IV. La dimension impersonnelle : un objet de recherche possible ?
1. La dimension impersonnelle du métier : quelle définition en clinique de l’activité ?
clinique de l’activité ?
Les formulations que l’on trouve dans les publications sont souvent succinctes et varient sensiblement selon les auteurs. Pour n’en citer que quelques-unes récentes, la dimension
impersonnelle du métier est définie par Y. Clot en ces termes dans deux articles de l’année 2008 : « Dans l’organisation et les institutions, il [le métier] existe, impersonnel, consigné dans les tâches prescrites » (2008b, p 258) et « […] le métier est impersonnel justement sous
l’angle de l’organisation prescrite par la hiérarchie, structurée autour de fonctions et de catégories affranchies des individus. Ce métier impersonnel est, dans l’architecture de l’activité d’un travailleur, ce qui est nécessairement le plus décontextualisé. » (2008a, p.181).
Sous la plume de K. Kostulski (2010, p.29 ; Kostulski et al, 2011, p.134), la dimension impersonnelle est ainsi présentée « […] au plan de l’institution et de l’organisation, une
première dimension essentielle du métier se définit par l’impersonnel, à savoir la conception du travail, sa prescription et l’organisation des tâches ». En 2011, la dimension
impersonnelle est évoquée en ces termes « Le métier est social une première fois comme
produit de l’organisation du travail qui fixe les tâches, les missions, attribue des moyens pour
les réaliser, évalue les résultats. C’est le métier impersonnel, conçu pour tous, indépendamment des caractéristiques des travailleurs. » (Miossec & Clot, 2011, p.349) ou de la manière suivante « Enfin, le métier est impersonnel, cette fois sous l’angle de la tâche ou de la fonction définie. Cette dernière est, dans l’architecture de l’activité d’un travailleur, ce qui est nécessairement le plus décontextualisé. Mais, du coup, elle est justement ce qui tient le métier au-delà de chaque situation particulière, cristallisé dans l’organisation ou
l’institution. Prescription indispensable, elle peut – elle devrait toujours –, se nourrir du “métier au carré ”, que les travailleurs cherchent à faire sur leur activité pour la réaliser, malgré tout, parfois malgré l’organisation officielle du travail. Le métier passe, donc, aussi, par la tâche prescrite. C’est elle qui le retient en le codifiant, loin de l’activité effective, comme un modèle refroidi à décongeler par chacun et par tous, face au réel, à l’aide des attendus de l’histoire commune.» (2011, p.35). Y. Clot a eu l’occasion, dans une autre
publication, de préciser la notion de métier et de ce fait les contours de la dimension impersonnelle qui tendent à s’élargir à des éléments relevant selon lui de la socialisation professionnelle : « Et on peut aller beaucoup plus loin dans cette direction : le métier c’est aussi un déroulement de carrière avec une “retraite” anticipable, une circulation sur des
“fonctions”, dans certains cas un “statut” et dans d’autres un “parcours”, des dispositions pour l’évaluation et des indicateurs pour le contrôle officiel de la qualité des actes […]. C’est tout ce qui se tient au service de gestion des ressources humaines de l’entreprise, mais aussi,
au-delà encore, c’est un marché du travail sur lequel se déplacent des groupes professionnels
[…]. » (2010, p.182).
On peut comprendre à la lecture de ces différentes définitions que la dimension impersonnelle
du métier cherche à désigner ce qui est donné par l’institution ou par l’entreprise à tout
professionnel, une organisation prescrite par une hiérarchie, des tâches à effectuer. Cette
dimension impersonnelle s’apparente à ce que les ergonomes désignent par la prescription. Elle est aussi marquée par le modèle d’organisation dominant dans les milieux de travail
ordinaires, celui du salariat.
Mais on notera que l’instabilité des mots utilisés pour la désigner, (« tâche prescrite »,
« organisation prescrite par la hiérarchie », « conception du travail, sa prescription et
l’organisation des tâches », « qui fixe les tâches, les missions, attribue des moyens pour les
considérer que tâche et prescription sont des synonymes, révèle que cette dimension est insuffisamment définie en clinique de l’activité.
