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Chapitre I. État de l’art

2.1 Définitions du contexte

De nombreuses définitions de contexte sont proposées dans la bibliographie, nous en citons quelques-unes parmi les plus référencées et par ordre chronologique de proposition par leurs auteurs :

En 1994, Schilit et al., dans [26] ont considéré que le contexte possède trois aspects importants qui répondent aux questions suivantes : Où es-tu ? Avec qui es-tu ? De quelles ressources disposes-tu à proximité ? Dans [27], Schilit et al., précisent le contexte comme constitué de la localisation, la description de personnes et d’objets dans l’entourage ainsi que les changements de ces objets.

En 1995, Brown dans [28] donne une définition très générale mais adaptée au contexte informatique : « les éléments de l’environnement d’un utilisateur dont l’ordinateur à connaissance ». En 1997, Ward et al., dans [29], voient le contexte comme les états des environnements possibles de l’application. Tandis que Brown et al., dans [30] introduisent une dimension spatiale en définissant le contexte comme un ensemble d’éléments extensibles avec les éléments suivants : la localisation, l’ensemble d’objets dont l’utilisateur a besoin, le temps et l’orientation spatiale (direction).

Pour réduire la complexité du contexte, Lenat dans [22], dès 1998, propose de décrire « presque » n'importe quel contexte selon « seulement » 12 dimensions qui permettraient de décrire 99 % des contextes qu'il a imaginés. Ces dimensions sont (nous reprenons la liste en anglais telle qu'elle a été publiée):

• Absolute Time: a particular time interval in which events occur

• Type Of Time: a non-absolute type of time period, such as “just after eating” • Absolute Place: a particular location where events occur, such as “Paris” • Type Of Place: a non-absolute type of place, such as “in bed”

• Culture: linguistic, religious, ethnic, age-group, wealth, etc., of typical actors • Sophistication/Security: who already knows this, who could learn it, etc. • Topic/Usage: drilling down into aspects and applications – not subsets • Granularity: phenomena and details which are (and are not) ignored

• Modality/Disposition/Epistemology: who wants/believes this content to be true? • Argument-Preference: local rules for how to resolve pro-con argument disputes

Ces dimensions sont surtout descriptives et chaque définition possède des raffinements importants, en particulier dans la gestion du temps. Notons que le marquage de chaque affirmation par son contexte de validité, exprimé selon les différentes dimensions, revient à organiser des collections d'affirmations dans un espace à 12 dimensions dont certaines sont potentiellement infinies (le temps, la localisation spatiale) et d'autres finies (type de culture par exemple). En pratique, avant de lancer une inférence, il faut définir un « motif contextuel » (un intervalle, une zone géographique, une contrainte sur telle ou telle autre dimension) et sélectionner les règles d'inférence qui sont valides pour ce motif de contexte (ce qui laisse supposer que toute règle est annotée par le motif contextuel pour lequel elle est valide).

En 1999, Ryan et al., dans [31] assimilent le contexte à l’environnement, l’identité et la localisation de l’utilisateur ainsi que le temps. Brézillon et Pomerol dans [32] proposent une définition plus générique en définissant le contexte comme « ce qui contraint la résolution d’un problème sans y intervenir explicitement ».

Dans leur étude sur la plasticité des interfaces homme machine (IHM) en 1999, Thevenin et al. [33], aboutissent à une définition assez proche avec la notion de contexte d’interaction. Le contexte d’interaction est un triplet « plate-forme – environnement – utilisateur » où l’environnement est l’ensemble des entités (objets, personnes et événements) périphériques à la tâche courante et pouvant avoir un impact sur le comportement du système ou de l’utilisateur.

En 2001, Geenberg dans [34] introduit une dimension sociale avec la définition suivante du contexte : le contexte est considéré comme une construction dynamique avec cinq dimensions : (1) temps, (2) épisodes d’utilisation, (3) interactions sociales, (4) objectifs internes et (5) des influences locales. La même année, Dey dans [35], propose la définition du contexte comme « toute information qui peut être utilisée pour caractériser la situation d’une entité. Une entité étant une personne ou un objet qui est considéré pertinent à l’interaction entre l’utilisateur et l’application, incluant l’utilisateur et l’application eux-mêmes.»

