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2. GENEALITES

2.4. Diagnostic clinique des lymphomes :

Un des problèmes avec les lymphomes est que les symptômes révélateurs ne sont pas spécifiques et peuvent être confondus avec des maladies moins graves, comme une simple grippe par exemple, ce qui joue en défaveur d’un diagnostic précoce, si essentiel pour en améliorer le pronostic [2].

Présence d’adénopathies :

Le signe le plus fréquent est la détection d’adénopathies ; parfois douloureuses, au niveau du cou, des aisselles, de l’aine. Mais les symptômes dépendent très largement de la localisation du ganglion ou de l’organe atteint. Ainsi, au niveau de l'aine, le lymphome peut se manifester par des jambes lourdes et des chevilles gonflées. Au niveau de l'abdomen par une gêne abdominale, des ballonnements, voire des douleurs lombaires.

Certaines formes histologiques ont une présentation classique :

 le lymphome lymphoblastique du sujet jeune révélé par des masses médiastinales de développement rapide occasionnant un syndrome cave et parfois une dyspnée,

 le lymphome de Burkitt révélé par une volumineuse masse abdominale ou une tumeur gingivale (tumeur de joue des enfants africains) [2, 29].

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 37 Atteinte des organes hématopoïétiques :

La révélation d’un lymphome sous la forme d’une splénomégalie isolée est rare.

Une hépatomégalie peut être une circonstance de diagnostic (souvent associée à une splénomégalie). Des atteintes médullaires isolées révélées par une anémie ou une pancytopénie sont également rares. Les atteintes sanguines avec cellules lymphomateuses circulantes sont rencontrées surtout dans les lymphomes indolents [29].

Atteintes viscérales :

Les atteintes viscérales peuvent être ORL (avec hypertrophie des amygdales, obstruction du cavum) ; digestives (avec douleur épigastrique, trouble du transit) ; osseuses ou épidurales (avec compression médullaire) ; cutanées ; cérébrales ; méningées ; gonadiques ; pulmonaires avec les signes cliniques afférents [29].

Autres signes :

Les lymphomes peuvent se manifester également par une perte de poids, une fièvre inexpliquée, des sueurs nocturnes, de la fatigue, des malaises, des démangeaisons importantes ou encore des douleurs abdominales [33].

2.4.2. Bilan d’extension et pré-thérapeutique :

Un bilan d’extension est toujours nécessaire dans les lymphomes. Il doit permettre de réunir les principaux éléments pronostiques pour choisir un traitement adapté au cas de maladie. Il ne doit pas cependant retarder trop longtemps et initialement le traitement [29].

Extension clinique :

L’examen clinique permet d’apprécier le nombre de territoires ganglionnaires atteints, et la recherche de certaines localisations viscérales (ORL).

Il faut d’autre part préciser la présence ou l’absence de signes généraux (amaigrissement supérieur ou égal à 10% du poids du corps, présence d’une fièvre inexpliquée depuis plus de 15 jours, sueurs nocturnes profuses).

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 38 Enfin l’âge et l’état général du patient constituent éléments pronostiques importants [29].

Examens radiologiques :

La réalisation d’une radiographie pulmonaire est indispensable. Un scanner thoracique permet de renseigner sur l’existence d’une atteinte médiastinale ou pleurale. Le scanner abdominal et pelvien (plutôt que l’échographie) recherche la présence d’adénopathies lombo-aortiques et iliaques, des hiles spléniques et hépatiques, ou de masses viscérales.

D’autres explorations radiologiques peuvent être envisagées en fonction de certaines localisations spécifiques : scanner cérébral, scanner ORL, IRM, radiographies osseuses [29].

Examens biologiques :

On réalisera toujours une NFS qui précisera l’éventuelle existence d’une anémie ou d’autres cytopénies et sur laquelle on recherchera attentivement la présence d’un envahissement sanguin éventuel. L’ionogramme recherchera l’éventuelle présence d’une élévation de la créatinine et de l’acide urique, particulièrement rencontrée dans les lymphomes très agressifs (syndrome de lyse tumorale).

