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DELEUZE : DIALECTIQUE ET ESTHETIQUE POUR LE MONDE GENETIQUE

Comment la métaphysique est-elle encore possible après la Critique de la raison pure de Kant sans retomber dans le dogmatisme ? Comme nous avons vu plus haut, Deleuze montre que l’empirisme transcendantal ouvre une nouvelle possibilité de penser l’être.351

Cet empirisme récuse ce que la philosophie moderne présuppose par rapport à la faculté de la connaissance : « tout le monde se partage… ». La critique de l’image dogmatique de la pensée vise, ainsi que le Cogito cartésien, le sens commun qui se définit pour Kant comme l’accord des facultés transcendantales. Par rapport à cet accord, Kant explique, dans la critique de la raison pure, que s’harmonisent les facultés de la sensibilité, de l’imagination et de l’entendement, donc que cet accord constitue la condition de toutes les expériences possibles. Aussi, c’est cet accord qui assure à la fois l’unité du sujet et l’unité de l’objet y correspondant. Dans la corrélation du sujet et de l’objet, la chose en soi est exclue du domaine de la connaissance. C’est cet accord fixe que Deleuze brise en montrant que dans le kantisme lui-même, la concordance entre les facultés varie selon les différents intérêts. Par exemple, dans l’intérêt spéculatif, elle est dominée par l’entendement. Par contre, dans l’intérêt pratique, elle est dominée, à son tour, par la raison. Au moment où l’intérêt n’est ni spéculatif ni pratique, c’est-à-dire, désintéressé comme dans le jugement esthétique, l’accord entre les facultés n’est soumis ni par le concept de l’entendement, ni par l’Idée de la raison. Dans le cas du sublime, la sensibilité

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et la raison s’accordent directement par la force affective qui nous rend impossible de schématiser un objet conformément aux concepts de l’entendement, mais qui nous fait affirmer que quelque chose est sublime. Ainsi, l’accord ne se fait pas par la soumission d’une des facultés à une autre. De plus, pour rendre possible cet accord, des accords libres ou discordants doivent être présupposés. Le fait de dénouer le nœud de la concordance des facultés qui construisent les expériences est propre à la schizophrénie ou au dérèglement des sens selon Deleuze, qui renvoient au moment où sont brisés le cadre du sens commun et la corrélation du sujet et de l’objet. Aussi, est-ce le moment où est brisée la limite de la connaissance humaine, connaissance humaine qui est censée se restreindre au domaine du phénomène. Dans le sublime, la sensibilité s’élève jusqu’à ce qu’elle puisse sentir quelque chose qui ne peut pas être sentie empiriquement par « la présence d’un noyau où se briserait l’exercice empirique des facultés conjointes ».352 La

sensibilité s’élève à la haute puissance jusqu’à la pensée de « la présence ». C’est le moment où l’« “impouvoir” se transmue en puissance ». Par l’exercice transcendant de la faculté s’ouvre l’empirisme transcendantal selon lequel il est susceptible de penser l’être qui rend l’expérience possible.

S’engageant dans la question de l’être, nous nous demandons comment dans la pensée deleuzienne l’empirisme transcendantal rejoint l’ontologie de la différence que Deleuze a déclarée, selon laquelle « l’Être se dit d’un et même sens, de la différence elle-même, du différent. » Il va de soi que c’est la thèse ontologique. Or, il serait vrai de dire qu’il n’y a pas l’ontologie chez Deleuze, en ceci qu’il ne s’agit pas pour lui de savoir ce qu’il y a en s’occupant d’un « objet »,353 mais plutôt de se demander de quel droit peut-on affirmer

« quelque chose » : « Mais de quel droit ? Sur quoi se fondent de telles affirmations ? Comment sont-elles possibles ? Ou plutôt : qu’est-ce qui les rend nécessaires ? Quid

