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CHAPITRE 2 : LES PARTENARIATS DANS LE SECTEUR ELAECOLE DANS LE

2.2 Définition et opérationnalisation des concepts clés

2.2.1 LE DÉVELOPPEMENT

Rist (1996: 19) entend par développement "un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence qui, pour assurer la reproduction sociale obligent à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d’une production croissante de marchandises (biens et services) destinées, à travers l’échange, à la demande solvable". Au-delà des préoccupations purement économiques et quantitatifs, le concept de développement se soucie de plus en plus des aspects sociaux à l'instar du bien-être des plus démunis et de l'homme en général (Hatem et Malpede, 1992).

49 Néanmoins Nji (2004: 49), dans un essai de synthèse rapporte que le développement a pour préoccupation l’amélioration de la condition humaine, dont les multiples facettes sont:

« Un processus évolutif de croissance et de changement dans la société

Un ensemble de stratégies d’action sociales dirigées et consciencieusement planifiés Accomplit grâce à l’interaction avec d’autres sociétés. »

Dans le cadre de notre étude sur la prospective du secteur palmier à huile, le développement sera défini dans le sens de modèle de développement durable. Il apparait opportun préalablement de définir le développement durable et le développement rural.

2.2.2 LE RURAL

Le rural est appréhendé sous divers angles. Il peut être assimilé à un espace, à la population qui le constitue, aux ressources ainsi qu'aux activités dominantes à l'instar de l'agriculture. En qualité d'espace, le rural est matériel. La terminologie de campagne différencie les zones urbaines des zones rurales. La définition du rural résulte de la négation de la ville, tout ce qui est rural, n'est pas urbain (Nagot et Schmitt, 2000). A l'aide d'indicateurs sur la taille de la population, les zones rurales sont différenciées des zones urbaines par les politiques, les hommes d’affaires, les scientifiques, etc. en fonction de leurs intérêts respectifs (Halfacree, 2007). Le rural est également défini à travers les ressources qu'on y trouve. Mendras (1995) explorant le milieu paysan, s'interroge sur la régénération des ressources prélevée en milieu rural, extensivement et intensivement. Le rural est enfin appréhendé comme une zone caractéristique d’une activité typique, tel que la production agricole, le tourisme, l'exploitation minière, etc. (Halfacree, 1993).

Dans le cadre du Document de Stratégie du Développement du Secteur Rural (DSDR), le concept de rural se focalise rapidement sur l’agriculture, mais reconnaissant l'existence d'autres activités englobe dans un second temps les activités connexes au secteur agricole (outillage, chasse, pêche, etc.) et enfin aux activités non agricoles (extraction minière, exploitation forestière, etc.) en campagne (Ahmed et al. 2005). Nous allons retenir du concept de rural dans le cadre de notre étude qu’il s’agit d'un espace, des ressources, des activités et sa population par antagonisme aux zones urbaines.

2.2.3 LE DÉVELOPPEMENT RURAL

Nji (2004) opérationnalise le développement rural comme « une combinaison coordonnée de modèles d’action sociale pour améliorer le niveau de vie et l’égalité des chances parmi les

50 résidents des zones rurales afin d’atteindre l’apogée du bien-être économique et social. » Il suppose par ailleurs que :

 Dans les zones rurales africaines, les individus disposent d’un fort potentiel pour la production artisanale, l’outillage ainsi que la production d’autres biens et services,

 Les petites entreprises en zones rurales sont gérées à l’échelle familiale ou bien à travers de petits groupes,

 Les compagnies à grande échelle de production sont généralement à fort capitaux privés, et ne sont pas localisées en zones rurales,

 Les personnes vivant en milieu rural utilisent le surplus de leurs revenus pour acheter des biens locaux, contribuant ainsi à un développement rural (Nji, 2004).

Le but ultime du développement rural se présente comme l'éradication de la pauvreté extrême par tous les moyens possibles afin d'offrir des opportunités et une vie meilleure aux populations rurales (Nji, 1981:44)

Murdoch (2000), rappelle les deux approches en matière de développement rural, le développement rural endogène (tiré par des forces internes) et le développement exogène (a lieu par l’intermédiaire de facteurs externes) et propose un nouveau paradigme du développement rural. Pour ce dernier le développement rural est un processus de mise en valeur du potentiel industriel des espaces ruraux par l’entremise de l’intégration des acteurs impliqués au sein de réseaux bien structurés. Au regard des défis contemporains du développement rural, de réduction de la pauvreté et d’assurer la sécurité alimentaire, le développement rural apparait comme l’ensemble des opérations de mobilisation de fonds par les acteurs privés, publics et à but non lucratifs en vue de réaliser des investissements sociaux-économiques pour assurer le bien-être des populations rurales (Cleaver, 2007).

