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Démarche d’analyse de l’ouverture dans les organisations SMA

R. Scott [122] considère qu’une organisation est un système ouvert selon la défi- nition suivante : « Une organisation est une coalition de groupes d’échanges d’intérêts qui réalisent des buts par négociation ; la structure de la coalition, ses activités et ses résultats sont fortement sous l’influence des facteurs de l’environnement ».

L’influence de l’environnement sur une organisation évoquée dans cette définition rejoint celle de notre analyse de l’ouverture des systèmes présentée dans le chapitre précédent. Dans ce même chapitre, l’environnement d’un système a été défini comme étant tout ce qui est à l’extérieur du système et n’est pas sous le contrôle du système. De la même façon, l’environnement d’une organisation multi-agent comprend tous les agents et ressources qui n’appartiennent pas à l’organisation et donc qui ne sont pas sous le contrôle de celle-ci.

Ainsi, nous étudierons dans cette section comment les éléments spécifiques aux organisations SMA notamment la structure, les objectifs, les schémas de coopération et les normes (cf. définition organisation présenté section 3.1) décrits par un OML et gérés par une OMI, sont influencés par les propriétés d’ouverture, et comment ces éléments influencent l’environnement d’une organisation. Nous allons étudier ces in- fluences relativement aux propriétés d’interopérabilité, d’entrée et de sortie des agents ainsi que de contrôle au sein d’une organisation multi-agent.

Interopérabilité

L’interopérabilité d’un système (cf. section 2.2.1) caractérise ses interactions avec des entités de son environnement c’est-à-dire, les échanges de données que le système peut avoir avec ces entités et la capacité d’utilisation de ces données [1].

Dans le cas d’organisations multi-agents, les interactions entre des agents exté- rieurs et une organisation concernent essentiellement des demandes d’OS, des de- mandes de procédures d’entrée / sortie et des demandes d’informations relatives à l’état de l’OE (membres de l’organisation, objectifs en cours de réalisation, manager, etc.). En effet, les agents extérieurs à une organisation ont besoin de savoir comment elle est structurée afin de savoir par exemple quel rôle ils peuvent adopter. Lorsqu’il existe une décomposition structurelle en groupes, scènes ou équipes, l’OS permet éga-

Démarche d’analyse de l’ouverture dans les organisations SMA 42 lement aux agents extérieurs de savoir à quelle entité structurelle (équipe, groupe, ...) ils peuvent être associés au sein d’une organisation. D’autre part, avec l’OS les agents identifient les objectifs et services d’une organisation et peuvent ainsi mieux orienter leurs choix de coopérations avant d’entrer dans une organisation [30].

Ainsi, l’étude de l’interopérabilité syntaxique de modèles organisationnels revient à analyser si les modèles tiennent compte du besoin d’accessibilité plus ou moins total à l’OS et l’OE d’une organisation par des agents extérieurs ainsi que l’accessibilité à la procédure explicite d’entrée / sortie.

Les échanges entre une organisation et des agents de son environnement se font à travers des interfaces d’échanges. Les modèles organisationnels doivent donc permettre aux agents extérieurs de demander ou accéder à des données qui leur permettront éventuellement d’entrer dans une organisation. Inversement, des orga- nisations doivent avoir des outils qui gèrent ces échanges avec leur environnement. L’interopérabilité structurelle de modèles organisationnels concerne donc principa- lement les OMI. Ces derniers doivent disposer de composants ou mécanismes qui représentent les interfaces d’échanges entre une organisation et son environnement.

Quant à la troisième caractéristique de l’interopérabilité à savoir la capacité d’utili- sation des données échangées, elle est fonction d’une ontologie commune entre agents et organisation de la sémantique des données. Son étude dans un modèle organisation- nel consiste à déterminer si ce modèle utilise une ontologie standard ou s’il fournit les protocoles d’échanges de données avec leur sémantique et le domaine d’interprétation des données échangées afin de garantir une compréhension des échanges entre des agents extérieurs et une organisation.

