Cette étude, menée en ollaboration ave Christophe Es udé, se proposait de déte ter des molé ules d'ADN peignées en atta hant des NCs à leurs extrémités. La déte tion de longues molé ules d'ADN (plusieurs kilobases) ave des NCs n'avait jamais été réalisée auparavant à notre onnaissan e. Ce mode de déte tion présente de nombreux avantages par rapport à une déte tionutilisantdesuorophoresorganiques, ommeuninter alant(YOYO-1)ouunemolé ule s'insérant dansun sillonde l'ADN(SYBR) :
•
Le photoblan himent des omposés organiques limite la duréed'observation desmolé ules d'ADN et onduit à leur assure. La durée d'observation des molé ules d'ADN peut être augmentéeenéliminantl'oxygèneprésentensolution. Néanmoins,laduréemaximale d'ob-servationrestelimitéeàquelquesminutes,et esystèmen'agitpasdanstoutesles onditions expérimentale s; sone a ité estpar exemple trèsréduite àdespH≥
8.•
L'intera ti onde esuorophoresave l'ADNestd'origineéle trostatique.Ilestdon ae té par la salinité de la solution utilisée. Nous avons observé que le YOYO-1 et le SYBR ne teintent plus l'ADN pour des on entrations de Mg2+
supérieures à 5 mM et en NaCl supérieuresà200mM.Or esionssontindispensablesàl'a tiondetrèsnombreusesenzymes et àleur étude.
•
Les molé ules d'ADN liées à des uorophores subissent des modi ations stru turelles, éle trostatiques et mé aniques. L'intera tion ADN-protéine dans es nouvelles onditions peut alors être modiée, voire empê hée [99,100℄.Dans lase tionsuivante, nousverronsque noussommes néanmoinsparvenus àobserver l'in-tera tion d'E oRV ave un ADN marqué au SYBR Gold. Nous nous sommes pla és dans des onditionsparti ulière spour ela. Eneet,nousn'avonspaseubesoin d'observerl'ADNde ma-nièreprolongée, etnousavonsutiliséunuorophore (leSYBRGold)quin'empê hepasl'a tion d'E oRV,dansdes onditionssalines ompatiblesave lavisualisation del'ADN(faiblesalinité, pas de Mg
2+
). Néanmoins, l'étude des intera tions ADN-protéines pourrait devenir probléma-tique ave d'autres protéines ou ave dessolutions utilisées diérentes, notamment en présen e d'ions Mg
2+
à des on entrations pro hes des on entrations ellulaires, de l'ordre de 10 mM. Notreméthodede déte tiondesmolé ulesd'ADNpermetde s'aran hirdesproblèmes réperto-riés i-dessus. Nous avonspour ela synthétisé desmolé ules d'ADN modiées himiquement à leurs extrémités.Aprèspeignage, esextrémitéspeuventêtre déte téesàl'aidedenano ristaux. Les ouleurs desNCsutilisés peuvent être diérentes, de manièreà déterminer l'orientation des molé ules.
Substrat ADN
La déte tion de molé ules d'ADN par des NCs né essite la on eption et la fabri ation de substrats d'ADN dont lesextrémités ont une anitéforte pour les NCs. Nousavonsdon ligué desfragmentsd'ADN(d'environ500kilobases) ontenant desnu léotides modiés (ave biotine ou digoxigénine) aux extrémités desmolé ules d'ADN d'intérêt. Après peignage, es fragments peuventensuiteêtrerévélésgrâ eàdesNCs ouvertsdestreptavidine(notésNCs-streptavidine) ou des NCs ouverts d'anti orps. Notre proto ole permet de ontrler la taille des fragments ligués, et ore également la possibilité d'in orpore r un nombre élevé et onnu de nu léotides modiés.Iladon étépréféréàd'autresproto olesplus ourts, ommelapolymérisationdire te, par une polymérase de Klenow, de quelquesnu léotides modiés aux extrémités desmolé ules d'ADN, qui ne présentaient pas es avantages. Le le teur trouvera les proto oles détaillés dans
l'arti le orrespondant enannexe.
