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Vers une diminution du taux d’IVG/an en France à posteriori ?

3 Troisième partie : Discussion

3.5 Perspectives et axes d’amélioration

3.5.2 Vers une diminution du taux d’IVG/an en France à posteriori ?

Nous pourrions penser qu’après une sensibilisation massive des professionnels de santé en ce qui concerne la proposition de la contraception intra- utérine chez la nullipare, nous assisterions à une diversification du paysage contraceptif français. Le dispositif intra utérin présentant de nombreux avantages à savoir une grande efficacité et une très bonne tolérance, celui ci pourrait être prescrit en 1ère intention à toute femme, nullipare tout comme multipare. Cela pourrait conduire à posteriori à une diminution du nombre de grossesses non désirées. En effet, la femme n’intervenant pas sur l’observance de ce type de contraception, son efficience reste optimale en situation réelle. Cela aboutirait, à terme, à une réduction du nombre d’IVG/an, taux qui représentait un problème de santé publique majeur en France depuis une trentaine d’année.

Ainsi, le recensement sur 10 années du nombre d’IVG/an à partir de l’année de mise en place d’une formation continue renforcée, permettrait de savoir si les campagnes de sensibilisation auprès des professionnels de santé concernant la

contraception intra-utérine ont été impactantes. Si l’évolution constatée se fait dans le sens d’une diminution du taux d’IVG, cela confirmerait la thèse selon laquelle un schéma contraceptif français porté davantage sur des méthodes « longue durée » telles que le DIU ou l’implant serait mieux adapté aux caractéristiques de la population féminine.

En effet, selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES), c’est au sein de la population âgée de 20 à 24 ans que le nombre d’IVG reste le plus fréquent, même si le taux global de recours à l’IVG tend légèrement à diminuer depuis 2015. La sensibilisation sur l’importance d’adapter la méthode contraceptive à chaque profil semble donc tout juste commencer à faire ses preuves, c’est pourquoi il faut l’encourager afin de résoudre ce paradoxe français selon lequel la contraception progresse, mais le nombre d’IVG ne décroit pas.

Conclusion

La contraception est souvent considérée comme l’un des plus grand progrès médico-sociaux en terme de liberté individuelle, permettant aux femmes en âge de procréer d’éviter tout risque de grossesse non désirée. C’est la l’objectif clef de toute méthode contraceptive. Mais pour qu’une contraception soit efficace, celle ci doit être adaptée au mode de vie de chaque femme : la problématique se pose plus particulièrement chez les jeunes nullipares. Nous constatons que la pilule reste de loin le contraceptif le plus utilisé par les femmes en âge de procréer en France, plus particulièrement chez les 20-24 ans. Or, en dépit d’une couverture contraceptive relativement large, le taux de grossesses non désirées et donc d’IVG reste élevé, en raison d’une difficulté d’observance avérée.

Ce constat met en exergue l’inadéquation du modèle contraceptif français, longtemps stéréotypé, avec la réalité quotidienne des femmes. Or, la contraception intra-utérine, auparavant « réservé » à l’usage des multipares, présente de nombreux avantages pour les nullipares. Celles ci, par définition plus jeunes, ont une fertilité optimale et doivent pouvoir bénéficier d’une contraception dont l’efficacité, l’observance et le taux de continuation sont supérieurs aux contraceptions qui leur sont habituellement proposées.

Notre étude a permis de mettre en évidence une persistance des réticences autour du DIU uniquement chez les professionnels de santé. C’est donc cette population qu’il faut sensibiliser afin de garantir l’accès de toute femme à une méthode contraceptive appropriée à ses conditions de vie sociale, la meilleure contraception étant « celle que l’on choisit ».

L’objectif est ainsi d’assouplir une norme contraceptive inadaptée à la jeune population française, en proposant des méthodes telles que le DIU en 1ère intention à l’instar de nombreux pays d’Europe et du monde. Cela permettrait à terme d’amorcer une diminution du taux de grossesses non désirées, taux qui représente un problème de santé publique majeur de nos jours sur lequel il semblerait intéressant d’intervenir.

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