En 2002, Henricksen et al., dans [36] proposent une définition spécifique aux systèmes informatiques, le contexte étant « la circonstance ou la situation dans laquelle une tâche informatique se déroule ». La même année, G. Rey et al., dans [37] définissent le contexte comme un espace infini d'informations évolutives, qui ne sont pas connues en avance.

En 2007, Mena et al., dans [38] proposent une définition plus formelle qui dépend de trois choses qui sont : le domaine d’application, l’entité et le problème à résoudre. Ils définissent le contexte de la manière suivante : « le contexte ci d’une entité ei pour résoudre un problème pk est définie comme un ensemble d’entités ej (i diffèrent de j) relié à pk, en interaction avec ei et un ensemble de relation Ri,j entre les entités ei et ej.

En 2007, Miraoui et al., définissent le contexte comme « toute information dont le changement de sa valeur déclenche un service ou change la qualité (forme) d’un service » [39]. C’est une définition abstraite du contexte spécifique au système informatique diffus qui limite l’ensemble des informations contextuelles à celles qui sont reliées aux services.

Dans la communauté scientifique du contexte la définition la plus connue du contexte est celle de Dey [35]. Dey définit le contexte de la manière suivante : « toute information qui peut être

utilisée pour caractériser la situation d’une entité. Une entité étant une personne ou un objet qui est considéré pertinent à l’interaction entre l’utilisateur et l’application, incluant l’utilisateur et l’application eux-mêmes».

Par exemple dans un accident de la route le fait que le conducteur ait consommé récemment de l’alcool ou pas est une information relevant du contexte. En effet, elle permet de savoir si le conducteur était dans un état normal pour conduire ou non. Cette information caractérisée la situation2 de l’entité « conducteur » engagé dans l’activité de conduite au moment de l’accident. Cette définition est générale car, quel que soit le domaine, elle permet de déterminer les informations relevant du contexte ou pas. Si cette définition est retenue, la question de la modélisation reste posée. C’est la définition du contexte qui est adoptée dans cette thèse.

A partir des définitions du contexte Bazire et Brézillon [41], ont proposé un modèle de contexte en s'appuyant sur une décomposition générique de l’activité. Ce modèle représente les entités ou composants impliquées dans la réalisation d’une activité et les relations qui peuvent exister entre eux pour définir le contexte de l’activité.

Figure I.6 : Modèle des composants contexte de Bazire et Brazillon [41].

Ce modèle de composant contexte a été mis en place grâce à l’analyse d’un corpus de 150 définitions du contexte tout domaine confondu. Il représente le contexte comme l’ensemble des contextes des différents composants (User, Item, Observer, Environment) impliqués dans une situation, chaque composant possède son propre contexte (Cu, Ci, Co et Ce). La situation pouvant être décrite par un utilisateur, un système ou une application dans un environnement particulier et éventuellement par un observateur. Le modèle décrit aussi les relations entre les différents composants par exemple les relations r8 et r9 : r8 représentant les interactions entre le composant utilisateur et le composant système et r9 celle entre le composant utilisateur et le composant environnement. Ce modèle a permis aux auteurs de faire l’hypothèse que les définitions du contexte sont différentes par ce qu’elles ne se focalisent pas sur les mêmes composants contextes. Le modèle des composants contexte de Bazire et al., dans [41] permet de catégoriser les informations candidates au contexte des entités d’une activité mais elle ne dit rien sur l’identification des paramètres contextuels pertinents pour une activité. ce problème relève d'une question d'ingénierie de la connaissance qui associe d’une part, les méthodes issues de l'acquisition des connaissances auprès des experts, et d’autre part les méthodes cherchant à découvrir des connaissances dans les données disponibles, considérées comme caractéristiques de l'activité mobilisant ces connaissances. Cette approche de modélisation du contexte est utilisée par Traoré et al., dans [42] pour modéliser le contexte de l’activité de conduite automobile dans le but d’expliquer la consommation en carburant.

A partir de ce modèle du composant contexte, le contexte peut être défini comme « l’ensemble des contextes des entités impliquées dans une activité. À savoir le contexte de

l’entité utilisateur, contexte de l’entité système ou application, le contexte de l’entité environnement et le contexte de l’entité observateur » pour notre besoin de découverte de connaissances contextuelles lors de l’analyse d’une activité.