• Aucun résultat trouvé

Service Approvisionnement

CONTRE LES TROUBLES

B. Une délocalisation de la chaine de production du médicament

Un médicament est composé d’un ou de plusieurs principes actifs et d’excipients. Le principe actif est défini par l’ANSM comme un « composant du médicament

responsable de l’effet thérapeutique » (52). L’excipient, lui est la substance non

active, il permet de fournir un goût, une couleur ou une consistance au médicament, il facilite la mise en forme et l’administration du médicament et permet une meilleure conservation.

Aujourd’hui la majorité des principes actifs sont produits à l’extérieur de l’Union Européenne, notamment en Inde et en Chine, ceci est expliqué par la pression économique qui pèse sur l’industrie pharmaceutique, qui pousse alors les industriels à rechercher les fournisseurs les moins chers, c’est pourquoi on remarque une délocalisation des sites de production des principes actifs. Aujourd’hui, on a 80% (53) des principes actifs des médicaments vendus en Europe qui sont issus de la Chine et de l’Inde. Il y a trente ans ce taux était de 20%. (41), on peut parler de désindustrialisation. De ce fait, la France devient dépendante de chaque obstacle dans l’acheminement du médicament jusque chez elle. Par exemple, si un principe actif, produit à l’étranger, est en rupture, cela contribuera par conséquent à une rupture de médicament.

De plus, on remarque un nombre restreint de fabricants produisant les principes actifs pour le compte d’un grand nombre de laboratoires. On estime à 2 ou 3 fournisseurs dans le monde pour plusieurs molécules (41). On peut dire que le fournisseur est quasi monopolistique.

Ainsi pour toute déviation de qualité ou de conformité sur une substance active, cela entraine l’arrêt de production de la substance active et donc des médicaments de

Le rapport du LEEM prend l’exemple des traitements à base de valsartan. Tous les produits comprenant du valsartan (Valsartan Arrow Lab, Valsartan/

Hydrochlorothiazide Mylan Pharma, Amlodipine/ Valsartan Teva etc.) ont été retirés du marché en juillet et novembre 2018 suite à la détection d’impuretés

potentiellement cancérigènes. Pour rappel le valsartan est prescrit dans l’hypertension artérielle ainsi que dans l’insuffisance cardiaque.

Pour cette classe thérapeutique, le LEEM explique qu’on compte 3 laboratoires fabricants pour 11 clients laboratoires pharmaceutiques (41).

Ainsi, chaque obstacle ou problème tels que des accidents, des pannes matérielles, des catastrophes naturelles, des choix politiques locaux ayant lieu au niveau des sites à l’étranger, peuvent conduire à des sérieux problèmes de rupture d’approvisionnement.

La seconde étape de fabrication du médicament, qui est celle du mélange du principe actif et des excipients, se réalise en Amérique du Nord. On remarque donc un éclatement de la production du médicament (production de principes actifs en Chine/ Inde et mélange des principes actifs et des excipients sur le continent Américain).

Cet éclatement de production et le nombre limité des sites de production rendent la France et les pays européens dépendants des pays étrangers et conduisent à une complexité majeure dans la maitrise des risques industriels.

Enfin la mondialisation conduit à de la sur-spécialisation et donc à une concentration d’activités sur un nombre très limité de sites. Ces spécialisations conduisent à un nombre restreint :

- de sites disposant du matériel technologique nécessaire ; - de personnel formé à la procédure.

Ainsi, de nombreuses industries pharmaceutiques deviennent dépendantes d’un nombre restreint de prestataires ou sous-traitants. Le risque de ruptures est donc bien plus élevé.

Ainsi cette délocalisation a pour conséquence, une dépendance de la France vis à vis des sites de fabricants étrangers, qui sont lointains, et dont la crédibilité qualitative peut parfois être mise en doute.

Cela conduit à une fragilité de la France, puisqu’elle devient aussi dépendante au niveau sanitaire lorsqu’elle est confrontée à des problèmes dans la chaine de production mais aussi à des conflits géopolitiques. La chaine du médicament devient difficilement contrôlable et efficiente.

C. Une production à flux tendu  

L’industrie pharmaceutique, comme toute autre entreprise, subit une véritable pression économique. Pour faire face à cela, l’industriel pharmaceutique tend à minimiser ses coûts par diverses stratégies, comme la délocalisation de sites industriels mais aussi la production à flux tendu.

Ce flux tendu est défini comme « une réorganisation du travail qui, par définition (la

bonne quantité de produits de bonne qualité au bon moment), lutte contre la flânerie des hommes et de la matière, c'est-à-dire contre la porosité du temps de travail (des hommes et des machines) » (54).

Le flux tendu ou le « juste à temps » est un type de management provenant du Japon, c’est une technique d’optimisation de production dont le but principal est de réduire au maximum les stocks de matières premières et de produits finis. C’est un système de production qui est fonction de la demande. Par cette technique logistique, on veut éviter tout stock inutile. C’est une restructuration de la production des services et des biens qui est basée sur la fonction temps. L’entreprise restreint alors son approvisionnement selon les besoins immédiats. Initialement la technique du flux tendu se fait pour des produits à faible rotation, on commence à produire dès la signature du contrat de vente entre l’entreprise et le client. Ainsi par cette production à flux tendu on peut personnaliser la production du bien pour le client.

Les entreprises, y compris les industries pharmaceutiques travaillent en flux tendu pour minimiser les coûts de stockage et les risques éventuels de détérioration des stocks.

Pour être efficace, l’entreprise doit néanmoins remplir quelques exigences, comme une forte capacité de production pour respecter les délais définis avec les clients, cela demande aussi une coordination optimale entre les acteurs de la chaine du médicament (services des achats, production, logistique, marketing, vente) menant jusqu’au client final ; le patient.