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Des espèces envahissantes quasiment inconnues en forêt guyanaise

Cet indicateur décrit les espèces végétales dites envahissantes, en particulier la superficie des forêts touchées. Les procédures et les réglementations en place pour les contrôler sont également résumées. Il permet de voir la progression ou la régression des espèces indigènes envahissantes (EIE) et des espèces exotiques envahissantes (EEE) ainsi que les mesures qui sont prises pour les réguler. La prévention et la lutte contre les EEE est inscrite dans les objectifs de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 et constitue un engagement fort du Grenelle de l’Environnement.

En Guyane, on ne connaît pas d’espèces indigènes envahissantes en forêt et les espèces exotiques envahissantes touchent essentiellement les milieux anthropisés ainsi que les milieux de savanes et de marais sur le littoral. On rencontre aussi des espèces exotiques envahissantes dans des zones ouvertes en forêt mais ces espèces représentent un enjeu bien moindre dans les milieux forestiers contrairement à la situation dans les milieux de savanes et de marais. Cette situation résulte du fait que, jusqu’en 2014, les EEE n’ont été observées que dans les zones ouvertes en forêt et dans les zones de savane et de marais sur le littoral.

Cependant, cette situation est susceptible d’évoluer dans le futur, notamment avec la dynamique de colonisation des espèces récemment introduites, et, éventuellement, les perturbations des milieux susceptibles d’être causées par le réchauffement climatique. Il semble aujourd’hui nécessaire de mettre en place un système de suivi eu égard aux situations problématiques déjà observées dans les pays voisins voire en Guyane. Par ailleurs, l’entrée en vigueur d’un règlement européen de 2014 qui oblige les régions ultrapériphériques à élaborer des listes d’EEE, afin d’interdire soit une introduction dans le milieu naturel pour certaines soit l’utilisation totale pour d’autres, est une opportunité pour favoriser le suivi des EEE en forêt. Des travaux ont été engagés à ce sujet en Guyane française par la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal) et le Cirad en collaboration avec des associations environnementales (Gepog -Groupe d'étude, de protection et d’aménagement des oiseaux de Guyane-, Sepanguy -Société d’étude, de protection et d’aménagement de la nature en Guyane-). Les principaux travaux engagés à ce sujet en Guyane concernent les savanes et mettent en avant une situation critique sur ces habitats rares dans le territoire.

Surfaces forestières touchées méconnues

Aucune information n’existe à l’heure actuelle concernant les surfaces affectées par la présence d’espèces exotiques envahissantes dans les écosystèmes forestiers.

6 à 9 espèces végétales envahissantes en Guyane En 2010, un premier diagnostic sur les invasions biologiques, commandité par la Deal (Cambou et al. 2010), a permis d’identifier 11 espèces envahissantes avérées dont la liste a été validée par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) en 2012.

Cette liste comprend six espèces végétales : Acacia mangium Willd. (arbre), Leucaena leucocephala (Lam.) de Wit (arbre), Melaleuca quinquenervia (Cav.) S.T.Blake aussi connue sous le nom de Niaouli (arbre), Pueraria phaseoloides (Roxb.) Benth. aussi connue sous le nom de Kudzu (liane), Brachiaria umbellata (Trin.) Clayton également appelé Panicum umbellatum (herbacée), Urochloa maxima (Jacq.) R.D. Webster aussi nommé Panicum maximum (herbacée).

Trois autres espèces végétales supplémentaires sont suspectées d’avoir un fort potentiel envahissant : Urochloa humidicola (Rendle) (synonyme de Panicum humidicola, herbacée), Acacia crassicarpa A. Cunn. ex Benth. (arbre) et Terminalia catappa L. (arbre).

Ces neuf espèces cibles ont fait l’objet d’une première étude cartographique visant à apprécier l’extension

terrain ont été collectées pour ces neuf espèces. Au total ce sont 9 658 observations d’espèces exotiques (envahissantes ou non) qui ont été rassemblées au cours de cet état des lieux.

Des espèces envahissantes avérées localisées surtout hors forêt

Ce sont principalement les milieux les plus anthropisés qui concentrent l’essentiel des espèces potentiellement envahissantes (centres urbains, décharges, bords de route, milieux agricoles). La majorité de celles-ci semble ne jamais pénétrer la végétation naturelle. Les écosystèmes forestiers sont peu touchés, à l’inverse de certains milieux naturels ouverts apparemment vulnérables : les savanes, les savanes‐roches, les milieux littoraux sableux ou rocheux et les grands marais (sub‐)littoraux.

L’espèce végétale sans aucun doute la plus dangereuse d’un point de vue de l’impact sur la biodiversité indigène est l’Acacia mangium Willd.

Arbre originaire d’Australie tropicale, l’acacia en Guyane française est souvent planté comme arbre d’ombrage (constituant des haies en zone pastorale) et engrais vert mais aussi largement utilisé en revégétalisation des zones décapées (mines, carrières). Introduite en Guyane dans les années 1990, cette espèce colonise préférentiellement les zones dégradées dans la région des savanes du littoral mais est capable de s’installer dans des savanes intactes (2.4.b). Pyrophile, elle poursuit son extension dans les savanes soumises aux incendies. Elle présente une menace pour l’ensemble des écosystèmes fragiles. Son expansion semble l’une des plus rapides en Guyane. Afin de préserver la biodiversité en général –et celle des savanes en particulier–, une éradication totale des acacias exotiques (A. mangium, A. crassicarpa Cunn. ex Benth., A. auriculiformis Cunn. ex Benth. et leurs hybrides) semble absolument nécessaire. (Léotard et Chaline 2013).

Lutte recommandée contre quelques espèces ciblées

Bien que la problématique des espèces envahissantes semble moins prégnante sur ce territoire d’outre-mer continental que dans les autres territoires insulaires (UICN 2012), des enjeux ont été identifiés en termes de lutte contre quelques espèces ciblées particulièrement virulentes (Cambou et al. 2010). Les études récentes concluent sur la nécessité d’éradiquer au plus vite Melaleuca quinquenervia et Acacia mangium. Cette dernière espèce a été largement utilisée pour la réhabilitation des sols miniers dégradés entre 1990 et 2000 et se trouve donc présente localement dans le massif forestier. Bien qu’elles ne pénètrent pas le couvert forestier naturel, ces populations constituent des sources de propagules susceptibles d’être

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à réglementation en concertation avec l’ensemble de la sphère socio-professionnelle. Cependant l’éradication totale de l’Acacia mangium telle que préconisée par Léotard et Chaline (2013) aurait un coût exhorbitant.