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6. ANALYSE ET DISCUSSION

6.3. De l’élaboration du questionnaire auto-administré

6.5.1. De la phase test auprès des médecins généralistes

6.5.1.1. Limites inhérente à la constitution de l’échantillon des médecins généralistes investigateurs

Notre échantillon de praticiens n’est pas représentatif de ceux de l’île de la réunion. Dès le départ, j’ai recherché à constituer un échantillon qui serait intéressé par l’étude, et j’ai donc biaisé la sélection des participants.

De plus, le choix géographique des médecins recrutés au hasard de mes déplacements a obéi à des contraintes de ma part.

Ainsi, nous constatons que les médecins les plus éloignés de mon domicile (à l’Est de l’île), ainsi que ceux exerçants en milieu rural (dans les cirques) sont sous représentés. Etant donné que j’habite l’ouest de l’ile, il y a plus de médecins installés dans l’ouest et le sud dans mon échantillon (mais rappelons que le territoire Ouest est le seul territoire à présenter une densité de médecins généralistes supérieure à la métropole) [52, 53].

De plus il n’y a eu ni gynécologue ni sage-femme libérale inclus dans notre étude, or ceux-ci font également partie des praticiens de premiers recours au suivi des grossesses. Mais notre étude concernait avant tout les généralistes.

D’autre part, nous avons sélectionné les participants à l’étude sur la base du volontariat. De ce fait, nous n’avons atteint que les médecins les plus motivés et ceux qui se sont sentis les plus concernés par le sujet.

Malgré cela, sur les 84 médecins généralistes qui avaient au préalable accepté de réaliser l’étude, plus de la moitié, soit 50 ne l’ont pas effectuée.

Parmi ces 50 médecins, 33 ont répondu à l’enquête finale « Ne pas avoir participé à l’étude » et 17 n’ont pas du tout répondu, ne nous donnant donc aucune raisons justifiant leur non-participation. On pourrait penser que l’objet de notre étude ne leur a finalement pas paru intéressant, ou qu’ils n’ont pas pensé la réaliser, ou alors qu’ils n’ont pas suivi de femmes enceintes durant cette période, ou encore, que les patientes ne leur aient pas ramené les questionnaires distribués.

La durée de notre étude a aussi et certainement dû être un facteur limitant à bon nombre de praticiens qui ne suivent pas beaucoup de femmes enceintes ou qui ont pris un congé durant cette période.

En effet, on peut voir que sur les 33 praticiens n’ayant pas pu effectuer l’étude mais ayant répondu à l’enquête finale, 8 médecins, soit 24.24 %, ont répondu « Par manque de temps », et 16 soit 48.48 %, car ils n’ont « pas suivi de grossesse durant la période test ».

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6.5.1.2. Discussion des résultats du feuillet détachable auprès des médecins généralistes

6.5.1.2.1. Des résultats chez les patientes ayant consultées un généraliste

Les patientes devaient répondre à une série de quatre questions évaluant leur compréhension, leur temps de réponse et l’aide requise pour remplir le QAA.

Leurs réponses n’étaient pas anonymes au-devant du praticien lui ayant remis le questionnaire. La patiente a donc pu surestimer sa compréhension et son adhésion à celui-ci, dans le but de se faire bien voir par son médecin.

Toutefois, nous avons constaté que :

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elles sont 89.87 % (71 patientes) à avoir trouvé le questionnaire « Facile » voir « Très facile » à remplir, et 5.07 % (4 patientes) à l’avoir trouvé « Difficile » et « Plutôt difficile ». Ce qui va en faveur d’un questionnaire abordable pour la majorité des femmes et donc facilement accessible, malgré le nombre de questions posées.

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pour 79.74 % (63) d’entre elles, elles auront mis entre 5 et 20 min à le remplir, ce qui pourrait confirmer la faisabilité de réaliser le questionnaire en salle d’attente, juste avant la consultation.

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45.57 % des patientes (36) l’ont rempli seule, tandis que 40.50 % (32) ont été aidées par leur famille proche ou moins proche. Les femmes illettrées pourraient donc être susceptibles d’accéder au questionnaire.

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enfin, 67.09 % (53) d’entre elles ont répondu que ce questionnaire leur avait permis de réfléchir sur des points particuliers de leur grossesse. Ce qui rejoint notre objectif de favoriser l’implication et la participation des patientes dans leur suivi ; ainsi que de pouvoir utiliser ce questionnaire comme un moyen d’information.

6.5.1.2.2. Des résultats chez les médecins généralistes

Les praticiens devaient eux aussi répondre à deux questions, évaluant leur opinion sur l’utilité individuelle du questionnaire auprès de chaque patiente et sa capacité éventuelle au dépistage des risques de la grossesse.

Je suis allée personnellement récupérer les feuillets, l’anonymat n’a donc pas été strictement respecté, ce qui a pu amener un biais dans les réponses.

Nous avons vu que le nombre moyen de feuillets par médecin est de 2.3. Un feuillet correspondant à une patiente.

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La majeure partie des médecins soit 54 % d’entre eux (19) ont fait remplir deux à trois feuillets ;

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18 % (6) en ont fait remplir 4 ou plus ;

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26 % (8) n’ont fait remplir qu’un seul feuillet et l’on pourrait se demander si ce groupe a pu avoir le recul suffisant afin de juger de l’intérêt ou de l’utilité de notre outil.

125 Parmi ces praticiens, si l’on observe leur évaluation individuelle du questionnaire pour chaque patiente (par feuillet) on constate que :

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68.35 % (54 feuillets ou questionnaires) ont été jugés comme « Plutôt utile » voir « Tout à fait utile » pour la prise en charge de leurs patientes. Ce qui justifierait de diffuser l’utilisation du questionnaire en pratique courante.

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Par contre dans 70.89 % des cas (soit pour 56 feuillets), le questionnaire n’a pas été jugé comme performant au dépistage des risques de la grossesse chez leurs patientes.

Est-ce : Parce qu’ils connaissaient déjà bien les antécédents des patientes interrogées ? En effet, l’utilisation de notre auto-questionnaire est d’autant plus intéressante que le soignant ne connaît pas encore bien sa patiente. Pour les patientes que le praticien pense déjà connaitre, il permettrait de ne pas passer à côté d’antécédents rares qu’il ne connaît pas (type thrombophilie, consanguinité, ou les maladies génétiques ….) et qu’il ne penserait pas dépister, car ne les réinterrogerait pas.

Ou, est-ce parce que notre outil ne serait pas assez performant pour réaliser cette tâche ? Notons qu’ici, il y a un obligatoirement un biais limitant, le trop petit nombre de patientes impliquées, et donc la faible prévalence des facteurs de risques, qui ne nous permet pas de tirer de plus amples conclusions vis-à-vis de leur dépistage. Ce point mériterait d’être plus approfondi par une étude de faisabilité.