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II. LE DEPASSEMENT DES DISCOURS PAR L’ECRITURE 84

II. 1. Hampâté Bâ, un homme qu’on ne peut enfermer 84

II.1.1. Dépassement de la Négritude 85

Tout d'abord, nous allons voir comment procède le dépassement du discours de la Négritude dans Amkoullel, l'enfant peul et Oui mon commandant ! Ainsi que nous l'avons démontré lors de notre travail sur la mise en scène de l'interculturalité dans L'Etrange destin

de Wangrin, Hampâté Bâ refuse toute vision binaire concernant le phénomène colonial, et

même de manière plus générale dans son approche des faits quels qu'ils soient. Cette approche est bien sûr influencée par les enseignements spirituels animistes et musulmans qui considèrent qu'en chaque chose, chaque être, cohabitent une face visible et une face invisible. En outre, sa grande élévation mystique ne lui permet pas de considérer les hommes selon une vision strictement manichéenne. En ce sens, il dépasse donc le discours anticolonialiste de la Négritude, qui rejette en bloc la colonisation, en instaurant une forme de rupture, thématique, intellectuelle et langagière. Cette rupture trouve son expression en poésie, largement inspirée par le mouvement surréaliste, dans laquelle le poète, tel Senghor, exprime son refus de l'assimilation et célèbre ses origines. En parallèle, des textes comme Discours sur le

colonialisme, d'Aimé Césaire, adoptent la forme du pamphlet dans le but d'haranguer la

communauté noire à se dégager du joug colonial. Ce bref aperçu de quelques formes qu'ont pu prendre les écrits de la Négritude signale bien l'écart entre la démarche d'Hampâté Bâ et celle de deux grands penseurs de la Négritude, Césaire et Senghor. En effet, l'approche d'Hampâté Bâ est toute en nuances, avec divers niveaux de lecture, comme dans la littérature orale traditionnelle. Notre étude se concentrera sur quatre points majeurs qui permettront d'appréhender le dépassement du discours essentialiste et radical de la Négritude qui sont : la

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présentation du fait colonial sous un angle "positif" –ce qui ne veut bien sûr pas dire qu'il l'est entièrement– avec la mise en avant de la capacité de résistance de la part des Africains, qui n'ont pas fait que subir la colonisation. Dans un second temps nous nous attacherons à présenter les divers interprètes qui jalonnent le récit, car ce sont eux qui permettent en grande partie de modifier le système colonial du fait de leur statut. La représentation de la guerre 14/18 nous a semblé révélatrice de cette même démarche, car en plus d'introduire une rupture dans la chaîne de transmission des traditions orales, elle provoque un changement dans les relations entre populations locales et administration coloniale. Enfin, l'évocation de l'école se fait sur un mode propre à Hampâté Bâ que nous tenterons de mettre en exergue.

Comme nous l'avons constaté dans la première partie de notre étude, les mémoires d'Hampâté Bâ sont le lieu d'une dénonciation des travers du colonialisme et en cela il rejoint la pensée des grands intellectuels de la Négritude. Cependant cette dénonciation s'accompagne d'un regard faisant preuve de beaucoup plus de relativisme qui tranche radicalement avec les discours anticoloniaux. En effet, une des premières choses qui frappe le lecteur, est que le fait colonial n'est pas présenté comme étant l'apanage de la civilisation occidentale. Dans la première partie du récit, et en particulier dans "Racines", l'auteur expose très clairement les rivalités entre les différentes ethnies, les relations hiérarchiques qu'elles entretiennent entre elles avec des phénomènes de domination de l'une sur l'autre. Ceci est tout à fait surprenant pour l'époque puisque rares sont les auteurs qui proposent une vision nuancée de l'Afrique précoloniale, beaucoup la décrivant de manière assez idéalisée, dans une célébration des origines, comme chez Camara Laye ou Senghor par exemple. Hampâté Bâ, quant à lui, va présenter le fait colonial sous certains de ses aspects qu'il juge positifs. En effet, il incombe leur part de responsabilité à certains chefs qui se sont alliés avec les Occidentaux lors de la pénétration dans l'arrière pays. En outre, Hampâté Bâ met en relief le rôle, en tant qu'adjuvants, de certains fonctionnaires coloniaux indigènes. C'est par exemple le cas de Bara Diem, un Toucouleur venu du Sénégal. L'histoire de ce dernier est relatée dans le cadre d'un épisode sur les travaux forcés, et en particulier en territoire mossi. Le narrateur est encore en route pour rejoindre Ouagadougou, et se trouve au niveau de Yako. Les habitants de la ville de Yako, des Mossis donc,