352 DR, p. 249.

353 Zourabichvili (François), « Introduction inédite (2004) : l’ontologique et le transcendantal » dans la

philosophie de Deleuze, p. 6. « Il n’y a pas d’“ontologie de Deleuze”. Ni au sens vulgaire d’un discours

métaphysique qui nous dirait ce qu’il en est, en dernière instance, de la réalité (ce serait des flux plutôt que des substances, des lignes plutôt que des personnes …). Ni au sens plus profond d’un primat de l’être sur la connaissance (comme chez Heidegger ou Merleau-Ponty, où le sujet s’apparaît déjà précédé par une instance qui ouvre la possibilité de cet apparaître). »

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juris ? D’où tirent-elles leur légitimité, si elles en ont une ? »354 La philosophie de

Deleuze est critique dans la mesure où la pensée deleuzienne demeure rigoureusement dans cette question de droit « suivant l’ordre des tâches kantien »355. Néanmoins, il est

difficile de nier ce à quoi cette critique deleuzienne aboutit soit la thèse ontologique qui va substituer au EST l’ET, à l’être le devenir. Est-ce que renverser l’ontologie signifie l’extinction de l’ontologie ? Nous croyons que l’ontologie ne consiste pas en un certain type de thèse ontologique, mais plutôt en un champ de bataille entre les thèses ontologiques sur la question de la réalité. L’ontologie d’εἶναι est une ancienne ontologie de l’être-substance. Et puis, chaque ontologie a sa manière de soutenir sa thèse, par exemple, comme la dialectique platonicienne. Même, parmi les thèses qu’on pourrait appeler l’ontologie du « devenir », se trouveraient des différences au niveau de la logique qu’un philosophe développe pour affirmer le devenir dans le domaine de la réalité.356

Dans le cas deleuzien, cette manière consiste à demander, pour répondre, de quel droit, sur quoi de telles affirmations se fondent, comment sont-elles possibles, Quid juris. Donc, il conviendrait de savoir comment Deleuze lui-même « peut conjuguer deux modes d’approche à première vue incompatibles : transcendantal, ontologique ».357

Alors, comment Deleuze réforme-t-il l’étude transcendantale du kantisme ? Le grand problème du kantisme réside dans l’harmonie entre les facultés. En effet, chacune d’elles diffèrent en nature et sont extérieures les unes aux autres. Seule l’harmonie peut assurer l’unité du sujet et de l’objet et par conséquent la corrélation, mais elle est contestable. Ce n’est pas simplement parce qu’elle relève de l’image dogmatique de la pensée, assurant le sens commun, mais c’est aussi parce qu’il est difficile de rendre compte du

354 Sur le caractère essentiel de Quid Juris dans la philosophie de Deleuze, Lapoujade (David), Deleuze,

les mouvements aberrants, p.20.

355 Lapoujade (David), Deleuze, les mouvements aberrants, p. 19.

356 Par exemple, c’est la logique qui distingue Deleuze même de Bergson. Lapoujade (David), Deleuze, les

mouvements aberrants, p. 11. « … ce qui intéresse par-dessus tout Deleuze, c’est la logique, produire des

logiques. Peut-être est-ce le trait par lequel il est le plus spinoziste. S’il y a un trait qui le distingue de Foucault, Sartre ou Bergson, c’est cette passion pour la logique et les concepts qu’elle réclame. »

357 Zourabichvili (François), « Introduction inédite (2004) : l’ontologique et le transcendantal » dans la

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schématisme de l’imagination qui relie l’intuition de la sensibilité au concept de l’entendement. De plus, dans cette question fondamentale du lien, ce qui est mis en cause est plutôt le concept de l’entendement qui fonctionne comme la catégorie, car c’est ce dernier qui ordonne la concordance des facultés dans l’intérêt spéculatif.358 Pour Deleuze,

