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3. L’élaboration du contenu du programme de gestion des flu

1.1. De fortes réticences locales à la gestion des flu

Un premier plan de gestion des flux dans la partie française avait été mis en œuvre dans le cadre d’une Charte de gestion en 1995 et venait se superposer aux plans de gestion distincts des deux parcs nationaux situés de part et d’autre de la frontière. Supervisé par un Comité de gestion, ce plan a été considéré comme

suffisant pour la partie espagnole (pris en charge par le budget national), mais insuffisant dans son versant français. Le « financement pour la gestion du site » a ainsi été « jugé très insuffisant » (sources : section II UNESCO) : « il n’existe pas aujourd’hui de plan de gestion et pas de budget de fonctionnement du site »9. Effectivement, le territoire se déclare actuellement dans l’impossibilité de connaître précisément les flux de visiteurs, bien que la situation des trois cirques permette d’appliquer les techniques simples de comptage des flux utilisés en tourisme (la méthode traditionnelle « cordon + enquête observation associée » permettrait ici une approche fiable des flux dans le temps et dans l’espace). Le directeur de l’Office de tourisme de Gavarnie déclare : « on est entre 500 000 et 800 000 visiteurs à Gavarnie environ, mais c’est difficile de savoir. Et encore je vous parle de Gavarnie Gèdre et non Gavarnie tout seul. Gavarnie tout seul, c’est 350 000 visiteurs environ, et que l’été... mais ces chiffres sont faux… on est incapable de savoir. Ces chiffres seraient ceux de 4 mois (de juin à septembre), avec un pic le premier lundi d’août ; et cela dure 10 jours. Les jours là, c’est n’importe quoi, les voitures sont arrêtées les unes derrière les autres... ; les parkings de Gavarnie accueillent 800 places payantes, donc ces jours-là, les voitures sont garées en double file. La problématique de la gestion des flux est capitale à Gavarnie, mais uniquement sur 15 jours dans l’année… ces 15 jours-là, la satisfaction est médiocre, la consommation est faible, il y a trop de monde, une fuite de la foule et une perte de repères, la signalétique totalement non respectée… »

Cette indétermination technique laisse la porte ouverte à toutes interprétations, tant sur les évolutions des flux dans le temps que sur leurs origines : « Pour nos commerçants ici, il n’y a jamais trop de monde. À nous de

gérer. Il y a quand même une baisse de fréquentation, de 2 millions de visiteurs on est passé à 800 000 sur l’année. C’est dû à beaucoup de choses : des éléments de société, la crise économique, notamment la clientèle de Lourdes qui diminue. Ça chute énormément avec 1,8 jour de durée de séjour à Lourdes. Énorme baisse de fréquentation sur Lourdes et des transports collectifs » (Maire de Gavarnie, entretien du 2 juin 2015). Et la

résistance à l’idée même de régulation de la fréquentation de l’ensemble des sites semble forte, notamment parce qu’elle se focalise en grande partie sur le site du village de Gavarnie : « Le village n’est pas engorgé, non, on peut y mettre un paquet de piétons. Pourquoi désengorger alors ? » (Maire de Gavarnie). D’autant que les commerçants sont mécontents de l’évolution de leurs clientèles : « La société a évolué. Les gens ne font plus comme avant. Le touriste de Lourdes classique qui venait à Gavarnie, qui achetait une marmotte qui sifflait, c’est fini... ceux qui persistent à ne vendre que ça ne sont pas contents. La rentabilité des entreprises est difficile. La saison est concentrée sur un mois environ. C’est difficile » (ibidem). L’absence de toute prospective écotouristique d’ensemble sur les sites des cirques transfrontaliers ouvre la voie, pour un temps, à des conflits d’usage où la provocation semble de mise : « On n’a pas fait le bilan

carbone.... ici on les appelle les “écotalibans”, les écolos extrémistes !! De toute façon les clients qui se mettent sur une terrasse de café sans pollution ressentent plus de bien-être. On n’a pas besoin de faire des études... »

(Maire de Gavarnie), ou : « un plan de gestion des flux ? L’affaire des écologistes… des mesures uniquement

environnementales et non économiquement rentables, nuisibles pour l’économie locale, commerçante »

(ibidem). Les acteurs du terrain (directeur de l’O.T., maire, directeur de la station) s’accordent à dire que la démarche UNESCO « n’a pas du tout été appropriée par les gens d’ici. La communication n’allait pas bien : on

ne savait même pas qu’on rentrait dans un site Patrimoine UNESCO » « personne n’a été impliqué, les habitants ont eu l’impression d’être pris pour des indigènes. La seule chose retenue avec l’UNESCO : + 30 % de fréquentation, c’est la seule chose qu’ils retiennent » (directeur station, juin 2015). Cette « avis d’acteur » ne

semble pas unanimement partagée par la population (enquête ethnologique, point 5 ci-dessous).