2. Le syndicalisme, une activité peu explorée
L’exploration de la littérature nous amène à formuler ce constat : le syndicalisme fait l’objet
de nombreuses publications mais les connaissances sur le syndicalisme comme travail ou comme métier sont rares.
a) Le syndicalisme, un objet important de la sociologie
On trouve en sociologie une abondante littérature sur le syndicalisme que l’on peut ordonner
en différentes thématiques : l’une s’intéresse à la « crise » du syndicalisme et à son déclin depuis les années 70 ; une autre aborde la place des organisations syndicales dans le système de relations professionnelles ; une autre se focalise sur les raisons de l’engagement (transmissions familiales, expériences générationnelles) et du désengagement actuel
(développement de l’individualisation). Mais ces recherches relèvent souvent d’une approche
macro-sociologique qui comme le souligne L. Willemez (2009, p.27) « […] n’est pas
intéressée prioritairement par les conditions et les pratiques d’engagement d’un certain nombre d’individus dans des activités de défense syndicale, qu’elle soit salariée ou
patronale ». Cet auteur indique que quelques travaux se proposent d’aborder la pratique
syndicale sous d’autres angles d’analyse : il cite des recherches sur la place du conflit et de la
conflictualité dans les rapports de travail, les pratiques juridiques et judiciaires de défense des adhérents, ou les formes de sociabilité au sein des organisations, et il termine son inventaire par des études sur les carrières de militants et de permanents syndicaux.
Néanmoins ces travaux, s’ils se rapprochent de la pratique, conservent de notre point de vue
un regard à distance, « macro », sur la pratique : ils s’appuient par exemple sur des questionnaires, des interviews de centaines de militants siégeant aux prud’hommes… pour
construire une analyse du fonctionnement de l’institution et des ressorts de l’engagement des
b) Le syndicalisme et l’analyse du travail
Dans les disciplines qui s’intéressent à l’analyse du travail, l’activité syndicale en tant que telle est peu documentée et n’apparaît que récemment comme un objet à travailler. Elle a été
jusqu’ à présent, et est encore, au cœur de préoccupations qui se sont davantage orientées vers
les compétences et les savoir-faire des militants, soit dans la perspective de soutenir l’action
syndicale par l’apprentissage de l’analyse du travail, soit dans celle de comprendre et mettre à
jour les savoirs qu’ils mobilisent. Ainsi, dans ces différentes publications, l’activité syndicale
reste soit en filigrane soit un moyen de poursuivre d’autres objectifs. En fait, peu de travaux se sont attachés à produire des connaissances sur l’activité syndicale en tant que telle. C’est ce
que nous souhaiterions montrer dans les lignes qui suivent.
i. L’activité syndicale en filigrane…
Du côté de l’ergonomie de l’activité, des interventions relatives à l’activité des militants
syndicaux existent de longue date. Elles se sont développées dans les années 80 et
participaient d’un mouvement plus général de formation à l’analyse du travail de
professionnels de différents horizons (comme le décrivent C. Teiger et S. Montreuil (1995, p.15)). Ces auteures soulignent que « […] la spécificité de ce type de formation est bien d’être une “formation par et pour l’action”, issue d’une conception de l’ergonomie comme science
de l’action. » (1995, p 17). Il s’agissait en d’autres termes de former des professionnels à
l’analyse du travail à partir de mise en situation concrète. En ce qui concerne les militants
syndicaux, plusieurs formations ont marqué cette histoire comme celle réalisée auprès de délégués de CHSCT par C. Teiger et A. Laville (1989) ou encore, celle menée au début des années 90, auprès de délégués de la CFDT travaillant dans des hôpitaux (avec l’appui de
l’INPACT -Institut pour l’amélioration des conditions de travail) qui a donné lieu à la publication de l’ouvrage Pratiques de l’ergonomie à l’hôpital (Villatte et al, 1993).