Un bilan biologique hépatique permettra de suspecter un envahissement de cet organe. Enfin un examen immuno-électrophorétique recherchera la présence d’un composant monoclonal sanguin et urinaire.

Certains éléments biologiques ont une importance pronostique fondamentale dans les LNH : LDH sérique et béta-2 microglobuline dont l’élévation constitue des facteurs pronostiques péjoratifs importants ; le taux d’albumine dont la baisse significative constitue également un facteur pronostique péjoratif [29].

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 39 Extension à la moelle et au SNC :

La réalisation d’un myélogramme et surtout d’une biopsie de moelle est indispensable dans tous les lymphomes (60% à 80% d’envahissement médullaire dans les LNH de bas grade, 25% dans les LNH agressifs).

La réalisation d’une ponction lombaire est également indispensable dans les lymphomes agressifs (5% d’envahissement surtout dans les lymphomes lymphoblastiques et de Burkitt) [29].

Classification en STADES :

La classification en stade est importante pour établir le pronostic et le traitement des lymphomes. Pour cela on a recours à la classification d’Ann Arbor.

Stade I : atteinte d’un seul territoire ganglionnaire, quelque soit le coté du diaphragme. On distingue les stades IE qui correspondent à des atteintes d’un territoire ganglionnaire avec une atteinte extra-ganglionnaire contiguë ou une atteinte extra-extra-ganglionnaire isolée.

Stade II : atteinte de deux ou de plusieurs territoires ganglionnaires du même côté du diaphragme.

Stade III : atteintes sus et sous-diaphragmatiques, la rate étant considérée comme un ganglion lorsqu’il existe une atteinte sus-diaphragmatique.

Stade IV : atteinte disséminée avec extension viscérale (hépatique, médullaire, autres organes).

A cette classification, sont associées les lettres A ou B suivant l’existence ou non de signes généraux : amaigrissement, fièvre, sueurs nocturnes. Les patients sont A s’il n’existe aucun de ces signes, B s’il existe au moins un des signes d’évolutivité [29].

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 40 2.5. Etude anatomo-pathologique des lymphomes

2.5.1. Moyens et matériel d’étude : 2.5.1.1. Le matériel d’étude :

La biopsie ganglionnaire :

 Les prélèvements réalisés à l’aiguille sous contrôle échographique ou scannographique doivent être privilégiés dans les cas des masses tumorales ou adénopathies profondes.

 En effet, il faut toujours préférer l’exérèse ganglionnaire complète pour des adénopathies superficielles ou accessibles à la chirurgie.

 Pour une prise en charge clinique, thérapeutique, anatomopathologique et biologique optimale : le prélèvement doit être reçu à l’état frais (dans la mesure du possible) et dans les meilleurs délais (<15min) [8].

Autres biopsies :

 Moelle osseuse

 Hépatique

 Osseuse

 Pulmonaire

Des prélèvements cytologiques :

 Ponction à l’aiguille fine d’un ganglion

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 41 Tableau IV : Prise en charge d’un prélèvement suspect de lymphome

Empreintes

Sous réserve d’une plateforme de cytométrie en flux accessible et de la quantité suffisante de prélèvement à transférer rapidement en RPMI pour une mise en suspension des cellules tumorales.

Cette technique permet une orientation diagnostique rapide, dans la journée en général.

L’avantage de cette technique multiparamétrique unicellulaire est la mise en évidence d’une co-expression de marqueurs, par exemple une population lymphoïde CD20+ CD10+ Bcl2+ monotypique évoque le diagnostic de LF.

Mais attention le diagnostic définitif sera anatomopathologique (intégration des résultats).

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 42 La cytogénétique conventionnelle et moléculaire :

Sous réserve de l’accessibilité d’une plateforme de cytogénétique et de la taille suffisante du prélèvement tumoral frais transmis le plus rapidement possible dans un milieu de conservation stérile de type RPMI.

Cette technique est demandée dans le contexte d’une urgence diagnostique et thérapeutique dans le lymphome de Burkitt avec mise en évidence d’un remaniement au locus de C-MYC en FISH. Cet examen est nécessaire pour affirmer le diagnostic.

