II. Procédés technologiques développés
4. Dépôt du diélectrique sous test et réalisation des vias
a. Différentes voies de dépôt
Les différentes techniques de dépôt peuvent être classées en deux catégories : soit physiques,
soit chimiques. Pour les premières, il s’agit d’un transfert du matériau ou des éléments simples à
déposer vers le substrat. Il s’agit de techniques dites « PVD » pour « Physical Vapor Deposition ».
On rencontre l’évaporation sous vide, l’épitaxie par jets moléculaires, la pulvérisation cathodique et
l’ion plating. Elles se déroulent en trois étapes : sublimation de la cible de même composition que
le dépôt, transport en phase gazeuse avec ou sans collisions et condensation des espèces sur le
substrat. Les secondes techniques reposent sur une réaction chimique entre des molécules
(appelées précurseurs) contenant les éléments simples du matériau à déposer. On appelle ces
techniques « CVD » pour « Chemical Vapor Deposition ». Elles se déroulent également en trois
étapes : introduction des précurseurs chimiques, transport en phase liquide ou gazeuse avec
possibilité d’introduire un gaz réactif et décomposition ou condensation des espèces avec une
réaction chimique. On rencontre tous les types de CVD assistées ou non (par plasma [PECVD],
par laser [LECVD], à basse pression [LPCVD], avec des précurseurs organométalliques
[MOCVD],…) et les techniques de dépôts monocouche atomique par monocouche atomique
(ALD pour « Atomic Layer Deposition »).
Cette thèse ne vise pas à mettre au point le dépôt d’un diélectrique, travail qui est suffisant
pour une thèse complète. L’idée est d’avoir mis en place un outil permettant de déposer un
diélectrique en couche de quelques dizaines de nanomètres, dont le dépôt est assez mature, sur nos
échantillons afin d’en effectuer la caractérisation très large bande. L’échantillon obtenu après ce
dépôt est schématisé sur la Figure 2-34.
SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat
Figure 2-34 : Dépôt du diélectrique à caractériser sur la plaque précédemment réalisée.
Trois diélectriques différents seront caractérisés via notre procédure : le nitrure de Silicium
Si
3N
4, le nitrure d’Aluminium AlN et l’oxyde de Titane dopé au Tantale Ti
xTa
yO
z, déposés
respectivement par CVD, PVD Magnétron DC et PVD.
b. Paramètres pour la photolithographie
Une fois ce diélectrique déposé, il faut réaliser les vias permettant de contacter l’électrode
inférieure. Une photolithographie avec un alignement sur le niveau inférieur suivi d’une gravure
IBE permet de réaliser cette étape. Elle est également réalisée sur un équipement MJB4 de chez
SUSS MicroTec couplé à une source lumineuse UV de longueur d’onde 365 nm.
Le procédé de photolithographie diffère de celui des niveaux métalliques par le fait que la
résine utilisée est négative (la résine AZ5214E, réversible, est utilisée) : la solubilité de la résine
insolée augmente et donc les zones insolées restent lors du développement. Au final, l’empilement
présenté en Figure 2-35 est obtenu en fin d’étape de photolithographie.
SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat Résine (-) SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat Résine (-)
Figure 2-35 : Dépôt de la résine négative après étalement, insolation et développement.
Les zones de résine insolées étant moins solubles dans le développeur, une
image négative du masque 2 est formée sur l'échantillon.
Les paramètres et la chronologie de la photolithographie pour le niveau via sont donnés
ci-après. Une fois cette étape faite, l’échantillon et le diélectrique sont prêts à être gravés.
• Etalement de la résine à une vitesse de 4000 ou 5000 trs.min
-1pendant 1 min
(suivant l’épaisseur de diélectrique déposée, la vitesse d’étalement fixant
l’épaisseur de résine),
• Premier recuit à 110 °C pendant 50 s,
• Première insolation avec le masque pendant 5 s,
• Second recuit à 120 °C pendant 120 s,
• Seconde insolation sans masque pendant 17 s,
• Développement à l’AZdvp pendant environ 40 à 45 s.
c. Gravure IBE et suivi SIMS
La gravure du diélectrique déposé afin de contacter l’électrode inférieure est la partie la plus
délicate du procédé. Comme le matériau à caractériser diffère pour chaque échantillon et comme
leur gravure est généralement peu ou pas du tout mâture, il faut mettre au point pour chaque
permettant la gravure. La solution la plus simple consiste en une gravure ionique de type « Ion
Beam Etching » qui permet de graver à peu près tout. L’inconvénient de ce procédé est qu’il ne
permet pas de réaliser des motifs fins, les dimensions devant être relâchées. Ce désavantage ne
nous gêne pas dans la mesure où les vias les plus petits, nécessaires pour contacter l’électrode
inférieure, sont au niveau des motifs de court-circuit pour le de-embedding et ils ont des
dimensions de 10 µm x 10 µm, ce qui est suffisant pour l’appareil. L’empilement souhaité après
cette étape est schématisé dans la Figure 2-36.
SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat SiO2 Diélectrique Al métal 1 Substrat
Figure 2-36 : Niveau diélectrique fini et vias réalisés grâce à une technique de gravure par
faisceau d'ions.
La gravure par IBE s’effectue dans une enceinte préalablement mise sous vide à 2.10
-6Torr.
Les paramètres de gravure sur lesquels nous pouvons jouer au niveau de l’optimisation du procédé
sont la pression d’argon dans l’enceinte et la puissance RF. Il s’agit alors d’un compromis entre
vitesse de gravure et uniformité. Ce développement doit être réinitialisé pour chaque nouveau
matériau à graver. La fabrication d’échantillons témoins est nécessaire.
L’équipement permet également de détecter la fin de la gravure par un suivi SIMS. Suivant la
composition de la couche présente sous le diélectrique, on peut suivre l’évolution des différentes
espèces extraites de l’échantillon et détecter la fin de la gravure de la couche de diélectrique et le
début de la gravure de la couche métallique inférieure. La profondeur de gravure est ensuite
vérifiée par une mesure au profilomètre qui permet de calculer ensuite la vitesse de gravure.
Des exemples de résultats obtenus sont montrés dans les deux figures qui suivent. Il s’agit
d’un échantillon comportant 100 nm de nitrure d’aluminium (AlN) déposé sur une couche de
100 nm de molybdène (Mo). La couche à graver étant l’AlN.
Figure 2-37 : Second niveau d’un motif
SHORT réalisé sur un échantillon
comprenant 100 nm d'AlN mais sans motifs
au niveau métallique inférieur (il y a un plan
de masse pleine plaque).
Figure 2-38 : Zoom sur le via de
10 µm x 10 µm du motif SHORT ci-contre.
Le via a été bien gravé lors de la procédure
IBE, le contact sera bien réalisé.
Le diélectrique est ainsi gravé et les vias permettant la connexion de l’électrode inférieure
sont réalisés. Cette étape nécessite un développement préalable pour définir les paramètres de la
gravure IBE (puissance RF et pression d‘argon qui régissent les caractéristiques du plasma) en
faisant un compromis entre vitesse de gravure et uniformité. Un échantillon témoin
supplémentaire doit donc être réalisé.
Dans le document
Élaboration et caractérisation large bande de matériaux "high-k" en structure "MIM"
(Page 82-85)