« […] refusaient de s'offrir sans résistance pour un travail qu'ils jugeaient dégradant et inutile. Pour eux, le conquérant blanc avait inventé ces histoires de routes larges de huit coudées qu'il fallait ouvrir à travers la forêt, creuser dans la rocaille puis damner à la main pour en durcir la surface, uniquement pour tracasser le peuple et lui prouver sa vassalité. Les empereurs mossis et leurs dignitaires

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partageaient ce point de vue. Ils encourageaient en sous-main à saboter les travaux, et il n'était pas rare que les responsables des chantiers soient retrouvés empoisonnés ou descendus froidement par les habitants. »139

Cet extrait illustre bien deux faits. D'une part, le narrateur met en exergue la résistance, voire l'insurrection, dont font preuve les habitants de Yako, et les Mossis en général, le Mogho Naba lui-même, cautionnant les actes de malversations. D'autre part, suivant ce que nous avancions plus haut, les travaux forcés, en particulier la construction d'infrastructures, n'est pas jugée nécessaire, voire inutile pour les habitants des localités, puisque ces derniers ne disposent pas de moyens de locomotion leur permettant d'utiliser ces mêmes routes. Le chapitre, d'ailleurs intitulé "Un surveillant féroce", met en avant la collaboration entre Bara Dem et les autorités françaises qui n'arrivent pas à se faire obéir dans ce cercle. Ce dernier étant Toucouleur n'a aucune considération pour les Mossis, raison pour laquelle il accepte la collaboration avec les autorités. Signalons au passage qu'il parvient même à négocier son aide en posant trois conditions :

« -un : il recruterait lui-même de force tous les manœuvres dont il aurait besoin, avec droit de punir séance tenante toute résistance ou connivence de sabotage qu'il constaterait ou même soupçonnerait ; -deux : il se ferait assister par dix hommes qu'il choisirait lui-même ;

-trois : lui et ses auxiliaires seraient armés et auraient le droit de faire usage de leurs armes pour se défendre légitimement.

C'était à prendre ou à laisser… Etant donné l'intérêt que représentait la réalisation de routes à travers les territoires, aussi bien pour le déplacement que pour l'acheminement des marchandises et des matières premières au profit des grosses sociétés commerciales françaises de la place, Bara Dem fut investit de tous les pouvoirs qu'il avait demandés. De toutes les routes à créer, celle qui reliait Ouahigouya à Ouagadougou en passant par Yako était la plus urgente en raison d'un voyage envisagé par le gouverneur du Soudan, mais aussi la plus difficile à réaliser. »140

Cet extrait va à contre-sens de l'opinion que l'on a des rapports entre les autorités coloniales et les indigènes. Ici, c'est Bara Dem qui est en position de force, l'administration étant pressée par la venue du gouverneur. Celle-ci lui donne alors carte-blanche, faisant fi de ses nobles idées concernant le rendu de la justice, de la liberté et surtout de l'idée de progrès qu'elle est censée apporter en Afrique. La manière dont les autorités françaises collaborent avec Bara Dem est arbitraire. Elles n'ont aucun droit de regard sur le comportement de ce dernier avec

