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4.1 Confrontation des résultats aux hypothèses de

départ

4.1.1 PEU D'INCIDENCE OBJECTIVE SUR LE BÉGAIEMENT

Aucune amélioration de la parole n'est objectivée.

Un exercice de 3 mois de la pleine conscience ne permettrait donc pas d'améliorer la fluence.

4.1.2 UN PROGRÈS DANS LES ATTITUDES RÉACTIONNELLES

HANDICAPANTES

Suite à une pratique régulière de la pleine conscience, 3 des 4 participants jugent leur bégaiement moins handicapant dans certaines situations quotidiennes.

Seulement, les progrès n'ayant pas été objectivés dans les mêmes domaines pour chaque participant, aucune hypothèse de généralisation des bénéfices ne peut être faite.

D B M Z 0 5 10 15 20 25

Score à l'échelle d'Erikson

AVANT APRÈS D B M Z 0 500 1000 1500 2000 2500 Scores au SDA AVANT APRÈS

4.1.3 LE LOCUS INTERNE : CLÉ DE VOÛTE DU CHANGEMENT

Le seul participant n'ayant ressenti que très peu de bénéfice à une pratique de la pleine conscience est également le seul participant dont le locus a été évalué comme externe.

Une personne considérant qu'il n'a pas ou peu de pouvoir d'action sur les changements concernant sa propre parole a, de fait, beaucoup plus de difficultés à mettre en œuvre les moyens nécessaires à appliquer efficacement ces changements.

Par ailleurs, la pratique de la pleine conscience sollicite le méditant en le rendant pleinement acteur de sa pratique. Les séances ne sont qu'un guide, c'est le méditant lui-même qui doit être acteur des explorations corporelles, sensorielles et cognitives opérant dans la pratique de la pleine conscience.

Afin que la pratique méditative soit bénéfique, il semble donc nécessaire que le participant soit conscient et convaincu de sa possibilité d'action et de sa responsabilité causale des événements le concernant.

4.1.4 LES BÉNÉFICES RESSENTIS PAR LES PARTICIPANTS

La totalité des participants a ressenti des bénéfices divers :Sur leur état d'anxiété et leur capacité à gérer leur stress

Sur leur capacité à mettre à distance leurs émotions en les relativisantSur l'attention portée à leurs ressentis corporels

Sur leur capacité à accéder à un état de détente

Sur leur capacité à profiter plus pleinement de l'instant présent, en faisant abstraction des pensées parasites

4.2 Limites de l'étude

4.2.1 LE NOMBRE DE PARTICIPANTS

Le nombre de participants de cette étude ne permet pas de prétendre la généralisation des résultats objectivés. Il n'a pas été possible d'établir des arguments statistiques à partir d'un si faible échantillonnage.

Qualitativement, des éléments pertinents ont cependant été observés et mettent en évidence l'intérêt thérapeutique très probable de la pratique méditative.

Une étude ultérieure s'intéressant à une cohorte représentative reste toutefois nécessaire à la confirmation d'une telle hypothèse.

4.2.2 LA NATURE DES ÉVALUATIONS

Les mesures objectives (SDA et Échelle d'Erikson) n'objectivent pas de nettes améliorations. Par ailleurs, l'évaluation quantitative (SDA) reste peu fiable car elle dépend énormément du contexte discursif.

L'analyse qualitative à travers l'entretien individuel a permis de mettre en évidence des bénéfices ressentis. Afin qu'une véritable validité scientifique puisse être accordée à ces observations, il aurait été nécessaire de recourir à un questionnaire fermé et précis sur les degrés d'amélioration, en ciblant spécifiquement chaque domaine susceptible d'avoir évolué.

4.2.3 LE MANQUE DE RÉGULARITÉ DES PARTICIPANTS

Méditer régulièrement, et au mieux quotidiennement, est une condition nécessaire à la chronicisation des bienfaits de cette pratique. La méditation, en début de pratique, est souvent forcée et artificielle. Les premières étapes comportent un élément de contrainte et exigent des efforts soutenus, puis la pratique devient graduellement naturelle et spontanée. Lorsque nous apprenons un nouveau processus, il se produit un déplacement du système cortical vers le système sous-cortical.

« Au début de l’apprentissage, lorsque le contrôle conscient et l’attention focalisée sont indispensables, les structures du néocortex sont sollicitées, et plus particulièrement celles qui sont impliquées dans l’attention, et qui se situent dans les

lobes frontal et pariétal. Mais lorsque la compétence a été acquise et est devenue automatique, l’activité des systèmes de contrôle corticaux décroît, tandis que d’autres structures sont impliquées. ». Un entraînement très régulier est nécessaire à la réalisation de ces processus cérébraux (Singer & Ricard, 2017).

Ainsi, un programme de 3 mois se révèle trop court à la réalisation de tels changements. Il s'agit plus ici d'une évaluation de la réceptivité à une initiation à la pleine conscience qu'une véritable évaluation des potentiels changements structurels imputables à une pratique méditative.

Une étude portant sur une plus longue durée aurait donc été plus pertinente. Par ailleurs, afin de pouvoir interpréter les résultats, il aurait été nécessaire que les participants soient absolument réguliers dans leur pratique.

4.2.4 LA CONCOMITANCE DES THÉRAPIES

Un des participants a entamé une prise en charge orthophonique avec une professionnelle formée au bégaiement au début du programme de pleine conscience.

Les résultats de cette étude de cas sont biaisés, car il est impossible de déterminer les évolutions spécifiquement imputables à la pratique méditative des évolutions imputables au travail orthophonique.

4.2.5 LA TÉLÉORTHOPHONIE

La téléorthophonie représente un avantage majeur car elle a permis de proposer ce programme à des personnes géographiquement éloignées.

Cependant, dans le cadre de cette étude, il est important de noter qu’elle comporte de nombreux inconvénients qui ont gêné la bonne réalisation du suivi.

Tout d'abord, tous les participants n'ayant pas un matériel informatique parfaitement performant, de nombreuses difficultés techniques sont venues parasiter les entretiens : décalage son-image, coupures audio et vidéo, grésillements, haut-parleurs et micros mal réglés, etc.

Les participants ont également régulièrement été dérangés par des personnes faisant irruption dans la pièce où ils étaient installés. L'hypothèse peut être également faite que la proximité des proches des participants ait empêché

une parole tout à fait libre, l'entourage étant susceptible d'entendre la totalité de l'échange.

Par ailleurs, la communication reste très différente derrière un écran qui retransmet mal les mimiques faciales et ne permet pas de se rendre compte de l'attitude posturale. La télécommunication audiovisuelle prive ainsi de nombreuses informations importantes à une communication optimale et sereine.

Il aurait été pertinent de présenter explicitement aux participants des propositions de modalités d'entretien précises :

• Être installés confortablement dans une pièce calme et bien insonorisée

• Prendre les précautions nécessaires pour n'être aucunement dérangé durant l'entretien

• Vérifier son matériel audio et vidéo en amont, afin qu'il soit performant et qu'aucune difficulté technique ne vienne entraver la communication

• Fixer des créneaux horaires précis à respecter

Malgré de nombreux inconvénients pouvant venir altérer la mise en place et la qualité d'une relation orthophonique, la télécommunication pourrait présenter des avantages certains. Par exemple, la possibilité de consulter des thérapeutes spécifiquement formés à certaines problématiques serait un atout majeur.

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