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B- Interactions hôte-pathogène chez les algues marines

I) Différentes pathologies des algues marines

Les populations sauvages d'algues marines sont également confrontées à des agressions par des pathogènes, causant ainsi la destruction des thalles et une dimunition des récoltes. L’extension croissante des cultures d'algues dans le monde s'accompagne également de l'apparition de diverses maladies dans les populations cultivées. Nos connaissances sur ces pathologies sont très fragmentaires, en particulier en ce qui concerne l'étiologie et les facteurs déterminant la susceptibilité aux agents infectieux (Correa et Craigie, 1991 ; Craigie et Correa, 1996). Les agents pathogènes les plus rencontrés chez les algues marines sont les champignons, les bactéries et les endophytes.

a- Champignons

Comme chez les plantes terrestres, les plantes marines sont également attaquées par les champignons (figure 6). Deux pathogènes, Phythium sp. et Olpidiopsis sp, ont été découverts dans des cultures de Porphyra spp au Japon. Ces champignons engendrent des lésions au niveau des thalles de l’algue rouge (Correa, 1997). Un brunissement des cellules a été également observé chez une algue verte Chaetomorpha media après infection par un champignon, Pontisma lagenidioides. Cette pigmentation brunâtre est due à une dimunition de la composition en chlorophylle provoquée par l’infection (Raghukumar et Chandramohan, 1988). Une interaction entre le champignon Petersenia palmariae et l’algue rouge Palmaria mollis a été également décrite. Cette association se traduit par l'apparition de tâches blanches, causées par le champignon, sur la surface des thalles de

P. mollis, provoquant en phase finale de l'infection une destruction de la fronde (Van der

Meer et Pueschel, 1985). Les observations structurales ont montré que ce champignon pénètre bien dans les cellules de l’algue rouge mais reste confiné entre la membrane plasmique et la paroi cellulaire (Pueschel et Van der Meer, 1985). Le champignon

Didymosphaeria danica provoque des décolorations et des nécroses dans les cystocarpes

Hôte Espèce (hôte) Pathogène Localisation dans l'hôte

Symptomes Réference

Rhodophytes Prionitis lanceolita Non identifié Intercellulaire Galle Apt & Gilbor (1989)

Gigartina teedii Non identifié Intercellulaire Tumeur Tsekos (1982)

Gracilaria conferta Non identifié Intercellulaire Extrémités blanches, fragmentation du thalle

Friedlander & Gunkel (1992) Weinberger et al. (1994) Porolithon onkodes Bacillus Intercellulaire Nécrose des tissus

Pigmentation orange

Littler & Littler (1995) Chondrus crispus

Cytophaga-Flavobactérium

Intercellulaire Tâches vertes Craigie & Correa (1996) Chondrus crispus Non identifié Non déterminé Petites tâches verdâtres,

perforation et amollissement des tissus

Craigie & Shacklock (1989)

Kappaphycus alvaresii Cytophaga sp. Intercellulaire Blanchiment des branches Largo et al. (1995) Vibrio sp.

Eucheuma denticulatum Cytophaga sp.

Vibrio sp. Intercellulaire Blanchiment des branches Largo et al. (1995) Phéophytes Undaria pinnatifida Non identifié Intercellulaire Tâches vertes, perforation des

tissus

Ishikawa & Saga (1989) Undaria pinnatifida Non identifié Intercellulaire Pigmentation jaune, perforation et

amollissement des tissus

Ishikawa & Saga (1989) Nereocystis sp Acinetobacter sp. Intercellulaire Pigmentation blanche, perforation

et amollissement des tissus

Andrews (1976) Nereocystis luetkeana Leucrothix mucor Intercellulaire Pourrissement des tissus Albright et al. (1982) Laminaria sp. Vibrio sp. Intercellulaire Pourrissement et amollissement

des tissus

Uchida & Nakayama (1993) Laminaria japonica Pseudomonas sp. Intercellulaire Pourrissement des spores Wu et al. (1983)

Laminaria japonica Micrococcus spp. Intercellulaire Pourrissement et amollissement des frondes

