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3.3 METHODOLOGIE

3.3.2 Méthode géomorphologique

3.3.2.3 Délimitation des unités HGM

La configuration plus étroite et encaissée de la plaine alluviale de la section amont (Figure 30) présente des unités HGM aux contours mieux définis et par le fait même plus facile à délimiter. La délimitation par photo-interprétation des ruptures de pente qui semblait appropriée pour cette section ne fut finalement pas des plus aisées en raison du couvert végétal, souvent dense et arborescent, qui avait tendance à dissimuler les reliefs de la plaine alluviale. Fort heureusement, la campagne de terrain permit de compléter la délimitation des unités HGM en localisant les ruptures de pente manquantes à l’aide d’un GPS. Dans la section aval, les talus furent tracés à l’aide du LiDAR. La plupart des unités HGM ont pu être définies sous des termes spécifiques dans la classification cartographique, car elles pouvaient être associées à des processus singuliers ou parce que des formes

alluviales spécifiques étaient reconnues à l’intérieur de leurs limites. Pour ce qui est des unités HGM orphelines de ces caractéristiques, celles-ci furent regroupées sous l’appellation « autre forme alluviale ».

Voici les unités HGM qui sont associées à une nomenclature cartographique spécifique :

Dépression humide ou surface d’exfiltration

Les unités HGM qualifiées de « dépression humide et surface d’exfiltration » furent en grande majorité délimitées par photo-interprétation des images satellites Google Earth prises au printemps 2014 au début de l’onde de crue (Figure 33). Ces images montrent des surfaces inondées plus ou moins connectées avec les débordements de la rivière. Celles-ci peuvent être déconnectées de la dynamique fluviale, soit alimentées par de petits tributaires, le réseau d’eau souterrain des versants ou par l’eau de fonte des neiges. Aussi, il n’est pas impossible d’émettre l’hypothèse que certaines de ces formes soient directement connectées au régime hydrologique de la rivière par la propagation d’une onde phréatique (Cloutier et al., 2014). Une étude plus approfondie serait nécessaire pour vérifier l’origine du battement du niveau d’eau à l’intérieur de ces unités HGM. En dehors de la période printanière, ces unités sont libres d’eau et pour la plupart localisées contre le versant. Leur forme longiligne fait penser à d’anciens chenaux comblés par la sédimentation. L’analyse pédologique a pu révéler qu’une nappe d’eau affleurait en surface dans les quarante premiers centimètres. L’entourbement du sol fut également un des indices qui permit de confirmer la présence d’eau dans le sol pendant une grande partie de l’année (cf. section 3.3.4). Les milieux humides périphériques ou déconnectés des échanges fluviaux en surface sont inclus dans cette unité HGM. Tout comme les milieux humides riverains, qui sont connectés au chenal, ceux-ci sont identifiés à l’aide de la liste des plantes obligées (OBL) des milieux humides pour le Québec méridional de la méthode botanique experte du MDDEP (2008).

Figure 33 – Dépressions humides ou surfaces d’exfiltration situées en périphérie de la plaine alluviale de la rivière Mitis. Unités HGM délimitées à l’aide de la topographie du LiDAR (A) et des surfaces inondées sur les images satellites Google Earth du 05/05/2014 (B). Les étoiles correspondent à des points de validation pédologique où un entourbement a pu être constaté avec présence de la nappe en surface.

Formes fluviales périphériques

Les formes fluviales périphériques regroupent, hormis les dépressions humides ou surfaces d’exfiltration, l’ensemble des formes fluviales mises en place par des régimes hydrologiques tributaires de la plaine alluviale de la rivière Mitis. Deux formes fluviales périphériques ont été retrouvées sur le territoire à l’étude : les cônes alluviaux et les petites vallées affluentes.

