2.1 Expérience 1
2.1.2 Design Expérimental
2.1.2.1 Participants
40 étudiants de l’université de Grenoble-Alpes ont participé à l’expérience : 26
hommes et 14 femmes, âgés entre 20 et 29 ans (M = 25.3 ;SD= 2.7). Les
partici-pants étaient naïfs quant au but de l’expérience, et avaient pour consigne de regar-der librement et attentivement les vidéos présentées. Tous les participants étaient de langue maternelle française et avaient une ouïe normale. Leur vue était normale ou corrigée à la normale. Chacun a donné son consentement éclairé à prendre part à l’expérience.
2.1.2.2 Dispositif
Les participants étaient assis à 57 cm d’un écran à tube cathodique (CRT) de
21 pouces ViewSonic G220f, avec une résolution de 1024×768 pixels et un taux de
rafraîchissement de 75 Hz. Leurs têtes étaient confortablement stabilisées au niveau du menton par un petit coussinet, et du front par un appui-tête (voir Figure 2.1a). Le
son était diffusé au moyen d’un casque dynamique fermé à couplage circumaural (qui
englobe l’oreille) Sennheiser HD280 Pro, 64Ω. Ce casque était porté tout au long de
l’expérience, même en l’absence de stimulus sonore, ses 32 dB d’atténuation assurant une bonne isolation de potentiels bruits environnants distracteurs. Les mouvements oculaires étaient enregistrés par un oculomètre Eyelink 1000 (SR Research), avec une fréquence d’échantillonnage de 1000 Hz et une résolution spatiale nominale de 0.01 degré d’angle visuel. Nous n’enregistrions que l’œil directeur. Ainsi, une position
oculaire était enregistrée toutes les millisecondes, en mode de suivi "pupille et reflet
2.1. Expérience 1 37
(a) (b)
Figure 2.1 – (a) Dispositif expérimental. La caméra de l’oculomètre est placée sous l’écran, face au participant.(b)Décours temporel d’un essai de l’expérience 1. La présen-tation d’une croix defixation (1s), d’une vidéo, puis d’un écran gris (1s) est répétée pour les 50 vidéos. Un bloc de 25 vidéos est présenté sans son (condition Visuelle), et un autre bloc de 25 vidéos est présenté avec les bandes-son originales (condition AudioVisuelle). 2.1.2.3 Stimuli
Nous avons choisi 50 vidéos avec leurs bandes-son originales. Les vidéos sont
extraites de films réalisés par des professionnels (films d’action, drames,
docu-mentaires). Elles ont une résolution de 720×576 pixels (30×24 degrés d’angle
vi-suel), une fréquence de 25 images par seconde, et durent entre 7.8 s et 65.3 s
(M = 27.7;SD = 12.9). Une vidéo peut contenir plusieurs plans. Au total, 163
plans ont été recensés dans l’ensemble des vidéos (M = 8.7;SD= 7.2). Les
bandes-son bandes-sont monophoniques et échantillonnées à 48000 Hz. Si à l’origine, le bandes-son était stéréophonique, nous avons ajouté les deux canaux et envoyé la somme dans chaque écouteur. Lorsque la bande-son contient de la parole, c’est toujours en français. Une illustration de chacun des stimuli utilisés est disponible en Annexe A.
2.1.2.4 Protocole
L’expérience a été créée grâce au logiciel SoftEye, développé au laboratoire
[Io-nescuet al.2009]. Ce programme permet de synchroniser la présentation des stimuli
avec l’enregistrement des mouvements oculaires. Lors d’une expérience, il inscrit
chronologiquement dans un même fichier eyedatafile tous les événements oculaires
(saccades,fixations et clignements (blinks)). Un essai se déroulait de la manière
centrale apparaissait. Si le regard du participant était bien centré, la croix dispa-raissait et une vidéo était jouée, sur le même fond gris. Cette séquence était répétée pour les 50 vidéos, comme l’illustre la Figure 2.1b. Chaque expérience était précédée par une procédure de calibration, durant laquelle les participants devaient
stabili-ser leur regard sur 9 cibles réparties sur une grille 3×3 occupant tout l’écran. Une
correction de la dérive du regard était effectuée entre chaque vidéo, et une nouvelle
calibration était effectuée au milieu de l’expérience ou si la dérive excédait 0.5
de-gré. Afin d’éviter tout effet d’ordre ou de fatigue attentionnelle, les vidéos étaient
présentées dans un ordre aléatoire. Les 20 premiers participants ont vu la première moitié des vidéos dans la condition AudioVisuelle (avec les bandes-son originales), et la seconde moitié dans la condition Visuelle (sans aucun son). L’ordre des conditions a été contrebalancé pour les 20 participants suivants. Une pause était systématique-ment proposée au milieu de l’expérience, et les participants étaient informés qu’ils pouvaient se reposer entre chaque vidéo. Le cas échéant, une calibration était à
nouveau effectuée à la reprise de l’expérience. Une expérience durait environ une
demi-heure. Au final, chaque vidéo a été vue par 20 participants dans la condition
Visuelle, et par 20 autres participants dans la condition AudioVisuelle.
2.1.2.5 Organisation des données
Nous n’avons analysé que les données issues d’un des deux yeux de chaque participant (de préférence l’œil directeur).
Positions oculaires Comme l’oculomètre enregistre une position oculaire toutes les millisecondes et qu’une frame dure 40 ms (25 frames par seconde (fps)), 40 positions oculaires par frame et par participant sont enregistrées. Par la suite, une "position oculaire" désignera la position médiane des 40 positions brutes. Il y aura donc une position oculaire par frame et par participant, sauf pour les frames correspondants aux blinks des participants.
Saccades, Fixations et Blinks Une saccade est détectée par le logiciel
de l’oculomètre au moyen de trois seuils différents : un seuil de vitesse (30
de-grés/s), d’accélération (8000 degrés/s2) et de déplacement saccadique (0.15 degré).
Une fixation est détectée dès lors que la pupille est visible et qu’aucune saccade
n’est en cours. Les blinks, quant à eux, sont détectés comme des saccades avec une
occlusion totale ou partielle de la pupille.
Ces mouvements oculaires ont été séparés en deux jeux de données : d’une part ceux enregistrés dans la condition AudioVisuelle (avec les bandes-son originales), et d’autre part ceux enregistrées dans la condition Visuelle (sans aucun son). Dans
la section suivante sont présentées les différentes métriques utilisées pour comparer
2.1. Expérience 1 39
(a) (b)
Figure 2.2 – (a) Les points rouges représentent les positions oculaires médianes de 18 participants.(b)Carte de densité des positions oculaires correspondantes.