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Développer la recherche sur les interventions de prévention

Dans le document Conduites addictives chez les adolescents (Page 90-100)

Principaux constats

M IEUX CONNAÎTRE LES DOMMAGES SANITAIRES

III. Développer la recherche sur les interventions de prévention

Pour mieux prévenir les pratiques addictives des jeunes, il ne suffit pas de mener des recherches prenant ces pratiques pour objet, mais également de conduire des recherches sur les moyens de prévenir ces conduites.

Le groupe d’experts recommande de :

sDévelopper la recherche sur l’adaptabilité au contexte fran-çais des actions implantées et évaluées dans d’autres contextes nationaux ainsi que de leur implémentation ; il s’agit de mieux définir les conditions de mise en place et de déploiement des

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interventions jugées efficaces dans un environnement politique, institutionnel et géographique donné ;

sDévelopper la recherche sur l’adaptation des technologies numériques aux techniques d’aide à l’arrêt ou à la réduction de la consommation (par exemple les approches motivationnelles et comportementales et cognitives) ;

sDévelopper les coopérations entre équipes de prévention et de prise en charge et équipes de recherche ;

sDévelopper la recherche sur l’efficacité des messages de pré-vention tels qu’ils sont diffusés dans les campagnes média ; sDévelopper la recherche translationnelle34, notamment celle adossée aux modèles théoriques de prédiction et de change-ment des comportechange-ments dans le champ de la prévention des addictions.

Le groupe d’experts recommande également de mener des recherches réflexives sur :

sLa prévention elle-même : concernant par exemple ses cibles (à quels jeunes s’adressent les campagnes de prévention), ses catégories d’analyse et d’action (par exemple la notion d’ad-diction, qui recouvre aujourd’hui un éventail de pratiques très hétérogènes) ;

sLes acteurs de la prévention (médecins généralistes, éduca-teurs, intervenants en milieu scolaire, policiers...) : ces différents acteurs ne sont pas une simple courroie de transmission, ils ont des formations, des objectifs, des croyances, des principes, qui leur sont propres et qui influencent dans une large mesure leurs activités ;

sLa réception de la prévention par le public. Comment les jeunes perçoivent-ils la prévention, ses messages, ses mesures et ses intervenants ? Parmi ces derniers, lesquels sont considérés comme compétents, comme dignes de confiance ?

34. Le concept de recherche translationnelle (ou recherche de transfert) repose sur l’idée que les promesses de la recherche fondamentale se traduisent rapidement par une amé-lioration de la santé des individus et des populations ainsi qu’une meilleure prise en charge des patients.

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Expertise collective Inserm : principes et méthode L’Expertise collective Inserm35 a pour mission d’établir un bilan des connaissances scientifiques sur un sujet donné dans le domaine de la santé à partir de l’analyse critique de la littérature scientifique internationale. Elle est réalisée à la demande d’institutions (minis-tères, organismes d’assurance maladie, agences sanitaires…) sou-haitant disposer des données récentes issues de la recherche utiles à leurs processus décisionnels en matière de politique publique.

L’expertise collective est une mission de l’Inserm depuis 1994.

Plus de soixante dix expertises collectives ont été réalisées dans de nombreux domaines de la santé. L’Inserm est garant des condi-tions dans lesquelles l’expertise est réalisée (pertinence des sources documentaires, qualification et indépendance des experts, transparence du processus) en accord avec sa Charte de l’expertise qui en définit la déontologie36.

Le Pôle Expertise Collective Inserm rattaché à l’Institut théma-tique multi-organismes Santé publique d’Aviesan37 assure la coordination scientifique et technique des expertises selon une procédure établie comprenant six étapes principales.

Instruction de la demande du commanditaire

La phase d’instruction permet de préciser la demande avec le commanditaire, de vérifier qu’il existe une littérature scientifique accessible sur la question posée et d’établir un cahier des charges qui définit le cadrage de l’expertise (périmètre et principales

35. Label déposé par l’Inserm

36. Charte de l’expertise Inserm accessible sur : http://extranet.inserm.fr/integrite-scien-tifique

37. Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé

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thématiques du sujet), sa durée et son budget à travers une convention signée entre le commanditaire et l’Inserm. La demande du commanditaire est traduite en questions scienti-fiques qui seront discutées et traitées par les experts.

Constitution d’un fonds documentaire

À partir de l’interrogation des bases de données bibliogra-phiques internationales et du repérage de la littérature grise (rapports institutionnels…), des articles et documents sont sélectionnés en fonction de leur pertinence pour répondre aux questions scientifiques du cahier des charges, puis sont remis aux experts. Ce fonds documentaire est actualisé durant l’exper-tise et complété par les experts selon leur champ de compé-tences.

Constitution du groupe multidisciplinaire d’experts Pour chaque expertise, un groupe d’experts de 10 à 15 personnes est constitué. Sa composition tient compte d’une part des domaines scientifiques requis pour analyser la bibliographie et répondre aux questions posées, et d’autre part de la complémen-tarité des approches et des disciplines.

Les experts sont choisis dans l’ensemble de la communauté scien-tifique française et parfois internationale. Ce choix se fonde sur leurs compétences scientifiques attestées par leurs publications dans des revues à comité de lecture et la reconnaissance par leurs pairs. Les experts doivent être indépendants du partenaire commanditaire de l’expertise et de groupes de pression reconnus.

