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Facilis descensus Averni :

Noctes atque dies patet atri ianua Ditis.

Sed gradium revocare superasque evadere ad auras Hoc opus, hic labor, est.

Virgile, L’Enéide

10

La Cité Des Os

Un silence hébété tomba sur l’assemblée. Puis Jace et Clary prirent la parole à l’unisson :

— Valentin avait une femme ? Il était marié ? Je croyais…

— C’est impossible ! Ma mère n’aurait jamais… Elle n’a été mariée qu’à mon père ! Elle n’avait pas d’ex-mari !

Hodge leva les mains d’un air las :

— Les enfants…

— Je ne suis pas une enfant ! protesta Clary en se réfugiant au fond de la salle. Et je ne veux pas en entendre davantage.

— Clary… dit Hodge.

La douceur dans sa voix surprit Clary : elle se retourna lentement et le fixa depuis l’autre côté de la pièce. Elle se demanda par quelle bizarrerie cet homme, avec ses cheveux blancs et son visage balafré, faisait beaucoup plus vieux que sa mère. Pourtant, ils avaient été

« jeunes » à la même époque, ils avaient rejoint le Cercle, côtoyé Valentin.

— Ma mère n’aurait jamais…, reprit-elle avant de s’interrompre.

Elle n’était plus sûre de connaître sa propre mère. Jocelyne était devenue une étrangère, une menteuse, une dissimulatrice. De quoi n’était-elle pas capable, en fin de compte ?

— Ta mère a quitté le Cercle, dit Hodge.

Plutôt que de s’approcher d’elle, il la fixa d’un regard d’aigle :

— Une fois que nous avons compris à quel point les idées de Valentin étaient devenues extrêmes, nous avons été nombreux à l’abandonner. Lucian fut le premier à partir. Ce fut un coup dur pour Valentin, ils étaient très proches. Puis ce fut le tour de Michael Wayland. Ton père, Jace.

Jace leva les sourcils, mais ne dit rien.

— Certains sont restés loyaux. Pangborn. Blackwell. Les Lightwood…

— Les Lightwood ? Vous parlez de Robert et de Maryse ? souffla Jace, abasourdi. Et vous ? Quand avez-vous quitté le Cercle ?

— Je ne l’ai pas quitté, répondit doucement Hodge. Ni eux… Nous avions trop peur de la réaction de Valentin. Après l’Insurrection, les loyalistes tels que Blackwell et Pangborn ont fui. Nous sommes restés pour collaborer avec l’Enclave. Nous avons donné des noms et aidé à traquer ceux qui s’étaient échappés. Ainsi, nous avons pu bénéficier de sa clémence.

— Sa clémence ? répéta Jace.

— Tu penses au sort qui me retient ici, n’est-ce pas ? Tu as toujours cru que c’était la vengeance d’un démon ou d’un sorcier. En réalité il m’a été jeté par l’Enclave.

— Parce que vous faisiez partie du Cercle ?

— Parce que je ne l’ai pas quitté après l’Insurrection.

— Mais les Lightwood n’ont pas été punis, eux, lança Clary.

Pourquoi ? Ils ont commis le même crime que vous.

— Ils ont bénéficié de circonstances atténuantes : ils étaient mariés, ils avaient un enfant. Mais s’ils vivent loin de chez eux, ce n’est pas de leur propre fait. Nous avons été bannis ici tous les trois…

tous les quatre, devrais-je dire : Alec était un bébé braillard quand nous avons quitté la Cité de Verre. Eux ne peuvent retourner à Idris que pour des affaires officielles, et jamais longtemps. Moi, je ne pourrai plus jamais y remettre les pieds. Je ne reverrai plus la Cité de Verre.

Jace fixa Hodge avec insistance. Il voyait son professeur sous un jour nouveau.

— La loi est dure, mais c’est la loi, observa-t-il.

— C’est moi qui t’ai appris ça, dit Hodge avec une tristesse amusée. Et maintenant, tu me fais la leçon, à juste titre, d’ailleurs.

Malgré son envie de se laisser tomber dans le fauteuil le plus proche, il se tenait très droit. Clary songea que dans sa posture rigide il subsistait quelque chose du soldat qu’il avait été jadis.

