement influencée par le risque et l’incertitude relatifs aux études de faisabilité (Elbrond, 1994; Kazakidis et Scoble, 2002). Les membres du projet de recherche « Mines profondes : défis d’exploitation et impacts sur la récupération minéralurgique » mènent donc des études visant à accroitre les connaissances liées au design et à l’exploitation des mines contemporaines, dont la profondeur est supérieure 2 000 m. Ces études visent, entre autres, l’amélioration des connaissances générale en ce qui a trait aux besoins et aux coûts associés au design de ces opérations. L’étude actuelle offre comme résultats un modèle d’estimation et des informations qui aident à l’estimation du facteur de dilution opérationnelle et au pourcentage de pertes opérationnelles en lien avec l’évaluation du minerai planifié à extraire à l’étape d’exploitation minière. D’autres études visent les étapes de traitement et cherchent à améliorer l’approximation des taux de récupération minéralurgique attendus. La mise en commun des résultats de ces études permettra d’augmenter la précision de l’évaluation des coûts unitaires d’opération et des revenus lors du calcul de la teneur de coupure à l’étape de la vérification économique. Ultimement, ces travaux mèneront à une estimation de la réserve minérale plus exacte réduisant du même coup l’incertitude relative aux études de faisabilité des projets de mines profondes.

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