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LE CONCEPT ET LES DÉFINITIONS DE LA CULTURE:

DE LA CULTURE NATIONALE À LA CULTURE GÉO-SOCIÉTALE

2. LA REFLEXION SUR LA CULTURE, APPLIQUEE A LA RECHERCHE ORGANISATIONNELLE

2.2. Déjouer le "piège" de la théorie de la contingence

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A la fm du chapitre 2, nous avons déjà énoncé le constat empirique selon lequel la culture interagit principalement avec la perception et l'usage des systèmes d'information (que nous qualifions de "dimension informelle"), et non avec les outils. A travers la poursuite de l'analyse de la littérature, nous allons à présent chercher à montrer comment ce constat se trouve confirmé:

• par les définitions anthropo-sociologiques que nous avons retenues de la culture;

• par le contre-exemple que nous offre la théorie de la contingence. Celle-ci, a priori à la recherche de variables influençant les systèmes, pouvait se montrer "naturellement" intéressée par la "variable culturelle". C'est pourquoi il nous paraît essentiel de nous situer par rapport à une branche importante de la recherche en gestion au cours des vingt cinq dernières années, qui pourrait apparaître concurrente. Cela est d'autant plus nécessaire que cette théorie a rapidement relégué la culture au second rang de ses préoccupations, en la considérant mineure par rapport à d'autres facteurs. Une telle conclusion tient, à notre avis, à deux erreurs concomitantes:

au niveau théorique, la théorie de la contingence reste prisonnière d'une lignée structuro- fonctionnaliste qui ne "remonte" pas à des défmitions de nature anthropo-sociologique de la culture, et cherche à assimiler cette dernière à une variable indépendante, alors qu'il s'agit d'une structure interprétative, que l'on ne peut isoler de son contexte social;

au niveau empirique, elle poursuit dans une voie de considération exclusive de systèmes "mesurables", donc formels.

De façon générale, et tout en reconnaissant le degré de confusion intrinsèque au mot, F.Luthans (1976) décrit cette théorie de la façon suivante:

"La théorie de la contingenceS concerne la relation entre des variables environnementales pertinentes et les concepts et techniques de management appropriés qui amènent à l'atteinte effective des objectifs". (1976, p.29)

Cela reste, et des auteurs tels que F.Luthans le reconnaissent explicitement, un modèle fonctionnel, de type "si...alors...", qui met en relation des variables environnementales, le plus souvent considérées comme indépendantes, avec des concepts et techniques de gestion assimilés à des variables dépendantes. La théorie de la contingence présente l'avantage certain, par rapport à des théories antérieures "classiques", de se placer dans une perspective de système ouvert, tout en laissant au management sa part et une réelle capacité à agir sur la gestion et les résultats de l'entreprise, à partir de points de repère généraux.

D'importants auteurs ne peuvent manquer d'être cités lorsqu'on parle de théorie de la contingence. P.Lawrence & J.Lorsch en sont les "pères fondateurs": dans leur tentative de révéler le comportement organisationnel, ils resituent, comme l'indique le titre même de leur livre majeur "Organization and Environment" (1967), l'organisation dans son environnement, et surtout insistent sur le besoin simultané de différenciation et d'intégration existant dans les organisations. L'intégration est un besoin ressenti par les individus qui se sont regroupés dans une organisation, afin de mieux répondre à leurs attentes et objectifs personnels (à travers le succès de l'organisation); une forte intégration devient d'autant plus nécessaire lorsque l'organisation grandit et surtout que la différenciation des fonctions y apparaît. Cette différenciation croissante provient de la nécessité, pour l'entreprise (ou l'organisation) de faire face à des aspects environnementaux variés. Il y a donc, selon P.Lawrence & J.Lorsch, une spécialisation différenciée des fonctions tandis qu'en parallèle, le besoin de coordination, donc d'intégration, de ces fonctions devient plus pressant. D'autres auteurs ont également apporté une contribution importante à ce courant de la théorie de la contingence, étudiant chacun des aspects différents de l'organisation. D.Pugh et l'école d'Aston ont mené des travaux multidisciplinaires sur la structure (en isolant initialement le niveau de structuration et la concentration de l'autorité) des organisations en fonction d'un certain nombre de facteurs "externes": la taille de l'entreprise est une des principales variables, avec le niveau de dépendance à l'égard des autres organisations; puis viennent, mais avec des résultats moins significatifs, la technologie et le mode de propriété9• C'est donc la multiplicité des variables environnementales, ainsi que leur