— Pourquoi ne pas m’avoir dit avant que ma mère avait été mariée à Valentin ? demanda-t-elle. Vous connaissiez son identité…

— Je la connaissais sous le nom de Jocelyne Fairchild. Et tu paraissais si convaincue de son ignorance du Monde Obscur que tu

avais réussi à me persuader qu’il ne pouvait pas s’agir de la même Jocelyne… Ou peut-être n’avais-je pas envie de le croire… Personne ne souhaite le retour de Valentin. Lorsque j’ai écrit aux Frères de la Cité des Os ce matin pour solliciter leur venue, j’étais loin de me douter que nous aurions à leur annoncer cette nouvelle. Quand l’Enclave apprendra que Valentin est de retour, qu’il recherche la Coupe, cela va provoquer un véritable tollé. J’espère seulement que cette nouvelle ne perturbera pas les Accords.

— Valentin serait trop heureux, dit Jace. Mais pourquoi s’intéresse-t-il autant à la Coupe ?

— C’est évident, non ? Il veut se bâtir une armée.

— Le dîner est servi !

Ils se retournèrent : Isabelle était plantée sur le seuil de la bibliothèque. Elle tenait toujours sa cuillère à la main, mais son chignon s’était défait, et des mèches de cheveux lui tombaient dans la nuque.

— Désolée de vous interrompre, ajouta-t-elle.

— Dieu Tout-Puissant ! s’écria Jace. L’heure fatale a sonné.

— J’ai… j’ai pris un petit déjeuner très copieux, prétexta Hodge, l’air affolé. Un déjeuner, je veux dire. Je ne peux plus rien avaler…

— J’ai jeté la soupe, annonça Isabelle. Et commandé des plats à emporter chez le chinois du coin !

Jace se leva en s’étirant :

— Génial ! Je meurs de faim.

— Finalement je vais picorer un peu, déclara Hodge, un peu contrit.

— Vous mentez très mal, tous les deux ! lança Isabelle avec humeur. Écoutez, je sais que vous n’aimez pas ma cuisine.

— Alors, arrête de t’obstiner, lui conseilla Jace. Est-ce que tu as commandé du porc sauce aigre-douce ? Tu sais que j’adore ça.

Isabelle leva les yeux au ciel :

— Oui. Tout est dans la cuisine.

Jace sortit en lui ébouriffant affectueusement les cheveux au passage. Hodge emboîta le pas au garçon et, après avoir tapoté gentiment l’épaule d’Isabelle, il s’éloigna en baissant la tête d’un air

penaud. Clary le suivit des yeux, songeuse : avait-elle vraiment vu en lui l’ombre de l’ancien guerrier, quelques minutes plus tôt ?

Isabelle s’apprêtait à imiter Jace et Hodge en faisant tourner sa cuillère entre ses doigts pâles, striés de cicatrices.

— C’est vrai ? demanda Clary.

Isabelle ne daigna pas la regarder.

— Quoi ?

— Jace. C’est vrai qu’il ment mal ?

Isabelle se tourna vers Clary et la fixa de ses grands yeux noirs, l’air pensif :

— Il ne sait pas mentir du tout. Pas sur les choses importantes, du moins. Il est apable de dire les pires vérités, mais il ne sait pas mentir.

Elle se tut avant d’ajouter d’un ton tranquille :

— C’est pourquoi il vaut mieux ne rien lui demander, à moins d’être sûr de pouvoir encaisser sa réponse.

Dans la cuisine chaude et brillamment éclairée, l’odeur sucrée salée de la nourriture chinoise rappela à Clary les dîners avec sa mère. Elle s’assit et contempla son assiette de nouilles en jouant avec ses baguettes, sans regarder Simon qui fixait toujours Isabelle de ses yeux de merlan frit.

— Eh bien, je trouve ça plutôt romantique, déclara Isabelle en aspirant ses perles de tapioca à l’aide d’une énorme paille rose.

— Quoi ? demanda Simon, instantanément sur le qui-vive.

— L’histoire de la mère de Clary, qui aurait épousé Valentin.

Jace et Hodge l’avaient mise au courant sans mentionner les sorts jetés par l’Enclave ni le fait que les Lightwood faisaient partie du Cercle.

