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La difficile conciliation de la pratique sportive et des engagements scolaires et

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A. JOUEUSES DE HAUT NIVEAU : DES RÉMUNÉRATIONS ET UN STATUT TRÈS

3. La difficile conciliation de la pratique sportive et des engagements scolaires et

La délégation a entendu l’argument de prudence concernant l’évolution du football féminin vers la professionnalisation, en l’absence d’un modèle économique véritablement consolidé.

Cependant, elle estime que l’on ne saurait s’accommoder plus longtemps d’une organisation dans laquelle la structure compétente en matière de pratique amateure, c’est-à-dire la Fédération française de football, gère également le football féminin de haut niveau.

La délégation préconise donc le rattachement, à terme, du championnat de football féminin à la Ligue de football professionnel, au même titre que le championnat masculin. Elle a jugé cette formule plus pertinente que la création d’une ligue féminine autonome, qui selon elle isolerait le football féminin et serait en contradiction avec l’objectif de mixité qu’elle défend.

3. La difficile conciliation de la pratique sportive et des

Elle a en effet a exprimé la préoccupation, dans le processus de professionnalisation du football féminin, d’éviter de « former trop de joueuses qui ne pourront pas vivre de leur pratique ». Se référant aux données propres au football masculin, elle a fait valoir que « seuls 10 % des joueurs deviennent professionnels. Les autres verront leur avenir compromis, car ils ne pourront pas vivre du football professionnel, alors qu’ils y auront consacré plusieurs années de leur vie durant la période clé de l’adolescence ». Elle a donc plaidé pour la prudence à l’égard de l’évolution du football féminin. « Nous avons une responsabilité en la matière », a-t-elle noté.

Toutefois, même s’il est destiné à garantir l’avenir des footballeuses, ce « double projet » comporte des difficultés importantes.

D’une part, il alourdit les contraintes pesant sur les joueuses en termes d’emploi du temps. Selon Laura Georges, Secrétaire générale de la FFF, auditionnée par la délégation le 28 mars 2019, la question du « double projet » alliant éducation scolaire ou activité professionnelle et pratique du sport « constitue l’un des éléments les plus compliqués pour les joueuses de très haut niveau », même si dans son cas « le football a été un passeport pour financer (des) études ».

Florence Audouin, co-entraîneure de l’équipe de D2 féminine de La Roche ESOF et co-directrice de la Ligue des Pays de la Loire, rencontrée lors de la table ronde en Vendée, le 18 mars 2019, estime que le cumul des études et d’un entraînement à haut niveau dans un contexte amateur demeure difficile. Santana Sahraoui, joueuse à La Roche ESOF, a corroboré ses propos : elle poursuit ses études en en parallèle de son investissement comme joueuse et mène de front un service civique de 24 heures par semaine. Il lui est ainsi très compliqué de concilier ses différentes obligations.

D’autre part, le « double projet » se heurte à certaines réticences de la part d’organismes de formation. Laura Georges a fait valoir, le 28 mars 2019, que « certains établissements [refusaient] d’accueillir des sportives qui sont régulièrement absentes. Le milieu scolaire peut avoir une image du footballeur ou de la footballeuse comme étant un sportif qui ne veut que gagner de l’argent. Certaines de mes coéquipières m’ont fait part de réactions négatives de la part de directeurs d’établissement en raison de leurs absences répétées »1.

Elle a donc insisté sur la nécessité d’« accompagner les joueuses dans leur projet professionnel au sein de chaque club féminin », citant les bonnes pratiques observées en Allemagne où les footballeuses peuvent recourir au e-learning afin de concilier au mieux leur entraînement et leur cursus de formation. Plus généralement, Laura Georges a plaidé pour un rapprochement entre les clubs féminins et les universités pour faciliter ce type de parcours.

1 Voir le compte rendu du 28 mars 2019.

Par ailleurs, l’objectif consistant à encourager les joueuses à suivre la formation d’entraîneur, évoqué par Frédérique Jossinet, directrice du football féminin et de la féminisation à la FFF le 21 mars 2019, constitue selon la délégation une piste d’autant plus intéressante que cette évolution contribue à la mixité du football, comme le montre l’exemple de Corinne Diacre, qui a été la première femme à entraîner une équipe masculine de D1.

Dans cette logique, la délégation ne peut que saluer la démarche entreprise par la FFF pour faciliter l’accès des joueuses au diplôme d’entraîneur.

b)L’importance des sections sport-études dans la construction du parcours des footballeuses

La FFF s’attache à développer les sections sport-études au sein des collèges et des lycées. L’objectif affiché est de compter plus de 90 sections, soit une section par district, comme l’a rappelé Frédérique Jossinet le 21 mars 2019.

En 2017, la FFF a créé une « team espoirs » afin de préparer les meilleures joueuses de 14 ans aux concours d’accès aux huit pôles régionaux et au pôle France. Il y a dix ans, les joueuses concouraient seulement pour le pôle France.

D’ici deux ans, la fédération entend créer deux pôles régionaux supplémentaires afin d’accompagner et de former davantage de jeunes joueuses.

Les sections sport-études permettent aux jeunes joueuses de bénéficier d’un emploi du temps adapté et d’un encadrement particulier pour préparer les concours. Il est donc essentiel d’en promouvoir le développement sur tout le territoire.

La délégation souhaite que le « double projet », qu’il soit universitaire ou professionnel, soit porteur pour l’avenir des footballeuses et s’inscrive dans un véritable projet professionnel. Il est donc nécessaire que les clubs, à travers la mise en place de ces « doubles projets », aient de l’ambition pour leurs joueuses afin de les accompagner dans les meilleures conditions vers une éventuelle reconversion, en lien avec les universités et la FFF.

B.LA PRATIQUE AMATEURE : UN ACCÈS MOINS AISÉAUX CLUBS, DES CONDITIONS D’ENTRAÎNEMENT MOINS FAVORABLES

Divers témoignages le rappellent, les conditions d’entraînement des footballeuses ne sont généralement pas aussi favorables que celles de leurs

homologues masculins. Cette différence tient en premier lieu à une offre de clubs moins variée pour les joueuses que pour les joueurs.

À cet égard, Brigitte Henriques, vice-présidente déléguée de la FFF, a rappelé sa propre expérience, lorsqu’elle a voulu s’inscrire, enfant, dans un club de football : « J’ai commencé à jouer à l’âge de cinq ans, avec mes six frères.

Lorsque j’ai voulu m’inscrire dans un club, on m’a répondu qu’on ne prenait pas les filles… ».

Par ailleurs, Frédérique Jossinet, directrice du football féminin et de la féminisation à la FFF, entendue par la délégation le 21 mars 2019, a indiqué qu’un audit réalisé à la demande de la FFF avait permis d’identifier les freins spécifiques à l’accueil des joueuses, « qui portent essentiellement sur les infrastructures ».

1. Une évolution souhaitable : augmenter l’offre de sections

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