139

A. H. Bâ. Oui mon commandant !, ed. cit., pp.104,105.

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les habitants de Yako, alors qu’il se révèle être un dictateur. En outre, ce qui ressort de la deuxième partie de l'extrait, est l'aspect strictement économique de l'intérêt de la construction de cette route, voulu par le diktat des chambres de commerce. Bara Dem, omnipotent peut donc laisser libre cours à sa cruauté envers les Mossis de Yako, puisqu'il peut les brutaliser sans raison apparente. Les Mossis, ainsi que le précise le narrateur,

« […] n'avaient jamais été des tendres. Ils refusèrent catégoriquement de livrer la main-d'œuvre et envoyèrent dire à Bara Dem de ne pas s'aviser de venir à Yako pour quelque motif que ce soit, et surtout pour créer une route fantaisiste dont ils n'avaient nul besoin. »141

Bara Dem, loin de se laisser impressionner, prend en otage le chef du village, de manière à rameuter le maximum d'habitants venus lui porter secours. Il va même jusqu'à suspendre un des notables qui avait voulu fanfaronner « à un piquet comme une vulgaire outre d'eau »142 et ordonne à ses sbires de tirer sur quiconque tenterait de le délivrer. Après avoir instauré un tel climat de terreur, Bara Dem parvint à faire exécuter le chantier, réalisation ellipsée par le narrateur. En effet, ce qui compte pour lui, c'est d'illustrer « comment, à l'époque étaient réalisés par la population certains grands travaux déclarés "d'intérêt général" pour le développement de la colonie, et comment certains Africains se firent parfois les instruments dévoués, voire cruels, de cette politique. »143

Toujours au sujet de l'originalité d'Hampâté Bâ dans sa présentation du fait colonial, qui comme nous l'avons dit passe par la critique de certains Blancs-Noirs et la mise en exergue de la résistance des populations, on peut signaler que les rapports entre les cultures ne sont pas unilatéraux. En effet, la colonisation est souvent pensée –et à juste titre– comme subie par les Africains, repliés sur leurs traditions. Hampâté Bâ nous apprend à nuancer ce point de vue. Les représentations qu'il en donne illustrent bien les rapports d'interpénétration entre les cultures qu'on ne peut considérer comme des blocs homogènes. Il présente des disparités dans l'un et l'autre –nous y reviendrons lorsque nous aborderons le métissage– et surtout montre comment la colonisation a dû, malgré elle, s'adapter aux territoires occupés, à leurs peuples, coutumes etc. L'atout majeur en faveur des Africains est probablement l'interprète. En effet, ainsi que nous l'avons démontré dans notre travail sur L'Etrange destin

de Wangrin, le contexte linguistique hétérogène nécessite, que ce soit pour l'administration

coloniale ou les populations, de passer par le truchement d'un interprète qui peut, selon son

141 A. H. Bâ. Oui mon commandant !, ed. cit., pp.105,106. 142

A. H. Bâ. Oui mon commandant !, ed. cit., p.107.

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bon gré, transmettre le message, ou bien en modifier le contenu. Pour Wangrin, c'est bien la maîtrise de diverses langues et des codes socioculturels rattachés qui lui permet d'avoir une trajectoire pareille dans une société coloniale où les indigènes n'ont habituellement pas cette chance. On retrouve des similitudes dans les Mémoires d'Hampâté Bâ. En effet, dès l'instant où il côtoie l'école coloniale et donc la langue française, il peut se venger de Koniba Konala. Et c'est ainsi que lors de sa première rencontre avec le commandant, il pressent l'importance d'acquérir le français, afin dit-il de pouvoir communiquer directement avec le commandant. Le jeune Amkoullel comprend même à ce stade de sa vie, que c'est son unique chance d'espérer un jour être chef.