Ces différentes expériences, si elles poursuivaient différents objectifs (appréhender autrement
le travail, négocier et transformer les situations), s’inscrivaient dans la même perspective, celle d’enrichir le regard des syndicalistes à partir de l’analyse du travail. Cette forme de
transmission de compétences entre ergonome et syndicaliste laissait dans l’ombre une
question, celle de l’intégration de ce nouveau regard dans la pratique syndicale. Ce n’est que
nouvelles sollicitations portées par des syndicalistes. Face aux difficultés qu’ils rencontraient en tant que militants pour aborder des nouvelles problématiques de santé au travail telles que
l’intensification du travail ou les risques qualifiés de psychosociaux, deux recherches-actions ont été engagées, l’une avec la CFDT (qui a donné lieu à la publication de l’ouvrage Le
travail intenable (Théry, 2006)) et l’autre avec les syndicats CGT de Renault (Chassaing et al, 2011). Comme le soulignent ces derniers auteurs, « Il ne s’agissait plus seulement de
valoriser en tant que telle la capacité à percevoir le travail, ni simplement d’aider les
syndicalistes à mener des interventions de type ergonomique débouchant sur des
transformations. L’ambition était différente. Il s’agissait – et c’est là que se situe la
dimension de recherche – d’expérimenter, en situation sociale réelle, l’apport de l’analyse du
travail, non pas à la transformation du travail, mais à l’action syndicale en tant que telle. »
(2011, p.147). Ces différentes publications donnent notamment à voir, au travers des analyses produites, le chemin parcouru par les militants au cours de ces recherches-actions. Si elles
permettent d’appréhender indirectement l’action syndicale, cette dernière n’en est pas l’objet
premier. D’ailleurs, dans le rapport relatif à la recherche-action menée avec la CGT Renault,
les auteurs terminent sur l’intérêt de développer des recherches sur le travail syndical en tant
que tel (2011, p.163).
Dans un courant de philosophie qui s’intéresse à l’activité humaine par le prisme de l’activité
de travail, l’Ergologie24, plusieurs travaux portent sur les savoirs que les militants mobilisent
dans le cours de leur activité (Di Ruzza, 1989,2009 ; Di Ruzza et al, 2009 ; Di Ruzza et Schwartz, 2003). C’est ainsi que dans un rapport récent destiné à la DARES (Di Ruzza et Al, 2009) sont notamment mis en lumière, à partir de quatre monographies réalisées dans des milieux professionnels diversifiés, les savoirs mobilisés par des militants dans l’exercice de leur mandat selon trois pôles (savoirs institués, savoirs investis et valeurs) et leurs sources (trajectoires familiales et scolaires, le terrain, les anciens, la nécessité de la lecture, les
formations, les experts extérieurs, l’organisation syndicale).
Du côté de la psychologie du travail, les ressources sont également rares. En clinique de
l’activité, au moment même où notre travail de recherche s’engageait, commençait également
une recherche pour le compte d’un syndicat de cadres (la CFE-CGC) qui souhaitait travailler
sur la validation des acquis de l’expérience des militants (Clot, Tomàs & Kloetzer, 2009). Afin de construire un référentiel d’activité, les chercheurs ont proposé un dispositif de co-
analyse de l’activité syndicale proche de celui que nous avons nous-même déployé. Ils ont
constitué un collectif associé à la recherche avec lequel ils ont travaillé sur des moments de
l’activité syndicale. Ils ont ainsi pu mettre à jour des dilemmes de l’activité ainsi que des acquis de l’expérience, qui constituent selon leurs propres termes « […] l’architecture à deux
niveaux du concept de référentiel d’activité » (2009, p.36).
Ces publications, dont l’écriture est orientée par la réponse à une commande (selon les cas, formation-action à l’analyse du travail, savoirs mobilisés et référentiel d’activité) laissent plus
ou moins apparaître des éléments sur l’activité syndicale même si celle-ci n’en est pas l’objet
premier. Mais on pourrait dire qu’il apparaît un point de convergence entre ces différents travaux qui, pourtant, poursuivent des objectifs variés et relèvent d’horizons théoriques différents. Outre l’intérêt de faire de l’activité syndicale un objet d’analyse en tant que tel, il
est proposé d’assimiler cette activité à un métier ou à un travail selon la perspective théorique dans laquelle ces travaux s’inscrivent.
