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Chapitre 4. Étude du transport des poussières

4.2. Caractérisation d’un plasma d’argon

4.2.2. Dérive des ions

Dans cette section, nous estimons les vitesses de dérive à la hauteur z ≈ 30 mm. Ici, nous ne considérons que les dérives ioniques électrique et magnétique:

• Dérive électrique: Dans la première partie de ce chapitre, nous avons considéré que ~B = By(z). ~ey. De cette façon, nous pouvons estimer que:

~vE×B = –Ez

B (4.2.1)

• La dérive magnétique: Dans notre configuration magnétique, la dérive magnétique est composée d’une contribution associée au rayon de courbure et d’une contribution associée au gradient du ~B. Dans la fenêtre d’observation, nous avons supposé que ~

B = By(z). ~ey. Une telle condition implique que le rayon de courbure Rc est infini, et

donc que la dérive associée aussi. Nous prenons donc:

~vB = ~v∇B = ±µ e ~

B × ~∇B

B2 (4.2.2)

Nous rappelons que µ = Ec,⊥/B avec Ec,⊥ = 12miv2. Dans le cas présent, afin d’estimer la vitesse de dérive magnétique, nous posons que v est égale la vitesse thermique des ions vth,i =

q

8kBTi

πmi ≈ 1100 m.s–1. Les vitesses de dérives estimées sont représentées sur la figure

4.12:

(a) (b)

Fig. 4.12. Évolution des vitesses de dérives des ions (électrique: rouge; magnétique: noir; totale: bleu) en fonction de x à (a) 1 mTorr et (b) 0,5 mTorr en plasma d’argon, à la position z ≈ 30 mm.

L’estimation des vitesses de dérive des poussières à 1 mTorr et 0,5 mTorr d’argon sont respectivement représentées sur les figures 4.12a et 4.12b. Quelle que soit la pression, la vitesse de dérive totale est positive (dirigée vers les x positifs) et donc, dans les deux cas, la vitesse de dérive électrique l’emporte sur la vitesse de dérive magnétique. Enfin, la vitesse de dérive magnétique est de l’ordre de 420 m.s–1, bien inférieure à la vitesse thermique. Donc, à z ≈ 30 mm l’approximation du centre guide semble vérifiée, ce qui justifie a posteriori la prise en compte de la dérive magnétique pour les ions.

Encore une fois ces résultats sont en accord avec le modèle présenté dans la section 4.1.4. Il convient de vérifier que le sens de la dérive est orienté dans le même sens que celui prédit par nos estimations. Pour cela, nous utilisons une sonde de Mach. Ce diagnostic permet de déterminer si une dérive des ions existe et quelle est son orientation. La sonde est disposée de façon à mesurer la dérive des ions suivant l’axe x. La sonde est polarisée à –140 V afin de collecter uniquement des ions. If,x<0 et If,x>0 correspondent respectivement aux courants mesurés par la face orientée vers les x négatifs et les x positifs. Si |If,x<0| > |If,x>0| alors la dérive des ions est dirigée vers les x positifs et inversement. Les résultats sont présentés sur la figure 4.13

Les figures 4.13a, 4.13b, 4.13c, 4.13d et 4.13e représentent respectivement les mesures de courants ioniques en fonction de z, effectuées en x = 25, 40, 55, 70 et 85 cm. Les courbes en "tirets" et en pointillés sont respectivement faites à 0,5 mTorr et à 1 mTorr d’argon. Enfin, If,x<0 et If,x>0 correspondent respectivement aux courants mesurés par l’électrode orientée vers les x négatifs (symboles + et ×) et les x positifs ( symboles o et ∗).

Nous remarquons que toutes les mesures à 1 mTorr ont un profil similaire, quelle que soit l’électrode de mesure. Nous attribuons ces légères différences à l’erreur de mesure. S’il existe une dérive ionique à 1 mTorr nous ne pouvons la détecter à l’aide de notre sonde. En revanche, à 0,5 mTorr d’argon, nous constatons que l’intensité du courant ionique mesurée dépend fortement de l’électrode de mesure. En effet, nous observons un fort écart de courant aux environs de z = 30 mm, où l’inégalité |If,x<0| < |If,x>0| est toujours vérifiée. Nous concluons qu’à 0,5 mTorr d’argon, il existe une dérive ionique orientée vers les x négatifs (vers l’injection micro-onde) en z ≈ 30 mm, soit une vitesse de dérive ionique vd < 0.

Cette observation nous montre qu’à 0,5 mTorr d’argon il doit exister une dérive plus importante que la dérive ~E × ~B. En effet, si seules v~E×~B et v∇B~ étaient responsables de la

(a) (b)

(c) (d)

(e)

Fig. 4.13. Comparaison de courants ionique mesurés sur chaque face d’une sonde de Mach à 0,5 mTorr et 1 mTorr d’argon. Les mesures sont faites en (a) x = 25 cm, (b) x = 40 cm, (c) x = 55 cm, (d) x = 70 cm et (e) x = 85 cm. If,x<0 et If,x>0 correspondent respectivement aux courants mesurés par l’électrode orientée vers les x négatifs (symboles + et ×) et les x positifs ( symboles o et ∗).

dérive des ions, nous aurions mesuré vd > 0. Il doit donc exister une autre dérive permettant d’expliquer nos mesures. En effet, nous avons négligé la dérive ionique associée au rayon de courbure en le considérant infini. Comme la dérive ~B × ~∇B, celle-ci entraine les ions en direction des x négatifs (si Rc< 0). Une modélisation des lignes de champ magnétique nous

permettrait ainsi de voir si celle-ci pourrait expliquer nos mesures.

Pour résumer, à 1 mTorr, il doit exister une dérive vα ≈ v~E×~B– v∇B~ , ce qui entraine

une dérive totale vd ≈ 0. À 0,5 mTorr, cette dérive doit s’amplifier et permettre d’obtenir l’inégalité vα > v~E×~B– v∇B~ .

Enfin, ces mesures nous montrent que le modèle que nous avons adapté de Maemura et al. [87] n’est pas transposable à notre étude en argon et ne nous permet pas d’expliquer le transport des poussières suivant x. En effet, celui-ci suppose que la dérive des ions est produite par un champ ambipolaire généré par la dérive électrique des électrons magnétisés. Transposé à notre étude, nous déduisions qu’une compétition doit exister entre la force de trainée ionique et la force électrique, le long de l’axe x. Ainsi, bien que nous mesurions effectivement un champ Ex orienté dans le sens des x positifs, celui-ci ne semble pas suffisant

pour entrainer les ions dans cette direction. Nos mesures en argon montrent que, pour x < 70 cm, la force électrique ainsi que la force de trainée ionique sont orientées dans la même direction. Cependant, les faibles valeurs mesurées de Ex nous questionnent quant à

la possibilité de la force électrique de transporter les poussières. La partie suivante est donc dédiée à l’estimation des forces s’appliquant à une poussière isolé dans un plasma d’argon à 0,5 mTorr.

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