il n’y a pas de catégorie conceptuelle qui capture des sensibles dans la forme identique et abstraite. Son empirisme transcendantal consiste à montrer que le cercle fermé entre la sensibilité, l’imagination et l’entendement se brise, de sorte que la corrélation entre l’objet et le sujet se brise aussi. Et la ligne de pensée s’ouvre alors vers deux directions par rapport à quelque chose, soit vers la direction de la dialectique, soit vers celle de l’esthétique. Il s’agit d’aborder l’être dans deux perspectives : celle de la dialectique vers laquelle la pensée s’oriente pour sa détermination, ou celle de l’esthétique par rapport à l’être du sensible qui nous affecte. A cela correspond ce qu’on appelait le noumène en tant qu’objet de la pensée dans le cas de la dialectique et la chose en soi en tant que ce qui nous affecte dans le cas de l’esthétique. Comment la dialectique doit-elle être pensée ? De quelle manière construit-elle la relation interne du déterminant et du déterminé alors que sensibilité et entendement sont dans un rapport externe ? De quel droit pouvons-nous dire de l’être du sensible qu’il nous affecte ? Comment deux perspectives se rejoignent- elles ? Ces questions nous conduiront à élucider la réforme deleuzienne de l’étude transcendantale.

Il nous faut, afin de relier dans la pensée deleuzienne l’empirisme transcendantal à l’ontologique de l’univocité, savoir comment « les deux concepts, de différence pure et de répétition profonde, se rejoignent et s’identifient ».359 En effet, la différence est la

conception qui remplace l’identité de la représentation de l’être. Même la répétition est la conception qui remplace l’identité de la représentation du Je. Se libérant de la forme identique, dépassant la corrélation entre le sujet et l’objet, comment réconcilient-elles la présence de l’être et la constitution de l’expérience ?

358 Voir notre chapitre II.

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§1. La dialectique de l’Idée

(1) L’Idée comme problématique

La pensée, par exemple, trouve en soi quelque chose qu’elle ne peut pas penser, qui est à la fois l’impensable et ce qui doit être pensé, l’impensable et ce qui ne peut être que pensé.360

Il faudrait souligner que penser quelque chose pour Deleuze est un acte « impératif », à savoir, que force lui était de développer la pensée sur l’être, en dépassant le cercle fermé de la corrélation entre sujet et objet. C’est la raison pour laquelle en tant qu’objet de la dialectique, « les Idées sont rapportées à l’exercice transcendant d’une faculté particulière libérée d’un sens commun. »361 La philosophie de Deleuze est critique dans

la mesure où sa pensée se trouve rigoureusement dans cette question de droit : « Un objet hors de l'expérience ne peut être représenté que sous une forme problématique. … C’est un objet qui ne peut être donné ni connu, mais qui doit être représenté sans pouvoir être déterminé directement. »362 Alors, pourquoi cet objet doit-il être représenté ?

D’abord, rappelons la logique de la Critique kantienne qui introduit la dialectique. L’entendement confère aux données de la sensibilité ses concepts, construit des objets empiriques. Tant qu’il porte seulement sur tel ou tel objet, l’entendement reste dans des démarches parcellaires. C’est la raison qui s’élève « jusqu’à la conception d’un “problème” capable de donner à toutes ses démarches une unité systématique »363. Ce

problème que la raison pose en tant que vrai problème par son usage parfaitement légitime, se rapporte aux concepts de l’entendement, c’est « la condition indispensable

360 DR, p. 249. 361 Ibid. 362 Ibid., p. 219. 363 Ibid.

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sans laquelle aucune solution n’existerait jamais ». 364 En posant le problème,

l’expérience devient sa solution, se fonde sur sa condition indispensable. En tant que problème, l’Idée doit être représentée comme objet hors de l’expérience. Par les Idées problématiques se constitue une unité systématique « capable de réunir en un tout les démarches de l’entendement concernant un ensemble d’objets ».365

L’Idée n’a d’usage légitime que rapportée aux concepts de l’entendement ; mais inversement les concepts de l’entendement ne trouvent le fondement de leur plein usage expérimental (maximum) que dans la mesure où ils sont rapportés aux Idées problématiques, soit qu’ils s’organisent sur des lignes convergeant vers un foyer idéal hors de l’expérience, soit qu’ils se réfléchissent sur le fond d’un horizon supérieur qui les embrasse tous.366

Selon Kant, l’idée comme problème a une valeur objective. Pourquoi ? Elle est en elle- même indéterminée, mais n’est déterminable que par rapport aux objets de l’expérience et ne porte l’idéal de détermination que par rapport aux concepts de l’entendement. Du fait que Kant faisait incarner les trois moments dans des Idées distinctes, le moi indéterminé, le monde déterminable et Dieu idéal de la détermination, Deleuze affirme qu’« il n’y a dans l’Idée nulle identification, ni confusion mais une unité objective

problématique interne, de l’indéterminé, du déterminable et de la détermination ».367

C’est tout ce qu’il a suivi de Kant. Deleuze emprunte ainsi au kantisme la logique de l’introduction de la dialectique. La dialectique deleuzienne se développe, cependant, tout différemment de la dialectique kantienne.