Inversement la présence d’un remaniement au locus de C-MYC dans un DLBCL, classé selon ses caractéristiques morphologiques et immunophénotypiques, exprimant Bcl2, ne fait pas le diagnostic de lymphome de Burkitt qui lui serait Bcl2 négatif, le diagnostic est celui d’un DLBCL.

La technique est également demandée dans des cas diagnostiques douteux et/ou pas d’analyse possible en biologie moléculaire (LF dont le diagnostic est difficile à affirmer, la réalisation d’une FISH Bcl2 sera utile dans ce contexte).

La biologie moléculaire :

Elle permet une étude de clonalité des lymphomes B ou T :

 suspicion de lymphome B ou T sans pouvoir l’affirmer formellement

 lymphome T parfois de diagnostic difficile (lymphome cutané, lymphome T de type angio-immunoblastique)

 Situations de rechute : rechute ou pathologie nouvelle ?

Cette étude de clonalité est utile dans les diagnostics difficiles de lymphome.

Elle doit toujours être corrélée aux données clinico-biologiques.

La biologie moléculaire permet aussi de faire l’oncogénétique :

 Surexpression de la cycline D1 ou de t(11 ;18)(IGH-MALT1) par RT-PCR

 Recherche de translocations t(14 ;18)(IGH-BCL2) ou t(11 ;14)(CCND1-IGH) par PCR

 Situations de rechute et suivi moléculaire.

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 43 L’immunohistochimie (IHC) :

L’IHC est une technique initialement utilisée pour la recherche. Elle est aujourd’hui utilisée en routine pour le diagnostic et aussi pour l’évaluation des biomarqueurs thérapeutiques. De nombreux anticorps sont dirigés contre des molécules ayant une valeur pronostique ou thérapeutique. La plupart des anticorps sont spécifiques de types cellulaires.

Il est important de connaître les avantages et les limites de l’IHC, d’autant qu’elle est nécessaire au diagnostic anatomopathologique de la plupart des hémopathies lymphoïdes.

Il existe de nombreux facteurs qui peuvent affecter les résultats et qui sont liés à la technique :

 Fixation du tissu (durée, type de fixateur)

 Durée et type du démasquage antigénique

 Spécificité de l’anticorps

 Dilution de l’anticorps

 Systèmes de détection

 Niveaux de positivité qui peuvent varier selon les antigènes détectés

 Difficultés rencontrées dans l’interprétation des résultats.

Son intérêt dans le diagnostic :

 Caractérisation et phénotypage du lymphome

 Diagnostic différentiel entre lésion bénigne et tumeur maligne

 Tumeur inclassable.

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 44

Les marqueurs lymphoïdes B

Le CD20 :

Il marque toute la différenciation lymphoïde B à l’exception du plasmocyte.

Le CD20 est indiqué dans :

Le phénotypage de tous les lymphomes

La biopsie de moelle osseuse de patients avec grosse rate : regarder les cellules dans les sinus

Les lésions tumorales nécrosées.

Figure 4 :L’anticorps anti-CD20 marque des lymphocytes B dans la lumière des sinus (A : biopsie ostéo-médullaire) et aspect de nécrose ischémique tumorale CD20+ (B : biopsie ganglionnaire) [8].

Le CD79a :

Il reconnait les lymphocytes B depuis les stades les plus immatures (contrairement au CD20 qui est négatif sur les lymphoblastes B) et certains plasmocytes. Il est très utile pour reconnaitre les lymphocytes B lorsqu’il y a eu un traitement par anticorps monoclonal anti-CD20 qui ne permet plus de visualiser les cellules B par un anticorps anti-CD20.

Le CD79a est indiqué dans :

Le lymphome lymphoblastique B Les lymphomes lymphoplasmocytaires

La détection des lymphocytes pathologiques B résiduels au décours d’un traitement par rituximab.

