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6.1. Synthèse des analyses par groupe

Suite à cette analyse, il est difficile d’affirmer que mon hypothèse de départ soit correcte. En effet, je n’ai pas pu analyser les propos d’étudiants qui avaient été accompagnés ET préparés. Je n’ai analysé que le discours des étudiants étant soit préparés, soit accompagnés, ou alors n’ayant été ni préparés, ni accompagnés. L’ensemble des combinaisons souhaitées n’est donc pas représenté par les groupes existants. De plus, il y a peu d’éléments qui permettent de mettre en avant des profils spécifiques à chaque groupe.

Nous pouvons remarquer qu’il ne semble pas y avoir de lien direct entre le fait d’être accompagné (sans préparation) et le fait de mieux vivre son redoublement et de mieux surpasser ses difficultés. Dans ce groupe, si l’étudiant Mi ressent avoir été accompagné lors de son redoublement, il ne cite pourtant aucune mesure particulière d’accompagnement. Toutefois, nous pouvons constater que son redoublement n’a pas été quelque chose de spécialement négatif. Alors que Ja, qui est dans le même groupe, bien qu’elle dit avoir été accompagnée durant son année refaite, a eu beaucoup de peine à se remettre sur les rails et a dû passer par différentes structures scolaires avant de pouvoir accéder à la HEP et faire ce qu’elle voulait faire.

Concernant le groupe qui n’a pas été accompagné mais qui a été préparé, à nouveau nous ne pouvons pas établir de lien direct entre le fait d’avoir été préparé et le fait de mieux vivre son redoublement et de mieux surpasser ses difficultés. En premier lieu, si ces étudiants disent avoir l’impression d’avoir été préparés, la plupart ne disent pas de quelles façons ils l’ont été et nous ne savons donc pas ce que les étudiants incluent dans la notion d’une « préparation » au redoublement. Nous avons pu remarquer que le fait de percevoir avoir été préparé à son redoublement n’évite pas à certains étudiants du groupe d’être tristes et d’avoir une réaction négative face à la décision du redoublement. Tous les étudiants de ce groupe ressentent des effets mitigés concernant leur redoublement et 2/3 (Ju et A) évoquent des aspects négatifs. Il est aussi difficile d’évaluer l’impact du redoublement sur le fait de surpasser ses difficultés, étant donné que chacun de ces étudiants est finalement parvenu à accéder à la HEP, malgré certains parcours plus difficiles que d’autres. La seule chose qui ressort de la comparaison des groupes (cf. Tableau 4), c’est que la préparation semble permettre de mieux accepter le redoublement, quel que soit le vécu et la suite de leur parcours.

Pour finir, concernant le groupe qui a été ni accompagné, ni préparé, il est une fois de plus difficile d’établir un réel lien entre le non-accompagnement et la non-préparation et le fait que ces étudiantes ont moins bien vécu le redoublement et ont moins bien réussi à dépasser leurs difficultés. Si ce groupe réagit de manière négative à la décision du redoublement, ce n’est toutefois pas le seul groupe à avoir cette réaction. Les effets annoncés par ces étudiantes sont également mitigés et ne reflètent pas forcément une vraie distinction avec les autres groupes. De plus, l’ensemble du groupe déclare penser que l’année refaite a été une chose positive.

Concernant les conséquences sur le parcours, les étudiantes déclarent toutes les deux reprendre confiance par la suite. Il reste donc difficile d’établir les réelles conséquences d’une non-préparation et d’un non-accompagnement puisque malgré tout, ces étudiantes sont parvenues à poursuivre leurs études et à accéder à la HEP. Cela peut expliquer pourquoi elles pensent que l’année refaite a été finalement positive et ne voient pas le redoublement comme quelque chose de pénalisant.

L’élément que nous pouvons mettre en avant sur la base de la comparaison entre les groupes, c’est que le vécu en « réaction » à l’annonce semble particulièrement négatif pour l’élève ainsi que pour ses parents. Cette réaction ne semble pas préjuger d’un vécu positif ou négatif à long terme, si l’on se fie au discours des étudiants interrogés.

Sur la base de tout ce qui a été avancé auparavant, il ne m’est pas possible d’affirmer qu’un élève qui perçoit qu’il a été préparé et accompagné lors de son redoublement le vivra mieux et arrivera à mieux surpasser ses difficultés, même si certaines tendances peuvent être évoquées qui aboutissent plutôt à des hypothèses qu’à de réelles réponses.