(2) L’Idée comme le différentiel

Pour Deleuze, l’Idée consiste dans la différentielle. Pourquoi le calcul différentiel est-

364 DR, p. 219. 365 Ibid., p. 218. 366 Ibid., p. 219.

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il « l’algèbre de la pensée pure » pour exprimer des Idées problématiques dans un rapport avec des solutions ?

La mathématique ne comprend donc pas seulement des solutions de problèmes ; elle comprend aussi l’expression des problèmes relative au champ de résolubilité qu’ils définissent, et qu’ils définissent par leur ordre dialectique même. C’est pourquoi le calcul différentiel appartient entièrement aux mathématiques, au moment même où il se trouve son sens dans la révélation d’une dialectique qui dépasse la mathématique.368

De l’histoire ésotérique de la philosophie différentielle qu’il invoque (Bordas- Demoulin, Maïmon, Wronski), Deleuze dégage la manière de représenter les Idées qui ont « toujours un élément de quantitatibilité, de qualitabilité, de potentialité ; toujours des processus de déterminabilité, de détermination réciproque et de détermination complète », idées qui forment les raisons suffisantes et les conditions pour les solutions.

1) L’élément de quantitabilité / le principe de la déterminabilité

Ce qui se passe dans le calcul différentiel, c’est « l’anéantissement du quantum et de la

quantitas », lesquels indiquent la quantité particulière de l’objet de l’intuition et la

quantité générale du concept de l’entendement. Par exemple, si nous faisons le calcul différentiel de l’équation algébrique du cercle x2 + y2 – R2 = 0, nous obtenons l’équation

dérivée ydy+ xdx = 0, qui exprime l’universel de la circonférence ou de la fonction correspondante. La quantité individuelle s’y annule et reste ce qui ne change pas, à savoir, l’immuable, l’universel. « Elle [la fonction] ne représente plus que l’immuable avec l’opération qui l’a dégagé » (Bordas-Demoulin).369 Cet immuable constitue l’élément

pur de la quantitabilité, au cas où l’on détermine une cause idéelle pour la continuité, qui est le résultat de l’intégration.

Un principe de déterminabilité correspond à l’indéterminé. La différentielle dx est l’indéterminé par rapport à x. Toutefois elle est déterminable par rapport à l’autre, dy.

368 DR, p. 232. 369 Ibid., p. 223.

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Autrement dit, le rapport dy/dx est déterminable. Si chaque terme dans le rapport dy/dx « n’existe absolument que dans son rapport avec l’autre », « un principe de détermination réciproque correspond comme tel à la déterminabilité du rapport. »370

2) L’élément de qualitativité / le principe de la détermination réciproque

L’équation différentielle exprime une fonction qui diffère en nature de la fonction dite primitive. Par exemple, « quand la primitive exprime la courbe, dy/dx = - x/y exprime pour son compte la tangente trigonométrique de l’angle que la tangente à la courbe fait avec l’axe des abscisses. »371 Mais si le rapport différentiel exprime une qualité comme

la tangente, il reste encore lié aux valeurs individuelles. Or, cette fonction dérivée peut être encore différentiée. « Il est donc différentiable à son tour, et témoigne seulement de la puissance de l’Idée de donner lieu à une Idée de l’Idée. »372 L’universel n’exprime pas,