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Les principaux critères d’identification d’un cône alluvial sont d’une part, une forme conique ou en éventail lobé avec l’apex en position amont et la base arquée en position aval et d’une autre part, une pente de type légèrement exponentiel avec une pente forte en amont et une pente faible en aval (Figure 34) qui caractérise une perte de compétence de l’écoulement de l’amont vers l’aval et par le fait même un granoclassement amont-aval (Blair et McPherson, 1994; Salomon, 2007). Un cône alluvial est une unité HGM périphérique à une plaine alluviale dont le cours d’eau est d’ordre supérieur à celui qui l’alimente en sédiments. Il se situe habituellement à l’exutoire d’une zone d’érosion d’un bassin versant plus large ou à l’exutoire d’un bassin versant d’ordre faible et abrupt. C’est pourquoi une ravine incisée dans le versant se retrouve souvent à son apex (Salomon, 2007). Le cours d’eau qui débouche à l’apex du cône peut se ramifier en plusieurs chenaux et disséquer celui-ci (Salomon, 2007; Santangelo et al., 2012).

Les petites vallées affluentes sont des modèles réduits de plaines alluviales, mais dont le degré de la pente est beaucoup plus important en raison de leur localisation à même le versant (Figure 34). Celles-ci ne sont généralement pas difficiles à délimiter, car la puissance des cours d’eau qui les alimentent est comparable à celle de petits torrents de montagne compétents et capables d’inciser la roche en place.

Figure 34 – Formes fluviales périphériques. (A) profil longitudinal en forme convexe et légèrement exponentielle d’un cône alluvial. (B) petite vallée affluente.

Sur le territoire à l’étude les cônes alluviaux et les petites vallées affluentes se retrouvent quelques fois connectés. Autrement dit, une petite vallée affluente peut déboucher sur la plaine alluviale de la rivière Mitis via un cône alluvial. Étant donné que ces unités HGM sont fusionnées et qu’il est difficile de distinguer une limite franche entre celles-ci, il a été décidé de les regrouper dans une même classe d’entités, soit dans les formes fluviales périphériques. La délimitation de ces formes fluviales périphériques est

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relativement facile dans la section couverte par le LiDAR en affichant la grille d’élévation en couleurs discrètes. Par contre, ce ne fut pas le cas dans la section amont à cause de la forte densité végétale qui était un facteur limitant pour la photo-interprétation. De plus, leur recensement et leur délimitation ne constituaient pas une priorité lors de la campagne de terrain.

Autres unités HGM

- Le chenal plein bord fut tracé à partir du jeu de photographies aériennes le plus récent et de la couverture LiDAR lorsqu’elle était disponible;

- Les milieux humides riverains, les chenaux de débordement et les autres formes d’érosion (voir Tableau 9 pour l’identification de ces entités) composent une seule et même unité HGM en raison de leur inondabilité récurrente (plus de détails dans la section 3.4);

- Les surfaces stables sont déterminées à l’aide de la méthode pédologique (plus de détails dans la section 3.3.4);

Parfois, il est totalement impossible d’interpréter l’hydrogéomorphologie de la plaine alluviale en raison de la faible résolution spatiale des photographies aériennes ou de la non- disponibilité des photographies aériennes de l’époque où la plaine alluviale n’était pas encore modifiée par les activités humaines. C’est pourquoi dans les cas où le tracé n’avait pas d’autres choix que de passer à travers une surface obstruée ou remblayée, il a été décidé de tracer une ligne droite à travers celle-ci de manière à joindre de part et d’autre les extrémités des limites géomorphologiques périphériques connues (Figure 35).

Figure 35 – Situation où l’interprétation géomorphologique n’est pas possible. (A) photographie aérienne de 1963 de faible résolution topographique avec infrastructures et activités humaines obstruant la plaine alluviale. (B) LiDAR de 2009 avec impossibilité d’interpréter la géomorphologie en raison de l’étalement urbain. Les lignes pointillées indiquent les lignes droites raccordant les limites géomorphologiques périphériques connues. (C) image satellite Google Earth de 2014.

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