— Voilà qu’il est revenu d’entre les morts pour la retrouver ! Peut-être qu’il veut se rabibocher avec elle.

— Ça m’étonnerait qu’il ait envoyé un Vorace chez elle dans le but de se « rabibocher », commenta Alec, qui était entré au moment où l’on passait à table.

Personne ne lui avait demandé où il avait disparu, et il n’y avait fait aucune allusion. Il s’assit à côté de Jace, en face de Clary, qu’il évitait de regarder dans les yeux.

— À sa place, je ne m’y serais pas pris comme ça, lança Jace.

D’abord, les fleurs et les chocolats, ensuite, les lettres d’excuses, et les hordes de Voraces seulement après.

— Il lui a peut-être envoyé des fleurs et des chocolats, dit Isabelle.

Qui sait ?

— Isabelle, déclara Hodge d’un ton patient, tu parles de l’homme qui a fait pleuvoir sur Idris des calamités inconnues jusqu’alors, monté les Chasseurs d’Ombres contre les Créatures Obscures et fait couler le sang dans les rues de la Cité de Verre !

— C’est plutôt sexy, toute cette noirceur d’âme, suggéra Simon, qui tentait de se donner des airs virils.

Il capitula devant le regard de Clary.

— Pourquoi Valentin veut-il tellement cette Coupe, et qu’est-ce qui lui fait croire que la mère de Clary l’a en sa possession ? demanda-t-il.

— Vous avez dit que c’était pour se bâtir une armée, jouta Clary en se tournant vers Hodge. Vous entendez par là qu’on peut se servir de la Coupe pour créer d’autres Chasseurs d’Ombres ?

— Oui.

— Alors, Valentin n’aurait qu’à choisir le premier type dans la rue pour en faire un des vôtres ? s’enquit Simon. Rien qu’avec la Coupe ? Est-ce que ça marcherait sur moi ?

Hodge le jaugea longuement du regard :

— Qui sait ? Non, tu es probablement trop vieux, la Coupe n’agit que sur les enfants. Un adulte ne serait pas complètement transformé par le procédé, ou alors il en mourrait sur-le-champ.

— Une armée d’enfants… dit Isabelle à voix basse.

— Les enfants, ça grandit vite, lança Jace. Avant peu, il faudrait se mesurer à des adultes.

— Transformer une bande de gosses en guerriers, dit Simon, j’ai entendu des choses pires que ça. Je ne vois pas pourquoi c’est si important de le tenir éloigné de la Coupe.

— Il se servirait inévitablement de cette armée pour lancer une attaque contre l’Enclave, répondit sèchement Hodge. Par ailleurs, rares sont les humains qui peuvent être transformés en Nephilim, car la plupart d’entre eux ne survivraient pas à la mutation. Cette dernière nécessite une force et une résistance particulières. Avant d’y parvenir, ils doivent être soumis à des tests intensifs. Or Valentin ne s’encombrera jamais de ce genre de considération. Il utilisera la Coupe sur tous les enfants qu’il capturera, et se constituera une armée avec les vingt pour cent qui survivront.

Alec dévisagea Hodge d’un air horrifié :

— Comment le savez-vous ?

— Parce que c’était son plan quand je l’ai côtoyé au Cercle. Il prétendait que c’était le seul moyen de bâtir une armée susceptible de défendre notre monde.

— Mais c’est du meurtre ! lâcha Isabelle, qui avait viré au vert. Il voulait tuer des enfants !

— Il estimait que nous avions garanti un monde sûr aux humains pendant un millénaire, et qu’il était temps pour eux de nous rendre la pareille.

— En sacrifiant leurs enfants ? s’offusqua Jace, les joues empourprées de colère. Voilà qui va à l’encontre de tous nos principes : protéger les faibles, préserver l’humanité.

Hodge repoussa son assiette :

— Valentin était fou. Brillant, mais fou. Seules lui importaient l’extermination des démons et des Créatures Obscures, la purification du monde. Il aurait sacrifié son propre fils pour la cause et ne comprenait pas qu’on puisse penser autrement.

— Il avait un fils ? demanda Alec.

— Je parlais au conditionnel, dit Hodge en sortant son mouchoir.

