• Aucun résultat trouvé

Désorption thermique in situ et Désorption thermique en piles

2 TECHNOLOGIES DE RÉHABILITATION POUR LES SOLS CONTENANT DES

2.2 Récentes technologies de réhabilitation de site

2.2.2 Désorption thermique in situ et Désorption thermique en piles

La désorption thermique in situ et en piles sont deux technologies similaires. Cette dernière requiert l’excavation des sols alors que la première maintient les sols en place. Cette technologie utilise le chauffage par conduction thermique ainsi qu’un système d’aspiration des vapeurs pour traiter les contaminants organiques des sols. Un système d’éléments chauffants, alimentés à l’électricité, est méticuleusement positionné dans la zone contaminée et transmet de la chaleur aux sols. Cette chaleur se propage par conduction thermique. La température des éléments chauffants peut être facilement contrôlée et c’est pourquoi elle est ajustée selon les besoins, c’est-à-dire selon les contaminants en place. Elle peut atteindre jusqu’à environ 800 °C (Baker et autres, s. d.).

Les éléments chauffants sont généralement positionnés à la verticale dans la méthode in situ, alors qu’ils sont à l’horizontale pour la méthode en piles. Les figures 2.7 et 2.8 montrent des exemples de conception in situ et en piles, respectivement. La méthode en piles est constituée de rangées de sols entrecoupées d’éléments chauffants et d’un système de tuyauterie qui sert à injecter de l’air et à récupérer les vapeurs constituées d’eau et de contaminants volatilisés. Un système de recouvrement du lixiviat est installé sous les piles. Une membrane recouvre les piles pour capter les émissions qui ont échappé au système de captage des vapeurs. L’étage supérieur des piles sert d’isolation pour réduire les pertes de chaleur en cours de traitement. Un des avantages de la méthode en piles par rapport à la méthode in situ est que la durée de traitement est plus courte puisque les éléments chauffants sont plus près les uns des autres donc la chaleur est distribuée plus rapidement à travers les sols.

33 Figure 2.4 Exemple de conception de la désorption thermique in situ (Anonyme, s. d.b)

Figure 2.5 Exemple de conception de la désorption thermique en piles (Anonyme, s. d.b)

Dans la méthode typique in situ, les puits servant à capter la vapeur émettent également de la chaleur. Ces puits d’extraction représentent environ le quart de l’ensemble des éléments chauffants (Baker et autres, 2006). Au fil du traitement, la vapeur est acheminée vers les puits d’extraction. Dans l’environnement immédiat des puits d’extraction, la température des sols est particulièrement élevée (entre 500 et 600 °C), car il faut se rappeler que ces puits émettent également de la chaleur. Ainsi, les contaminants sont détruits par des réactions d’oxydation ou de pyrolyse lorsque ceux-ci passent par ces puits. Autrement, les contaminants peuvent être détruits sur place ou retirés des sols par vaporisation ou ébullition. Si les contaminants ne sont pas détruits in situ, ils sont acheminés vers le système de contrôle de la qualité de l’air pour être traités (Ibid.).

La conductivité thermique des sols varie très peu d’un type de sol à l’autre (Anonyme, 2009). Cela explique pourquoi la zone de traitement peut être chauffée de façon uniforme, autant à la verticale qu’à l’horizontale, indépendamment de l’hétérogénéité et du type de sol. La température d’ébullition des contaminants ciblés peut être atteinte sur l’ensemble de la zone traitée et peut être maintenue pendant plusieurs jours d’où l’efficacité du procédé (Anonyme, 2009; Baker et autres, s. d.).

Le tableau 2.13 montre une liste des avantages et inconvénients de la désorption thermique in situ ou en piles par rapport au site à l’étude.

34

Tableau 2.13 Avantages et inconvénients de la désorption thermique in-situ/en piles (Anonyme, s. d.b; Clemons, 2013)

Avantages Inconvénients

Peut traiter les sols uniformément autant à la verticale qu’à l’horizontale;

La matière organique des sols est brûlée. Les sols sont complètement déshydratés;

Peut s’appliquer sur tous les types de sols, même le silt et l’argile;

Destruction des micro-organismes dans la zone traitée;

Peut s’appliquer à n’importe quelle profondeur; Technologie énergivore.

Peut s’appliquer sur des sols hétérogènes;

Peut s’appliquer sur des sols saturés ou non saturés.

Par rapport aux traitements typiques par désorption thermique ou par incinération, les méthodes in situ ou en piles offrent des avantages non négligeables selon Baker et autres (2006). D’abord, ils peuvent traiter des matériaux de différentes grosseurs atteignant jusqu’à environ 0,3 m de diamètre, alors que les équipements pour les traitements thermiques typiques n’acceptent généralement que les matériaux d’un diamètre inférieur à 0,05 m. Cela réduit le volume de matériaux à être disposé. La conception en piles peut s’ajuster à des délais plus courts en augmentant le nombre de piles, par exemple. Pour les installations fixes, il est impossible de traiter plus de sols que la capacité des équipements. De plus, les coûts pour un traitement in situ ou en piles à l’échelle d’un site (quantité supérieure à 15 000 tonnes) sont estimés au tiers des coûts des technologies thermiques typiques, soit entre 110 $ et 330 $ par tonne.

La technologie de désorption thermique in situ et en piles a été testée à plusieurs reprises dans différentes conditions de sols, d’humidité et de contaminants. Un de ces projets est particulièrement intéressant pour le site à l’étude puisqu’il s’est déroulé sur un ancien site de traitement de bois à Alhambra en Californie. La technologie par désorption thermique in situ a été testée à l’échelle du site. Il s’agissait du plus grand projet de désorption thermique in situ jamais entrepris. Cette recherche a été menée entre 2002 et 2006 (Anonyme, s. d.c).

Les sols du site à l’étude étaient contaminés aux HAP (concentration maximum 35 000 mg/kg), PCP (concentration maximum de 58 mg/kg) et aux dioxines et furanes (concentration maximum de 0,194 mg/kg). La zone à traiter était d’une superficie d’environ 2800 m2 et le volume de sols à traiter d’environ 12 615 m3. Au total, 785 éléments chauffants ont été installés pour couvrir

35

l’ensemble du site. De ces 785 éléments, 131 servaient également à capter les vapeurs composées d’eau et de contaminants. L’ensemble du site a été recouvert d’une couche de ciment pour réduire les pertes de chaleur, pour servir de barrière aux vapeurs et pour limiter l’infiltration d’eau provenant des précipitations.

Au final, les températures cibles ont été atteintes dans la zone de traitement. Les sols ont été échantillonnés à 20 endroits. Les concentrations des contaminants ont surpassé les objectifs de réhabilitation. Les émissions atmosphériques, après traitement, étaient en deçà des limites permises.

Documents relatifs