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Adel Fouzi pense que le travail domestique pose un problème sur le plan théorique, parce que c’est un domaine de recherche récent.

Le travail domestique n’a pas suscité l’intérêt des sociologues du fait que son objet d’investigation n’était pas intéressant, abandonnant cet objet de recherche aux théories économiques, particulièrement le marxisme qui considère l’espace domestique comme un espace de reproduction; sorte de lieu de consommation et d’entretien de la force de travail. Cette perspective part du principe que le travail domestique n’est pas créateur de richesse ce que contredisent différentes études en France.

C’est alors que s’instaure le débat, qui développe une nouvelle problématique. Celle qui prenne en compte les liens qui existent entre la vie du travail et la vie en famille. Le travail étant une donnée essentiellement dans la vie de famille, surtout pour les femmes, milite en faveur du renouvellement de cette problématique.

8 Unité de recherche en anthropologie sociale et culturelle (URASC), le travail domestique, février 1992.

67 Selon l’auteur, vie de famille et vie de travail, sont deux types d’activité dont l’espace, les moyens et les acteurs sont les mêmes.

La spécificité du travail domestique réside dans le repli vers le foyer qui touche la plupart des catégories féminines, y compris cadre. L’étude de Sabéha Benguerine10 sur le cas des diplômées de l’institut des industries légères, qui préfèrent retourner au foyer et y développer une activité domestique rémunérée.

Rabia Abdelkrim Cheikh11, confirme ce repli qui prend de l’ampleur. Ce phénomène dans la plupart des cas, voulu par les femmes qui considèrent que le travail à l’extérieur n’est pas une activité valorisante, touche la plupart des catégories, sauf pour de faibles catégories sur lesquelles pèsent des contraintes matérielles. Selon Adel, le travail domestique n’a donc jamais perdu de son importance.

L’auteur pense que, l’organisation domestique est liée à la situation du mariage défini par les liens familiaux : il y a une variété de modèles qui traduisent le phénomène de composition et recomposition des familles. Les différents types de regroupement domestiques recensés en 1987, s’établissent comme suit :

- 67% des ménages qui regroupent couple+enfant

- 9,45% en plus du couple et enfants des personnes étrangères ont un lien de parenté.

- 20% que regroupe deux familles ou plus, même ascendance.

10 Formation technique supérieure et trajectoires féminines. Le cas des diplômées de l’institut national des industries légères. Intervention au colloque de Tanger, 10-13 octobre 1991.

68 Cette organisation obéit au souci de préserver un minimum de solidarité et de ne pas disperser les revenus de chacun. Elle dépend d’une seule autorité centrale qui coordonne et gère l’espace et les revenus mis en commun.

L’objectif de cette organisation est surtout de viser à régler les conditions de la coexistence familiale, avant la séparation. Il faut tenir compte aussi des ménages dirigés par des femmes veuves, divorcées et autres, qui représentent 28% de l’ensemble des ménages.

La notion d’espace doit être introduite dans cette organisation, selon le même auteur. Le déploiement de cette organisation n’est pas le même selon qu’il s’agisse de l’espace traditionnel, conçu sur le principe de el horma ou de l’espace standardisé ; qu’est l’appartement où se pose la fonctionnalité des lieux pour mesurer le déploiement de l’activité domestique.

Le mode d’organisation domestique est déterminé aussi par le statut de la femme. Il y a lieu de tenir compte des contraintes du travail à l’extérieur, sa fonction et son emploi du temps imposent une organisation adéquate.

Il faut ajouter l’influence du rapport de force conjugal. Le revenu n’est pas lié uniquement au travail à l’extérieur, mais au travail domestique rémunéré.

Il est clair que la question de cohabitation, complique le mode de gestion le plus approprié que tient compte de l’apport de chacun de revenu de nature différente et rend plus difficile le maintien de la cohésion familiale.

Classifiées, les unités domestiques, représentatives du point de vue de l’économie domestique sont :

69 - Unité qui comprend le couple +les enfants avec un seul revenu pour

chaque conjoint.

- Unité avec couple +enfants avec un seul revenu

- Unité avec couple+enfants+ascendants dont les revenus s’adjoignent à ceux du couple.

- Unité avec deux familles unies par le lien du sang et où les revenus sont divers.

Le revenu reste la question centrale qui détermine la gestion domestique :

- Consommation du groupe familial

- Organisation à mettre en place, mais n’est pas déterminant dans la distribution de l’autorité domestique. En effet, c’est le rapport de ce revenu avec la structure des relations dans le groupe familial (entre génération et sexes) qui permet de mesurer l’impact sur la structure de l’autorité. Autorité du mari n’est pas entamée lorsqu’il existe un revenu féminin, en général.

L’organisation des « facteurs de production » domestiques (lieu, temps, moyens et acteurs), n’est pas assimilable à celle d’une entreprise économique.

La « consommation réelle » des ménages ne définit pas le but vers quoi tendent toutes les énergies dépensées dans le cadre domestique. Se pose alors, le problème de l’utilité du travail domestique. Son objectif est-il la simple satisfaction d’un besoin matériel ?

D.BERTAUX12, propose une perspective qui voit dans les taches domestique qu’un des aspects d’un processus ayant pour finalité la production

70 des hommes. On peut alors, dans cette mesure, considérer deux aspects liés à cette production :

- Aspect matériel

- Aspect culturel et psychoaffectif.

Cette perspective évite de se poser la question de l’utilité du travail domestique.

Il est possible, alors de classer les activités, en fonction :

1- Des acteurs : on peut dire que la femme est l’acteur principal, sans exclure, l’homme qui s’implique de plus en plus dans la production domestique. Il y a aussi, la femme de ménage qui apparait dans certaines catégories sociale, et la force de travail des enfants dans certaines couches déshéritées.

2- Des moyens : constituent une part des revenus nécessaire à la satisfaction de certains nombre de besoins (achats de produits finis, équipements) qui servent soit à la transformation des biens, soit à l’accomplissement de services destinés à l’un ou l’autre des membres du groupe familial.

3- De l’espace : qui prend deux sens : le premier lieu est l’intérieur même de la maison, lieu où se déroule l’activité domestique des femmes marquée par leur savoir-faire. Le deuxième lieu est l’espace public où s’opèrent les taches domestiques hors foyer telles que les courses et les taches administratives.

4- Du temps : en définitive, toutes ces activités ont pour cadre un espace-temps qui n’est pas géré comme celui du temps économique. Le temps familial, na pas de logique et ne recherche ni profit, ni efficacité.

71 L’analyse d’Alberoni13, ne voit dans le travail domestique qu’un acte de séduction destiné à renforcer le holisme familial. Cette explication de la finalité du travail domestique, n’est qu’une manière de rappeler que la perspective sociologique est la plus désignée pour, ce que certains considèrent comme un sacrifice.