La figure de l'interprète, qu'endosse à certains moments le narrateur, joue un rôle important dans le récit, comme dans la société qui lui sert de cadre. La première anecdote dans laquelle ce fait est mis en relief, non sans humour, est le chapitre "La déclaration de guerre". En effet, le quatorze juillet est l'occasion d'un grand défilé à la gloire de la France. Une célèbre griote, dénommée Flateni, accompagne la retraite aux flambeaux, célébrant des hauts faits de guerre.

« Ses chants tiraient des larmes aux plus endurcis. Mais il arrivait aussi qu'ils les fassent pleurer de rire car elle n'était pas tendre avec les toubabs, "peaux allumées" et "gobeurs d'œufs". Heureusement, les dignitaires coloniaux ne comprenaient pas le peul ! La population ne pouvait faire autrement que de subir la colonisation, mais chaque fois qu'elle le pouvait, elle se payait largement la tête des colonisateurs, à leur nez et à leur barbe ! »144

Ici, c'est bien parce que la griote Flateni s'exprime en peul, langue que les autorités coloniales ne parlent pas, qu'elle peut se moquer quasiment ouvertement des Blancs, ce dont elle ne se prive pas. Ce fait n'est pas présenté de manière isolée dans le récit, on retrouve plus loin un autre passage semblable. Hampâté Bâ est alors en poste à Ouagadougou lorsqu'arrive un nouvel administrateur pour remplacer J. Sylvandre jusque là son supérieur, et receveur de l'Enregistrement, un dénommé Teyssier. Ce dernier est surnommé par les Mossis Touk-toïga, c'est-à-dire "Porte-baobab" à la suite d'un évènement demeuré célèbre dans le pays. Lui aussi s'acharne à construire des routes à travers le pays, et un beau jour, alors qu'un gigantesque baobab se trouve sur le tracé du chantier, il ordonne de couper l'arbre séculaire. Cette décision, surprenante pour les Mossis –on imagine qu'il eût été plus simple et plus rapide de contourner l'arbre– ordonne de le couper et de le transporter à dos d'hommes. Le travail se fait

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« à la façon africaine, […] au son des tam-tams, des flûtes et des violons. »145 C'est donc l'occasion pour les travailleurs de composer un chant en mooré quelque peu moqueur sur la personne de Teyssier.

Pour ce qui est de l'interprète en lui-même, qui évidemment cristallise ce pouvoir lié à la maîtrise des langues, on peut relever ce passage qui illustre la manière dont il peut infléchir la logique ou le fonctionnement de l'administration. Alors qu'Hampâté Bâ fait route vers Ouagadougou, il doit faire signer des documents du fait de son statut de "rebelle", pour attester qu'il se rende bien à Ouagadougou. Le petit commandant fait quelques difficultés à le lui signer, lui posant une foule de questions sur sa situation. Le secrétaire du grand commandant, un peul dénommé Alfadi Cissé, récupère les papiers et les lui remet quelques minutes plus tard ce qui fait dire au narrateur:

« Je compris alors combien un secrétaire, ou un interprète, pouvaient changer la tournure d'une affaire. En fait, grâce à lui j'avais échappé à un grand danger, car si j'avais dû revoir le petit commandant, celui- ci aurait sans doute –comme cela se produisait fréquemment– essayé de me faire sortir de mes gonds en me disant les choses les plus désagréables, voire insultantes, jusqu'à ce que je profère une impolitesse ou des paroles imprudentes. Et là, il aurait eu un bon prétexte pour me causer les plus grands ennuis. »146

Nous ne nous attarderons pas sur le rôle et le statut de l'interprète dans les mémoires, Wangrin étant probablement le parfait exemple de réussite pour cette catégorie de Blancs-noirs. 147 Que ce soit Wangrin, ou son ami Hampâté Bâ, tous deux ont appris le français lors de leur passage à l'école coloniale.