interdépendance, qui sont soulignées par le groupe d'Aston (D.S.Pugh & D.J.Hickson, 1976; D.S.Pugh &D.R.Hinings, 1976). Joan Woodward (1965) s'était déjà, elle aussi, intéressée à des variables analogues et avait surtout mis à jour l'importance de la technologie sur des caractéristiques de l'entreprise telles que le nombre de niveaux d'autorité, le nombre de subordonnés moyen par responsable, le degré de spécification des tâches, le niveau de formalisme de la communication (écrite/orale) etc...Elle peut donc en ce sens être considérée comme le précurseur de la théorie de la contingence.

Mais la raison pour laquelle il nous paraît essentiel de situer notre approche, dans notre étude des aspects culturels nationaux des organisations, par rapport à la théorie de la contingence, tient au fait que les deux pourraient abusivement paraître confondues. Il faut justifier notre choix de ne pas effectuer une "simple" étude de contingence, où la culture nationale serait la variable environnementale indépendante, dont on rechercherait les effets sur l'organisation et ses caractéristiques informationnelles. Il ne peut s'agir pour nous de déterminisme des systèmes d'information par la culture nationale, ni d'une culture qui conditionne et influence, selon une relation fonctionnelle, les systèmes d'information. Le processus est un processus d'interaction

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et d'influence mutuelle entre la culture nationale, la société, l'organisation et les systèmes d'information. Nous ne pouvons séparer l'information de sa "structure interprétative", du "système d'idées" et donc de la culture, qui permet de décoder les données.

Par rapport à une telle perspective, une approche exclusivement contingente nous semble présenter deux limites essentielles:

• la première, comme nous l'avons déjà souligné, est qu'il s'agit d'un modèle fonctionnel, qui cherche à établir des relations de cause à effet, et non à analyser les interprétations subjectives du concept de système d'information dans différents pays.

• la seconde critique que l'on pourrait formuler est, qu'en établissant une distinction sans ambiguïté entre variables indépendantes externes (par exemple, des variables correspondant aux contextes social, politique, légal, juridique, économique, technologique ou, au niveau de l'entreprise, des variables telles que le marché, la concurrence, les fournisseurs) et variables dépendantes internes (caractéristiques des systèmes d'information et de gestion dans notre cas), la théorie de la contingence simplifierait de façon abusive la situation10•

Pour ces deux raisons principales, il ne nous semble pas suffisant de reproduire une approche contingente des systèmes d'information et de gestion de l'entreprise par rapport à la culture nationale environnementale. Une telle recherche n'aurait d'ailleurs peut-être pas donné de résultats significatifs, dans la mesure où elle ne se serait pas attachée à l'essentiel selon nous, à savoir l'analyse des processus de "culturisation" des systèmes d'information et modes de gestion. Nos efforts tendent vers la mise à jour de composantes culturelles nationales, à la fois vecteurs de changement des systèmes d'information et de gestion à court ou moyen terme, et peut-être d'autorégénération de la culture nationale à plus long terme.

