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Quand on demande au professionnel

de prendre position

dans un conflit familial

Ces dernières décennies, des bouleversements sociologiques importants ont modifié le paysage familial en Occident . C’est ainsi qu’en Belgique, actuellement, pas moins d’un mariage sur deux ou trois se solde par un divorce, ces statistiques ne pre- nant pas en compte les unions non maritales . Si la séparation est actée ou le divorce judiciairement prononcé, l’acte lui-même ne règle qu’un minimum de questions quant aux différentes conséquences, notamment et principalement celles relatives aux enfants .

Dans un nombre non négligeable de cas, après séparation du couple parental, l’enfant devient l’objet de nombreux enjeux : d’ordre affectif et/ou financier, liés à l’hébergement voire à la disqualification de l’autre parent…

Il n’est pas rare que l’on demande à un professionnel de rédiger une attestation concernant l’enfant . Ces demandes émanent le plus souvent d’un avocat ou d’un parent qui dit vouloir protéger son enfant contre l’autre, vécu ou perçu comme « mauvais parent », et qui affirme parfois que son enfant est en danger… De l’attestation réclamée par la maman ou le papa au directeur d’école comme quoi l’enfant n’a pas régu- lièrement sa collation, à celle de l’avocat demandée au psychologue pour « prouver » que l’hébergement principal de l’enfant ne lui convient plus, en passant par le certificat demandé au médecin pour attester d’un abus sexuel… les exemples sont de plus en plus fréquents et variés .

Dans tous ces cas, les conséquences ne sont pas négligeables pour l’enfant .

Pour l’enfant, un conflit parental peut déjà entraîner, dans les cas les plus graves, une rupture de lien avec un de ses parents, des difficultés dans la construc- tion de son identité, une absence de triangulation des relations, une place d’enfant-Roi… Le risque supplémentaire, malheureusement bien présent, est donc que l’enfant devienne de plus un enfant-chan- tage, un enfant-otage ou un enfant-marchandage . Comment se positionner en tant que professionnel face à une demande d’attestation, d’autant qu’une notion d’urgence a été introduite ?

Un premier principe de base consiste à se souvenir que « l’histoire n’est qu’à moitié dite quand une seule partie la raconte » . Il convient en effet de rester pru- dent quand l’intervenant ne dispose que d’un seul son de cloche .

Seul l’intérêt de l’enfant doit guider notre action . Dès lors, sans avoir de vision globale de la réalité de celui-ci, il vaut mieux s’abstenir de rédiger la moin- dre attestation . De même, il importe de s’abstenir de prendre parti pour l’un ou l’autre des parents, plus encore en présence de l’enfant . En effet, toute attitude ou propos de cet ordre ne fait qu’aggraver le conflit de loyauté dans lequel il se trouve pris, et par là même son mal-être et sa difficulté .

Enfin, dans le doute, il est de la responsabilité du professionnel de chercher la collaboration d’autres intervenants (secret professionnel partagé) de son propre réseau professionnel, voire d’autres réseaux .

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« Aliénation parentale »,

un concept qui peut causer du tort

Les intervenants de terrain sont fréquemment inter- pellés ou mandatés pour intervenir dans une sépara- tion litigieuse entre des adultes qui sont parents d’un ou plusieurs enfants .

On aimerait que la séparation d’un couple se passe de manière paisible . C’est très rarement le cas, et pour cause : mésententes, déceptions, trahisons, deuils… sont au rendez-vous et la cicatrisation de telles blessures prend toujours du temps .

Si le couple a des enfants, la séparation marque la fin de la conjugalité, mais pas du tout la fin de la parentalité . En désaccord du fait de la rupture de leur lien amoureux, les ex-conjoints vont néanmoins devoir s’accorder pour poursuivre ensemble leur rôle de parents .

Ici encore ce partage ne se passe pas sans heurts . Cependant, si les lessives, l’organisation des vacan- ces ou les habitudes alimentaires sont l’occasion de difficultés très classiques, la plupart du temps les parents en arrivent à accorder la priorité à l’intérêt de leurs enfants et donc à s’entendre sur l’essentiel . Hélas, ce n’est pas toujours le cas . Certains parents sont pris dans le tourbillon d’une opposition systé- matique aux désirs, aux attentes et aux références éducatives ou affectives prônées par l’ex-conjoint, l’autre parent . Ils se nourrissent de lectures, d’avis, de conseils voire de prises de position de l’un ou l’autre professionnel ; et cela peut aller jusqu’à déteindre sur l’enfant . Ce dernier se trouve alors pris dans une situa- tion insoluble : il a le souci de s’adapter aux discours de chacun de ses parents, même s’ils sont séparés . Mais risquer de se montrer bien avec l’un d’entre eux semble faire tant de mal à l’autre… Comment s’en sortir alors ?

Certains enfants se retranchent dans une sorte de « réserve émotionnelle » : ils vivent à la maison, par exemple avec maman, et sont en mesure de rencon- trer papa, mais la relation reste distante, la prudence et le silence sont de mise… Avec en toile de fond : « Surtout ne faire de peine à personne », tel un leit- motiv semi-conscient . Pour se protéger, ces enfants en viennent parfois à rencontrer le parent chez qui ils ne vivent pas dans une ambiance qui laisse une impression de froideur et de détachement .

D’autres enfants font preuve de moins de facultés de détachement . Ils sont plus fragiles ou subissent des pressions contextuelles et relationnelles plus manifestes de la part de leurs familles . Dans ce cas, l’enfant dit ou montre qu’il prend le parti de l’un des parents (généralement celui avec qui il vit de manière principale) . Il refuse de voir son papa ou sa maman, se replie dès qu’il est en contact avec ce parent ou l’agresse en l’assaillant de reproches qui ressem- blent étonnement à un discours appris de l’adulte englué dans la séparation .

Ces configurations relationnelles problématiques intéressent naturellement les spécialistes des scien- ces psychologiques . Comme dans toute approche scientifique qui se respecte, il s’agit de les identifier, de les analyser, de les comprendre pour tenter d’y trouver des pistes de résolution .

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