Il s’en servit pour s’éponger le front avant de le mettre dans sa poche. Clary s’aperçut que sa main tremblait un peu.

— Après l’incendie de ses terres et la destruction de sa maison, reprit-il, on présuma qu’il avait préféré sacrifier sa vie et la Coupe plutôt que de se rendre à l’Enclave. Ses ossements et ceux de sa femme furent retrouvés parmi les cendres.

— Attendez s’écria Clary. Ma mère a survécu. Elle n’est pas morte dans cet incendie !

— Il semble désormais que Valentin ait survécu, lui aussi.

L’Enclave sera furieuse d’avoir été dupée. Elle voudra retrouver la Coupe et, surtout, s’assurer que Valentin ne mette pas la main dessus.

— À mon avis, la première chose à faire, c’est retrouver la mère de Clary, dit Jace. La retrouver, puis retrouver la Coupe avant Valentin.

Clary trouvait l’idée excellente. Hodge, lui, dévisagea Jace comme s’il proposait de jongler avec des tubes de nitroglycérine :

— Sûrement pas !

— Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

— Rien. Il vaut mieux laisser cette affaire à des Chasseurs d’Ombres compétents et expérimentés.

— Je suis compétent, protesta Jace. Et j’ai de l’expérience.

— Je sais bien, répondit Hodge d’un ton ferme, presque paternel.

Mais tu es encore un enfant.

Jace le scruta, les yeux mi-clos. Ses longs cils projetaient des ombres sur ses pommettes anguleuses. Chez quelqu’un d’autre, ce regard aurait pu être qualifié de timide, voire de penaud, mais dans le cas de Jace, il était lourd de menaces.

— Je ne suis pas un enfant, déclara-t-il.

— Hodge a raison, intervint Alec.

Il fixait Jace droit dans les yeux, et Clary songea qu’il devait être l’un des rares à ne pas avoir peur de lui. En revanche, il avait peur pour lui.

— Valentin est dangereux, poursuivit Alec. Je sais que tu es un Chasseur d’Ombres doué. Tu es même le plus fort parmi ceux de notre âge. Seulement, Valentin est l’un des meilleurs que la terre ait portés. Il faudrait une armée pour le vaincre !

— Et il s’est relevé la dernière fois, fit remarquer Isabelle en examinant les dents de sa fourchette.

— Mais nous, on est là, protesta Jace. On est là et, à cause des Accords, il n’y a personne d’autre. Si on ne fait rien…

— Je transmettrai un message à l’Enclave ce soir le coupa Hodge.

Ils nous enverront un groupe de Nephilim dès demain, s’ils le jugent nécessaire. Ils prendront les choses en main. Tu en as déjà trop fait !

Jace s’inclina mais ses yeux étincelaient :

— Je n’aime pas ça.

— On ne te demande pas d’être d’accord, répliqua Alec. On te demande de te taire et de ne pas faire de bêtises.

— Et ma mère ? lança Clary. Elle ne peut pas attendre l’arrivée des représentants de l’Enclave ! Valentin la retient prisonnière, d’après Pangborn et Blackwell, et il est apable de la…

Elle ne pouvait se résoudre à employer le verbe « torturer », mais elle savait qu’elle n’était pas la seule à y avoir pensé. Soudain, personne à la table n’osa soutenir son regard.

Excepté Simon. Il finit sa phrase pour elle :

— … Lui faire du mal. Ils ont aussi précisé qu’elle était inconsciente, ce qui n’est pas pour réjouir Valentin. Apparemment, il attend qu’elle se réveille.

— À sa place, je resterais dans le coma, marmonna Isabelle.

— Mais qui sait ce qui peut arriver ? s’écria Clary, ignorant la remarque d’Isabelle. Je croyais que l’Enclave avait pour obligation de protéger les gens. Les Chasseurs d’Ombres devraient déjà être ici. Ils auraient déjà dû se lancer à sa recherche.

— Ce serait plus facile si on savait où chercher, rétorqua Alec.

— J’ai mon idée là-dessus, déclara Jace.

Clary le regarda avec surprise :

— Vraiment ? Où ?

— Ici.

Jace se pencha vers elle et effleura sa tempe d’un geste si délicat qu’elle se sentit rougir :

— Tout ce que nous avons besoin de savoir se trouve dans ta tête, sous ces jolies boucles rousses.

