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1.4 Problématique de la thèse

2.1.1 Dégradations réversibles

Les mécanismes réversibles décrits dans cette section sont : la stratication de l'azote à l'anode, le noyage et l'assèchement, l'oxydation du platine ainsi que les polluants gazeux. Bien que ces mécanismes soient réversibles, ils peuvent parfois engendrer des dégradations irréversibles, qui diminuent la durée de vie de la pile. Il convient donc de les éviter ou du moins de les minimiser.

2.1.1.1 Stratication d'azote

La stratication d'azote est un phénomène lié à la perméation d'azote à travers la membrane qui s'accumule à l'anode. Pour un système dead-end, l'azote se stratie (s'ac-cumule) en sortie d'anode grâce aux eets combinés de la pression d'entrée d'hydrogène et la consommation de l'hydrogène résiduel en sortie de pile. La présence d'un  bouchon  d'azote en sortie de pile a plusieurs conséquences.

La première est facilement observable en statique puisqu'il s'agit d'une chute de ten-sion progressive lié à la diculté pour l'hydrogène d'atteindre les sites actifs en sortie de pile à mesure que l'azote se stratie [90]. Pour notre étude, ce phénomène est pris en compte dans la modélisation de la tension par une réduction de la surface active dans le

terme ηact (équation (1.7) page 16), liée à la stratication d'azote par :

S = Sirrev(1 − sN2,a) (2.1)

avec

S la surface active (m2),

Sirrev la surface totale encore active malgré les dégradations irréversibles (m2),

sN2,a la saturation volumique d'azote à l'anode.

On néglige de la sorte la perte de surface active par la présence d'eau liquide, puisque la saturation d'azote semble être le mécanisme de dégradation principal d'après Manokaran et al. [67].

On peut en déduire la chute de tension associée, en supposant toutes les conditions opératoires constantes, par l'équation :

∆Ucell = Ucell,N2 − Ucell = β3T ln  I Sirrev(1 − sN2,a)  − β3T ln  I Sirrev  (2.2) soit ∆Ucell = −β3T ln (1 − sN2,a) . (2.3)

2.1. Dégradations réversibles et irréversibles La deuxième conséquence de la stratication d'azote est de favoriser la corrosion du support carbone. En eet, de l'oxygène peut traverser également la membrane et ainsi se retrouver piégé à l'anode. En l'absence de stratication, l'oxygène réagit avec l'hydro-gène présent selon la même réaction électrochimique que le fonctionnement de la pile. En revanche, en présence de stratication, il n'y a plus assez d'hydrogène présent pour réagir avec l'oxygène. La corrosion du support carbone (irréversible) est alors possible en présence d'oxygène à l'anode [68].

La stratication d'azote ne peut pas être évitée par un choix de conditions opéra-toires particulières car la perméation d'azote est lié aux propriétés de la membrane. Par contre, ses eets peuvent être atténués ou supprimés, notamment dans le cas d'une recir-culation anodique, d'un débit de fuite permanent ou de toute autre stratégie de mélange azote/hydrogène. Une purge de l'anode permet également de retirer l'azote, de supprimer la chute de tension résultante et ainsi de retrouver des performances électrochimiques op-timales. La stratégie de purge a cependant un impact majeur sur le rendement hydrogène

ηH2, comme on peut le constater grâce à l'équation de ce dernier :

ηH2 = Eelec

nH2,inP CIH2 =

Eelec

(nH2,cons+ nH2,purge) P CIH2 (2.4) avec

Eelec l'énergie électrique générée par la pile (J),

nH2,in la quantité d'hydrogène injecté dans la pile (mol),

nH2,cons la quantité d'hydrogène consommé par la réaction électrochimique (mol), nH2,purge la quantité d'hydrogène purgé (mol),

P CIH2 le pouvoir calorique inférieur de l'hydrogène (J · mol−1).

Ainsi, tout hydrogène évacué par la purge contribue à diminuer le rendement hydro-gène de la pile. Une stratégie de purge correctement paramétrée permet de ne perdre que quelques pourcents de l'hydrogène injecté dans la pile, tandis qu'un réglage erroné peut mener à des pertes de plus de 10 %. L'hydrogène étant a priori acheté par l'utilisateur du système, il convient d'augmenter le plus possible son utilisation et d'éviter de le gaspiller dans la mesure du possible.