Dans le rapport qui concerne les militants d’un syndicat de cadres, la proposition est faite d’assimiler le travail syndical à un métier tel qu’il est conceptualisé en clinique de l’activité
(architecture à quatre instances). Après une présentation du modèle du métier, il est écrit : « Mais quel rapport peut-on établir entre ce modèle du métier dont l’usage est jusqu’ici réservé au travail ordinaire et le travail syndical dans son originalité ? […] En réalité, on peut avancer que le syndicalisme ne déroge guère à cette architecture. Car le syndicalisme,
comme métier, a aussi plusieurs vies à la fois. Il reste vivant quand il est vivant dans l’acte
militant ordinaire et quotidien. Mais on sait aussi combien il vit ailleurs également, plus ou moins facilement : dans les institutions, au sommet des organisations et même dans les évolutions de la Loi. Le syndicalisme est une institution en lui-même, réglée et parfois déréglée, où la loi et la règle prescrite sont omniprésentes. Le syndicalisme impose des tâches au regard desquelles chacun est interchangeable. Rien là de plus impersonnel. Pourtant, dans le travail syndical, l’activité de chacun est toujours personnelle et interpersonnelle. Et on sait combien cela compte dans la vitalité du syndicalisme. Mais on ne peut s’arrêter là.
L’essentiel est peut-être qu’il y a une histoire à poursuivre et dont il faut “ prendre soin ” à “ l’interne ”, comme on le dit souvent dans le langage syndical. […] Il est transpersonnel et du coup le syndicalisme l’est aussi. » (2009, p.21-22).
C’est d’une autre manière ce que soulignent Di Ruzza et al (2009, p.25) « […] Même si elle
simple rémunération salariale, l’activité militante est vécue par les représentants du personnel comme un véritable “travail”, avec tout ce que cela comporte d’implications personnelles et de collectivisations, de prescriptions et de renormalisations, de “débats de
normes”, de non dicibles, de symboliques, d’opacités et “d’énigmes”. Comme l’exercice de tout travail, l’activité militante met en œuvre nécessairement des savoirs issus directement de l’expérience et des savoirs plus formalisés mis en patrimoine, elle demande à être “reconnue” dans ses valeurs et dans ses spécificités. D’une certaine manière, accomplir la
tâche de représentant du personnel est un “métier”, et ceux qui l’exercent sont (ou se
considèrent comme) les mieux à même d’en connaître le contenu, les ficelles, les savoirs et les
savoir-faire, les contours, etc., car c’est cet exercice qui leur donne l’occasion d’affirmer, de transposer ou de développer des compétences. »
Ces propositions d’assimilation de l’activité syndicale à un métier ou un travail sont
cependant assorties dans ces textes de remarques qui confèrent à cette activité une originalité, une particularité la distinguant des autres activités professionnelles même si elles ne font pas
l’objet de développements spécifiques.
ii. L’activité syndicale comme objet d’analyse
Il se trouve que deux travaux ont pour objet d’étudier l’activité syndicale en tant que telle.
C’est le cas d’un mémoire de Master en Ergologie qui porte sur l’activité de trois militants du
SNES –FSU dans lequel l’auteur, dès ses premières pages, évoque en ces termes les raisons de ce travail : « […] la littérature sur l’objet syndical n’a traité qu’en de très rares occasions la réalité du travail des militants, ce qui se joue dans le quotidien de leur pratique. Très peu
d’ouvrages ou de travaux sont disponibles sur la question, permettant de s’y référer. Ce
mémoire peut donc être envisagé comme un point de départ, tout au moins concernant
l’analyse de l’activité syndicale dans le milieu enseignant. » (Kunegel, 2010, p.4). Il présente
ensuite les analyses selon deux axes : un premier relatif à une activité individuelle portée par
des collectifs et un second relatif à l’usage de soi dans les épreuves.
C’est aussi le cas d’un travail de thèse en sociologie dans lequel B. Dugué (2005) s’est
intéressé à une part de l’activité syndicale, celle relative aux situations de négociation collective. Il a proposé de les analyser en s’inscrivant dans une double perspective théorique :
une, sociologique, qui l’amène à considérer la négociation collective comme un processus ; une, ergonomique, qui lui permet de l’appréhender comme une activité de travail. A partir de
quatre monographies d’entreprise, il décrit ce qu’il nomme « le travail de négociation » et
propose une réflexion qui croise une approche sociologique et ergonomique.