6.2. Discussion générale

Dans la littérature, les mesures de préparation au redoublement et d’accompagnement durant l’année refaite sont peu abordées. Il est intéressant de constater que ces aspects ont été plus largement mis de côté lors de nombreuses études menées sur le redoublement alors que les conséquences du redoublement ont été maintes fois étudiées. Si ces aspects sont peu abordés, c’est sans doute que ces mesures ne sont encore actuellement que rarement mises en place dans le système scolaire. Ayant moi-même vécu un redoublement lors de ma 6ème année, je n’ai eu ni préparation ni accompagnement lors de ma deuxième 6ème. Ruedin et Nguyen Phuc (2009) confirment ce même phénomène puisqu’eux non plus n’ont eu ni aide ni accompagnement durant leur année refaite.

Lors de ces interviews, il a été surprenant de constater que même si certains élèves avaient été suivis par un spécialiste, comme par exemple un logopédiste, ou avaient eu des exercices spécifiques afin de combler leurs lacunes, cela ne leur suffisait pas pour qu’ils aient l’impression d’être accompagnés. Curieusement, alors qu’une personne appartenant au groupe accompagné mais non-préparé (Mi) dit avoir l’impression d’avoir été accompagnée durant son

année refaite, elle ne mentionne finalement aucune aide amenée par aucune autre personne. Il est intéressant de constater que l’accompagnement reste largement subjectif et ressenti d’une manière très différente d’une personne à l’autre.

Lors des interviews, j’ai été surprise également de constater que si certains élèves étaient au courant de certains aspects concernant le redoublement, cela ne suffisait pas à changer leurs représentations. Par exemple, l’étudiante Ju avance qu’il est préférable de faire redoubler un enfant en primaire. Paradoxalement, elle avoue avoir entendu le contraire venant de la HEP. Je ne peux que constater que même si les étudiantes sont au courant des conséquences et des aspects dus au redoublement, cela ne suffit pas à modifier leurs conceptions. Ju qui a redoublé en 6ème dit lors de la question 13 (effet du redoublement), ne pas avoir eu de gros problèmes d’intégration au sein de sa nouvelle classe, pourtant elle reste persuadée que le redoublement en primaire reste préférable. Je peux remarquer alors qu’il reste difficile de faire évoluer les mentalités malgré les recommandations, et même si cette étudiante n’a perçu que peu de conséquences négatives lors de son redoublement en secondaire. Ceci est conforme à ce que l’on trouve dans la littérature (Marcoux & Crahay, 2008).

Toutefois, il ressort que la plupart des étudiants ont pris conscience de l’importance d’expliquer à l’enfant pourquoi il redouble afin qu’il puisse comprendre les raisons de son redoublement, l’intégrer et ainsi mieux vivre cette étape. Cela est déjà une évolution importante au sein des institutions scolaires quand nous savons qu’à l’heure actuelle la plupart des enfants ne connaissent même pas les raisons de leur redoublement. Il a aussi été positif de se rendre compte que même si la plupart des étudiants se disent favorables au redoublement, ils proposaient tout de même différentes mesures pédagogiques afin d’aider l’élève durant son année refaite, afin que celui-ci surpasse ses difficultés et se remette sur les rails.

Pour terminer, je dirais que nous pouvons expliquer que tout(e)s ces enseignant(e)s ou futur(e)s enseignant(e)s sont d’une manière générale plutôt favorables au redoublement puisque finalement le redoublement qu’ils ont subi n’a pas été préjudiciable. Ils ont maintenu une attitude favorable face à l’école allant même jusqu’à souhaiter devenir enseignant(e). Nous pouvons comprendre dès lors que le redoublement n’a pas été vécu négativement sur le long terme. Le fait de faire des études et d’atteindre finalement leur but ne peut que renforcer d’une certaine manière leurs croyances positives vis-à-vis du redoublement. Celui-ci leur a en effet, in

étudiants ont intégré le redoublement comme l’élément qui leur a permis de surpasser leurs difficultés et d’atteindre leur niveau actuel de formation. Le danger est que ces futur(e)s enseignant(e)s prennent leur cas pour une généralité en considérant que tous les redoublements aident l’élève à repartir du bon pied alors que nous savons bien qu’actuellement cela n’est pas le cas et que les conséquences d’un redoublement sont souvent négatives et préjudiciables à l’élève.

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