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131 dernière le qualificatif de «publicitaire135 » pour définir dans une séquence

intégrale et déterminante les caractéristiques de ce syntagme ne relevant pas d’une syntaxe comme contexte, mais d’une mise en syntaxe des langues en contact, voire une syntaxe en contexte136.

Les syntagmes publicitaires seront classés désormais dans la catégorie des noms de marques et de produits137 qui, eux aussi, relèvent de la classe des noms propres et noms communs138. L’une des caractéristiques qui fait que ce syntagme présente des similitudes avec d’autres noms de désignation commerciale comme les marques, est d’ordre beaucoup plus morphosyntaxique que sémantique ; c’est-à-dire la plupart des enseignes, à l’initiale et même à l’intérieur du syntagme, s’écrivent avec une majuscule et parfois la marque du pluriel et des signes diacritiques sont quasi- inexistants ; par exemple les deux écrits d’enseignes ci-dessous illustrent nos postulats :

Photo 7[LEspace du Chantier ELECTRIQUE]

135 Lorsque nous avons demandé à des sujets informateurs de nommer une enseigne donnée, leur

catégorisation est l’expression suivante : «ça, c’est une publicité », et ce qui légitime d’ailleurs notre choix de forger le concept de « publicité » dans le cadre de l’onomastique commerciale.

136

Cf. RASTIER, François, 1994, Ibid.

137 Pour plus d’information voir les rudiments de « marquologie » élaborés pas R. GALISSON &

ANDRE J-C (1998). Dictionnaire de noms de marques courants - Essai de lexiculture ordinaire, Paris, Didier Erudition, 342 p.

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Photo 8 [CYBER ES SALAM. PHOTOCOPIE, IMPRESSIONS,

RELIURES, SAISIES, MEMOIRES, CARTE DE VISITES / SCANNER, VENTE ET GRAVURE DE CD, VENTE CARTOUCHES COULEURS] De plus, nous avons pu relever parmi les items répertoriés, des irrégularités relatives à la formation orthographique et syntaxique de cette « syntagmatique » mise en affichage. Il s’agit d’une structuration régie par une logique consistant à dés-orthographier le mot en remplaçant ses constituants vocaliques ou consonantiques par des lettres qui correspondent à une langue dominante sur le plan morphosyntaxique (la langue arabe surtout). A cet effet, nous envisageons de dresser une typologie des anomalies les plus fréquentes dans ces syntagmes. Ces écarts s’opèrent, notamment, au niveau de la transposition d’une langue à une autre (paradoxe de traduction) parfois au plan des interférences (calques de structure) et, dans la plupart des cas, l’écart ou la déviation dans l’écrit par rapport à l’orthographie normalisée semble la caractéristique essentielle de la nature même de la syntagmatique des enseignes en Algérie.

Il s’agirait, peut-être, de l’émergence d’une variation linguistique qui revendique ses droits par le biais de la transgression d’un standard linguistique de référence : un français écrit à coloration algérienne.

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3.2.

« Dés-orthographisation » comme facteur de variation via le syntagme publicitaire.

Par dés-orthographisation, nous entendons l’ensemble des procédés lexicographiques et morphosyntaxiques mis en œuvre par un scripteur dans une enseigne de commerce. Ces procédés se manifestent sur trois plans : phonématique, graphématique et lexématique. Parfois la modification provient de deux procédés en interaction, autrement dit comme un rapport d’interdépendance se traduisant à travers le phénomène de la variation

phonographique dont nous tenterons d’analyser la nature du

fonctionnement linguistique ci-dessous.

3.2.1. Variation phonématique / graphématique

Dans les enseignes de commerce, le scripteur réalise esthétiquement et artistiquement ses écrits de façon à attirer les regards des passants. Mais, il se trouve parfois que cette visibilité plastico-graphique trahit une partie de sa compétence en tant que bilingue. Sous l’emprise d’un phonogramme139 relevant d’un système linguistique dominant, le scripteur, sans se rendre compte, créerait un lexème ne relevant ni de l’arabe ni du français.

Il s’agit de la néologie au plan graphique sollicitant la jointure de deux codes en vue de déboucher vers une mixité lexicographique140. Les exemples ci-dessous illustrent parfaitement cette formation lexicale, fruit d’un mélange entre des graphèmes distincts conventionnellement.

139 D’après Nina Catach dans son ouvrage intitulé L’orthographe française, ce terme renvoie aux

graphèmes chargés de transcrire les phonèmes. N. CATACH, 1980, L'orthographe française.

Traité théorique et pratique, Nathan. 140

Blanchet et Martinez catégorisent ces situations comme suit : « Ces situations de « contacts »

mettent en relief le paramètre de l’hybridation ou du « métissage » comme moteur de ces innovations émergentes, et ce paramètre est indissociable des conditions socio-historiques et socio-spatiales de son fonctionnement. » Ph. BLANCHET et P. MARTINEZ, 2010, « Présentation. Emergences et prise en compte de pratiques innovantes en situations francophones plurilingues : quels enjeux ? », In Pratiques innovantes du plurilinguisme : Émergence et prise en compte en situations francophone, Sous la direction de Philippe Blanchet et Pierre Martinez.

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Photo 9[REPARATION DES CHAQUEMENTS.

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انمكشﻟا حيلصت

]141

L’écriture du syntagme publicitaire, telle quelle se manifeste dans cette enseigne à travers le mot « chaquements », est la résultante de deux procédés graphiques qui sont:

 une suppression de la voyelle initiale par l'aphérèse du « é » de ‘échappement’ ;

 une suppression par la syncope d’un élément consonantique et une commutation de deux unités graphématiques « pp » par deux autres « qu » qui présentent des similitudes graphiques, mais différents sur le plan de l’orientation dans la chaîne écrite (p / q);

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Photo 10[ARTICLE MENUISIER BÂTIMENT ET IBINISTRE]142

La composition « Nom + Nom » comme syntagme libre se présente généralement dans une structure de juxtaposition : ARTICLE MENUISIER renverrait à un nom de métier d’ÉBÉNISTE. Notre hypothèse à ce niveau est que : un article menuisier serait-il un article de luxe de l’ébénier ou bien un menuisier ébéniste qui vend des articles de menuiserie. Cette création graphique –IBINISTRE- n’est pas attestée dans l’usage spontané.

[ARTICLE MENUISIER BÂTIMENT], trois noms juxtaposés entretenant un lien de coordination avec le nom [IBINISTRE] placé à la fin. Nous pouvons considérer, de ce fait, ce nom comme lexème inédit du syntagme publicitaire. Sa dés-orthographisation relève des deux procédés : graphématiques et phonématiques :

 La commutation des deux graphèmes « é * é », phonétiquement mi- fermé, par deux autres fermés « i * i ».

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