• Aucun résultat trouvé

Différences entre les profils comportementaux des élèves «indisciplinés» et de leurs

6. L’observation du rejet et de l’indiscipline dans les groupes-classe

6.6 Différences entre les profils comportementaux des élèves «indisciplinés» et de leurs

Ces résultats confirment nos trois hypothèses. Le type de leçons est la seule variable qui influence l’émission de comportements indisciplinés. Les leçons en groupes frontaux suscitent davantage de comportements indisciplinés que celles où les élèves demeurent assis à leurs places. Aucune différence n’apparaît entre les leçons conduites par des enseignants expérimentés et celles qui sont menées par des enseignants débutants ni entre des leçons de français ou des leçons de mathématiques.

6.6 Différences entre les profils comportementaux des élèves

«indisciplinés» et de leurs camarades

Les élèves considérés comme indisciplinés par leurs enseignants passent objectivement davantage de temps que leurs camarades à se comporter de manière insatisfaisante au cours des leçons. Les leçons en groupes frontaux favorisent encore cette dissipation. Ce constat quantitatif n’indique pas les types de comportements qui différencient ces élèves de leurs camarades. Rappelons que notre typologie, présentée au chapitre 4, met en évidence quatre catégories de comportements indisciplinés : les comportements de distraction, les comportements impulsifs, les comportements dérangeants et les comportements oppositionnels, provocateurs ou agressifs. Sur la base de cette

0 5 10 15 20 25

Leçons frontales Leçons frontales en groupe frontal

Durées proportionnelles de

comportements indisciplinés émis

lors de deux types de leçons :

frontal et groupe frontal

111

typologie, quelles sont les conduites privilégiées des élèves «indisciplinés» ? Comparer ces quatre types de comportements entre les élèves «indisciplinés» rejetés et leurs camarades, effectuer la même démarche entre les élèves «indisciplinés» non rejetés et leurs voisins de pupitre et enfin examiner les différences comportementales entre les deux groupes d’élèves «indisciplinés», telles sont les étapes qui nous amèneront à introduire des distinctions qualitatives. Celles-ci ont d’ailleurs été proposées au chapitre 4. Les conduites des élèves «indisciplinés» s’apparentent à des diagnostics comportementaux différents. Les élèves rejetés sont susceptibles de présenter un déficit d’attention avec hyperactivité, un trouble oppositionnel avec provocation ou un trouble des conduites. En revanche, ceux qui ne sont pas rejetés peuvent manifester un déficit d’attention.

Hypothèses : de ce point de vue, les différences entre les élèves «indisciplinés» rejetés et leurs

camarades devraient s’observer dans l’émission des comportements impulsifs et oppositionnels alors que les différences entre les élèves «indisciplinés» non rejetés et leurs camarades toucheraient les comportements de distraction. Cela nous permet d’avancer trois hypothèses opérationnelles : 1) Les durées des comportements impulsifs seront significativement plus élevées chez les élèves «indisciplinés» rejetés que chez leurs camarades de classe. 2) Les durées des comportements oppositionnels, provocateurs et agressifs seront plus élevées chez les élèves «indisciplinés» rejetés que chez leurs camarades de classe. 3) Les durées des comportements de distraction seront significativement plus élevées chez les élèves «indisciplinés» non rejetés que chez leurs camarades.

Echantillons et procédure : l'échantillon se compose de deux groupes d’élèves : ceux qui

appartiennent à des classes dont l’élève «indiscipliné» est rejeté (groupe 1) et ceux qui font partie des classes dont l’élève «indiscipliné» n’est pas rejeté (groupe 2). Chaque groupe est constitué de deux sous-groupes : les élèves «indisciplinés» (1a et 2a) et les camarades de classe (1b et 2b). Dans chaque groupe, nous avons observé et calculé, seconde par seconde, les durées d’émission des quatre types de comportements indisciplinés émis par chaque élève «indiscipliné» et un camarade de la même classe. Ces analyses ont été réalisées au cours des mêmes leçons. Nous avons ensuite établi les pourcentages de ces durées par rapport aux durées des leçons respectives. Ces valeurs ont été additionnées pour chaque sous-groupe et comparées.