à ce niveau, simplement une qualité, mais un élément pur de la qualitabilité à travers des calculs différentiels d’ordre n, qui sont la synthèse universelle de l’Idée (Idée de l’Idée). Deleuze invoque le travail de Maïmon, qui a essayé de réformer la philosophie transcendantale kantienne avec la notion de la différentielle pour surmonter le paradoxe du kantisme par rapport à une harmonie entre les facultés de l’intuition et de l’entendement, extérieures l’une à l’autre. Selon Kant, le déterminable est « donné », la détermination est « pensée ». La stratégie de Maïmon pour combler cet écart consiste à montrer que le déterminable ainsi que la détermination doivent être également pensés. Mais comment ? « Comme se dépassant vers un principe de détermination réciproque ». « La synthèse réciproque des rapports différentiels, comme source de la production des objets réels, telle est la matière de l’Idée dans l’élément pensé de la qualitabilité où elle baigne. »373 Alors, par un principe de détermination réciproque se produisent des

qualités comme les différences des objets réels de la connaissance, ensuite l’espace et le temps, comme conditions de la connaissance des différences et finalement, des concepts

370 DR, p. 223. 371 Ibid., p. 224. 372 Ibid. 373 Ibid., p. 225.

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comme conditions pour la différence ou la distinction des connaissances elles-mêmes. Selon Maïmon, le transcendantal ne reste plus le conditionnement simple, mais répond à l’exigence génétique. Comme le foyer de la genèse, l’idée constitue le système des liaisons idéales en des rapports différentiels entre éléments génétiques réciproquement déterminables.

3) l’élément de la potentialité pure / le principe de la détermination complète

La puissance est la forme de la détermination réciproque d’après laquelle des grandeurs variables sont prises comme fonction les unes des autres. Mais, dans la fonction dérivée se dépotentialisent des grandeurs variables. Par exemple, l’équation 2ax – x2 = y2 se différencie comme dy/dx = (a – x) / y. Cette dépotentialisation conditionne la

potentialité pure. « L’élément pur de la potentialité apparaît dans le premier coefficient ou ... tous les termes de la série résultant de la répétition des mêmes opérations. ... selon Wronski ..., les coefficients discontinus ne reçoivent de signification que par les fonctions différentielles qui les composent. ... Seule la “graduation” ou continuité en constitue la forme (de la matière de la génération des quantités), qui appartient aux Idées de la raison.» 374 Les différentielles sont une règle inconditionnée pour la genèse de la

connaissance de la quantité, et pour la génération des discontinuités qui en constituent la matière ou pour la construction des séries.

À l’élément de la potentialité correspond un principe de détermination complète. La forme sérielle dans la potentialité prend tout son sens dans l’objet, par exemple, dans la courbe. Ce sens apparaît dans la pluralité des séries à l’égard des points singuliers, « dans la manière dont on passe d’une partie de l’objet où la fonction est représentée par une série à une autre où elle s’exprime dans une série différente, soit que les deux séries convergent ou se prolongent, soit qu’elles divergent au contraire. »375 Si la détermination

réciproque concerne les rapports différentiels et leurs degrés, leurs variétés dans l’Idée, lesquels correspondent à des formes diverses, la détermination complète a la relation avec des valeurs d’un rapport, autrement dit, la composition d’une forme ou la répartition

374 DR, p. 227. 375 Ibid., p. 228.

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des points singuliers qui la caractérisent.

Par conséquent, dans le calcul différentiel, la disparition du quantum et de la quantitas est amenée à l’élément de la quantitabilité, la disqualification à l’élément de la qualitabilité, et la dépotentialisation à l’élément de la potentialité. Ces éléments de la quantitabilité, de la qualitabilité et de la potentialité forment la figure de la raison suffisante, dans la mesure où l’indéterminé se dépasse vers la déterminabilité, celle-ci se dépasse vers la détermination réciproque et cette dernière se dépasse vers la détermination complète. Une forme de courbe a sa raison suffisante, par exemple, dans son équation différentielle, au sens où celle-ci exprime des points singuliers (cols, nœuds, centres, etc.). Une forme de courbe intégrale est une solution de l’équation différentielle. C’est dans cette dérivée que se spécifient des points singuliers dont la détermination complète concerne l’existence et la répartition des points qui forment une courbe. « Si la spécification des points montre déjà l’immanence nécessaire du problème à la solution, son engagement dans la solution qui le recouvre, l’existence et la répartition témoignent de la transcendance du problème et de son rôle directeur dans l’organisation des solutions

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