La tentative de gestion des flux intervenue en 1997, dans le cadre de l’Opération Grand Site, a opéré successivement une interdiction de la circulation dans le village puis, revenant en arrière, une circulation « allégée » permettant l’accès aux habitants et aux résidants hors période estivale (entretien Maire de

Gavarnie). Les camping-cars ont été accueillis sur une aire aménagée à l’extérieur du village. Pour le Maire de Gavarnie, ce dispositif a « très bien marché ». Pour autant, il note que le dispositif rencontre des difficultés avec les commerçants, dont le dispositif « perturbe les habitudes ». « Pour les commerçants, il n’y a jamais trop

de monde ». Il regrette également la position de préservation par la régulation des flux soutenue par les

associations de protection de la nature : « Les écologistes nous auront bien “emmerdés”, toutes ces années... on

a affaire à des intégristes, des écologistes intégristes.... c’est eux qui ont tout freiné dans notre démarche. Selon moi, avec les flux piétons, l’environnement sera protégé. À un moment donné, il vaut mieux gérer un flux important au même endroit et avoir des échappatoires sur les cotés pour apprécier la nature que d’avoir des quantités de personnes dans différents endroits. Il vaut mieux avoir une autoroute à gérer et laisser des abords à emprunter pour trouver ce que l’on recherche... (patrimoine, etc.) Ce qui permet dans des lieux comme les nôtres de régler les problèmes. Il vaut mieux concentrer les personnes finalement sur un axe... et laisser vivre le commerce local tout au long d’un axe de visite ». On sent bien, dans ces propos, à la fois le poids des tensions

issues de l’initiative de l’inscription du massif Pyrénées Mont-Perdu par une partie de la société civile – surtout intellectuelle et savante — échappant au champ politique local et l’ambiguïté de cette patrimonialisation qui n’a pas su créer une culture commune de l’action. Bien que du temps des sociétés agropastorales où les relations de gestion de la ressource pastorale et des liens commerciaux existaient, celles-ci n’ont pas suffi, pour autant, à constituer un ensemble transfrontalier au sens des acteurs, au sens politique, d’une gouvernance commune. L’unité du massif Pyrénées Mont-Perdu existe certes en tant qu’invention des Pyrénéistes ou d’une partie des scientifiques ou des experts, mais sans doute peut-être pas encore en tant que communauté d’intérêts des gestionnaires.

À l’avenir, si un territoire de gestion des flux pouvait se constituer, cet espace de régulation gagnerait sans doute à intégrer l’ensemble des acteurs en charge de la régulation des visites et parcours dans les sites exceptionnels, classés et protégés, contigus (les trois cirques français et celui d’Ordesa voisin). Quel pourrait être ce territoire de gestion idéale, et, au-delà, quel est le modèle de gouvernance possible ?

Pour en tenter une définition, il convient de revenir sur les figures de protection qui fondent l’unité de ces sites. Le maintien des caractéristiques physiques et paysagères du massif Pyrénées Mont-Perdu est assuré par un niveau réglementaire de protection élevé, développé à travers une complémentarité d’outils de protection des milieux naturels et du patrimoine culturel sur l’ensemble du Bien. La conservation, la protection et la sauvegarde du bien reposent sur des cadres de gestion réglementaire éprouvés :