Entrées / sorties d’agents

Une organisation multi-agent est caractérisée par le fait qu’elle a des objectifs qu’elle voudrait réaliser et qu’un seul agent ne peut réaliser. Ainsi, elle a donc tout intérêt à admettre l’entrée d’agents qui pourront lui permettre d’atteindre ses objec- tifs. De ce fait, l’entrée des agents dans une organisation n’est pas aussi simple que dans une plateforme SMA comme nous l’avons présenté dans le chapitre précédent. Concrètement, il ne suffira pas à des agents de s’enregistrer auprès d’un service de pages jaunes d’un SMA pour être considérés comme membres d’une organisation. En effet, une organisation étant structurée que ce soit uniquement avec des rôles ou avec des groupes, équipes ou scènes dans lesquels sont définis des rôles, lorsqu’un agent entre dans une organisation, il doit être intégré dans sa structure. En plus, les agents

Démarche d’analyse de l’ouverture dans les organisations SMA 43 qui entrent dans une organisation doivent participer à la réalisation des objectifs de cette organisation.

Cependant des modèles organisationnels, permettent de décrire et gérer des or- ganisations avec des natures d’objectifs différents. Par exemple, des organisations de type e-commerce ont l’objectif de permettre que les transactions d’échanges de biens entre agents se déroulent correctement [10]. Des organisations de type gestion d’une conférence scientifique où les objectifs sont de permettre aux auteurs de soumettre des articles à la conférence et de permettre à cette dernière de gérer entre autre le processus de sélection des articles [49], etc. Dans chaque type d’organisation on a donc une procédure d’entrée et d’intégration différente en fonction des objectifs et de la représentation structurelle –rôle uniquement ou entité structurelle et rôles– de l’organisation.

En ce qui concerne la sortie, les procédures varient également d’un modèle à un autre bien que les problèmes qui en résultent soient presque les mêmes dans les orga- nisations. En effet, l’ouverture impose de permettre à des agents déjà membres d’une organisation de pouvoir en sortir. Cependant, puisqu’un agent est intégré dans la struc- ture d’une organisation et qu’il participe à la réalisation des objectifs de celle-ci, la gestion d’une sortie nécessite de considérer les impacts que celà peut avoir sur la structure et les objectifs de l’organisation afin de remédier lorsque c’est nécessaire et possible aux situations d’instabilité et de dysfonctionnement. A cet effet, nous étudie- rons également quelques propositions qui sont faites par des modèles organisationnels dans la section suivante.

Contrôle au sein d’une organisation

Le contrôle est parfois considéré comme la principale caractéristique des organisa- tions en général et donc des organisations SMA. En effet, une organisation permet de structurer un système et de préciser les responsabilités, droits et devoirs des membres de ce système. Ainsi, les organisations multi-agents sont souvent assimilées à des sys- tèmes normatifs dont les particularités sont d’établir des normes, de veiller à leurs respect et à leur éventuelles évolutions. Par contre, tous les modèles organisationnels multi-agents ne sont pas normatifs (cf. tableau 3.1). Les modèles qui n’ont pas la dimension normative font ainsi une hypothèse forte sur la bienveillance des agents. Cette hypothèse est d’autant plus forte que les agents sont autonomes. Ainsi on dis- tingue avec ce type de modèle d’une part, une approche de contrôle qui contraint quasi totalement l’autonomie des agents c’est-à-dire qu’aucune action imprévue dans le système ne peut être réalisée par un agent. D’autre part, une approche de gestion d’organisation sans aucun mécanisme de contrôle. Les organisations sont alors su-

Ouverture et organisations non normatives 44 jettes aux bienveillances ou malveillances des agents ce qui constitue un grand risque avec l’ouverture.

Les enjeux du contrôle pour les modèles organisationnels multi-agents sont donc de pouvoir représenter ce qui est à contrôler notamment les actions, coopérations, interactions des agents vis-à-vis d’une organisation ; d’établir des règles qui régissent et permettent de gérer les contrôles et de mettre en oeuvre des techniques appropriées aux besoins des organisations.

Après avoir présenté les particularités correspondant aux propriétés d’ouvertures au sein des organisations multi-agents, nous allons maintenant étudier un peu plus en détail les propriétés d’entrée / sortie et de contrôle à partir de modèles concrets avec leur OML et OMI. Par souci de réduire la longueur du texte correspondant à l’analyse de chaque modèle, nous avons choisi de ne pas présenter l’étude de l’interopérabi- lité modèle par modèle. La synthèse de l’étude de cette propriété pour les différents modèles est présentée dans la section 3.7 et le tableau 3.2.

Les modèles que nous présentons dans les sections 3.5 et 3.6 sont ceux dont les approches de gestions des propriétés d’ouverture nous semblent pour certains origi- nales, montrant ainsi la diversité des mécanismes de mise en oeuvre de ces propriétés et, pour d’autres pertinentes par rapport à une réelle prise en compte des aspects de l’ouverture.