Atta hement des NCs surles molé ules d'ADN peignées
Deux voies s'oraient à nous au début de e projet : atta her des NCs aux extrémités de l'ADNpuispeigner esmolé ules(1),oupro éderdansl'ordreinverseetatta herdesNCssurdes molé ulesdéjàpeignées(2).Laréalisationde(1)nousasembléprésenterdesobsta lesbeau oup plus grands que elle de (2). En eet, un nano ristal étant sus eptible de se lier ave plusieurs groupements biotine (pouvant appartenir à des extrémités de molé ules d'ADN diérentes), l'expérien e doit être onduite en large ex ès de NCs pour éviter le ross-linking desmolé ules d'ADN e quipose ledéli atproblème deleur puri ationultérieure. Deplus, ilest expérimen-talementdi ile detrouverdes onditionsdanslesquellesonpuissepeignerlesmolé ulesd'ADN tout en évitant une intera tion importante des NCs ave la surfa e. Une fois onçu et fabriqué l'ADNdé rit pré édemment ,le proto ole (2)ne présente plusqu'une di ulté : déterminer des onditions expérimentales dans lesquellesl'adsorption non-spé ique des NCs est la plus faible possible.
Traitement des lames ontre l'adsorption non spé ique des nano ristaux
(a) (b) (c)
Fig.12 Adsorption des nano ristaux-streptavidine 605nm sur des lamessans/ave traitement des lames ave une solution de aséine. Dans les 3 as les lames sont re ouver tes pendant 10 min de 100
µl
d'une solution de nano ristaux (à 2 nM dans le tampon Borate 40 mM pH 8.3, NaCl100mM)puisrin éesave letamponBorate40mMpH 8.3.(a)Enl'absen e detraitement préalable,lalamedeverre+polystyrèneest re ouvertedenano ristaux(b)Aprèsuntraitement de la lameave 1.5mg/ml de"Blo king Reagent",seuls quelquesspots denano ristauxsontvisibles surla surfa e ( )Quandle"Blo king Reagent" estenplusajouté(à0.3mg/ml) dansla solution de nano ristaux,l'adsorption non-spé ique des nano ristaux est quasiment supprimée.Enl'absen edetraitement,lesNCss'adsorbentmassivementsurlessurfa es,aussibien hydro-philes(lamedeverrenontraitée)qu'hydrophobes(lamedeverrere ouvertedepolystyrène).Une étape de traitement des surfa es est don né essaire. Les premiers essais utilisant des solutions diluéesdeBSAoule"tampond'in ubation"fournietre ommandéparQuantumDots Corpora-tionont onduitàdesrésultatspeu on luants. Enrevan he,l'utilisationde solutionsdiluéesde aséine ("Blo king Reagent", Ro he) supprime presque entièrement l'adsorption non-spé ique desnano ristauxsurlasurfa e (gure 12).
Résultats
Après in ubationet rinçage, noussommes parvenus àmarquer spé iquement les extrémités de l'ADN peigné. Des images réalisées à partir de molé ules d'ADN présentant une extrémité biotine, une extrémité digoxigénine, deux extrémités biotine ou une extrémité biotine et une extrémité digoxigénine sont représentées sur la gure 13. La gure 14 illustre la diéren e de photostabilitéd'unuorophoreorganique ommeleYOYO-1etdesnano ristaux.Lauores en e desmolé ulesd'ADNteintéesauYOYO-1 dé roîtprogressivementau oursdutemps,alorsque e n'est pasle aspour lesnano ristaux.
10 µm
Fig. 13 Déte tion des molé ules d'ADN peignées (images superposées d'ADN et NC). L'ADN estmarquéauYOYO-1(envert).Lesextrémitésbiotinesontdéte téesave desNCs-streptavidine 565 (D) ou 605 (A et C) (en rouge). Les extrémités digoxigénine sont déte tées ave de l'anti-digoxigénine desouris puis des NCanti-souris 655(B et D)(en bleu). Quatre types d'ADNont été utilisés : une extrémité biotine (A), une extrémité digoxigénine (B), deux extrémités biotine (C), une extrémité biotineet une extrémité digoxigénine (D)(barres : 10
µm
).10 µm
Fig.14 Observationsimultanée demolé ules d'ADNetdenano ristaux. Lesmolé ules d'ADN ont été liguées à deux extrémités biotine, marquées auYOYO-1et peignées. Les extrémités sont déte tées ave des nano ristaux streptavidine à 605 nm. Un lm de 60 images (temps d'exposi-tion: 1 s) est réalisé au moyen d'unltre d'émissionpasse-long.Comme lemontrentles images extraitesde e lm,la uores en e desmolé ules d'ADNmarquéesauYOYO-1diminueau ours dutemps (è hes) etnepeutplusêtre observée après quelquesdizainesdese ondes, alorsque les NCs (triangles) nesontsujets qu'à un lignotement intermittent.