Chaque expert doit compléter et signer avant le début de l’exper-tise une déclaration de lien d’intérêt conservée à l’Inserm.

La composition du groupe d’experts est validée par la Direction de l’Institut de santé publique d’Aviesan.

Le travail des experts dure de 12 à 18 mois selon le volume de littérature à analyser et la complexité du sujet.

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Analyse critique de la littérature par les experts

Au cours des réunions d’expertise, chaque expert est amené à présenter son analyse critique de la littérature qui est mise en débat dans le groupe. Cette analyse donne lieu à la rédaction des différents chapitres du rapport d’expertise dont l’articulation et la cohérence d’ensemble font l’objet d’une réflexion collective.

Des personnes extérieures au groupe d’experts peuvent être audi-tionnées pour apporter une approche ou un point de vue com-plémentaire. Selon la thématique, des rencontres avec les asso-ciations de la société civile peuvent être également organisées par le Pôle Expertise Collective afin de prendre connaissance des questions qui les préoccupent et des sources de données dont elles disposent.

Synthèse et recommandations

Une synthèse reprend les points essentiels de l’analyse de la littérature et en dégage les principaux constats et lignes de force.

La plupart des expertises collectives s’accompagnent de recom-mandations d’action ou de recherche destinées aux décideurs.

Les recommandations, formulées par le groupe d’experts, s’ap-puient sur un argumentaire scientifique issu de l’analyse. L’éva-luation de leur faisabilité et de leur acceptabilité sociale n’est généralement pas réalisée dans le cadre de la procédure d’exper-tise collective. Cette évaluation peut faire l’objet d’un autre type d’expertise.

Publication de l’expertise collective

Après remise au commanditaire, le rapport d’expertise constitué de l’analyse, de la synthèse et des recommandations, est publié par l’Inserm.

En accord avec le commanditaire, plusieurs actions de commu-nication peuvent être organisées : communiqué de presse,

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conférence de presse, colloque ouvert à différents acteurs concer-nés par le thème de l’expertise (associations de patients, profes-sionnels, chercheurs, institutions…).

Les rapports d’expertise sont disponibles en librairie et sont accessibles sur le site Internet de l’Inserm38. Par ailleurs, la col-lection complète est disponible sur iPubli39, le site d’accès libre aux collections documentaires de l’Inserm.

38. http://www.inserm.fr/index.php/thematiques/sante-publique/expertises-collectives 39. http://www.ipubli.inserm.fr

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Définition de la dépendance d’après le DSM-IV et la CIM-10

Définition de la dépendance d’après le DSM-IV40

DSM-IV : Au moins trois des manifestations, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois

1) Tolérance, définie par l’un des symptômes :

a. Besoin de quantités plus fortes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré

b. Effet nettement diminué en cas d’usage continu de la même quantité de substance 2) Manifestations de sevrage : a ou b :

a. Développement d’un syndrome spécifique dû à l’arrêt (ou à la réduction) de l’utilisation prolongée ou massive de la substance qui cause une souffrance significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel (ou autre) b. Consommation pour diminuer les symptômes de sevrage

3) La substance est prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu

4) Désir persistant, ou efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance

5) Beaucoup de temps passé pour obtenir la substance, à utiliser le produit ou à récupérer de ses effets

6) Activités sociales, professionnelles ou de loisirs importantes abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la substance

7) Utilisation de la substance poursuivie malgré des problèmes psychologiques ou physiques persistants susceptibles d’avoir été causés ou exacerbés par la substance

40. APA (AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition. Arlington, VA, American Psychiatric Association, 1994

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Définition de la dépendance d’après la CIM-1041

CIM-10 : Certains symptômes du trouble ont persisté au moins un mois ou sont survenus de façon répétée sur une période prolongée. Présence d’au moins trois des manifestations suivantes en même temps au cours de la dernière année

1) Désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance psychoactive 2) Difficultés à contrôler l’utilisation de la substance

3) Syndrome de sevrage physiologique quand le sujet diminue ou arrête la consommation d’une substance psychoactive, comme en témoignent la survenue d’un syndrome de sevrage caractéristique de la substance, ou l’utilisation de la substance pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage

4) Mise en évidence d’une tolérance aux effets de la substance psychoactive : le sujet a besoin d’une quantité plus importante de la substance pour obtenir l’effet désiré 5) Abandon progressif d’autres sources de plaisir et d’intérêt au profit de l’utilisation

de la substance psychoactive, et augmentation du temps passé à se procurer la substance, la consommer ou récupérer ses effets

6) Poursuite de la consommation de la substance malgré la survenue de conséquences manifestement nocives

41. WORLD HEALTH ORGANIZATION (WHO). The Tenth Revision of the International Classification of Diseases and Related Health Problems (ICD 10). Geneva, WHO, 1992

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COLLECTIVE

Conduites addictives chez les adolescents – Usages, prévention et accompagnement

Éditions Inserm, avril 2014, 500 pages, 40 € Collection Expertise collective

ISBN 978-2-85598-912-4

s,IBRAIRIES

s,AVOISIER www.lavoisier.fr

Pour tout renseignement Inserm

Département de l’information scientifique et de la communication 101, rue de Tolbiac

75654 Paris Cedex 13 Tél. : 01 44 23 60 78 Fax : 01 44 23 60 69 maryse.cournut@inserm.fr

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