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Déséquilibre entre vidéogrammes et multimédia

1. P RÉSENTATION DE L ’ IMAGE ANIMÉE

1.5. Déséquilibre entre vidéogrammes et multimédia

1.5.1. Assimilation des vidéogrammes à l’industrie des loisirs

Eclipsées par l’arrivée des ressources électroniques sur la scène documentaire, mises en avant par le secteur des loisirs, les images animées ont peiné à se faire une place dans les collections universitaires.

En 1998, période de la vidéocassette et d’émergence du multimédia, le rapport d’information n°59 (98-99) au nom de la commission des Finances de M. Jean-Philippe LACHENAUD au Sénat sur la situation des bibliothèques universitaires8, dans le sillage du rapport MIQUEL de 1988, entendait redonner une place de choix aux bibliothèques sur les campus. Il proposait entre autres de les doter de

« nouvelles technologies » et de documents « multimédia », en indiquant que

« leur image nouvelle doit être associée à la culture vivante », mais ne citait ni

« vidéogrammes », ni « œuvres audiovisuelles ».

Aujourd’hui, l’intérêt porté par l’administration centrale aux médias – ressources électroniques et multimédia – est toujours sensible. La préoccupation envers les contenus audiovisuels semble plus nuancée.

1.5.2. Engagement nuancé du Ministère de l’Education nationale

Lors de la journée d’études L’audiovisuel dans les bibliothèques universitaires, organisée par Images en Bibliothèques à la demande de bibliothèques universitaires en 1995, M. Claude JOLLY, sous-directeur des bibliothèques au Ministère de l’Education nationale9, avait indiqué que « l’administration centrale reconnaît le besoin d’images animées et de films documentaires, auxiliaires de certaines pratiques scientifiques ou pédagogiques (…). L’université a une palette

8 Disponible sur : <http://www.senat.fr/rap/r98-059/r98-059.html> [Consulté le 03/10/2005].

9 Nous désignerons ci-après la sous-direction des bibliothèques et de la documentation par son sigle « S.D.B.D. », et dénommerons le Ministère de l’Education nationale chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche « Ministère de l’Education nationale ».

de besoins extraordinairement divers, ce qui rend l’enjeu à la fois difficile et intéressant »10.

Le Ministère de l’Education nationale impose depuis peu l’étude de l’image animée dans les enseignements du secondaire, et programme des œuvres obligatoires aux épreuves du baccalauréat11 et de certains concours nationaux comme le CAPES ou l’Agrégation12. Mais en vertu du principe fondamental d’autonomie des universités13, il n’a pas vocation à se substituer aux établissements supérieurs, auxquels il appartient de mettre cette documentation à disposition de leur public.

Pour autant, s’il n’a pas mission d’intervenir directement sur les choix d’acquisitions des S.C.D., le Ministère de l’Education nationale œuvre à la promotion des ressources audiovisuelles14. Il s’engage sur de grands chantiers comme les « campus numériques »15 et l’intégration d’images animées sur les sites et portails.

Le Ministère délégué à la recherche propose par exemple à ses visiteurs internautes de visionner images animées en ligne, avec possibilité de gérer sa « bibliothèque

10 Images en Bibliothèques, L’audiovisuel dans les bibliothèques universitaires - état des lieux : compte-rendu de la journée d’étude du 20 novembre 1995.

11 Les œuvres audiovisuelles obligatoires dans les enseignements du secondaire sont énumérées sur

<http://crac.lbn.fr/image/> [Consulté le 12/10/2005]. Le programme des œuvres audiovisuelles obligatoires au baccalauréat est disponible en ligne sur : <http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/CinemaAV/quai.html> [Consulté le 12/10/2005], ou sur le portail interministériel pour l’Education artistique et culturelle :

<http://www.education.arts.culture.fr/> [Consulté le 14/11/2005].

12 Pour 2005-2006, voir le Bulletin Officiel du Ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, n°5, 19 mai 2005, volumes 1 et 2. Disponible sur

<ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/bo/2005/special5/special5_vol1.pdf> et

<ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/bo/2005/special5/special5_vol2.pdf> [Consultés le 02/11/2005] : ils comportent les bibliographies des ouvrages obligatoires, dont des œuvres audiovisuelles pour les CAPES et les Agrégations de langue.

13 Art. 20 de la loi dite « Savary » n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur, codifiée en 2000. Devenu l’article L 711-1 du Code de l’éducation, Livre VII, titre Ier, chapitre Ier: « Les établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel sont des établissements nationaux d'enseignement supérieur et de recherche jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie pédagogique et scientifique, administrative et financière ». Texte disponible sur : <http://www.amue.fr/TextesRef/TextesRef.asp?Id=226> [Consulté le 12/11/2005] et Code de l’éducation disponible sur : <http://www.education.gouv.fr/ram/educd/codedajtest/code.htm> [Consulté le 12/11/2005].

14 A titre de comparaison, la Direction du livre et de la lecture (D.L.L.) du Ministère de la Culture a officiellement transféré sa gestion à l’association Images en Bibliothèques, et ne conserve plus d’archives sur le sujet dans sa bibliothèque ministérielle depuis deux ans.