A

B

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 45 Figure 5 : Biopsie ostéo-médullaire réalisée après traitement par rituximab dans le cadre d’un lymphome à cellule du manteau avec atteinte médullaire massive CD20- et CD79a+ après traitement par anti-CD20 [8].

Le Pax-5 :

Le Pax-5 est un facteur de transcription des lymphocytes B, exprimé jusqu’au plasmocyte, exclu. Le signal positif est de localisation nucléaire. Il existe une bonne corrélation entre l’expression de CD20 et de Pax-5. L’avantage de Pax-5 est d’être exprimé dès les stades précoces de la différenciation lymphoïde et dans les cellules tumorales lymphoïdes B ayant perdu le CD20, par exemple après traitement par anti-CD20.

Le Pax-5 est indiqué dans :

Le LH classique : toutes les cellules de Hodgkin et de Reed-Sternberg sont positives

Le LH nodulaire à prédominance lymphocytaire : toutes les cellules anormales de type « LP » sont positives.

CD20 CD79a

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 46 Figure 6 : Biopsie ganglionnaire d’un lymphome de Hodgkin. Les cellules tumorales de Hodgkin et de Reed-Sternberg sont CD20- et expriment faiblement Pax-5[8].

Le CD138 :

Il marque les plasmocytes mais aussi les cellules épithéliales, dont les hépatocytes.

Attention, sur une biopsie médullaire, ne pas confondre métastase et myélome ! Au moindre doute, faire un anticorps anti-cytokératine.

Le CD138 est indiqué dans :

La mise en évidence des plasmocytes dans toutes les pathologies auto-immunes et dysimmunitaires

Les proliférations lymphoïdes CD20- d’origine plasmocytaire et difficiles à caractériser.

Figure 7:Localisation amygdalienne d’un lymphome plasmoblastique.

L’anticorps anti-CD138 marque les cellules tumorales et le revêtement épithélial [8].

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 47

Le CD23 :

Il détecte l’antigène CD23 présent à la surface d’une sous-population de lymphocytes B dans les centres germinatifs. Il reconnait également une sous-population de cellules folliculaires dendritiques.

Le CD23 est indiqué dans :

Le diagnostic différentiel des lymphomes B à petites cellules : il reconnait les lymphocytes B des lymphomes B lymphocytiques / LLC

L’évaluation du réseau de cellules folliculaires dendritiques o dans les LF d’architecture difficile à préciser

o dans les lymphomes de la zone marginale (réseau atrophique ou hypertrophique)

o dans les lymphomes T de type angio-immunoblastique.

Figure 8 :Biopsie d’un ganglion axillaire siège d’un lymphome T angio-immunoblastique. L’anticorps anti-CD23 marque un réseau de cellules folliculaires dendritiques atrophique ou désorganisé, focalement étendu [8].

Les marqueurs lymphoïdes T

CD3, CD5, CD2 et CD7 sont exprimés par les lymphocytes T matures et ne sont pas exprimés par les lymphocytes B normaux (sauf une sous-population de lymphocytes B CD5+ physiologiques, dits auto-réactifs).

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 48

Le CD5 :

Il est exprimé dans certains types de lymphomes B à petites cellules, le lymphome lymphocytique / LLC et le lymphome à cellules du manteau. Si ces diagnostics sont suspectés, compléter alors par des anticorps CD23 et anti-Cycline D1.

Le CD5 est indiqué dans :

Certains lymphomes de la zone marginale et certains DLBCL

Dans ces cas il faut toujours compléter le panel d’IHC par l’évaluation de l’expression de la Cycline D1.

Figure 9 :Biopsie de végétations adénoïdes : répartition normale des populations lymphoïdes B (CD20+) et T (CD5+ et CD3+) [8].

Le trou phénotypique :

Par ailleurs, certains lymphomes T présentent un trou phénotypique pour le CD3, le CD5, le CD2 ou le CD7, il est donc intéressant de prescrire ces anticorps d’emblée en cas de suspicion de lymphome T.