L'école donc, bien que perturbant la société traditionnelle –le premier jour d'école Amkoullel change de place avec le fils du chef, ne pouvant, au regard des règles coutumières, se trouver devant lui, se fait fortement réprimander par le maître qui lui intime de regagner sa place, les traditions n'ayant pas leur place à l'école française– joue néanmoins un rôle positif et cela est mis en valeur dans le récit. Ceci peut paraître paradoxal, car nous avons vu qu'elle coupait également les enfants de leur milieu traditionnel et véhiculait l'idéologie progressiste de la colonisation. Le premier aspect positif qui découle directement de ce que nous venons de souligner, est le fait qu'elle soit le lieu de l'acquisition de la langue française, ce qui pour Hampâté Bâ, est un formidable outil d'émancipation.

145 A. H. Bâ. Oui mon commandant !, ed. cit., p.166. 146 A. H. Bâ. Oui mon commandant !, ed. cit., p.60. 147

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« A l'école nous apprenions surtout –avec des maîtres remarquables, il est vrai– les rudiments de l'arithmétique, l'écriture et la langue française, un peu de littérature classique, et surtout l'histoire de France et une certaine version de l'histoire coloniale. Ces quelques années eurent cependant l'immense mérite de me fournir pour l'avenir, en plus d'une bonne formation de base pour mon travail administratif, l'outil inestimable de l'écriture et de l'expression dans une langue de communication universelle. »148

Cette description de l'école est faite tout en nuances par le narrateur. D'un côté, il souligne l'aspect idéologique concernant le regard porté sur leur propre histoire, qu'il ne semble pas condamner car il dispose des outils nécessaires pour dépasser cette vision. D'un autre côté, ce qui prend largement le dessus grâce au vocabulaire mélioratif qui est utilisé, il insiste sur le talent de ses professeurs, et surtout sur l'ascenseur qu'est la langue française, synonyme d'ouverture au monde. On peut signaler à ce sujet, la position d'Hampâté Bâ. Pour lui, il est tout à fait normal et logique que le français soit la langue véhiculaire face aux différentes langues vernaculaires que sont le Peul, le Bambara, le Mooré, etc. Elle a non seulement une grande connotation universelle, ainsi qu'il l'exprime dans l'extrait précédent, mais elle permet aussi de ne pas mettre en concurrence les langues locales. En effet, au vu des rivalités entre les différentes ethnies, elle permet la communication dans toute l'Afrique de l'Ouest, avec l'Europe sans qu'une ou l'autre ethnie ne soit mise au dessus des autres. Lui, comme Wangrin, tire une fierté d'aller à l'école et d'apprendre de nouvelles choses. Elle n'est pas source d'acculturation comme nous l'avons vu pour le jeune Samba Diallo, dans L'Aventure ambigüe. Voici le bilan qu'il tire de ses passages à l'école coloniale :

« Une entreprise de colonisation n'est jamais un entreprise philanthropique, sinon en paroles. L'un des buts de toute colonisation, sous quelques cieux et en quelque époque que ce soit, a toujours été de commencer par défricher le terrain conquis, car on ne sème bien ni dans un terrain planté ni dans la jachère. Il faut d'abord arracher des esprits, comme des mauvaises herbes, les valeurs, coutumes et cultures locales pour pouvoir y semer à leur place les valeurs, les coutumes et la culture du colonisateur, considérées comme supérieures et seules valables. Et quel meilleur moyen d'y parvenir que l'école? Mais, comme il est dit dans Kaïdara, toute chose a nécessairement une face diurne et une face nocturne. Rien, en ce bas monde, n'est jamais mauvais de A à Z et la colonisation eut aussi des aspects positifs, qui ne nous étaient peut-être pas destinés à l'origine mais dont nous avons hérité et qu'il appartient d'utiliser au mieux. Parmi eux, je citerai surtout l'héritage de la langue du colonisateur en tant qu'instrument précieux de communication entre ethnies qui ne parlaient pas la même langue et moyen

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d'ouverture sur le monde extérieur –à condition de ne pas laisser mourir les langues locales, qui sont le