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Chapitre 3 : Présentation et analyse des résultats

3.1 Rosemont-La Petite-Patrie, Montréal et politiques publiques

3.1.1 Des engagements environnementaux à l’échelle de la Ville

La Ville de Montréal fait preuve d’un certain leadership quant à ses actions menées en lien avec le climat (Gore, Robinson et Stren 2012). En effet, la Ville fait partie de plusieurs réseaux internationaux, comme ICLEI et C40. Divers plans et programmes ont également été rédigés depuis les années 2000 par rapport à l’action municipale en matière de changements climatiques et de développement durable (Simonet 2011). En voici une liste représentative : - Plan stratégique de Développement Durable 2005-2010 (PSDD) de la collectivité

montréalaise où la première orientation prioritaire des quatre ciblées par le plan concerne les changements climatiques ;

- Plan de développement durable de la collectivité montréalaise de 2010-2015 (PDD) ;

- Plan de développement durable de la collectivité montréalaise pour 2015-2020 ;

- Montréal durable 2016-2020. Ce plan est le troisième de développement durable. Il cible 20 actions à être réalisées d’ici 2020. Un des trois défis proposés est de faire de Montréal une ville sobre en carbone en réduisant ses émissions de 80% d’ici 2050. Une des quatre priorités d’intervention est la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la dépendance aux énergies fossiles et une autre consiste à verdir et augmenter la biodiversité et la pérennité des ressources (Ville de Montréal 2016) ;

- Plan d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal 2015-2020, qui vise à informer des risques reliés aux changements climatiques, à mettre en place des mesures d’action et à consolider celles qui existent déjà pour que Montréal s’adapte aux changements climatiques (Ville de Montréal 2015a) ;

- Plan pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la collectivité montréalaise 2013-2020 qui présente des solutions visant entre autres à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% sous les niveaux de 1990 (Ville de Montréal 2013).

L’opérationnalisation de tous ces plans est menée par la Ville de Montréal, qui a sollicité la collaboration et la participation de nombreux partenaires de diverses sphères de la société : spécialistes, entreprises, organisations et associations locales, chambres de commerce et institutions scolaires et de santé. La participation de la société civile à l’élaboration des plans mentionnés n’est pas clairement établie. Dans l’élaboration du PSDD 2005-2010, si certains citoyens étaient présents pour représenter leurs organismes, leur rôle était davantage de valider les objectifs déjà établis des plans plutôt que d’activement participer à leur élaboration (Simonet 2011). Le PDD de 2010-2015 propose des moyens concrets pour permettre aux citoyens de modifier des habitudes de vie pour réduire leur impact sur le climat. Cela dit, il ne cherche pas à inclure les citoyens dans la démarche d’élaboration du plan (Ville de Montréal 2010).

Le plan Montréal durable interpelle davantage les citoyens que les autres plans, alors qu’ils y sont nommés directement comme partie prenante des acteurs devant se mobiliser pour atteindre les objectifs du plan. Les actions ciblées dans le cadre des priorités établies par ce plan ne visent toutefois que l’administration municipale. Une des priorités est de solliciter la mobilisation des organisations, des citoyens et des employés et de susciter l’engagement d’organisations montréalaises. Le but est de réaliser des actions et de mettre en oeuvre des projets de développement durable et des actions de communications pour inciter à modifier les comportements et encourager la participation aux divers objectifs du plan (Ville de Montréal 2016, 24). Afin de stimuler la participation et la mobilisation de la société civile dans divers projets, le plan de Montréal durable s’est joint à la plateforme web Faire Montréal qui crée un espace d’échange collaboratif en ligne entre la Ville de Montréal, les citoyens et membres de la communauté (Faire Montréal 2017). Cette plateforme web animée par la Ville de Montréal est la suite de la démarche de «Je fais Montréal» où 181 projets citoyens divers ont été soutenus par la Ville afin de se réaliser. Par le biais de Faire Montréal, les citoyens ont donc été invités à proposer des projets collectifs qui s’inscrivent dans une des quatre priorités du plan Montréal durable 2016-2020 et qui vise à rendre la métropole plus verte et équitable.

Les plans d’adaptation aux changements climatiques de l’agglomération de Montréal 2015-2020 et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la collectivité montréalaise 2013- 2020 n’indiquent pas non plus une intention claire de faire participer la société civile dans l’élaboration ou la mise en place de ces plans. Ils misent plutôt sur la sensibilisation des citoyens. Une première démarche de participation citoyenne dans l’enjeu environnemental a été réalisée en 2015, alors que l’Office de Consultation publique de Montréal a été mandaté par la

Ville de Montréal pour mener une consultation publique auprès des citoyens sur la réduction de la dépendance aux énergies fossiles de la communauté montréalaise (Ville de Montréal 2015b).

Plus largement, on observe à Montréal et au Québec une transformation de l’intégration de la participation citoyenne dans les processus. Depuis 20 ans, la société civile est davantage sollicitée pour participer activement aux démarches entreprises par la Ville de Montréal en matière d’environnement (Gariépy et Roy-Baillargeon 2017). En effet, les premiers plans élaborés par la Ville mentionnent vaguement les citoyens et cherchent davantage à les sensibiliser et les informer des enjeux environnementaux en espérant modifier leurs comportements. Un changement s’opère, alors que les citoyens sont invités à prendre part à des consultations publiques puis à réaliser concrètement des actions en lien avec les objectifs climatiques de la Ville. Au fil des plans et programmes de la Ville de Montréal en matière d’environnement et de changements climatiques, on observe une plus grande inclusion de la société civile et un passage de la participation citoyenne d’un rôle plus passif vers un plus actif. Cette tendance reflète une transition générale vers une gouvernance collaborative de la part de la Ville de Montréal (Bacqué et Gauthier 2011). Il demeure toutefois difficile de mesurer la mise en pratique de ces plans, à savoir si on assiste ou non à une réelle prise de pouvoir et une inclusion des citoyens dans les décisions politique et dans la démocratie urbaine (Arnstein 1969; Simonet 2011; Wamsler 2016). Il convient de souligner que les actions entreprises par l’administration de Montréal s’apparentent davantage à des stratégies d’atténuation ou d’adpatation face aux changements climatiques.