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C) Signalisation du BCR dans les lymphomes non hodgkiniens

I. D.1 Signalisation issue du BCR dans la LLC

a) Signalisation du BCR dans la leucémie lymphoïde chronique

La structure du BCR diffère également selon les deux groupes, LLC IgVH non-mutée versus mutée. Une forte proportion des LLC IgVH non-mutée présente un réarrangement stéréotypé de leurs segments VDJ. En effet, de récentes études ont mis en évidence l’existence de sous-groupes parmi les patients atteints de LLC. Le plus important (30% des patients) présente des chaînes lourdes des Ig avec une séquence stéréotypique dans la région complémentaire déterminante 3 (VHCDR3) (Agathangelidis et al., 2012). D’autres sous groupes ont été identifiés, un pour la reconnaissance de l’antigène β-(1,6)- glucan, spécifique des champignons (Hoogeboom et al., 2013) et un autre pour MALT (Craig et al., 2010).

De plus, plus d’1% des patients pourraient exprimer des Igs identiques (Widhopf et al., 2004). Le degré remarquable de restriction structurelle du BCR dans la LLC suggère que le BCR soit hautement sélectionné, et qu’un antigène commun participe à la pathogénie de la LLC. En effet, toutes les familles de gènes codant pour les IgVH sont retrouvées dans la LLC, mais seul un certain nombre est exprimé par les cellules leucémiques. De plus, certains gènes sont retrouvés préférentiellement associés à une forme de LLC. Ainsi, le gène VH1-69 est associé le plus souvent aux formes non-mutées alors que d’autres gènes tels que VH4-34, VH1-07 et VH3-21 sont associés aux formes mutées de LLC. La nature de l’antigène impliqué reste encore inconnue, mais pour certaines formes de LLC, il semblerait qu’un auto-antigène soit impliqué puisque la moitié des cellules de LLC produit des anticorps autoréactifs (Zenz et al., 2010). Ces autoantigènes se retrouveraient en grande concentration dans les ganglions lymphatique, plutôt que dans la circulation sanguine participant au phénomène de niche de prolifération pour la LLC.

L’existence d’un signal tonique excessif au niveau du BCR des cellules leucémiques de LLC a été suggérée suite à une étude ayant montré une activité basale élevée de la molécule LYN (Contri et al., 2005). Cette dernière est connue pour être impliquée dans les régulations positives et négatives du BCR. À ce titre, son inhibition par des inhibiteurs des SRC kinases, tels que PP2 ou SU6656, induit l’apoptose des cellules leucémiques, indiquant que LYN participe à la transmission de signaux de survie cellulaire.

Le signal généré au niveau du BCR par un antigène est capable de réguler la prolifération, la survie et l’apoptose dans les cellules B en développement (Niiro and Clark, 2002). L’engagement du BCR par les Ig va recruter BLK, FYN ou LYN. LYN est activée soit par autophosphorylation, soit par transphosporylation par SYK et va phosphoryler cette dernière. Des études génétiques et biochimiques ont montré que SYK était capable de s’activer par autophosphorylation en l’absence de LYN (Kurosaki et al., 1994; Takata et al., 1994). De plus, SYK est capable de phosphoryler les résidus tyrosines présents sur les régions ITAMs des Igα et Igβ (Rolli et al., 2002). Grâce à sa capacité à phosphoryler les motifs ITAMs et son activité kinase plus importante, SYK semble moins dépendante des SRC kinases pour son activation que ZAP-70 (Latour et al., 1996).

b) Expression de SYK et ZAP-70 dans la leucémie lymphoïde chronique.

SYK et ZAP-70 sont les deux seuls membres de la famille des kinases SYK. SYK est fortement surexprimée dans la LLC comparé à des sujets sains. Cette surexpression, aussi bien de la protéine SYK totale que de sa forme phosphorylée est encore plus prononcée dans les LLC présentant des IgVH non mutées (Buchner et al., 2009). SYK ne présente aucune mutation dans les LLC. Cette surexpression serait donc probablement dû au variant d’un SNP dans l’élément régulateur 5’ de l’ARN messager de SYK ou à une modification épigénétique qui augmenteraient l’acétylation des histones ou entraineraient une perte de la méthylation de l’ADN (Philippen et al., 2010).

ZAP-70 est fortement exprimé dans les cellules T et est connu pour son rôle de la transduction du signal du TCR. Dans la LLC sa présence est marqueur de mauvais pronostic et fréquemment relié au statut CD38+ et IgVH non mutées (Rassenti et al., 2008; Rosenwald et al., 2001). La stimulation du BCR par un anticorps anti-IgM, induit la phosphorylation de ZAP-70 et de SYK. Cette phosphorylation intervient dans la transduction du signal du BCR et entraîne la phosphorylation et le recrutement de

protéines adaptatrices et des molécules de signalisation en aval. Des études de co-immunoprécipitation ont montré que ZAP-70, structurellement proche de SYK, peut s’associer avec le BCR dans les cellules leucémiques stimulées par l’antigène, indiquant une potentielle fonction modulatrice de la voie de signalisation du BCR. De plus, dans des lignées cellulaires de lymphome BJAB, la surexpression de ZAP-70 entraîne une diminution du taux d’internalisation des ligands liés au BCR. Egalement, l’expression ectopique de ZAP-70, dans des cellules de LLC et dans des lignées cellulaires de lymphomes, montre une activation de molécules des voies de signalisation comme SYK, BLNK et de la PLCγ accompagnée d’une augmentation de l’activité calcique intracellulaire et d’une activation de NF-κB plus importantes après stimulation du BCR (Gobessi et al., 2007).

De manière surprenante, les tyrosines majeures nécessaires à l’activité kinase de ZAP-70, (Tyr319 et Tyr493) n’apparaissent pas phosphorylées après stimulation du BCR, suggérant ainsi que l’activation de ZAP-70 est négligeable ou absente dans les cellules leucémiques. L’activité kinase de ZAP- 70 n’est probablement pas le facteur responsable de l’augmentation de la signalisation issue du BCR (Deglesne et al., 2006), par contre il pourrait s’agir de son rôle adaptateur. En effet, les fonctions adaptatrices de ZAP-70 apparaissent conservées comme en témoigne sa capacité à recruter des régulateurs importants de la voie de signalisation du BCR, telles que c-CBL, CBL-b, SHC et la sous-unité régulatrice p85 de la PI3K.

Ainsi, par la liaison au BCR et à SYK, les cellules exprimant ZAP-70 sont plus compétentes que les cellules ZAP-70 négatives à recevoir des signaux de survie et de prolifération de manière chronique par un antigène de l’environnement ou un autoantigène.

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