15 Le projet « Campus numériques » est détaillé au paragraphe 2.1.4.5 « Un enjeu d’avenir : les ressources pédagogiques sur les campus numériques ».

multimédia »16. Il soutient aussi des projets tels que l’Université en ligne – Premier cycle sur mesure, un ensemble de ressources multimédia qui s’adresse aux étudiants et enseignants de premier cycle scientifique17.

Le Ministère de l’Education nationale s’engage également dans la fourniture d’information et de ressources audiovisuelles pour les bibliothèques universitaires.

Le site Internet <http://www.educnet.education.fr> vise à « généraliser l’usage des [technologies de l’information et de la communication] dans l’éducation ». Le centre de ressources et d’information sur les multimédias pour l’enseignement supérieur (CERIMES/S.F.R.S.) propose un catalogue de ressources audiovisuelles.

Le CERIMES a pour mission « de faciliter l’accès des enseignants, chercheurs et étudiants de l’enseignement supérieur aux ressources multimédias (textuelles, iconographiques, sonores) et de les aider à les intégrer dans l’enseignement. A ce titre, il participe au repérage de ces ressources, à leur organisation et leur indexation, leur gestion, leur diffusion et leur valorisation, en particulier en ce qui concerne les ressources produites par les établissements d'enseignement supérieur et de recherche ; de produire ou coproduire des documents audiovisuels ou multimédias à la demande d'enseignants ou de chercheurs ; d’informer sur les dispositifs de formation de l'enseignement supérieur en présence ou à distance ; d’apporter aux établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche une expertise technique et juridique en matière de production et de diffusion de ressources »18.

Cet engagement est inégal. Par exemple, la direction de l’enseignement supérieur ne fait pas figurer les ressources audiovisuelles en S.C.D. dans les catégories de l’enquête statistique générale auprès des bibliothèques universitaires (E.S.G.B.U.), qui décrit les collections des S.C.D. dans ses statistiques.

16 Colloques, conférences de presse et programmes télévisuels du projet "La science avance" sont accessibles librement depuis le site : <http://www.recherche.gouv.fr> [Consulté le 12/11/2005].

17 Disponible sur : <http://www.uel.education.fr/consultation/presentation/index.html> [Consulté le 12/11/2005].

18 Le CERIMES est un service associé au Centre national de documentation pédagogique (CNDP) et placé sous la tutelle de la Direction de la technologie du Ministère de l’Education nationale. Le Service du film de recherche scientifique (S.F.R.S.), créé en 1954, et anciennement régi par le décret n° 93-717 du 25 mars 1993, est devenu officiellement le CERIMES aux termes du décret n°2005-995 du 17 août 2005. L’adresse de son site Internet est :

<http://www.cerimes.education.fr/> [Consulté le 03/09/2005].

Malgré les renseignements fournis par les S.C.D. sur la documentation audiovisuelle, l’annuaire des bibliothèques universitaires (A.S.I.B.U.) n’identifie pas les images animées parmi les supports « autres » que les « livres » et

« périodiques ». Et malgré l’option prévue à cet effet, sa version en ligne ne permet pas encore de connaître la diversité de ces collections19.

Enfin, les S.C.D. expriment le souhait de voir le Ministère de l’Education nationale négocier les droits nécessaires à l’acquisition de documents audiovisuels inscrits aux programmes des concours du CAPES et de l’Agrégation. Chaque année des œuvres obligatoires manquent à l’appel dans les collections des bibliothèques universitaires.

L’encadrement de négociations entre les universités et les producteurs ou les structures de diffusion semblent à la portée de l’administration centrale et sans contradiction avec ses missions.

Cette attente avait déjà été exprimée lors de la journée d’étude de 1995 organisée par Images en Bibliothèques20. Mais des trois pistes de travail alors proposées par Claude JOLLY, – la première sur une association au Ministère de la Culture pour acheter les droits de diffusion pour des documents ensuite proposés aux S.C.D. par catalogue, la deuxième sur la possibilité pour le ministère de négocier des accords-cadres et des conventions avec de grandes sources reconnues institutionnelles, et la troisième sur un élargissement aux bibliothèques relevant de l’enseignement supérieur des droits de diffusion de films et vidéocassettes obtenus pour les établissement scolaires grâce à des accords passés entre la S.D.B.D. et des producteurs –, aucune n’a abouti aujourd’hui. C’est pourtant une priorité qui, deviendra plus aiguë avec l’intégration envisagée des I.U.F.M. par les universités.

19 Ces documents sont consultables sous format papier – Ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Annuaire des bibliothèques universitaires (A.S.I.B.U.) 2003, la documentation française, Paris, 2005 –, et sur le site Internet : <http://www.sup.adc.education.fr/asibu/> [Consulté le 02/12/2005].

20 Voir le compte-rendu de l’entretien avec Mme Dominique MARGOT d’Images en Bibliothèques joint en annexe.