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 49

Les protéines du cycle cellulaire et du contrôle de l’apoptose

Le Bcl-2 :

La translocation t(14 ; 18) dans les lymphomes folliculaires induit la surexpression de Bcl-2. C’est un marqueur cytoplasmique à prédominance granuleuse. Des hétérogénéités dans le marquage sont souvent présentes. Dans la majorité des cas, l’expression est très forte, un marquage faible ne doit pas être accepté, car il s’associe souvent à des résultats faussement négatifs.

A savoir aussi que l’expression de Bcl-2 est indépendante de la translocation t(14 ; 18), car les cellules lymphoïdes normales T et B, sauf celles des centres germinatifs expriment Bcl-2. Ainsi les cellules B des follicules lymphoïdes primaires, non stimulés et ne contenant pas de centres germinatifs expriment Bcl-2. Il ne faut donc pas confondre un follicule lymphoïde primaire Bcl-2 positif mais CD10 et Bcl-6 négatif avec un follicule de LF Bcl-2+, également CD10+ et Bcl-6+.

Le Bcl-2 est indiqué dans :

Les lymphomes B à petites cellules

Les lymphomes diffus à petites cellules / lymphocytique CD5+ CD23+

Les lymphomes à cellules du manteau diffus CD5+ CD23- Cycline D1+

En cas de lésions nodulaires : o LF Bcl-2+ Bcl-6+ CD10+

o Lymphome à cellules du manteau nodulaire Bcl6- CD5+ Cycline D1+ et centres germinatifs Bcl2-

o Lymphome de la zone marginale Bcl2+ Bcl6- CD10- CD5-. Des centres germinatifs Bcl2- Bcl6+ CD10+ peuvent être présents

o Hyperplasie lymphoïde folliculaire : centres germinatifs Bcl2- CD10+ Bcl6+.

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Le Bcl-6 :

Le gène Bcl-6 est localisé sur le chromosome 3 (3q27). C’est un facteur de transcription impliqué dans la différenciation lymphoïde B dans le centre germinatif : expression physiologique par les cellules B du centre germinatif et les lymphocytes T helper folliculaires (TFH). Il est exprimé par les cellules B du centre germinatif, normales et tumorales. C’est un marqueur nucléaire.

Le Bcl-6 est indiqué dans :

Les lymphomes B à petites cellules : expression de Bcl-6 par les LF seulement

Les DLBCL : intérêt limité

o Si le lymphome exprime CD10, il est d’origine centro-germinative

o Si le lymphome n’exprime pas CD10 et si MUM1 est exprimé par plus de 30% des cellules tumorales : il est d’origine non centro-germinative

o Si le lymphome est CD10- MUM1- et Bcl-6+ : possibilité de suspecter une origine centro-germinative

o Par ailleurs l’expression de Bcl-6 par un DLBCL d’origine non centro-germinative est fréquente et peut être associée à un remaniement au locus de BCL6.

La détection de la protéine Bcl-6 est indépendante du réarrangement du gène BCL6.

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Les lymphomes à grandes cellules B avec aspects intermédiaires entre lymphome à grandes cellules B et LH classique, par exemple dans le médiastin

Surtout les lymphomes T

Il est présent, de manière plus spécifique, sur les cellules lymphoïdes tumorales des lymphomes à grandes cellules anaplasiques ALK+/-, où toutes les cellules expriment le CD30

Les cellules de Hodgkin et de Reed-Sternberg de LH classique Les SLP cutanés primitifs T CD30+

L’expression du CD30 peut être pronostique : signe de transformation ou d’association à un lymphome à grandes cellules T, associé à une entéropathie, de type EATL (enteropathy-associated T cell lymphoma). Aussi, son expression est un critère d’utilisation de l’anticorps anti-CD30 humanisé à visée thérapeutique : lymphome anaplasique.

Le CD15 :

Initialement décrit comme un marqueur des cellules myélo-monocytaires et plus particulièrement de la lignée granuleuse. Il est également présent sur les cellules de Hodgkin et de Reed-Sternberg.

Certains DLBCL primitifs du médiastin peuvent exprimer le CD15. Il est positif dans la majorité des cas de LH classique. Il est une aide au diagnostic.