Certains auteurs, initialement connus pour leurs travaux sur la contingence, ont d'ailleurs ensuite plaidé pour l'étude spécifique de la culture, indépendamment de toute approche contingente. C'est le cas par exemple de IChild qui, dans un article paru en 1981, souligne l'intérêt d'une théorie propre de la culture. La principale difficulté réside, selon cet auteur, dans l'absence d'une théorie qui pourrait porter le label de "théorie culturelle", dans la plupart des études transnationales ou des comparaisons dites "transculturelles" par les anglo-saxons. Cet auteur insiste bien sur le fait que les difficultés conceptuelles à travailler avec la notion de culture, qu'il mentionne, ne devraient pas être un frein à la recherche dans ce domaine. TI relève en particulier les problèmes suivants (1981, p.307):

• la rareté des définitions du concept de culture, et les désaccords qui peuvent exister entre les rares théoriciens - essentiellement des anthropologues - sur ce sujet;

10:d'autre part, un problème majeur pour la recherche en gestion reste bien de définir les frontières de l'entreprise.

• l'absence de correspondance, qui simplifierait pourtant tellement les choses, entre frontières culturelles et nationales (politiques); on touche là à la distinction entre culture, société et nation, déjà évoquée à travers les propos d'E.Morin, et sur laquelle nous revenons en fin de ce chapitre;

• le manque d'explications sur le développement des variables culturelles dans une société; • la méconnaissance des composantes de la culture pertinentes par rapport à l'organisation et à

ses membres. C'est précisément l'objet de notre tentative théorique (chapitre 5) de dégager des "composantes intrinsèques" de la culture, permettant à celle-ci d'interagir avec l'organisation et les systèmes d'information;

• les difficultés, déjà soulignées dans notre chapitre méthodologique, liées aux tentatives de mesure des phénomènes culturels.

Ainsi, pour J.Child, c'est à tort que de nombreux auteurs de la contingence ont développé des théories de la structure organisationnelle "a-culturelle" (1981, p.311-313). TIrejette en particulier les implications que les travaux de J.Woodward (1965), mentionnés ci-dessus, pourraient avoir sur l'étude transnationale des organisations: ces derniers semblent en effet exprimer que "l'adoption d'une technologie donnée aura les mêmes conséquences et influences sur l'architecture d'une organisation viable, sur le type d'employés recrutés et sur les relations sociales au travail, quel que soit le contexte national" (J.Child, 1981, p.311), ce que l'auteur refuse. TI est sceptique devant les idées selon lesquelles seul le contexte diffère d'un pays à l'autre, et non l'effet que ce contexte aura sur la structure.

Bref, J.Child s'élève à la fois contre les théories des structures organisationnelles "universelles" (au sens de "a-culturelles") et contre les théories réduisant la culture à un facteur de contingence de deuxième ordre, plutôt moins important que la taille, la technologie ou la stratégie par exemple. De ce point de vue, même les analyses de A.Chandler, dans les années 1960, lui paraissent limitées11; il y voit avant tout un argument en faveur du rôle déterminant de la

stratégie sur les structures organisationnelles.

Enfin, il reprend un argument percutant de M.MauriceI2: les théoriciens de la contingence,

lorsqu'ils testent les différences nationales pour chercher à en montrer le moindre degré d'importance, ont un biais, puisqu'ils commettent l'erreur d'effectuer ces tests avec des instruments de mesure et sur des dimensions qui, par essence, ne se prêtent pas à faire apparaître les effets culturels. La théorie de la contingence insiste en effet en général sur des dimensions structurelles d'ensemble, assez formelles, telles que le degré de spécialisation et/ou de formalisme. Or, les aspects culturels sont davantage susceptibles de jouer sur des dimensions plus intangibles ou difficiles à mesurer, comme les processus de prise de décision, de délégation,

11: il est àremarquer que les travaux les plus récents d'A.Chandler ont au contraire tendu à distinguer les

évolutions historiques nationales différentes des organisations.