Versant espagnol

Sur le versant espagnol, la documentation relative à la gestion des systèmes de protection du sud du massif Pyrénées Mont-Perdu est abondante sur la plupart des aspects scientifiques, mais également sur l’activité pastorale (histoire, savoir-faire, croyances, coutumes, etc.). Outre une abondante littérature grise sur les aspects scientifiques du bien (géologie, milieux naturels et écosystèmes, paysages), de multiples études scientifiques ont été menées depuis de nombreuses années notamment par les universités de Zaragoza, l’Universitat Autonoma de Barcelona (UAB). Le pastoralisme a fait l’objet par ailleurs de nombreuses études et de descriptions ethnographiques complètes. Le classement repose sur les inventaires (réalisés en 2000 par le parc National Ordesa y Monte Perdido) des mallatas ou cabanes dédiées à l’élevage présent dans le périmètre du parc (170 abris ou refuges à vocation pastorale, en ruines ou toujours en état), sur un « Plan de ordenacion del pastoralismo » sur 3 ans mis en place par le Parc dans le cadre de son nouveau Schéma directeur d’usages et de gestion (PRUG) qui prévoit notamment la réalisation d’un inventaire de l’architecture vernaculaire du pastoralisme, sur un inventaire réalisé par le Géoparc de Sobrarbe de plus de 100 zones d’intérêt géologique sur le territoire du Géoparc (une partie de ces points se situant donc sur le périmètre du Bien), permettant de situer et d’évaluer l’importance du patrimoine géologique du territoire, sur un inventaire des Biens

d’Intérêt Culturel ou BIC présents sur le territoire municipal de plusieurs communes du Bien, majoritairement des monuments, mais aussi quelques zones archéologiques (Bielsa, Broto, Fanlo, Puertolas, Tella-Sin et Torla). Les outils de gestion de ces espaces sont constitués par :

a) un « Plan Rector de Uso y Gestion » (plan directeur pour l’utilisation et la gestion) du parc National d’Ordesa-Monte Perdido (décret royal 409/1995 du 17 mars [BOE n o 112 du 11 mai 1995],

b) un Plan de prévention des incendies forestiers du parc National d’Ordesa et Monte- Perdido, dans la province de Huesca. Afin de soutenir la population locale et d’améliorer leur niveau de vie, des subventions sont accordées annuellement par le biais de projets de développement durable. Les subventions sont octroyées aux particuliers, entreprises familiales, municipalités et ONG. Plus de deux millions d’euros ont été livrés en 2009. Des recherches pour une gestion scientifique des valeurs du site sont également en cours. Dans l’ensemble, le site du parc national a un budget annuel de 4 millions d’euros environ et un effectif de 120 personnes impliquées dans des taches proches de la gestion des flux, telles que le gardiennage, l’information, l’entretien, le nettoyage et la gestion administrative

c) le réseau Natura 2000 comprend trois zones de protection spéciale (Directive Oiseaux : Zonas de Especial Protección para las Aves de España - ZEPA) et quatre zones spéciales de conservation/sites d’intérêt communautaire (Lugares de Interés Comunitario/LIC. « Viñamala » [ES0000278], « Alto Cinca » [ES0000279] et « Ordesa y Monte Perdido » [ES0000016, février 1988], « Ordesa y Monte Perdido » [ES0000016, approuvé le 22/12/2003], « Río Cinca (Valle de Piñeta) » [ES2410019, approuvé le 22/12/2003], « Bujaruelo - Garganta de los Navarros » [ES2410006, approuvé le 22/12/2003] et « Rio Ara » [ES2410048, approuvé le 22/12/2003],

d) deux espaces naturels protégés au titre de la loi 6/1998 du 19 mai du Gouvernement d’Aragon. Dans ces espaces protégés, les usages et activités sont réglementés (les activités agricoles, d’élevage, forestières, cynégétiques et piscicoles compatibles avec la protection de chaque espace naturel protégé sont autorisées, la visite, les activités agropastorales et forestières, la chasse et la pêche sont réglementées).

e) Le parc National Ordesa y Monte Perdido est géré par la communauté autonome à travers une Juntarectora, un Patronato ; le directeur du Parc est en charge de l’administration et de la coordination des activités du parc. Les parcs nationaux sont des espaces naturels à haute valeur écologiques et culturels dont la conservation relève de « l’intérêt général de la Nation ». La gestion du parc est encadrée par un plan ou schéma directeur d’usages et de gestion (PRUG),

f) les glaciers pyrénéens, espaces ou éléments de la nature constitués par des formations remarquables en raison de leur singularité, leur rareté ou leur beauté, font l’objet à ce titre d’une protection spéciale. Déclarés Monuments naturels par la loi 2/1990 du 21 mars, les « Glaciers Pyrénéens » disposent d’un plan de protection des Monuments naturels (approuvé en 2007),

