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d’observation des trois régions, Su Wen 20

Nous empruntons à Jean-Marc Eyssalet la traduction et l’analyse de ce qui nous concerne ici, dans ce chapitre, à savoir « les pouls Ciel-Terre-Homme de la région supérieure ».

« Ce chapitre reprend les descriptions du Su Wen9 en y apportant de nombreu-ses et précieunombreu-ses informations supplémentaires […]

« “Qi bo : Le nombre accompli du Ciel-Terre-Homme commence à un et se ter-mine à neuf. Le nombre un, c’est le Ciel ; le nombre deux, c’est la Terre ; le nombre trois, c’est l’Homme. Ainsi, trois fois trois font neuf, nombre qui rentre en correspon-dance avec les neuf territoires (jiu ye). Ainsi, l’homme comporte trois sections (san bu) et chaque section présente trois lieux d’observation (san hu) afin de pouvoir éta-blir des pronostics, de localiser les cent maladies, de réguler le vide et la plénitude et d’éliminer enfin les énergies pernicieuses.

« L’Empereur demande : Qu’appelle-t-on les trois divisions ?

« Qi Bo répond : Il y a la section inférieure, il y a la section du centre, il y a la sec-tion supérieure. Dans chaque secsec-tion il y a trois postes d’observasec-tion. Ces trois pos-tes d’observation comprennent eux-mêmes un aspect ciel, un aspect terre et un aspect homme. On doit nécessairement se laisser orienter et guider, c’est alors qu’on peut trouver un chemin authentique”.

« La première impression donnée par le texte est que le “nombre accompli” ou déploiement de un à neuf exprime le mode selon lequel l’organisme humain gère dans toutes ses sections principales la continuité ciel-terre.

« Non seulement le corps dans son ensemble reconnaît trois grands secteurs mar-qués respectivement par le ciel, la terre et l’homme, mais chacune de ces sections comporte trois lieux d’observation annonçant des perturbations touchant les neuf territoires. Ils jouent donc un rôle fondamental dans l’établissement des pronostics […]

« “Dans la section supérieure, le ciel est (représenté par) les artères (vaisseaux pul-satoires) situées des deux côtés du front.

« Dans la section supérieure, la terre est (représentée par) les artères situées de chaque côté des joues.

« Dans la section supérieure, l’homme est (représenté par) les deux artères situées au devant des oreilles.”

« On voit que les lieux d’observation sont concrétisés par des pouls spécifiques.

« Le “Ciel” de la section supérieure correspond à l’artère temporale superficielle dont les rameaux passent par le point hors-méridien Taiyang. Ce nom qui signifie yangsuprême est aussi l’un des qualificatifs du soleil. Le point est situé à un cunen arrière du milieu de la ligne joignant l’extrémité de la queue du sourcil à la commis-sure palpébrale latérale. Il joue un rôle fondamental dans la pathologie oculaire (conjonctivite, kératite, hémorragie rétinienne et atrophie optique) mais aussi dans la pathologie intracrânienne dont il élimine le vent et la chaleur. C’est un lieu d’où l’on peut évaluer la qualité de la circulation intracérébrale et qui peut être le siège d’une artérite temporale (maladie de Horton) menaçant la vue après cinquante ans.

« La “Terre” de la section supérieure correspond à l’artère faciale qui passe sur les deux joues, en particulier par le point 3 Estomac juliao, “le grand os” […]. Il est compté parmi les points dits “cavités de la moelle” et travaille sur la pathologie des yeux, du nez, de la bouche, sur l’innervation faciale du trajet yangming (paralysie faciale). Il agit favorablement sur l’équilibre énergie-sang spécifique du yangming. On comprend sa relation avec la “terre du ciel” que représente ici la trajectoire haute du méridien de l’estomac.

« “L’Homme” de la section supérieure correspond au pouls de l’artère pré-auricu-laire dont le trajet émerge au niveau du point 21 triple réchauffeur,ermen, “la porte de l’oreille” […]. Il régit l’ouïe mais agit également, à un degré moindre, sur les cinq autres orifices de la tête qu’il “ouvre”, stimulant ainsi le cerveau, perméabilisant les méridiens et les luo. Lieu de concentration de l’énergie shaoyang, il agit sur les circu-lations antéro-latérales postérieures du crâne (VB et TR) qui devraient jouer un rôle important dans la synergie vision, audition, équilibration et dans la stimulation des voies corticales associatives […].

« L’Empereur demande : Qu’observe-t-on dans la section supérieure ?

« “Qi bo répond : Elle aussi comporte un aspect ciel, un aspect terre et un aspect homme. Au ciel ce qu’on observe est le souffle des tempes, sur terre on observe le souffle de la bouche et des dents, chez l’homme on observe le souffle provenant des yeux et des oreilles”.

« Le groupement du secteur du haut du corps nous propose trois lieux de réso-nance aux trois autres “mers énergétiques”.

« L’aspect “ciel du ciel” nous paraît correspondre au lieu d’observation de la “Mer des moelles”, c’est-à-dire le cerveau et l’ensemble de la substance nerveuse et médul-laire (confondues en médecine chinoise). On lui donne ici l’appellation de “souffle des tempes”.

« L’aspect “terre du ciel” concerne le “souffle de la bouche et des dents”, c’est-à-dire l’énergie émanant de la partie haute du yangming et représentant en quelque sorte la première porte de pénétration et de transformation des aliments. Il s’agit pour nous d’un lieu d’inspection de l’état énergétique de la “Mer de l’eau et des grains” ou “Mer des nourritures”.

42 Le visage en médecine traditionnelle chinoise

« L’aspect “homme du ciel” est mis en relation avec l’énergie conjointe des yeux et des oreilles, où ces quatre orifices sont les seuls à bénéficier de l’apport énergétique des zongmaiou vaisseaux porteurs de l’énergie des rythmes ancestraux. Le Ling Shu 28 énonce en effet : “Les yeux sont les lieux de rassemblement des vaisseaux zong” et plus loin “les oreilles sont les lieux de rassemblement des vaisseaux zong”. »

Discours sur les neuf lieux d’observation des trois régions,Su Wen20 43