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D/ ETUDE CLINIQUE ET NECROPSIQUE

7/ DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL

a/ Autres pathologies présentant des similitudes avec la pseudotuberculose La pseudotuberculose ne présente pas de signes pathognomoniques et a des manifestations très diverses suivant les espèces, voire les individus, concernés. C’est pourquoi le diagnostic différentiel est très variable. Nous traiterons ici quelques exemples de diagnostic différentiel chez quelques espèces :

Chez le chat, la pseudotuberculose peut être confondue avec (5, 18, 91) :

• Le typhus, ou panleucopénie. Il est en général d’évolution plus rapide avec une diminution de l’état général importante. Il touche surtout les jeunes chats (environ 6 mois) alors que la pseudotuberculose touche plutôt les adultes de 3 à 12 ans.

• La tuberculose abdominale. Son évolution est lente, on observe une cachexie et adénite mésentérique. L’utilisation de cortisone aggrave la tuberculose alors qu’elle est sans effet sur la pseudotuberculose.

• Néoplasme hépatique surtout lorsque des nodules hépatiques sont palpés lors de l’examen clinique. Ils s’accompagnent volontiers d’ictère, d’anémie, d’amaigrissement et d’ascite mais sont d’évolution plus lente.

• Néphrites chroniques avec amaigrissement et odeur urineuse de l’haleine.

• Lorsque le chat présente des manifestations atypiques, comme cela a été décrit avec comme unique signe clinique une hypertrophie d’un nœud lymphatique rétro-mandibulaire, le diagnostic différentiel comprend la peste, l’infection à Yersinia enterolitica, une salmonellose, un abcès, une néoplasie, une hyperplasie du nœud lymphatique.

Chez les oiseaux, la pseudotuberculose peut être confondue avec le choléra, la salmonellose, la coccidiose, la listériose, l’hépatite à Vibrio, l’entérotoxémie clostridienne, la peste, l’infection par Francisella tularensis (43, 143, 146).

Chez le cobaye, elle doit être différenciée de la tuberculose et de la brucellose (41).

Chez les bovins, une diarrhée, de la fièvre et une hypoprotéinémie peuvent évoquer

diagnostic différentiel doit aussi prendre en compte un parasitisme interne, une coccidiose notamment (lors de coccidiose, il n’y a pas formation d’abcès) (21, 124). En cas d’avortements, il faut penser, notamment si des lésions de pneumonie sont associées, aux infections par Campylobacter fetus, Bacillus licheniformis, Brucella abortus, Aspergillus spp, Mortierella wolfii (71).

Chez les ovins, la pseudotuberculose doit être différenciée d’un parasitisme interne intense (nématodes, protozoaires tels que coccidies et cryptosporidies), d’infections bactériennes à Escherichia coli, Salmonella, Yersinia enterolitica et Clostridium (42). En cas d’avortement, l’infection par Yersinia pseudotuberculosis doit être différenciée des infections à Chlamydia psittaci (45% des cas d’avortements en Grande-Bretagne), Toxoplasma gondii (8%), Campylobacter spp. (5,9%) : Yersinia pseudotuberculosis est responsable de 2.1 à 3%

des avortements d’après une étude en Grande-Bretagne, il s’agit de la 4ème cause d’avortement chez les ovins (103).

Chez l’homme, le diagnostic différentiel est très varié : fièvre typhoïde, tularémie, malaria, abcès spinal épidural, abcès périnéphrique, amibiase hépatique, maladie de Hodgkin abdominale, lymphosarcome, infections par spirochètes, appendicite, autres syndromes abdominaux aigus ou subaigus : lymphadénite mésentérique tuberculeuse, salmonellose, splénomégalie, néoplasies, abcès péricæcal (19, 41). L’érythème noueux du à la pseudotuberculose doit être distingué de celui causé par la tuberculose, par des streptocoques, et celui du à des médicaments (19). Lors d’insuffisance rénale, la pseudotuberculose doit être différentiée de la maladie de Kawasaki, d’infections bactériennes comme les infections à streptocoques, de la diphtérie, de néphropathies, de désordres immunologiques systémiques, d’insuffisance rénale aiguë induite par des médicaments (souvent plusieurs traitements antibiotiques avant diagnostic de le maladie) (44, 119).

b/ Diagnostic différentiel des Yersinia

Lorsqu’une Yersinia a été identifiée, il s’agit de ne pas la confondre avec une autre espèce du même genre.

