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Le bureau de bienfaisance cherche à se moderniser après la Seconde Guerre mondiale et à s’adapter aux caractéristiques de cette nouvelle société qui émerge des cendres de la guerre. Cette modernisation du bureau passe par une diminution tout à fait visible des rapports de domination. Tout d’abord, l’institution se féminise largement et les femmes osent davantage prendre des décisions, les administrateurs semblant leur faire de plus en plus confiance en leur accordant des responsabilités. Ensemble, les membres de la commission sont entreprenants et cherchent à aider de la manière la plus efficace possible les plus démunis en proposant des méthodes innovantes. La domination des notables du bureau sur les pauvres, même si elle existe toujours puisque lorsque demeurent de telles inégalités sociales elle est presque inévitable, tend à s’adoucir. Il est vrai que les assistés sont mieux considérés puisqu’ils sont assimilés à des victimes (de la guerre notamment) puis à des individus qui ne peuvent bénéficier de la croissance dans un pays qui s’enrichit. Leur misère est alors d’autant plus évidente et perçue comme relevant de l’injustice. Mais face aux nouvelles ambitions (en particulier de l’État) pour vaincre cette misère, le bureau de bienfaisance paraît progressivement inadapté et doit s’effacer pour laisser place au bureau d’aide sociale.

Des avancées sociales et sociétales visibles

Une affirmation des femmes au sein du bureau

Durant cette période d’après-guerre, le bureau de bienfaisance se féminise et les femmes y ont davantage de responsabilités. Elles peuvent prendre des décisions et ne semblent plus être des exceptions mais des membres de l’institution à part entière et parfaitement intégrés.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler pour le bureau de bienfaisance. Celles du petit personnel sont toujours présentes (Mme Bobet, Mlle Pinson et Mlle Guérin), mais elles travaillent aussi avec une comptable (Mme Lagrée) et une gestionnaire de la cuisine roulante (Mme Etrillard), dont le prestige est important au sein du personnel du bureau. La cuisine roulante est un service offrant des repas aux plus pauvres, mis en place par le bureau de bienfaisance après la guerre. Dans les franges les plus hautes de la hiérarchie de l’institution aussi, les femmes se multiplient. Mme Nicol, Mme Laurent et Mme

Réüh sont administratrices en même temps au sein de la commission, bientôt rejointes par Mme Parisot qui remplace Mme Réüh. On est alors bien loin du temps où les femmes étaient exclues des délibérations du bureau. De plus, elles ont à présent le droit de vote et d’être éligibles, elles peuvent donc être désignées comme administratrices par deux voies différentes. La première est ancienne : il s’agit pour ces femmes d’être nommées par l’intermédiaire du préfet. La seconde, qui est nouvelle, est d’être désignées par le maire qui les choisit au sein du conseil municipal, dans lequel elles peuvent à présent être élues.

Toutes ces femmes, et plus particulièrement les administratrices du bureau, se voient confier de plus en plus de responsabilités. Dès 1946, Mme Nicol est désignée comme représentante pour remplir les fonctions de délégué régional à l’Union Nationale des Bureaux de bienfaisance541. Mais c’est surtout l’administratrice Mme Parisot qui est nommée pour se

rendre à différentes réunions importantes pour incarner le bureau de bienfaisance. Par exemple, en 1946, accompagnée de M. Paris, elle représente la commission pour l’établissement du plan de licenciement du personnel542. Un an plus tard, elle est désignée

« comme électeur » (le terme n’est pas encore féminisé) pour représenter le bureau aux élections des conseils d’administration des organismes de sécurité sociale543. Puis, en mars

1948, Mme Parisot est choisie pour se rendre au Conseil Départemental d’Assistance Publique et Privée afin de désigner un représentant des établissements publics d’assistance544.

Le fait qu’elle puisse prendre des décisions durant ces diverses réunions témoigne de la confiance qu’on lui accorde pour incarner l’ensemble du bureau, alors que son arrivée dans la commission de l’institution est encore relativement récente. Les tâches que les administratrices effectuaient durant les décennies précédentes sont alors distribuées au personnel ou aux religieuses. Il ne s’agit bien souvent que d’achats (de plus, très souvent en rapport avec des charges que l’on considérait alors comme essentiellement féminines comme le ménage ou à la cuisine), mais pour les religieuses, ce sont de nouvelles responsabilités que la commission leur accorde et qu’elles accomplissent avec enthousiasme. Par exemple, en 1946, les sœurs Louise et Thérèse sont autorisées à faire quelques achats (articles de ménage,

541 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 22 mai 1946.

542 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 2 mai 1946.

543 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 16 avril 1947.