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les modes de comportement ou les perceptions des responsables. En excluant a priori ces dimensions de leurs recherches pour cause de difficulté à les mesurer, les théoriciens de la contingence introduisent un biais dans leur démonstration d"'a-culturalisme" des structures organisationnelles. En clair, il nous semble que si la stratégie, le métier, la taille d'une entreprise peuvent avoir un lien avec le choix de structures et de systèmes d'information formels, la culture nationale est, elle, à mettre en relation avec l'utilisation de ces systèmes formels par les hommes, avec les systèmes informels tels que nous les avons définis au chapitre précédent. Nous reprenons là des arguments développés dans le chapitre 2. C'est une des raisons pour laquelle, à notre avis, la théorie de la contingence a eu du mal à faire apparaître l'impact de la culture nationale. Les conceptions de la culture que nous avons retenues dans la première partie de ce chapitre, proposées par l'anthropologie et la sociologie, et reprises récemment par quelques chercheurs en gestion, confirment bien là un fait observé au cours de nos études de cas: sur le plan technique stricto sensu, les systèmes "formels" d'information rencontrés dans les entreprises françaises et anglaises ne diffèrent pas significativement (cf. chapitres 2 et 7).

En résumé, selon lChild (1981), le corpus théorique relatif à l'étude comparée des organisations dans différents pays est insuffisant et inadéquat, ce qui cause beaucoup de tort à ce genre de recherches. De plus, deux courants théoriques, dominants jusqu'à la fin des anné~s 1970, à savoir la théorie de la contingence et ce qu'il qualifie de courant capitaliste, ont longtemps considéré à tort la culture nationale comme un élément secondaire: pour la première, la culture sociétale n'est qu'un facteur d'importance mineure, tandis que, pour le second, c'est le système de relations économiques qui est déterminant, au-delà des frontières nationales ou culturelles. Avec lChild, on peut citer Roberts (1970):

"Sans notions théoriques explicatives de la culture et de ses effets sur les autres variables, nous ne pouvons donner aucun sens aux comparaisons transnationales".

(J.Child, 1981, p.306)

Par ailleurs, notre travail ne nie et ne dément en rien l'existence de facteurs de contingence.

n

se contente:

• de souligner que lesdits "facteurs de contingence" ne sont pas indépendants les uns des autres, mais au contraire interreliés (dépassant ainsi l'approche fonctionnaliste);

• de réhabiliter une des dimensions qui nous paraît essentielle à l'analyse (comparative) des systèmes d'information et de gestion, à savoir la culture et en particulier la culture nationale.

2.3. De la culture nationale àla culture géo-sociétale

Le chapitre 3 est principalement destiné à proposer une définition de la culture, capable de mettre en évidence l'existence de différences culturelles dans les pratiques de gestion de pays différents, et d'améliorer notre compréhension de celles-ci. Dans ces derniers paragraphes, nous

allons tenter de comprendre comment les défmitions de C.Oeertz et par E.Morin, développées en début de chapitre, peuvent s'appliquer à notre domaine spécifique, celui de la culture nationale et des recherches qu'elle a suscitées en gestion, et en quoi elles le remettent en cause.

C'est ainsi qu'une nouvelle idée se dégage àla fois de la réalisation de nos travaux empiriques et de l'analyse des concepts menée dans ce chapitre: il semble que le terme de "culture nationale" soit un peu étroit pour appréhender l'ensemble des différences constatées, dans la pratique, entre les systèmes d'information comptable et de gestion des entreprises visitées en France et en Grande-Bretagne. C'est ce qui va nous conduire progressivement à préférer l'expression de "culture géo-sociétale".

Nous allons, au cours des paragraphes qui suivent, expliquer ce cheminement. Tout d'abord, nous chercherons à montrer que le terme de "culture nationale", focalisé sur la dimension politique et juridique des frontières, ne rend compte:

• ni du lien entre la culture et la société, mis en exergue précédemment, d'un point de vue théorique;

• ni de la "polynuc1éarité" (selon l'expression d'E.Morin) de la culture, émergente de nos études de cas: ainsi, dans le cas de la Grande-Bretagne, les références étaient nombreuses à des cultures aussi différentes que la culture écossaise, la culture "quaker", etc ...

Ce premier constat nous amène à parler de "culture sociétale", qui rend mieux compte de ces aspects. Mais le besoin se fera alors sentir d'introduire à nouveau, de façon plus nette, la dimension géographique disparue de l'expression, alors que le coeur de notre sujet continue à se situer à ce niveau: car une culture d'entreprise, par exemple, est aussi une "culture sociétale", et ce ne sont pas ses effets que nous cherchons àcapter ...