α/ Différencier Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia enterolitica Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia enterolitica présentent des symptomatologies proches, avec une expression clinique parfois assez fruste. Toutes deux peuvent provoquer des septicémies, des gastro-entérites, une adénite mésentérique, notamment chez l’homme.

Yersinia enterolitica peut aussi provoquer une érythème noueux, des lésions cutanéo-glandulaires (18, 32).

Des caractères biochimiques permettent de faire la distinction entre les deux espèces.

Tableau 4 : diagnostic différentiel de Yersinia enterolitica et Yersinia pseudotuberculosis en culture (18, 57, 89, 101, 106)

Caractères biochimiques Yersinia pseudotuberculosis Yersinia enterolitica

Rhamnose + -

Saccharose - +

Sorbose - +

Rouge de méthyl + + à 37°C ; - si T°C < 29°C

Voges-Proskauer - + si T°C < 29°C ; - à 37°C

Indole - +, parfois -

Ornithine décarboxylase - +

Acidification du sucrose - +

Acidification sorbitol - +

Xylose + -

Esculine + -

Fermentation de la salicine + -

Fermentation du rhamnose + -

Fermentation de la cellobiose - +

β/ Différencier Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia pestis

Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia pestis sévissent au sein d’un même réservoir murin, induisent des lésions d’adénite se compliquant de septicémies et les réponses sérologiques ne permettent pas toujours de différencier l’un ou l’autre germe (6).

Comme pour Yersinia enterolitica, des caractères biochimiques permettent de différencier Yersinia pseudotuberculosis et Yersinia pestis.

Tableau 5 : diagnostic différentiel de Yersinia pestis et Yersinia pseudotuberculosis en culture (23, 40, 101, 140, 148)

Caractères biochimiques Yersinia pseudotuberculosis Yersinia pestis

Mobilité Immobile à 37°C

Mobile de 18 à 22°C

Non mobile

Lait de Litmus Alcalinisation Pas de changement ou légère acidification

Uréase + -

Indole - -

Fermentation maltose + +/-

Fermentation rhamnose + -

Fermentation du sorbitol - -

Fermentation du sucrose - -

Fermentation du mélibiose + -

Fermentation de l’arabinose Variable +

Fermentation du tréhalose Variable +

Virulence sur rat sauvage + +

Virulence sur rats albinos - +

Plasmide Un seul plasmide Deux plasmides, dont un est

spécifique d’espèce

La limite de l’intérêt des tests biochimiques réside dans le fait que des souches atypiques peuvent parfois rendre l’identification difficile car elles peuvent avoir des caractéristiques différentes des autres souches de la même espèce (41).

Le test au bactériophage peut être utilisé pour différencier les deux Yersinia car le bactériophage est spécifique à Yersinia pestis. Cependant, il faut nuancer un peu les résultats de ce test car si Yersinia pseudotuberculosis est présent en très grande quantité alors le bactériophage est malgré tout actif contre Yersinia pseudotuberculosis et lyse la bactérie (41).

Certaines souches d’Escherichia coli sont aussi sensibles au bactériophage (23).

8/ CONCLUSION

A l’heure actuelle chez l’homme, le diagnostic repose essentiellement sur l’association de tests biochimiques (à partir d’un diagnostic bactériologique), de tests sérologiques et d’études histopathologiques (7, 51). Cependant, les progrès de la biologie moléculaire ont permis ces dernières années la mise en place de nouvelles méthodes diagnostiques telles que la PCR. Cette dernière méthode prend tout son intérêt dans la recherche à la fois de gènes chromosomiques et de gènes plasmidiques afin de distinguer les Yersinia pathogènes des non-pathogènes, et Yersinia enterolitica de Yersinia pseudotuberculosis. L’objectif maintenant est de s’affranchir de la culture bactérienne dont la PCR est encore souvent dépendante.

Rechercher dans des tissus les bactéries mêmes latentes (métaboliquement inactives) survivant de manière intracellulaire, tel est l’objectif actuel (136).