544 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 10 mars 1948.

ustensiles de cuisine ou pour le blanchissage…) alors que jusqu’alors, ces achats ne pouvaient être accomplis que par la directrice ou les administrateurs et administratrices545.

Une professionnalisation du travail social de ces femmes est également notable durant la période. Par exemple, en 1946, des certificats de bons services sont délivrés aux sœurs Denise Courcier et Marie-Thérèse Béasse « pour leur assimilation comme assistantes sociales »546. Ces certificats ont plusieurs conséquences. Tout d’abord, ils témoignent d’une

plus grande reconnaissance de la commission envers le travail accompli par les religieuses pour secourir les pauvres. En outre, ces certificats renvoient à la vague de professionnalisation touchant les institutions sociales françaises durant l’après-guerre547. Ici, le cas est un peu

particulier parce que ces femmes sont des religieuses, mais il s’inscrit tout de même dans le courant de professionnalisation des femmes du secteur social. Elles ne sont plus seulement des bénévoles, des femmes dévouées s’occupant des plus vulnérables comme de leur propre famille, mais elles ont un véritable métier, reconnu et lucratif. Cela leur permet d’avoir un poids plus important dans la société française, de s’affirmer et de ne plus être dépendantes financièrement de qui que ce soit.

Les femmes du bureau peuvent aussi bénéficier de titularisation et d’évolutions de carrière. Elles ne sont plus soumises à un système d’emplois provisoires comme durant la guerre. Par exemple, Mme Lagrée, qui était secrétaire comptable stagiaire, est titularisée en 1946 puisqu’elle « a donné pleine et entière satisfaction à tous égards »548. Elle occupe donc

complètement cet emploi jusqu’alors considéré comme masculin, et bénéficie de 54000F par an. Elle peut même évoluer professionnellement. Elle grimpe en effet les échelons en devenant « Rédacteur de Première classe ». Mais surtout, en février 1952, comme M. Paris est malade et qu’elle « assure seule depuis près de deux ans, avec beaucoup de compétences et de zèle, aidée seulement par une employée temporaire la bonne marche du service du bureau »549,

elle devient « Rédacteur principal ». La possibilité d’avancer dans une carrière au sein du bureau de bienfaisance est alors, durant ces années 1950, enfin accessible aux femmes.

545 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 3 juillet 1946.

546 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 19 juin 1946.

547 Les assistantes sociales et les infirmières se multiplient (KNIBIEHLER Yvonne, Cornettes et blouses

blanches… op. cit. p. 193) alors que les professions d’éducateur spécialisé, de juge pour enfants ou de médecins

du travail voient le jour (GUILLAUME Pierre, Histoire sociale de la France… op. cit. p. 212).

548 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 27 novembre 1946.

549 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 13 février 1952.

Ces dernières s’affirment également en prenant des décisions fortes et inattendues. Par exemple, lorsque Mme Parisot arrive dans la commission, nommée par décision du conseil municipal, on annonce qu’elle est « déléguée au Bureau de bienfaisance en remplacement de Mme Réüh démissionnaire »550. Cette dernière est la première personne qui démissionne du

bureau, sans qu’aucune explication ne soit donnée sur son départ. Cela prouve que cette femme n’est pas soumise à ce que la société attend peut-être d’elle (c’est-à-dire de se construire l’image d’une femme s’intéressant au sort des pauvres et des plus vulnérables, probablement avant de penser à elle) et qu’elle est capable de prendre des décisions fortes.

En outre, certaines tâches qui jusqu’alors étaient considérées comme uniquement dévolues aux femmes sont parfois accomplies par des hommes. Par exemple, c’est l’administrateur M. Grimault qui propose l’achat de blouses pour les employées de la cuisine roulante551. Cela est intéressant de remarquer que c’est M. Grimault qui choisit de s’occuper

de ces questions et non pas une femme. Il symbolise alors une certaine évolution de la société et participe au changement dans le partage des tâches.

Le bureau de bienfaisance semble également offrir plus de liberté aux femmes en ne cherchant plus systématiquement à s’immiscer dans leur vie privée. Cela est particulièrement visible dans le cas des bienfaitrices. Alors que durant les périodes précédentes, la commission tentait sans cesse de réunir des informations sur leur situation familiale notamment et sur d’éventuels faits pouvant prouver leurs qualités morales, cela est beaucoup moins patent durant ces années d’après-guerre. Tout d’abord, la mention du sexe des bienfaiteurs n’est plus consignée dans le registre de délibérations aussi régulièrement qu’avant (voir le tableau n°IX sur les dons et legs faits au bureau de bienfaisance, placé en annexe). En effet, sur les 19 dons et legs recensés entre 1946 et 1953, il est possible de savoir que 8 bienfaiteurs sont des hommes, 2 des femmes, mais pour les 9 cas restants, le sexe n’est pas précisé. Ces informations ne sont plus considérées comme aussi importantes qu’auparavant et de nombreux bienfaiteurs cherchent l’anonymat et font donc en sorte de délivrer leur don sans être connus. De plus, même lorsque le sexe du donateur est indiqué, la situation familiale ne l’est plus (mise à part l’unique mention d’une situation de célibat), alors qu’au début du siècle cette précision était presque automatique. Il semblerait donc que le bureau de bienfaisance fasse preuve de davantage de souplesse et offre une forme de liberté en s’immisçant de moins en moins dans les vies privées, notamment des femmes.

