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Le granite de Huelgoat appartient, comme le granite de Rostrenen, à la suite magnéso-potassique peralumineuse définie par Capdevila (2010) (article #3 : Fig. 1). C’est une intrusion composite formée de 4 faciès principaux (Georget, 1986 ; Castaing, 1988) (Fig. III.3) :

‐ Le faciès La Feuillée est un granite à gros grain dont la composition varie de celle d’un monzogranite à Bt > Ms à un leucogranite à Ms > Bt.

‐ Le faciès Le Cloitre est un monzogranite à grains fins à Bt-Ms ± Cd

‐ Le faciès Huelgoat s.s. est un monzogranite porphyrique à Bt-Cd. Il contient localement des enclaves du facies Le Cloitre.

‐ Les microdiorites quartziques qui recoupent sous forme de filons d’orientation N130° les facies Le cloitre et Huelgoat s.s. et qu’on retrouve aussi en enclaves dans les 3 facies définies précédemment.

Ces intrusions ont des contacts francs et Georget (1986) a définit la chronologie de mise en place suivante : (1) intrusion de La Feuillée puis (2) intrusion de Huelgoat s.s. et Le Cloitre. Néanmoins, le facies Le Cloitre étant interprété comme une enclave dans le facies Huelgoat s.s., il est considéré comme plus vieux que le facies Huelgoat s.s. et il possiblement antérieur au faciès la Feuillée. Les microdiorites quartziques semblent contemporaines de la mise en place des deux ensembles. La méthode isochrone Rb-Sr sur roches totales réalisée en regroupant les 3 faciès de granites a fourni deux dates comparables de 336 ± 13 (Peucat et al., 1979) et 340 ± 9 Ma (Georget, 1986).

Fig. III.3 : carte géologique du granite de Huelgoat identifiant les 4 facies magmatiques principaux et localisant les échantillons prélevés. D’après la carte 1/50000 BRGM n° 276 de Huelgoat (Castaing, 1988). µdt Qtz = microdiorite quartzique. HUEL-1 : x = -3.778958 ; y = 48.351317. HUEL-2 : x = - 3.793344 ; y = 48.363371. HUEL- 3 : - 3.860646 ; y = 48.394754

Dans le cadre de ces travaux de thèse, nous avons réalisé des datations U-Pb sur zircon par LA- ICP-MS d’un échantillon du facies de La Feuillée (HUEL-3) et du Cloitre (HUEL-2). La méthode utilisée est la même que celle décrite dans l’article #3. Un âge concordia de 337.6 ± 2.6 Ma (MSWD = 0.99 ; n = 8) obtenu sur le zircon Plešovice (Slama et al., 2008 ; 337.13 ± 0.37 Ma) utilisé comme

Partie III : Le magmatisme tardi-carbonifère du Massif armoricain et ses implications sur la géodynamique hercynienne.

standard externe au cours de la session analytique permet de valider la justesse des résultats. Les résultats finaux des analyses avec un degré de concordance entre 90 et 110 % sont fournis en annexe de ce manuscrit avec une incertitude de 1σ mais les âges sont calculés avec une incertitude de 2σ.

Fig. III.4 : Diagrammes Terra-Wasserburg reportant les analyses U-Pb réalisées sur les grains de zircon des échantillons HUEL- 2 (Le Cloitre) et HUEL-3 (La Feuillée). Les ellipses en bleues sont utilisées pour le calcul des âges concordia alors que les ellipses en pointillés sont interprétées comme le reflet de pertes en Pb, d’une contamination en Pb commun ou d’un mélange complexe entre les deux. Les ellipses en traits pleins noirs sont interprétées comme liées à de l’héritage. # : date 207Pb/206Pb à 1 σ. Les ellipses sont reportées à 2σ.

