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Un déficit de véritable communication

2. État des lieux des politiques de communication sur le stationnement

2.1 Un déficit de véritable communication

Près d’une quarantaine de municipalités ont répondu à l’enquête et 75 % d'entre elles déclarent avoir mené une ou plusieurs actions de communication au cours des cinq dernières années.

Si certaines municipalités mènent une ou plusieurs actions chaque année (Besançon, Grenoble, Perpignan, Nancy), elles sont les moins nombreuses et surtout, un quart des villes en France n'ont fait aucune communication concernant le stationnement depuis cinq ans, bien que toutes déclarent que la communication sur le stationnement est un élément important.

Cette première constatation donne la tendance générale. Le stationnement est loin d’être une priorité des politiques de communication des collectivités. Dans l’ensemble, elles l’abordent toujours à peu près de la même façon, c’est-à-dire avec une information minimum par rapport au service public qu’il représente.

la plupart des dernières actions datent de moins de deux ans, en partie en raison du passage à l'euro ;

le stationnement fait rarement l’objet d’une communication spécifique mais plutôt d’une information ;

les parcs de stationnement font plus souvent l’objet de communication que le stationnement sur voirie et les moyens qui leur sont consacrés sont proportionnellement plus importants ; le discours sur le sujet est rarement tenu dans le cadre d’une approche plus globale, telle la politique générale des déplacements (volet stationnement des PDU, par exemple) ; les documents qui évoquent cet aspect sont rares et ceux qui développent un véritable discours sur le sujet encore plus (moins d’un quart) ;

le traitement du stationnement gênant est peu présent ; cependant, lorsqu’il existe, il s’inscrit dans de véritables campagnes de communication pour la lutte contre les incivilités dans la ville, efficaces et structurées ;

le recours des professionnels extérieurs est peu répandu, pourtant, on constate que les campagnes ou les supports de communication les plus aboutis ont tous été soit confiés à un prestataire extérieur (indépendant ou agence de communication), soit réalisés en collaboration avec un consultant ou un conseiller.

Il ne semble pas exagéré de dire que le sujet embarrasse ou simplement qu’il ne semble pas faire l’objet d’une attention particulière, la mise à disposition d’informations étant considérée comme suffisante.

Or, il est non seulement légitime, au nom du devoir d’information de la collectivité vis-à-vis des citoyens, de donner le mode d’emploi d’un service public et de justifier les décisions prises et leurs répercussions (pourquoi le stationnement est-il payant ? à quoi sert l’argent ? quelles étaient les alternatives possibles ? qu’est-ce qui a orienté les choix ?), mais il est aussi indispensable de le faire dans un objectif d’évolution des mentalités. En effet, les changements de comportements en faveur d’une plus grande civilité passent inévitablement par des actions de sensibilisation et posent la question de la nécessité d’une communication comportementale sur le sujet.

La représentation mentale, l’idée autour de laquelle vont s’articuler les différents messages à faire passer, fait souvent l’objet d’une campagne de communication. On entend par campagne un ensemble d'actions organisées selon une stratégie et formalisées dans un plan de communication.

Si l'on excepte une dizaine de campagnes témoignant d'une réflexion d'ensemble et ayant mobilisé des compétences et des moyens adéquats, le reste des supports demeure relativement neutre ou modeste.

La plupart des actions consiste, en fait, en un ou deux outils ponctuels et la créativité reste limitée.

Le message principal réside souvent dans l’énonciation des tarifs, la présentation de l’offre disponible et sa localisation. Ainsi, près des trois quarts des documents recensés parlent d’argent ou font référence au prix du stationnement, certaines collectivités en faisant un élément de leur slogan.

Outre ce point commun, l'analyse, des axes de communication choisis permet de distinguer quatre types de positionnement récurrents, du plus fréquent au moins exploité :

- le thème de la facilité

C’est, de très loin, le thème le plus utilisé. La collectivité apporte directement une réponse aux problèmes de l’automobiliste (« stationnez facile » ; « vous faciliter la vie » ; « toutes les solutions pour stationner » ; « à chacun son parking » ; « partout, la voiture a sa place » ; « le bon plan pour se garer » ; « mieux circuler et stationner » ; « un meilleur accès » ; « stationner futé, intelligent »).

Il faut cependant noter que dans tous les documents affichant ce type de message, aucun argumentaire, aucune explication de la problématique ne sont développés. Les slogans ne font qu’illustrer des modes d’emplois purement informatifs. On mettra à part la campagne lyonnaise « un stationnement intelligent » qui échappe à la règle puisqu’elle accompagne ce discours de la notion de partage de l’espace urbain et développe une approche globale par le biais des autres outils de l’opération.

- le thème de la qualité de vie en ville

Quelques collectivités mettent en avant le lien entre stationnement et qualité de vie en ville, ce qui replace le sujet dans un contexte plus global : « mieux vivre, c’est mieux stationner » ; « le stationnement qui place le cœur de la ville au cœur du mieux vivre » ; « grâce au stationnement, le centre devient un centre de vie » ; « stationnement : mieux vivre la ville ».

- le thème de l’optimisme, de l’encouragement à changer de comportement

Quittant le registre pur de l’information qui caractérise les deux thématiques précédentes, les collectivités qui adoptent ce type de positionnement tentent d’impliquer l’usager en le considérant comme un acteur à part entière de la politique du stationnement. L’approche est donc différente (« prenez la ville du bon côté » ; « bon pour la circulation, dégage les artères » ; « la ville vous fait une belle place » ; « le réflexe parking » ; « jouez les nouveautés parkings » ; « le centre-ville a la pêche, pour circuler en sourire, stationner en couleurs » ; « bravo, vous avez adopté le nouveau plan de stationnement » ; « la boucle prend des couleurs, choisissez celle qui vous va le mieux » ; « les bons côtés de la boucle » ; « au revoir les horodateurs, bonjours les eurodateurs » ; « stationnement : prenez la ville du bon côté »).

- le thème des incivilités

Dans le même ordre d’idée, mais sur un mode beaucoup plus responsabilisant, voire culpabilisant, quelques collectivités ont mis en place avec succès des campagnes visant à lutter contre le stationnement gênant. Pour cela, elles l’abordent sous l’angle des incivilités urbaines en l’inscrivant dans des campagnes plus larges aux côtés d’autres problématiques du respect des règles de savoir vivre en ville (propreté, vitesse). Pour chacune, des slogans forts ont été adoptés, avec un recours fréquent à l’humour ou à l’ironie pour mieux faire passer le message.

En résumé, les positionnements hésitent entre « moins on n’en parle et mieux c’est » (absence ou minimum d’information) et « on en parle juste ce qu’il faut » (information locale de service), en passant par « on ne parle que de ce qui va bien, de ce qui est sans risque ou socialement correct » (respect des places pour handicapés, règles de sécurité en lien avec le tramway).

Pourtant, les quelques véritables campagnes sur le stationnement gênant, la mise en place de nouvelles tarifications, par exemple, sont la preuve que des approches beaucoup plus originales, engagées et créatives, sont possibles et efficaces. Elles restent cependant rares.

2.2 Le stationnement sur voirie : des thématiques peu variées et un