550 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 2 janvier 1946.

551 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 1er février 1950.

La structure de domination qui pesait sur les femmes du bureau de bienfaisance depuis la fin de la Première Guerre mondiale semble donc moins écrasante après le second conflit mondial. Cependant, il convient de nuancer cette description des avancées et des nouvelles libertés pour les femmes, car la domination, si elle est moins marquée, existe toujours. Les femmes forment encore l’essentiel du petit personnel qui accomplit des tâches ingrates et a les plus faibles revenus. Elles sont encore régulièrement désignées pour les achats considérés comme féminins. Par exemple, Mme Parisot doit s’occuper des blouses et galoches des enfants de chômeurs552, quand Mme Laurent et Mme Nicol se voient désignées pour l’achat de

la mousseline afin de confectionner les robes des orphelines communiantes553. De plus, elles

sont encore souvent embauchées comme solutions de remplacement. Par exemple, lorsqu’en 1951, le secrétaire M. Paris est en congé maladie et que son remplaçant et gestionnaire de la cuisine roulante l’est aussi, la commission engage « Madame Etrillard pour aider aux besoins du secrétariat. D’autre part, Madame Etrillard se verra confier la gestion de la cuisine roulante, dont la charge n’a pas été laissée à M. Collet, seulement préposé à la conduite de la voiture et à la préparation de la viande »554. Madame Etrillard n’est donc que le troisième

choix pour ce poste et il semblerait qu’elle soit l’épouse de M. Etrillard. La vieille pratique du remplacement du mari, qui avait déjà été mise en œuvre durant l’entre-deux-guerres reste donc d’actualité, donnant l’impression que la femme n’est qu’un substitut de son mari. De plus, dans les conditions nécessaires pour être embauchée, les qualités morales restent essentielles (voir le tableau n°IX des termes utilisés pour désigner le personnel du bureau de bienfaisance lors de différentes occasions, placé en annexe). Par exemple, lorsque Mme Bobet est recrutée en tant que concierge en 1947, la commission affirme qu’elle « offre au point de vue moralité et travail toutes garanties »555 alors que ces questions morales ne sont jamais

précisées pour le personnel masculin. Enfin, il convient de souligner que les plus grandes responsabilités sont généralement laissées aux hommes. Le vice-président de la commission du bureau est toujours un homme (M. Urien). De plus, il semble que la fonction d’ordonnateur est moins prestigieuse que durant l’entre-deux-guerres. En effet, le registre de délibérations ne mentionne plus les rapports moraux annuels de l’ordonnateur, ni les descriptions de ses déplacements sur le terrain ou de ses décisions. Mme Nicol, qui occupe

552 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 9 novembre 1949.

553 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 28 février 1951.

554 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 26 septembre 1951.

555 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 7 mai 1947.

alors cette fonction paraît donc effacée et ne semble pas exercer un quelconque pouvoir au sein du bureau. De surcroît, même s’il est vrai que les femmes sont de plus en plus souvent déléguées pour se rendre aux réunions afin de représenter le bureau de bienfaisance de Rennes, ce sont les hommes qui sont désignés pour les occasions les plus importantes. Par exemple, la commission choisit M. Urien pour participer aux Élections au Conseil Supérieur de l’Entraide sociale du 4 mai 1951556. Cet organisme consultatif créé en 1950 était chargé de

l’étude des discussions et questionnements que lui suggérait le ministre de l’Aide sociale. Enfin, dernier détail important, lorsque l’Union nationale des bureaux de bienfaisance commence à réfléchir à l’éventualité de remplacer les bureaux de bienfaisance par les bureaux d’aide sociale, elle envoie à la commission rennaise un « rapport qui est à la disposition de Messieurs les administrateurs »557. Or, cela donne l’impression que les trois femmes de cette

commission ne sont pas concernées et que leur avis ne compte pas vraiment pour cette question cruciale de la transformation du bureau de bienfaisance en bureau d’aide sociale.

