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d’Enseignement Secondaire (1970-2001)

4.2.   Analyse et interprétation des entretiens

4.2.3.   Deuxième thème

Voici l’analyse des parties d’entretiens qui correspondent à la question « Comment la formation que l’enseignant a suivie l’aide-t-il à composer ses leçons ? »

Nous commençons par analyser et comparer l’influence des formations anciennes des enseignants. Il est très difficile de faire des comparaisons entre les différentes formations et leur ressenti. En effet, par exemple, les deux enseignants qui ont fait le BES ont deux souvenirs différents de ce qu’ils ont appris en formation. Pourtant, il ressort quand même des éléments communs. Par exemple, les stages ont été bénéfiques pour plusieurs enseignants. A la question « Est-ce que ce que tu as appris en formation t’aide à préparer tes leçons ? » deux d’entre eux répondent directement par :

« Oui, il y a la formation- les stages aussi beaucoup parce que c’est là qu’on se rend vraiment compte de la réalité et que ça devient du concret. » (E1, p.4)

« Les stages surtout. Ça j’en avais besoin » (E5, p.3)

La théorie de la pédagogie semble en revanche moins apprécié. Nous pouvons faire une différence et mettre en commun les avis des enseignants 2 et 5, qui ont tous deux suivi une formation de master à la HEP. Ils ont donc dû suivre des cours de didactique générale avec des camarades étudiant l’enseignement d’autres branches.

« Et puis après c’est le souci que j’ai rencontré avec la HEP c’est qu’il y avait beaucoup de cours que tu ne peux pas appliquer en arts visuels puisque c’est un cours qui est tellement particulier […]. Et c’est vrai qu’il y a les cours de

didactique générale, etc. Ils sont bien pour les autres disciplines, mais pour les disciplines comme la musiques, les arts visuels, le sport, etc. On a du mal à faire le lien. » (E3, p.6) « La théorie de la pédagogie, le constructivisme, le béhaviorisme et compagnie, maintenant j’en rigole un peu. » (E5, p.3)

En revanche, la didactique spécifique dédiée aux arts visuels a beaucoup plu à l’enseignante 3.

Pour les trois autres enseignants, deux ont fait le BES et l’autre un Master pour l’enseignement des arts visuels, à Bâle. Les trois ont eu des cours d’histoire de l’art dans la théorie.

« Parce que c’est vrai qu’en Master c’était beaucoup de la théorique, même ce qu’on rendant de pédagogique, c’était vraiment de la théorique […] Un thème lié à la didactique histoire de l’art ou comme ça. Ça, ça me touche un petit peu moins. » (E1, pp.4-5)

L’enseignante 4 a beaucoup apprécié toute la formation du BES en arts visuels car il y avait un côté pratique très développé. Ceci est moins visible chez l’enseignant 2 qui semble beaucoup se souvenir beaucoup de la théorie car un des enseignant l’a beaucoup marqué.

« Alors oui, mais avec T. (enseignant BES) justement c’était beaucoup de méthodologie, pas mal d’histoire de l’art, alors j’ai appris beaucoup de choses. Mais peut-être pas l’essentiel. Ce n’est peut-être pas le meilleur des profs sur le plan de la communication, sur le plan de la sensibilité, de l’émotion, du respect de la personne. […] Mais j’ai, je crois que j’avais besoin de ça aussi quand j’étais plus jeune, un de ces côtés très structurés et très structurels. Et puis au gymnase j’ai eu un prof de dessin aussi qui a été marquant pour moi […] Alors une

très respectueuse et très riche aussi. Alors voilà, il me fallait les deux. » (E2, p.7)

Nous ressentons que ce passage ci-dessus peut résumer ce qu’ont sous-entendu les autres enseignants. La théorique peut aider à structurer la partie pédagogique de la leçon, d’autant plus lorsqu’elle est spécifiquement préparée pour les arts-visuels. A l’aide d’aspects théoriques, certains enseignants ont pu trouver des clés pour composer leurs leçons d’un point de vue pédagogique et technique. Selon nous, ce qui concerne l’apprentissage des compétences sur un plan plus sensible, humain, s’acquiert essentiellement lors des stages. Il en ressort aussi que c’est une branche très particulière, pour laquelle la pratique est plus importante que la théorie. Il est intéressant, dans le passage de l’entretien ci-dessus, de voir que la formation des enseignants a aussi été marquée par des enseignants du gymnase, autrement dit lors d’un cours qui n’était pas dédié à l’enseignement de l’éducation visuelle, mais aux arts visuels uniquement. Enfin, une bonne conclusion nous semble pouvoir être appuyée par ce passage :

« Tu dois adapter à l’âge et après à ton ressenti parce que tu as une formation quand même qui te permet d’adapter et de deviner quand même ce qu’il faut. » (E1, p.5)

