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1. Les vaccins et la vaccination

1.2. Aspect immunologique

1.3.1. Définition et bénéfices des vaccins et des vaccinations

Un vaccin est une préparation complexe associant divers éléments de formulation avec des agents microbiens (bactéries ou virus), tués ou dont la virulence a été atténuée par différents procédés. Le vaccin est administré à l’Homme ou l’animal dans le but d’induire une réponse immunitaire conférant à l’être vacciné une immunité active et durable vis-à-vis du ou des pathogènes dont on veut le protéger (Ajjan et al. 2009). La plupart du temps, les vaccins sont administrés à l’ensemble de la population (sauf contre-indication) afin

25 d’éradiquer les maladies infectieuses, de les éliminer ou de les contrôler. Parfois, l’objectif est uniquement de protéger les personnes à risque en adoptant une stratégie de vaccination sélective.

Même si les vaccins sont considérés comme des médicaments, ils possèdent une place à part dans le répertoire pharmaceutique actuel. Plusieurs choses les distinguent des médicaments traditionnels et notamment leur mode d’action et de fabrication.

Tableau I : Les principales différences entre vaccins et médicaments traditionnels.

Vaccins Médicaments traditionnels Conservation au frais (entre +2,0°C et +8,0°C) le plus souvent à température ambiante Fabrication origine biologique origine chimique le plus souvent Mode d’action immunologique pharmacologique

Action préventive curative ou

préventive Bénéfice individuel et collectif le plus souvent individuel Voie d’administration voie injectable le plus souvent

voie orale le plus souvent

Les vaccins sont destinés à protéger l’individu vacciné mais également la collectivité pour la plupart des vaccinations (sauf tétanos). Les patients qui ne peuvent être vaccinés pour diverses raisons bénéficient d’une protection collective induite par les vaccinations individuelles. Certaines maladies possèdent un pouvoir de transmission important au sein de la population et les vaccinations individuelles permettent de casser la chaîne de transmission de la maladie et ainsi réduire le nombre de cas. L’immunité de groupe conférée représente une plus faible probabilité de rencontrer un agent infectieux au sein d’une population avec un taux élevé de vaccination. Néanmoins, elle reste limitée dans le temps et dans l’espace (Vaccination info Service 2018).

26 Les vaccins ne sont donc pas simplement des médicaments mais bien une préparation à base d’agents infectieux modifiés que l’on va administrer à un individu en bonne santé afin d’induire une réponse immunitaire protectrice.

Les vaccins et la vaccination constituent une science à part entière qui fait appel à l’immunologie et à l’infectiologie. Le Pr Jonas Salk a émis pour la première fois le terme et le concept de « vaccinologie » vers la fin des années 1970. Le but de cette science récente est l’étude des vaccins et de ce qui est nécessaire pour une vaccination efficace (Saliou et Girard 2005).

1.3.1.2. Les bénéfices des vaccins et des vaccinations

Les vaccins font partie des plus importantes avancées scientifiques du domaine de la santé que le monde ait connues. Les bénéfices qu’ils apportent sont immenses. Ils ont permis d’éradiquer la variole et de diminuer de façon importante la mortalité et le nombre de cas de certaines maladies infectieuses. Par exemple, le nombre de décès imputables à la rougeole a diminué de 84% au niveau mondial entre 2000 et 2016 et l’éradication de la poliomyélite d’ici quelque temps semble de plus en plus probable (OMS 2018).

Si on se focalise juste sur les Etats-Unis, les bénéfices sont importants selon le CDC (CDC 2019).

27 Entre 1994 et 2013, environ 322 millions de cas de maladies infectieuses et environ 21 millions d’hospitalisations ainsi que plus de 731 000 décès ont pu être évités grâce à certaines vaccinations mises en place par le programme VFC (Whitney et al. 2014).

En France, les bénéfices sanitaires de certaines vaccinations sont également visibles comme le montre Santé publique France au travers des quelques exemples dans le tableau ci-dessous.

Figure 4 : Comparaison de la morbidité annuelle de maladies à prévention vaccinale aux Etats- Unis avant l’arrivée des vaccins avec les données les plus récentes (CDC 2019).

28 Tableau II : Tableau de Santé publique France modifié montrant de l’impact épidémiologique de certaines vaccinations introduites en France chez les nourrissons (Vaccination info Service 2018).

Maladie

Nombre de cas (annuel ou annuel déclarés ou décès annuel déclarés) avant l’introduction de

la vaccination en France

Nombre de cas annuel actuel

diphtérie 45 500 cas déclarés (1945) 0

tétanos 850 décès déclarés (moyenne

1946-1950) 3 (moyenne 2005-2016)

poliomyélite paralytique

1 700 cas déclarés (moyenne

1950-1954) 0

rougeole 500 000-600 000 (avant 1980) 40-15 000 (2006-2016)

rubéole chez la

femme enceinte 190 (moyenne 1976-1980) 9 (moyenne 2011-2015)

méningites à H.

influenzae type b

(enfants < 5 ans)

600 (avant 1990) < 3 (moyenne 1999-2015)

Au niveau mondial, les bénéfices en termes de santé sont importants. En effet, l’OMS estime que les vaccins permettent de sauver jusqu’à 3 millions de vie par an dans le monde (OMS 2018). De plus, ils permettent de limiter dans une certaine mesure les problèmes causés par l’émergence de l’antibiorésistance (OMS 2016).

Globalement, les vaccinations apportent des bénéfices sanitaires individuels et collectifs mais également économiques. En effet, leur utilisation diminue le nombre d’hospitalisations et de consultations médicales et évitent les coûts liés à certains handicaps ou pertes de productivités. Ozawa et al. montrent que les bénéfices économiques des vaccinations sont

29 importants. L’impact économique de vaccinations contre 10 maladies à prévention vaccinale a été estimé entre 2001 et 2020 pour 73 pays où les revenus par habitant sont faibles ou modérés. Selon les estimations, ces vaccinations permettront d’économiser 350 milliards USD en coûts liés à la santé et les gains de productivité liés au nombre de décès évités (environ 20 millions) sont estimés à environ 330 milliards USD. De plus, l’impact économique et social de ces vaccinations est estimé à 820 milliards USD pour 2001-2020 dont 600 milliards USD pour la période 2011-2020 (Ozawa et al. 2017).