g) la Réserve de biosphère Ordesa-Viñamala, déclarée réserve de biosphère le 22/01/1977 dans le cadre du programme UNESCO Man and Biosphere est la seule réserve de biosphère de l’Aragon. Son périmètre a été étendu en 2013 sur une superficie totale de 107 097,40 hectares, notamment sur le territoire municipal des communes de Broto, Fanlo, Puertolas, Torla et Tella- Sin. En vertu de la loi 8/20 041 du 20 de décembre relative aux mesures urgentes en matière d’environnement, la réserve de biosphère d’Ordesa — Viñamala fait partie du Réseau naturel d’Aragon et intègre ainsi la réglementation autonome de l’Aragon,

du réseau européen des géoparcs. Ce géoparc reconnu par l’UNESCO présente un patrimoine géologique exceptionnel en raison de son intérêt scientifique, éducatif et esthétique. Ses habitants se sont engagés dans une stratégie de développement socio-économique durable qui comprend la promotion et la conservation des valeurs naturelles et culturelles de la région dans le but d’apprendre et de profiter de cette richesse et de les transmettre sur plusieurs générations. Ce géoparc permet de gérer et de valoriser le patrimoine local avec une méthode de travail approuvée par l’UNESCO,

i) la Loi du 3/1999 sur le Patrimoine culturel d’Aragon protège les biens culturels, les monuments et zones archéologiques sur les territoires de Bielsa, Broto, Fanlo, Puertolas, Tella- Sin et la transhumance en Aragon a été déclarée « Bien d’intérêt culturel immatériel » par décret 289/2011, du 30 août, en vertu de la Loi du 3/1999 sur le Patrimoine culturel d’Aragon. Le texte prévoit que les Biens d’Intérêt culturel immatériels (titre IV) soient, au titre des biens ethnographiques immatériels, sauvegardés « par l’Administration compétente au titre de la Loi, assurant la recherche, la documentation scientifique ainsi que le récolement/recensement exhaustif de tout matériel qui en serait le témoin permettant leur transmission aux générations futures » ; la Loi de protection des chemins de transhumance ou drailles (n° 3/1995, 23 mars, État central) qui ont le statut de terrain public et sont inaliénables ; si leur usage reste réservé au déplacement des troupeaux, des utilisations complémentaires peuvent être envisagées (promenade, randonnées pédestres et à cheval, déplacements sportifs sur véhicules non motorisés dans le respect de la priorité des troupeaux) et la loi n° 10/2005 (gouvernement d’Aragon) encadre la gestion (entretien, respect des usages réservés, etc.) de ces chemins (cabañeras o viaspecuarias) relevant du domaine public et assure également une protection légale des « éléments tangibles de l’activité pastorale » : les sentiers, les abreuvoirs, les cabanes pastorales, les ponts, etc. Par ailleurs, l’Instituto Aragonese de Gestion Ambiental (INAGA) s’est vu attribuer des compétences exclusives pour la mise en œuvre d’actions de modification de tracés et de carrefours, de regroupement de parcelles, occupations, utilisations exceptionnelles, utilisations pour véhicules motorisés et tous usages complémentaires.

Du point de vue de la fréquentation, la filière touristique du versant espagnol est mieux connue et plus structurée du point de vue économique et territorial que celle du versant français ; on peut en retenir quatre caractéristiques essentielles : 1. c’est une destination d’excursion, essentiellement motivée par la présence d’un riche patrimoine naturel au sein d’espaces naturels protégés tels que le parc national d’Ordesa y Monte Perdido (facteur décisif pour 46 % des visiteurs de l’OT de la Comarca en 2013) puis pour le patrimoine historique (24 %) et la pratique de sports de plein air (5 %), 2. c’est une destination familiale en majorité (pour 77 % des visiteurs), 3. l’organisation sur ce territoire est de longue date gérée au niveau intercommunal (comarca) par l’Oficina Comarcal de Turismo de Sobrarbe (installée dans le château d’Aínsa) et relayée par les offices de tourisme municipaux (Ainsa, Boltaña, Bielsa, Broto, Torla) qui sont ouverts aux visiteurs à l’année ou en saison. Le Parc national y possède des points d’informations à Bielsa et Torla, et en saison à Escalona, Escuaín, Piñeta y Tella, 4. le parc réceptif est important en termes de capacité d’hébergement : les campings présentent la plus grande capacité d’accueil avec 9 891 lits sur l’ensemble de la Comarca de Sorbrabe, mais ils sont complétés par 78 hôtels (dont 47 se situent dans les communes du bien du patrimoine mondial) avec une capacité de 3 483 lits. Enfin 13 refuges complètent cette offre marchande.