Finalement, chaque formation est, tout comme la discipline, relativement libre. Nous en revenons au fait que la branche permet une liberté au niveau de la composition du programme. Le ressenti de l’enseignant passe même sûrement avant ce qu’il a appris en formation. Nous pensons que c’est ce qui a le plus marqué l’enseignant dans sa formation qui influencera le programme qu’il souhaite appliquer avec ses élèves. Enfin, à noter que l’enseignante 1 est la seule à avoir suivi une formation qui lui permet aussi d’enseigner au secondaire 2. C’est peut-être pour cela qu’elle voit l’enseignement des arts visuels comme quelque chose de très libre et adaptable selon son ressenti.

En ce qui concerne la formation continue proposée pour les enseignants (aujourd’hui par la HEP), elle est régulièrement suivie par l’enseignante 3. Elle va même commencer à en donner l’année prochaine. L’enseignante 4 en a également beaucoup suivi par le passé. Elle avoue en suivre un peu moins car l’offre est désormais de plus en plus centrée sur Neuchâtel et la Chaux-de-Fonds. Les enseignants 1 et 5 n’en suivent pas et l’enseignant 2 n’en suit plus pour les raisons suivantes.

« J’en ai eu fait. Maintenant un petit peu moins parce que- déjà parce qu’il y a moins d’offres obligatoires. Il y a des offres facultatives. Mais ma formation à moi c’est tout le temps, c’est tous les jours, c’est mon atelier, c’est mes rencontres, c’est les expériences avec des classes, c’est le vécu, c’est ça plutôt. » (E2, p.7)

Nous constatons que les deux enseignantes qui suivent régulièrement des cours de formation continue sont celles qui n’ont pas de pratique professionnelle artistique hors de l’école (nous appuyons bien le mot professionnel). Evidemment, cette remarque fait office de constat et ne peut pas être généralisée à tous les enseignants. Cependant, nous imaginons que dans une majorité des cas, une activité professionnelle hors de l’école occupe énormément de temps et apporte peut-être à l’enseignant tout ce qu’il pourrait rechercher en suivant un cours de formation continue.

Au-delà de la formation proposée par la HEP, plusieurs enseignants ont insisté sur l’importance d’une réunion annuelle qui se fait entre les enseignants jurassiens d’arts visuels.

« Par contre on se rencontre entre profs de dessin. Une fois par année en principe. Les profs du canton du Jura. On se donne des idées. On discute un après-midi. C’est toujours très enrichissant. C’est un peu une formation continue interne, entre nous. » (E5, p.4)

« On fait des réunions entre collègues aussi une fois par an dans le Jura. Ce qui est vraiment, vraiment bien, parce que ça permet

d’échanger. » (E3, p.5)

« Oui quand je peux j’y vais. Je trouve

intéressant d’avoir des nouvelles idées et d’être avec des gens qui enseignent au même niveau, au même degré de classe, ça c’est bien parce qu’il y a des choses auxquelles on aurait pas pensées, ou il y a des thèmes comme la perspective qui n’est pas la base de mon domaine. […] Donc de ce point de vue là je trouve que c’est chouette. Et puis de pouvoir simplement échanger l’expérience de tout ce qu’on vit au quotidien. On peut déjà le faire avec nos collègues ici, mais on en parle ouvertement avec d’autres et qu’on a du temps vraiment prévu pour ça, ça fait du bien aussi. » (E1, p.6)

Nous pouvons constater que cette réunion est très utile et aide les enseignants à avoir de nouvelles idées pour leurs cours. Le fait que cette séance soit officielle et qu’un horaire précis soit prévu pour ça est aussi apprécié. Ce cadre permet certainement à l’enseignant de s’investir complétement dans cette réunion sans qu’il ait l’impression de devoir prendre du temps sur son horaire de base. En plus, des choses vécues hors de l’école peuvent être perçues comme de la formation continue, comme le travail personnel en atelier, par exemple.

Pour conclure, nous avons vu, autant lors de leur formation initiale que dans le formation continue, les enseignants apprécient le fait de pouvoir être libres et d’avoir une grande marche de manœuvre dans la composition de leurs leçons, tout en ayant une base à laquelle se raccrocher. Dans la première partie, nous avons constaté que les stages sont des bons souvenirs d’apprentissage et qu’aujourd’hui, la rencontre avec d’autres enseignants est importante à leurs yeux. Le contact direct avec d’autres

enseignants permet de découvrir de nouvelles pratiques de la branche sans faire de détours par de l’apprentissage théorique. La découverte du métier sur le terrain ainsi que le partage direct des travaux proposés en leçons semblent être des éléments centraux dans l’apprentissage continu des enseignants.

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