L'expression "culture nationale", orientée vers la délimitation juridique et politique des frontières, traduit mal l'interrelation forte entre culture et société, soulignée au niveau théorique dans la première partie de ce chapitre.

L'idée de "culture nationale" fait en réalité référence àla notion de pays, de nation, et est liée à l'idée d'existence d'un Etat. Elle suggère de manière concomitante l'existence d'un appareil et sous-entend l'appartenance ou la non-appartenance à la "nation". C'est une notion d'ordre à la fois géographique et politique, que le dictionnaire décrit ainsi:

"La nation est une communauté humaine caractérisée par la conscience de son identité historique ou culturelle, définie comme entité politique, réunie sur un territoire propre, et organisée institutionnellement en Etat. C'est de plus, en droit, une personne juridique dotée de la souveraineté et distincte de l'ensemble des individus qui la composent en tant que nationaux." (dictionnaire, Hachette, 1991)

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Notion géographique donc, puisqu'elle suppose l'existence d'un "territoire national" (ou d'un ensemble de territoires), notion fortement politique surtout, puisqu'elle présuppose une conscience de l'identité et de l'appartenance ou non, le concept de "nation" est relativement jeune. Alors que le mot est apparu dans la langue française vers 1270, peu de temps après celui de "société" (vers 1180), l'idée, elle, ne s'est développée qu'avec une conception "moderne" de l'Etat, à partir du 17ème siècle en France avec l'avènement du colbertisme, pour ne triompher de façon générale en Europe qu'à partir du 19ème siècle.

Le concept de société, et en voie de conséquence de culture sociétale, est au contraire beaucoup plus large. Souvent assimilée à tort à la culture (cf. E.Morin, 1984, à ce sujet), la société est en fait, selon le Code Civil: "un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre quelque chose en commun dans la vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter". Quant au dictionnaire, il nous propose une série de définitions moins restrictives que celle du Code Civil (qui voit surtout en la société la forme juridique de l'entreprise), mais qui, toutes, insistent sur le caractère organisé et organisationnel de la société. Ainsi, c'est à la fois:

"l'état des êtres qui vivent en groupe organisé", "un ensemble d'individus unis au sein d'un même groupe par des institutions, par une culture, par des goûts, une activité, des intérêts communs", et "un groupe organisé de personnes unies dans un dessein déterminé." (dictionnaire, Hachette, 1991)

Ces définitions sont intéressantes à considérer dans la mesure où elles rappellent, s'il en est encore besoin, la différence de nature entre culture et société et évitent la confusion entre les deux: la culture est ici présentée comme l'un des cimentes) de la société. L'analyse plus approfondie d'E.Morin (1984) nous a permis de montrer que la culture pouvait être considérée comme "le patrimoine génétique" d'une société. Un autre intérêt de ces défmitions est de nous permettre d'opposer la culture "nationale", dont l'essence est de nature politique et géographique principalement, à la "culture sociétale", dont le caractère est avant tout organisationnel.

Une seconde raison nous pousse à préférer le terme de "culture sociétale" à celui de culture nationale: ce dernier ne rend pas compte du caractère "polynuc1éaire"13de la culture (on devrait plutôt dire des cultures). E.Morin a souligné comment plusieurs "noyaux" de cultures pouvaient se recouper et avoir une influence sur un même individu; ce qui pourrait apparaître comme des "sous-cultures" sont plutôt des "noyaux" de culture imbriqués les uns dans les autres. Par exemple, dans une même culture nationale, on peut distinguer une culture de masse d'une culture "cultivée", une culture de l'intelligentsia d'une culture bourgeoise, une culture religieuse d'une culture athée, etc... et ces mêmes distinctions peuvent d'ailleurs "chapeauter" plusieurs cultures nationales. Telles sont les idées suggérées par E.Morin. En revenant plus concrètement à notre