2.1.1.2 Noyage et assèchement

L'humidité relative au sein de la pile joue un rôle important dans les performances électrochimiques, comme nous avons pu le voir avec la modélisation de la tension cellule. Rappelons que l'on a (équation (1.5) page 16) :

2. Dégradations, état de l'art et outils

Ucell = Erev + ηact− (Re+ Rm) I

où la résistance de la membrane s'écrit [76] :

Rm = em S 1 33.75λm− 21.41exp  1268 T  (2.5) avec

Re la résistance électrique de la cellule (tous constituants hors membrane) (Ω),

Rm la résistance de la membrane (Ω),

em l'épaisseur de la membrane (m),

S la surface de la cellule (m2),

T la température de la membrane (K),

λm le chargement en eau de la membrane, correspondant au nombre de molécules

d'eau par site sulfoné.

On voit ainsi que l'hydratation a un rôle clé pour réduire la résistance Rm de la

membrane et donc augmenter la tension cellule et le rendement. Or cette hydratation provient d'un équilibre de l'eau à partir des diérents ux d'eau au sein de la pile : entrées/sorties des canaux, production d'eau par la réaction et échanges à travers la membrane. Elle dépend de plus du lien entre température et pression puisque l'humidité relative HR s'écrit : HR = 100 Pvap Psat(T ) (2.6) avec Psat(T ) = exp  23, 1961 − 3816, 44 K T − 46, 13 K  bar. (2.7)

Les taux d'humidité des canaux et de la membrane sont donc fortement dépendant des conditions opératoires et du design des canaux de la pile. Une des conséquences de ces dépendances est que l'humidité est généralement hétérogène sur la surface de la cellule [71]. Sans gestion appropriée de la pile, l'humidité relative peut ainsi varier largement et conduire à des noyages ou des assèchements. Les assèchements sont responsables d'une perte de performances électriques de la pile en élevant la résistance électrique de la membrane. Un noyage a lui pour conséquence de bloquer l'accès des gaz aux sites actifs, en obstruant les pores des couches de diusions et les canaux [60]. Ceci entraine une chute de tension et donc une perte de performances comme le montre la Figure 2.1. Un noyage favorise aussi les mécanismes de corrosion au sein de la pile. Un cyclage en

2.1. Dégradations réversibles et irréversibles humidité relative peut accélérer la formation de trous dans la membrane [55]. De plus amples détails sur les dégradations liés aux noyages et assèchements peuvent être trouvés dans Yous-Steiner et al. [102].

La gestion de l'eau, ou water management dans la littérature, vise à empêcher ces conditions extrêmes d'humidité. Largement présent dans la littérature, un aperçu des techniques possibles sera donné dans la partie 2.2.

Figure 2.1  Évolution d'une courbe de polarisation en fonction du noyage de la cellule [60].

2.1.1.3 Oxydation du platine

Le mécanisme d'oxydation du platine est complexe et peut aboutir à la formation de diérents oxydes, comme par exemple [79, 2] :

P t + H2O ←→ P tOH + H++ e

P tOH + H2O ←→ P tO2+ 3H++ 3e

P t + 2H2O ←→ P tO2+ 4H++ 4e

P t + H2O ←→ P tO + 2H++ 2e

Comme pour toute réaction d'oxydation, un haut potentiel favorise la formation des oxydes et donc la dégradation des grains de platine. Ahluwalia et al. [2] montre par exemple que la formation d'oxydes s'accélère à partir de 0.85 V . Une humidité relative importante de la pile favorise aussi l'oxydation du platine comme le montre Xu et al. [101]. Ce phénomène d'oxydation est principalement observé à la cathode, tout comme les autres mécanismes de dégradation du platine. Les réactions sont réversibles, avec des

2. Dégradations, état de l'art et outils

cinétiques de réactions diérentes. Il est donc possible en théorie de retrouver le platine initial. Cependant, l'oxydation du platine inue sur la dissolution du platine qui est lui un mécanisme irréversible. Ce couplage, qui pourrait être lié à la passivation du platine, n'est pas encore clairement établi comme le montre Jahnke et al. [42].

2.1.1.4 Polluants gazeux

Plusieurs espèces indésirables gazeuses peuvent perturber les performances de la pile,

contenus dans l'hydrogène (CO, H2S...) ou dans l'air (NO2, SO2...). Ces espèces vont

s'adsorber sur le platine et ainsi restreindre le nombre de sites actifs disponibles pour la réaction électrochimique principale. La thèse de Passot [74] présente notamment une analyse bibliographique des études sur les impuretés de l'hydrogène ainsi que des straté-gies à mettre en ÷uvre pour désorber ces polluants. Des systèmes de dépollution (ltres) peuvent aussi être ajoutés au système pour limiter la contamination par ces polluants.