Wu et al. (1983) Laminaria japonica Pseudoalteromonas

bacteriolytica

Intercellulaire Pigmentation rouge, destruction et amollissement des tissus

Sawabe et al. (1998)

pollagaster attaque la région méristématique de la fronde et bloque ainsi la croissance de C. crispus (Craigie et Shachlock, 1989 ; Craigie et Correa, 1996).

b- Bactéries

Les interactions entre les bactéries marines et les algues marines ont été très peu étudiées (figure 7). Pseudoalteromonas bacteriolytica est une bactérie marine qui, récemment, a été décrite comme étant un agent pathogène d’une algue brune Laminaria

japonica. Cette infection se traduit par des tâches rouges sur les thalles de l’algue brune L. japonica (Sawabe et al., 1998). Chez l’algue rouge Gracilaria conferta, des nécroses des

cellules apicales de l’épiderme ont été observées. Ces lésions ont été attribuées à plusieurs groupes de bactéries marines (Weinberger et al., 1994 ; 1997).

c- Endophytes

De nombreux agents pathogènes observés dans les populations sauvages d'algues marines sont des endophytes (figure 8). Plusieurs endophytes ont été décrits chez les algues brunes et en particulier dans l’ordre des Laminariales. Ces pathogènes endophytes sont d’autres algues brunes capables de pénétrer à l’intérieur des thalles et de s’y développer. Ils envahissent tous les tissus de l’hôte et provoquent l'apparition de tâches noires et de lésions au niveau des frondes de certaines algues brunes (Peters et Ellertsdottir, 1996 ; Peters et Burkhardt, 1998 ; Heesch et Peters, 1999). Les endophytes les plus étudiés sont des endophytes d’algues rouges. Endophyton ramosum est un pathogène endophyte qui envahit les tissus de l’algue rouge Mazzaella laminarioides et de toutes les carraghénophytes6 alors qu’il n’arrive pas à infecter les algues agarophytes7

(Sanchez et al., 1996). Acrochaete operculata est un pathogène endophyte capable de vivre et de se reproduire seul, mais il est souvent associé à l'algue rouge C. crispus. Cette interaction se traduit par l’apparition de tâches vertes sur les frondes de l’algue rouge C.

crispus. Le sporophyte est complètement infecté par l’endophyte, tandis que le

gamétophyte est résistant à l’infection. Le pathogène est ainsi bloqué au niveau des premières cellules du cortex des gamétophytes (Correa et al., 1988 ; Correa et

Hôte Espèce (hôte) Pathogène Localisation dans l'hôte

Symptomes Réference

Rhodophytes Chondrus crispus Acrochaete operculata Endophyte Tâches vertes, Envahissement des tissus, destruction des thalles

Correa et al. (1988)

Chondrus crispus Acrochaete heteroclada Epi/endophyte Envahissement des tissus Correa et al. (1988) Iridea laminarioides Endophyton ramosum Endophyte Tâches vertes, Amollissement

des tissus

Correa et al. (1994) Hypnea musciformis Hypneocolax stellaris Intercellulaire Galles Apt (1984)

Phéophytes Nereocystis luetkeana Streblonema sp. Intercellulaire Galles Apt (1988b) Macrocystis integrifolia Streblonema sp. Intercellulaire Galles Apt (1988b)

Laminaria japonica Streblonema sp. Intercellulaire Galles Apt (1988b)

Indaria sp. Streblonema aecidioides Endophyte Tâches brunes, pourrissement des tissus

Yoshida & Akiyama (1979) Laminaria spp. Laminarionema elsbetiae Endophyte Tâches brunes, Envahissement

des tissus, destruction des thalles

Ellertsdottir & Peters (1997) Heesch & Peters (1999) Laminaria spp. Laminariocolax

tomentosoides

Endophyte Tâches brunes, Envahissement des tissus, destruction des thalles

Ellertsdottir & Peters (1997) Heesch & Peters (1999)

Chlorophyte s

Ulva rigida Acrochaete geniculata Endophyte Tâches vertes, perforation et destruction des tissus

Campo et al. (1998)

McLachlan, 1991 ; 1992 ; 1994). Cet endophyte envahit complètement les sporophytes de la famille des Gigartinacées et des Phyllophoracées (Correa et al., 1988).

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