2.2.4 LE DÉVELOPPEMENT DURABLE :

Soubbotina (2004) souligne que malgré le caractère dynamique de la définition du développement durable au fil des années, sa définition prend en considération les objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Il est question par exemple d’assurer la croissance économique, le plein emploi, l’équité, le respect des valeurs culturelles, la conservation de l’environnement (Soubbotina, 2004). Il en ressort une vision multisectorielle du développement durable. La Commission mondiale sur l’environnement et le développement des nations unies en 1987 sur le développement durable donne la

51 définition : « satisfaire les besoins présents sans toutefois compromettre les besoins des générations futures » est le point de départ de discussions sur le sujet depuis lors (Strange et Bayley, 2008).

Strange et Bayley, (2008) définissent le développement par le dualisme de la rareté des ressources naturelles et de l’accroissement démographique et l’importance des choix actuels et la nécessité de repenser la philosophie et les méthodes de développement, bref un mode de développement intégrant les problématiques économiques, sociales et environnementales. L’intégration du développement durable ne devrait pas avoir de limites géographiques, et institutionnelles d’où une conception du développement durable sans frontières (Kates et al. 2005).

Dans le cadre de notre étude le développement durable renvoie a un modèle de production du palmier à huile tel qu’il favorise la croissance économique, assure une rémunération équitable aux acteurs du secteur et permet un aménagement du territoire soucieux de la préservation de l’environnement.

2.2.5 LES PLANTATIONS VILLAGEOISES

Faurès et Santini (2008) nous donnent une définition exhaustive des plantations villageoises. Pour ces derniers, cette définition diffère selon les pays et les zones agro-écologiques. Dans les zones à forte densité de population, ils peuvent cultiver moins de 1 ha, alors qu'ils peuvent en cultiver 10 ha ou plus en d’autres endroits. Les planteurs peuvent être classés en deux catégories : les planteurs traditionnels et les planteurs émergents (Faurès et Santini 2008). Les planteurs traditionnels: ils utilisent des techniques de production archaïques. Le but de la production est la subsistance et l'autoconsommation. L’agriculture est généralement pluviale, utilise peu d’intrants (Faurès et Santini, 2008). Cette définition se rapproche de celle des planteurs familiaux de palmier à huile pour qui le palmier à huile est la principale source de revenus (Iyabano, 2013 ; Nkongho et al. 2014a).

Les planteurs émergents ont le plus souvent un niveau plus élevé de connaissances techniques et une meilleure réceptivité aux innovations technologiques (Faurès et Santini, 2008). Ils ont tendance à se spécialiser dans une culture spécifique, en utilisant des intrants, et sont capables de commercialiser leur production. Cette définition s’apparente aux élites urbaines et rurales pour qui le palmier à huile est considéré comme un investissement (Ndjogui et al. 2014).

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2.2.6 LES PLANTATIONS INDUSTRIELLES

Hugins (2011) définit les plantations industrielles comme des enclaves géographiquement et politiquement isolées avec des effets plus ou moins négatifs sur l’économie locale et la sécurité alimentaire. Smalley (2013), plus largement conçoit la plantation industrielle comme un espace de conduite généralement d’ « une » culture de rente et caractérisé par :

 Une nécessité de capitaux pour réaliser des investissements ;

 Une grande étendue spatiale, avec des surfaces souvent inexploitées ;

 Une conditionnalité à une main d’œuvre salariée ;

 Un dispositif managérial centralisé.

Avec l’intégration économique, les sociétés agro-industrielles sont impliquées dans les activités post-récolte, de transformation, de préparation de produits agricoles en produits intermédiaires finaux ou semi-finis (Wilkinson et Rocha, 2009). Selon les modèles, les sociétés agro-industrielles peuvent disposer de leurs plantations ou bien nouer des partenariats avec des acteurs locaux, d’où l’agriculture contractuelle.

2.2.7 AGRICULTURE CONTRACTUELLE

Smalley (2013) définit l’agriculture contractuelle comme un système dans lequel l’acheteur fournit les intrants et services nécessaires à l’agriculteur sous forme de crédit et exerce un certain contrôle sur les conditions de production. Earton et Shepherd, (2001) identifient 5 modèles d’agriculture contractuelle :

Modèle centralisé où le contractant, qui peut être une société privée, parapublique souvent en situation de monopsone transforme les produits récoltés, par conséquent requiert de larges quantités et s’assure de la qualité des produits par des contrôles ;

Modèle de développement nucléaire où la plantation industrielle est entourée plantations familiales, ces derniers peuvent bénéficier de services précisés dans un contrat qui les lie à la société agro-industrielle ;

Modèle de business commun : à travers un système d’accès aux actions de la société agro-industrielles, les gains et pertes sont partagés de même que l’accès aux intrants et services divers sont gérés de manière collective.