Clary porta la main à ses cheveux comme pour se défendre :

— Je ne crois pas.

— Et qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda Simon d’une voix cassante. Lui ouvrir la tête pour voir ce qu’il y a dedans ?

Les yeux de Jace étincelèrent, pourtant il répondit d’un ton calme :

— Pas du tout. Les Frères Silencieux peuvent nous aider à extraire ses souvenirs.

— Tu détestes les Frères Silencieux, objecta Isabelle.

— Je ne les déteste pas. Je les crains. Ce n’est pas la même chose.

— Tu ne m’as pas dit que c’étaient des bibliothécaires ? dit Clary.

— Oui, c’est le cas.

Simon émit un sifflement :

— Ces gars-là ne doivent pas plaisanter avec les pénalités de retard !

— Les Frères Silencieux sont avant tout archivistes. Mais ce n’est pas leur seule activité, intervint Hodge, qui semblait à bout de patience. Afin de fortifier leur esprit, ils ont choisi de porter certaine runes parmi les plus puissantes jamais créées. Le pouvoir de ces runes est si grand que…

Il s’interrompit et Clary se souvint des mots d’Alec il « Ils se mutilent. »

— Eh bien, elles modifient leur apparence physique. Ce ne sont pas des guerriers au même titre que les Chasseurs d’Ombres. Leurs pouvoirs sont liés à l’esprit, et non au corps.

— Ils peuvent lire dans nos pensées ? demanda Clary d’une petite voix.

— Entre autres. Ils figurent parmi les chasseurs de démons les plus redoutés.

— Pourquoi pas ? lança Simon. Ça n’a pas l’air si terrible. C’est toujours mieux que de se faire ouvrir la tête.

— Décidément, tu es encore plus bête que tu en as l’air, commenta Jace avec mépris.

— Jace a raison, dit Isabelle sans faire cas de Simon. Les Frères Silencieux font vraiment froid dans le dos.

— Ils sont aussi très puissants, ajouta Hodge. Ils se déplacent dans l’obscurité et ne parlent jamais. En revanche, ils peuvent ouvrir le cerveau d’un homme comme une noix, et le laisser ensuite hurler seul dans le noir.

Clary regarda Jace, affolée :

— Tu veux me livrer à ces gens ?

— Ils peuvent t’aider.

Jace se pencha par-dessus la table. Il était si près d’elle qu’elle pouvait voir les paillettes d’or sombre qui constellaient ses yeux clairs.

— Peut-être qu’on ne sera pas obligés de chercher la Coupe, dit-il doucement. Peut-être que l’Enclave s’en chargera. Mais ce qui se trouve dans ta tête n’appartient qu’à toi. Quelqu’un a dissimulé des secrets là-dedans, des secrets auxquels toi-même tu n’as pas accès.

Tu veux connaître la vérité sur ta propre vie ?

— Je ne veux pas que quelqu’un s’immisce dans ma tête, répondit Clary d’une voix faible.

Elle savait que Jace avait raison, mais l’idée d’être livrée à ces êtres que même les Chasseurs d’Ombres trouvaient effrayants lui donnait la chair de poule.

— Je serai là, Clary. Je ne te laisserai pas seule avec eux.

Simon se leva d’un bond, rouge de colère.

— Ça suffit ! Laissez-la tranquille.

Alec regarda Simon comme s’il venait de s’apercevoir de sa présence :

— Qu’est-ce que tu fais encore là, Terrestre ?

— Je t’ai dit de la laisser tranquille, répéta Simon.

Jace lui jeta un regard venimeux :

— Alec a raison. L’Institut est voué à accueillir les Chasseurs d’Ombres, mais pas leurs amis terrestres. Surtout quand ils abusent de son hospitalité.

Isabelle se leva et prit Simon par le bras :

— Je vais lui montrer la sortie.

Pendant un instant, Simon eut l’air de vouloir résister, puis, croisant le regard de Clary, il renonça. La tête haute, il laissa Isabelle le conduire hors de la pièce.

Pendant un instant, Simon eut l’air de vouloir résister, puis, croisant le regard de Clary, il renonça. La tête haute, il laissa Isabelle le conduire hors de la pièce.

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