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EMA (epithelial membrane antigen) :

L’EMA est exprimé par les cellules épithéliales et par les plasmocytes. Il est indiqué dans :

Les pathologies plasmocytaires : plasmocytomes et myélome

Les cellules tumorales « LP » du LH à prédominance lymphocytaire nodulaire

Les cellules B du lymphome B riche en lymphocytes T et/ou en histiocytes

Les cellules du lymphome anaplasique à grandes cellules ALK+ ou ALK-.

Ki67 :

C’est un antigène nucléaire, associé à la prolifération cellulaire. Ses indications sont les suivantes :

S’il est très élevé, penser à une pathologie lymphoïde agressive ou à une pathologie hématologique non lymphoïde, par exemple myéloïde dans un organe non lymphoïde comme la peau.

Il est également très utile dans le diagnostic différentiel entre un lymphome à grandes cellules B et un lymphome de Burkitt, où 100% des cellules tumorales l’expriment.

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 53 Figure 10 : Expression du Ki67 dans un lymphome diffus à grandes cellules B (a), environ 60 à 70% des grandes cellules sont positives. Dans un lymphome de Burkitt (b) 100% des cellules tumorales sont positives, seuls de rares lymphocytes réactionnels et les cellules endothéliales sont négatives [8].

CD10 (CALLA) :

L’anticorps anti-CD10 reconnait les cellules B immatures et les cellules normales B et T (TFH) du centre germinatif. Il reconnait également les fibroblastes, le myoépithélium mammaire, la bordure en brosse des entérocytes, les cellules rénales.

L’anti-CD10 est indiqué dans :

Le LF : c’est le seul lymphome B à petites cellules CD10+

Le lymphome de Burkitt

Le lymphome T de type angio-immunoblastique.

a b

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 54 Figure 11 : Expression du CD10

(a) Biopsie ganglionnaire d’un lymphome folliculaire, (b) Biopsie ganglionnaire d’un lymphome de Burkitt et (c) Biopsie ganglionnaire d’un lymphome T de type angio-immunoblastique : les cellules tumorales expriment CD10 [8].

Cycline D1 :

La cycline D1 est une protéine kinase, impliquée dans le cycle cellulaire. Son expression est caractéristique du lymphome à cellules du manteau. Elle est indiquée dans :

Toute suspicion de lymphome à cellules du manteau, même CD5- Elle est aussi exprimée dans les proliférations plasmocytaires.

Figure 12 : Expression de la Cycline D1. (a) Biopsie d’une masse de la base de la langue : les cellules endothéliales expriment la Cycline D1. La prolifération tumorale est négative, (b) Biopsie ganglionnaire d’un lymphome à cellules du manteau. Les cellules tumorales expriment la Cycline D1, contrairement aux cellules du centre germinatif résiduel [8].

a b c

a b

Thèse de médecine Bamako 2015 Coulibaly A. 55 2.5.2. HISTOPATHOLOGIE ET IMMUNOHISTOCHIMIE

DES LYMPHOMES :

Les lymphomes représentent un groupe hétérogène de maladies : la cytologie et l’histologie, l’immuno-phénotypage et la biologie moléculaire, la présentation clinique (ganglionnaire et extra-ganglionnaire), les maladies associées, l’évolution, le pronostic et la thérapeutique les différencient.

Les LNH de phénotype B représentent 85% et 15% sont de phénotype T ou NK.

Les LH représentent 15% de l’ensemble des lymphomes.

On distingue schématiquement les formes « agressives » parmi lesquelles le DLBCL et les formes « indolentes » parmi lesquelles le LF [8].

2.5.2.1. Classification OMS 2008 des lymphomes :

Cette classification est reproductible, consensuelle et universellement utilisée.

Elle a été validée par de multiples études internationales et est aujourd’hui la seule référence, le « gold standard » de la nomenclature : tout lymphome doit aujourd’hui être dénommé selon cette classification.

La classification OMS est en perpétuelle évolution afin de prendre en compte les

La classification OMS est en perpétuelle évolution afin de prendre en compte les

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