Il convient donc de nuancer les progressions positives pour les femmes au sein du bureau de bienfaisance. Cependant, ces dernières sont réelles et la domination des années 1950 est loin de celle des années 1920. Elle existe toujours mais elle est bien moins marquée et s’exprime différemment. Bien entendu, les véritables années de libération des femmes sont encore loin, mais les rapports sociaux entre les hommes et les femmes du bureau de bienfaisance sont bien plus égalitaires à la fin de la période, et le mépris de certains hommes envers les femmes du bureau n’est absolument plus d’actualité. Des avancées sont également perceptibles dans les réflexions et les moyens mis en œuvre afin de lutter contre la pauvreté. Ici aussi les changements sont majeurs ; il ne s’agit plus simplement d’aider les plus pauvres à survivre momentanément mais réellement à envisager une fin de la pauvreté et à les aider à sortir entièrement de l’indigence, donc à repenser les rapports de domination.

De nouvelles aides et de nouvelles méthodes pour vaincre la pauvreté

Après la Seconde Guerre mondiale, la pauvreté n’est plus envisagée comme une fatalité. L’idée que l’on pourrait totalement l’abolir émerge alors558. Cet idéal faisait partie des

argument développés lors de la création de la Sécurité sociale qui se présentait comme un

556 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 25 avril 1951.

557 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 18 juillet 1951.

projet pour éviter la chute dans la pauvreté et pour faire sortir de la misère les plus démunis. Le bureau de bienfaisance s’inscrit dans cette dynamique également, en proposant de nouvelles aides, en cherchant de nouvelles méthodes de secours et en évitant à son personnel de chuter dans la pauvreté.

Tout d’abord, il convient de s’intéresser aux nouvelles aides du bureau. Celui-ci s’intéresse de plus en plus aux cas des travailleurs pauvres, des grévistes, des chômeurs et des personnes âgées et tente de leur offrir des secours adaptés à leurs besoins. Nombreux sont les nouveaux pauvres qui travaillent mais dont le salaire est insuffisant pour eux et leurs familles ou qui subissent les difficultés économiques, et se retrouvent grévistes et donc sans revenus. Cela est particulièrement visible lorsque l’on se penche sur la situation des parents qui déposent des fillettes à l’orphelinat (voir le tableau n°XI sur les arrivées d’orphelines dans la rue du Griffon, placé en annexe). Jusqu’alors, les parents étaient souvent infirmes, malades ou chômeurs, mais après la Seconde Guerre mondiale, nombre d’entre eux (surtout les pères) sont des travailleurs. Ils semblent bénéficier d’une profession stable mais qui n’offre qu’un faible salaire et prenant tant de temps qu’ils se retrouvent dans l’impossibilité de s’occuper de leurs enfants. La plupart des pères mentionnés sont manœuvres et veufs avec plusieurs enfants à charge. Mais il est aussi question d’un mécanicien linotypiste à Ouest France, veuf avec cinq enfants559 ou d’un père travaillant jour et nuit donc incapable de prendre soin de sa

fille560. Les mères déposant des enfants à l’orphelinat du bureau de bienfaisance sont plus

rares, mais certaines d’entre elles travaillent aussi, comme cette femme de ménage qui dépose sa fille en 1949 parce qu’elle n’a ni le temps de s’en occuper, ni la possibilité de payer une nourrice561. Le bureau de bienfaisance vient donc en aide aux travailleurs en accueillant leurs

enfants. Mais plus encore, il les aide lorsqu’ils se mettent en grève. En effet, la fin des années 1940 et le début des années 1950 sont caractérisées par un climat social compliqué. La Seconde Guerre mondiale a eu pour conséquences des difficultés économiques et une grande inflation. Le gouvernement choisit alors de bloquer les salaires afin de contenir cette inflation mais cela entraîne une chute considérable du pouvoir d’achat des Français et les grèves se multiplient à partir de 1947562. Puis, pour reprendre les termes de Jean-Pierre Rioux, « les

grèves font tâches d’huile, partant de l’ensemble du secteur public pour gagner la métallurgie,

559 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 19 octobre 1949.

560 Archives municipales de Rennes, Délibérations du conseil d’administration du bureau d’aide sociale, 1584W7, 2 août 1950.

561 Archives municipales de Rennes, Assistance et prévoyance, Bureaux de bienfaisance, secours, Registre de délibérations, 1Q17, 2 février 1949.

les banques, les grands magasins et les transports »563 et « les revendications sont précises et

d’ordre strictement économique, traduisant l’obsession du ravitaillement : relèvement des bas salaires, […] plafonnement des cotisations pour la Sécurité sociale »564. En Ille-et-Vilaine, de

nombreuses entreprises ferment et/ou licencient tandis que le pouvoir d’achat chute565. Les

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