Dans ces deux cas, les auteurs se proposent d’analyser le travail militant mais ne s’appuient pas sur les mêmes postulats. Pour B. Dugué, l’activité des négociateurs peut s’analyser comme un travail ordinaire, ce qui l’amène au début de l’ouvrage à définir la notion de tâche
et d’activité et à préciser que c’est cette grille d’analyse qu’il a mobilisée : « Ceci nous amène
donc à revenir sur les notions de tâche et d’activité, et à appliquer à la négociation collective la même grille d’analyse que l’on appliquerait à toute autre forme de travail. » (2005, p.73).
Il définit en ces termes la tâche et l’activité « Les ergonomes ont mis l’accent sur la
distinction nécessaire entre la tâche, ce que l’on demande à l’opérateur de faire, et l’activité,
ce que “ça lui demande” pour le réaliser […]. Si la tâche est du domaine de la prescription,
indispensable au cadrage de l’activité de travail et lui donnant un sens, l’activité correspond
à la stratégie (aux stratégies), déployée, pas toujours consciemment, par l’opérateur […]. » (2005, p.73), distinction qu’il va s’attacher à montrer pour le travail des négociateurs.
Pour sa part, JP Kunegel postule que l’activité syndicale peut être analysée comme toute autre activité de travail « La thèse soutenue ici renvoie à l’affirmation selon laquelle l’activité syndicale, telle qu’elle s’organise et s’élabore au quotidien, peut être décrite et analysée comme une activité de travail. » (2010, p.9). A partir de ses analyses, il s’interroge sur la
possibilité d’assimiler l’activité syndicale à un travail. C’est d’ailleurs ce qu’il retient : « […]
le syndicalisme peut être défini comme un travail dans la mesure où, systématiquement imbriqué dans un dialogue polarisé avec ces couples25 qui poussent aux renormalisations, il
s’appuie toujours sur des collectifs, plus ou moins stabilisés, en articulation avec la “structure structurante” qu’est l’organisation syndicale. C’est parce que les militants mettent en œuvre, dans leur pratique, des savoirs en lien avec cette réalité polarisée et collective de l’activité, que celle-ci peut être considérée comme un véritable travail. » (2010, p.41).
Ces deux publications permettent d’accéder à une analyse de l’activité syndicale dans la complexité de sa réalisation. Les deux auteurs l’assimilent à un travail, même si JP Kunegel
s’interroge dans la conclusion de son texte sur ce que désigne le terme travail sans y apporter
de réponse. « L’activité militante est un travail. L’hypothèse de départ de cette recherche
affirmait ainsi qu’il est possible de comprendre et d’analyser l’activité des secrétaires
d’établissement du SNES de la même manière que toutes activités industrieuses. Or, paradoxalement, à aucun moment il n’a été proposé de réponse à la question : qu’est-ce que
le travail ? » (2010, p.58).
Ces deux contributions confirment qu’il est possible d’analyser l’activité syndicale comme les
autres activités professionnelles. Leurs auteurs proposent d’assimiler cette activité à un travail sans souligner de spécificités.
Aux termes de ces lectures, il apparaît que l’activité syndicale peut être analysée de la même
façon qu’un métier (ou qu’un travail) en milieu ordinaire de travail et qu’elle peut y être
assimilée, même si elle présente quelques originalités, quelle que soit la perspective théorique mobilisée. Nous n’avons pas trouvé d’éléments susceptibles de soutenir notre propre questionnement relativement à la dimension impersonnelle du métier, même dans des travaux
qui portaient spécifiquement sur l’analyse de l’activité militante. C’est pourquoi, nous nous
sommes engagée dans une lecture de ces mêmes publications mais en cherchant cette fois à repérer ce que leurs auteurs évoquaient à propos de cette dimension impersonnelle ou ce que nous pourrions assimiler, en première intention, à celle-ci. Nous disons en première intention car, comme le lecteur pourra le remarquer dans la suite du texte, les éléments présentés par