Résultats : le graphique de la figure 6.3 illustre les différences significatives entre les élèves

112

Figure 6.3 : comportements qui discriminent les élèves «indisciplinés» rejetés de leurs camarades

de classe.

Les élèves «indisciplinés» rejetés se distinguent de leurs camarades de classe par deux types de comportements : les comportements impulsifs et les comportements oppositionnels, provocateurs ou agressifs. Les élèves «indisciplinés» rejetés émettent une durée proportionnelle significativement plus élevée d’exclamations et de levers de mains exclamatifs (2.83 % ; écart-type : 1.7) que leurs camarades (1.16 % ; écart-type : 0.91) [Utest de Mann-Withney: (U=54.5; n=37; p<.01)]. Ils présentent aussi une durée proportionnelle significativement plus élevée (U=32; N=37; p<.001) de comportements oppositionnels, provocateurs ou agressifs que leurs camarades [(2.41 % ; écart-type :

2.63) contre (0.31 % ; écart-type : 0.65)].

Les élèves «indisciplinés» non rejetés diffèrent de leurs camarades par leurs comportements de distraction et leurs conduites impulsives. La différence est significative en ce qui concerne les comportements impulsifs (U=13 ; n=37 ; p<.05). Les élèves «indisciplinés» non rejetés se montrent plus impulsifs que leurs camarades de classe. Ils manifestent aussi une durée plus élevée de comportements de distraction (21.59 % ; écart-type : 22.4) que leurs camarades (1.48 % ; écart-type :

2.91). Cette différence n’est pourtant pas significative sur le plan de l’analyse statistique (U=17.5 ; n=18 ; p=NS). Cela s’explique par une disparité importante des résultats parmi les élèves

«indisciplinés». Quatre enfants présentent des durées proportionnelles de distraction comprises entre 30 % et 50 % (moyenne : 41.59 % ; écart-type : 9.69) alors que les quatre autres ont des valeurs oscillant entre 0 % et 6 % (moyenne : 1.58 % ; écart-type : 3.17). Le groupe d’élèves «indisciplinés» non rejetés comprend en fait deux sous-groupes d’élèves ayant des comportements différents. Les enfants du premier sous-groupe («sous-groupe distrait») se caractérisent par des comportements de distraction alors que les élèves du second sous-groupe («sous-groupe impulsif») s’avèrent plutôt fougueux. Les différences entre ces deux sous-groupes et leurs camarades de classe respectifs sont significatives [«Sous-groupe distrait» / camarades de classe : (U=0 ; n=8 ; p=.02)] , [«Sous-groupe

impulsif» / camarades de classe : (U=1 ; n=8 ; p<.05)].

Ces résultats confirment partiellement nos trois hypothèses. Les comportements impulsifs, oppositionnels, provocateurs ou agressifs distinguent bien les élèves «indisciplinés» rejetés de leurs camarades de classe. Le comportement de distraction oppose un sous-groupe d’élèves

0 0.5 1 1.5 2 2.5 3

Comportements impulsifs Comportements oppositionnels, provocateurs

et agressifs Durées proportionnelles des

comportements impulsifs et oppositionnels, provocateurs et agressifs

chez les élèves "indisciplinés" rejetés et leurs camarades de classe

Elèves "indisciplinés" rejetés Camarades de classe

113

«indisciplinés» non rejetés de leurs camarades et le comportement impulsif différencie le second sous-groupe de leurs pairs (voir tableau 6.3).

Tableau 6.3 : caractéristiques comportementales des deux groupes d’élèves «indisciplinés».

6.7 Comparaison des profils comportementaux entre les élèves