Les deux échantillons ont fourni un nombre important de grains de zircon qui se caractérisent généralement par la présence d’un cœur et de bordures zonées en cathodoluminescence. Pour l’échantillon HUEL-2, un total de 90 analyses sur 70 grains ont été réalisées et 70 de ces analyses ont un degré de concordance entre 90 et 110 % (Fig. III.4a). Les dates 207Pb/206Pb varient entre 3360 ± 17 et 315 ± 24 Ma et un groupe de 12 analyses (ellipses bleues) en positions concordantes à sub-concordantes permet de calculer une date concordia de 314.8 ± 2.0 Ma (MSWD = 0.85) qui est interprétée comme l’âge de cristallisation de cette échantillon. Les analyses en pointillés sur le diagramme Terra- Wasserburg sont vraisemblablement le reflet de pertes en Pb et/ou d’une contamination en Pb commun. Les ellipses en traits pleins noirs sont interprétées comme liées à de l’héritage. Pour l’échantillon HUEL-3 (La Feuillée), 71 analyses ont été réalisées à partir de 48 grains et 41 de ces analyses ont un degré de concordance entre 90 et 110 %. Les dates 207Pb/206Pb varient entre 2597 ± 17 et 322 ± 29 Ma et un groupe de 6 analyses en positions concordantes à sub-concordantes (ellipses bleues) permet de calculer une date concordia de 314.0 ± 2.8 Ma (MSWD = 1.3) identique dans l’erreur à celle obtenue sur l’échantillon HUEL-2 et interprétée comme l’âge de cristallisation de cette échantillon. Comme précédemment, les ellipses en pointillés sont interprétées comme le reflet de perte en Pb et/ou d’une contamination en Pb commun alors que les ellipses en traits pleins noirs sont liées à de l’héritage.

Partie III : Le magmatisme tardi-carbonifère du Massif armoricain et ses implications sur la géodynamique hercynienne.

Les âges hérités archéens à paléozoïques obtenus sur les deux échantillons sont en accord avec leur nature peralumineuse et la source métasédimentaire proposée par Georget (1986) pour l’intrusion granitique de Huelgoat. Comme observé pour les leucogranites Carbonifères du Massif Armoricain (e.g. Tartèse et al., 2011a, 2011b, cf. article #3), les âges de mise en place obtenus par U-Pb sur zircon sur l’intrusion de Huelgoat à ca. 315 Ma sont plus jeunes que ceux obtenus précédemment par la méthode isochrone Rb-Sr sur roches totales à 336 ± 13 (Peucat et al., 1979) et 340 ± 9 Ma (Georget, 1986). Le fait d’avoir des dates isochrones Rb-Sr plus vieilles que les dates U-Pb sur zircon est surprenant mais cela confirme l’utilité de redater ces intrusions avec une méthode de géochronologie moderne.

A l’échelle de l’intrusion, ces deux âges de mise en place à ca. 315 Ma donnent l’âge maximum du magmatisme dans la région de Huelgoat. Néanmoins, les microdiorites quartziques étant en enclave dans les 3 facies granitiques et recoupant aussi sous forme de filons le facies granitique le plus jeune (Huelgoat s.s.), il est fort probable que les 4 facies qui forment l’intrusion se soient tous mis en place à ca. 315 Ma. Il pourrait être toutefois utile de dater aussi le facies Huelgoat s.s. et le facies microdioritique par U-Pb sur zircon pour vérifier cette hypothèse. A l’échelle régionale, cette âge de mise en place à ca. 315 Ma est comparable à ceux obtenus sur les leucogranites mis en place le long du CSA comme Questembert (tartèse et al., 2011b), Lizio (Tartèse et al., 2011a) et Pontivy (cf. aticle #3) ainsi que le monzogranite de Rostrenen (cf. article #3). Comme pour le complexe de Pontivy-Rostrenen, l’association spatiale et temporelle entre monzogranites à cordiérite et facies mafiques est compatible avec un modèle de fusion crustale par sous plaquage de magmas mantelliques durant une remonté asthénosphérique induite par la déformation en décrochement du domaine centre armoricain.

Partie IV : Le cycle de

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