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Versant français :

Pour son versant français, le classement et la protection du territoire du bien Pyrénées - Mont Perdu s’appuient sur des études nombreuses pour ses aspects scientifiques, notamment la géologie et les écosystèmes qui le composent (faune, flore, milieux, etc.) et l’inscrivent comme un haut lieu des Pyrénées françaises. Ils reposent sur des inventaires des milieux naturels : Zones naturelles d’Intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 et de type 2 (20 ZNIEFF type 1 et une ZNIEFF type 2), des enquêtes d’inventaire préliminaire sur la commune de Gavarnie (enquête ponctuelle) réalisée par le service régional de l’inventaire en 2011 (mai à décembre), des inventaires des cabanes (carte de localisation proposée par le Centre de Ressources de Gestion des Espaces des Hautes-Pyrénées).

D’autre part, le classement au titre de Natura 2000 d’Estaubé, Gavarnie, Troumouse, Barroude apporte des compléments en termes de gestion faunistique et de préservation des milieux. Le réseau Natura 2000 y a pour objectif la préservation de la biodiversité, avec le soin de chercher à concilier les exigences des habitats naturels et des espèces avec les activités économiques, sociales et culturelles qui s’exercent sur les territoires et avec les particularités régionales et locales. Il s’agit ici de promouvoir une gestion concertée et assumée par tous les acteurs intervenant sur les espaces naturels. En effet, la conservation de la diversité biologique est très souvent liée à l’action de l’homme, spécialement dans l’espace rural et forestier. Ce réseau est constitué de zones spéciales de conservation (ZSC) désignées au titre de la directive « Habitats » du 21 mai 1992 et de zones de protection spéciales (ZPS) désignées au titre de la directive « Oiseaux » du 2 avril 1979. Pour remplir ses obligations de maintien de la biodiversité, la France a mis en place au sein de chaque site du réseau Natura 2000 un document de gestion dit « document d’objectifs » (DOCOB). Ce document est établi sous la responsabilité du Préfet de département assisté d’un opérateur technique et fait une large place à la concertation locale. Un comité de pilotage regroupe, sous l’autorité du Préfet, les partenaires concernés par la gestion du site. S’il comporte un état des lieux naturaliste et humain du site, ce document définit surtout les orientations de gestion et les mesures de conservation contractuelles à mettre en place et précise les modalités de financement des mesures contractuelles. C’est donc à partir du document d’objectifs que sont établis les contrats de gestion. Le réseau Natura 2000 permet de consolider, améliorer et assurer à long terme les activités agricoles, sylvicoles et touristiques qui participent à l’entretien et à la qualité de ces espaces naturels et de la vie rurale. Il contribue à reconnaître un territoire de gestion de l’articulation protection/développement de ces sites en accordant les moyens nécessaires à leur préservation et à leur mise en valeur. Du point de vue réglementaire, le site bénéficie par ailleurs d’une protection très importante : 60 % du bien est compris dans la zone centrale du Parc national des Pyrénées, le reste est entièrement inclus dans le site classé. Le bien est actuellement géré suivant le plan de gestion du parc National des Pyrénées, en coopération avec le Parc national d’Ordesa Monte-Perdido suivant une charte de coopération commune (2010-2020) et un plan annuel d’action.

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Figure 33. L’ensemble Gèdre-Gavarnie ; les hauts lieux du patrimoine (le cylindre du Marboré (3 250 m) et le Taillon (3 144 m) dominent le paysage, cliché Vincent Vlès, 2008

Enfin, l’État français s’investit dans les actions permettant la reconnaissance par les populations locales de la valeur universelle du site Mont-Perdu. Cette appropriation est seule garante à terme de leur implication durable dans la préservation et la promotion du site. C’est