Modèle informel : généralement les contrats peu formalisés sont des contrats de commercialisation entre la compagnie et les planteurs familiaux. Les services

d’appui-53 conseil aux producteurs, l’accès au crédit, et d’autres services sont assurés par d’autres partenaires.

Modèle intermédiaire : dans lequel les compagnies privées ont des accords avec les organisations de producteurs ou bien d’autres organisations communautaires (Earton et Shepherd, 2001).

Dans le cadre de notre étude nous allons considérer l’agriculture contractuelle comme étant l’ensemble des modalités d’arrangements qui existent ou qui pourraient exister entre planteurs de palmier et sociétés agro-industrielles.

2.2.8 L’ANALYSE PROSPECTIVE

De Jouvenel (2002) définit l’analyse prospective comme étant une réflexion qui aide à construire l’avenir et non pas à considérer l’avenir comme un mystère à percer. Cette posture s’inspire du débat autour du déterminisme et du fatalisme (De Jouvenel, 2002). L’analyse prospective s’insère dans le cadre de méthodes combinant à la fois recherche et action, ainsi elle se veut d’être un outil d’aide à la décision, de génération de la connaissance prédictive, d’anticipation par les acteurs pour un meilleur choix (Bourgeois et Jésus, 2004). La démarche prospective contrairement à l’activité prévisionnelle suppose que l’avenir est ouvert à plusieurs futurs possibles (les futuribles : De Jouvenel, 2002) comme illustré sur la figure 13 suivante :

Figure 84 : Illustration du concept de prospective (Source: Bourgeois et Jésus, 2004:4)

54 Dans la perspective de Comte (1987: 25) pour qui, « le véritable esprit positif consiste surtout à voir pour prévoir, à étudier ce qui est afin d’en conclure ce qui sera », l’activité prévisionnelle diffère de l’analyse prospective en ces points :

 L’activité prévisionnelle est restreinte à un secteur bien défini tandis que l’analyse prospective adopte une approche globale,

 La prévision accorde une importance capitale au quantifiable tandis que la prospective prend en considération le qualitatif en plus du quantitatif,

 L’activité prévisionnelle s’insère dans une logique de continuité alors que la prospective prend en compte les ruptures,

 La valeur des informations obtenues en prévision sont fortement dépendantes de la nature des hypothèses alors que l’analyse prospective est conditionnelle et rend complexe le raisonnement (De Jouvenel, 2002).

Dans le cadre de notre étude, l’analyse prospective sera opérationnalisée comme étant la démarche d’investigation au regard des études diagnostics de la filière huile de palme des modalités futures de partenariats entre les sociétés agro-industrielles et les plantations privées périphériques pour un développement durable.

2.2.9 LE SCÉNARIO

La prospective adopte les scenarios comme outil d’exploration du futur alors que l’activité prévisionnelle utilise des modèles économétriques. De Jouvenel trouve des limites aux modèles économétriques et soutient que « les hypothèses d’entrée sont souvent très frustes, arbitraires et faiblement argumentées. Il défend la posture selon laquelle il serait souhaitable d’avoir une approximation assez large mais juste, que d’avoir des prévisions concises mais erronées. De Jouvenel (2002) conçoit un scenario comme étant à la fois la représentation que l’on se fait de la réalité actuelle, les chemins du présent vers les futurs en terme dynamique et enfin l’image finale obtenue à l’horizon de l’étude.

2.2.10 VARIABLE

Trochim (2006) définit une variable comme une entité qui peut prendre différentes valeurs. L’attribut est une valeur spécifique de la variable, elle peut être quantitative ou qualitative. Bourgeois et Jésus (2004) présentent quelques règles pour l’identification des variables :

55 Les formes négatives ne sont pas des variables, exemple : pas de bonnes routes

Les expressions physiques ne sont pas des variables exemple : l’argent.

Il convient d’après Bourgeois et Jésus (2004) de distinguer l’état d’une variable de la variable elle-même. Alors que l’état d’une variable est une forme que peut prendre la variable, s’exprime sous forme d’adjectif qualificatif, la variable est un substantif.