Nousavonsdéterminé,pour haquetypede ouplage,l'e a itédedéte tiondel'ADNpeigné en olo alisantNCsetADNmarquéauSyBr.Lorsquel'ADNpossèdeuneseuleextrémitébiotine, environ60
%
desmolé ules peignéessont marquées ave un nano ristal. Dans 90%
des as, les NCs olo alisés ave l'extrémité d'une molé ule d'ADN sont situés à sonextrémité supérieure,qui est la première à s'être a ro hée à la surfa e pendant le pro essus de peignage. Cette observationsuggèrequelesextrémitésmodiéess'a ro hent demanièreprivilégiéeàlasurfa e. Un tel eet avait déjà été observé dans l'équipe ave des molé ules d'ADN liées à des triples-héli es[101℄.Lorsquel'ADNpossèdeuneextrémité digoxigénine,ladéte tions'estfaiteendeux étapes:l'ajoutd'anti-digoxigé ninedesourispuisdeNCsanti-souris.Làen ore,environ60
%
des molé ulespeignéessontmarquéesave unnano ristal,situédanslaplupartdes asàl'extrémité supérieure, omme pour le marquagebiotine.Lorsquelesdeuxextrémitésdel'ADNpossèdentunfragmentmodié,laproportionde molé- ules dont les deux extrémités sont olo alisées ave des NCs est d'environ 50
%
. Pour 40%
des molé ules, une seule extrémité estmarquée, les résultatsétant à nouveau omparables pour les deuxtypesdemarquage. Dansle asdumarquagemixtebiotine/digoxigénine, environlamoitié de es molé ules est marquée à son extrémité biotine, l'autre moitié à son extrémité digoxigé-nine.Cesrésultatssontrelativement ohérentsave laprobabilité dedéte tiondeP=60%
d'une seule extrémitémodiéemesuréepré édemment,qui méneraitàdesprobabilitésrespe tivement égales à 36%
et 48%
pour la déte tion de respe tivement deux et un NC(s) aux extrémités des molé ules d'ADN. Dans le as d'un marquage mixte, nousavons observé que les molé ules d'ADN s'étaient, dans 90%
des as, a ro hées initialement par l'extrémité digoxigénine pen-dant la phasede peignage. Les extrémités digoxigénine ont don une anité plus forte pour la surfa e queles extrémitésbiotine. Le faitquel'e a ité de déte tionmesurée soit del'ordre de 60%
, bien inférieure à 100%
, ne peut être expliquépar le rendement (supérieur à 95%
) de la ligation desfragmentsde PCRauxextrémitésdu plasmide linéarisé. Enrevan he, au un indi e expérimental ne permet d'établir ave ertitude que les molé ules d'ADN peignées onsidérées sont entières, lataille apparente demolé ules d'ADN peignées identiques étant soumise à d'im-portantesu tuations. Ilestdon possiblequ'unepartie desstatistiquesaitétéee tuéesurdes molé ulesnonentières,desortequel'e a itéréellededéte tiondesextrémitésmodiées pour-rait dépasserlesvaleurspré édentes. Enn, le lignotement fréquemment observé pour les spots situés aux extrémités des molé ules d'ADN indique que es spots sont généraleme nt omposés d'un ou dequelquesNCs.Nousavonsensuiteexaminédansquellemesurelesmolé ulesd'ADNpouvaientêtrelo alisées par l'analysedesimagesdeNCs,enrepérant lespairesdeNCs tellesque1) ladistan eentreles deux uorophores orrespondait à lalongueur de l'ADN peigné (soit3
µ
) et 2) leur orientation orrespondaitàladire tiondepeignage.Ledétaildelapro éduresuivieestexposédansl'arti le en annexe,lerésultat essentiel est quedansle as d'un marquage ave deux extrémitésbiotine, onretrouvedel'ADNentreles pairesdéte tées ave uneprobabilité de 96%
pour l'ADN.Cette probabilité est égaleà 63%
pour l'ADNmixte biotine-digoxigénine.Enn, l'ensemble du proto ole de marquage a été reproduit pour des molé ules d'ADN non plus peignées mais étirées. Nous avons malheureusement obtenus pour l'instant des résultats dé evants, sans qu'il nous soit possible de trouver la ause exa te de la faible proportion de molé ulesétirées marquées.