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CHAPITRE III : CADRE THÉORIQUE

3.3 Décrochage scolaire et motivation

Ce sous-chapitre explique, d’une part, les facteurs de décrochage scolaire, tels qu’énumérés par Jean-Marie Petitclerc (2011), et d’autre part, quelques aspects du concept de la motivation scolaire, dont les conditions motivationnelles d’une activité (Rolland Viau 2009). La motivation de la créativité telle que développée par Carl Rogers (1954) est finalement exposée.

3.3.1 Facteurs de décrochage scolaire

Jean-Marie Petitclerc (2011)1 a étudié les facteurs de décrochage scolaire liés aux

conditions sociales difficiles, particulièrement la grande pauvreté. Il a repéré trois séries de facteurs. Les premiers facteurs, d’ordre psychologique, sont reliés à la concentration. Petitclerc explique que les difficultés scolaires, voire les échecs, vécus par plusieurs élèves ne sont pas en relation avec le fait que ceux-ci ne comprennent pas, mais au fait qu’ils n’écoutent pas. L’auteur expose le lien entre la capacité d’attention et la réussite scolaire. Ce n’est pas parce que ces élèves ne sont pas intelligents, mais parce qu’ils sont souvent trop préoccupés par leur situation familiale, ou sociale, difficiles pour pouvoir être attentifs en classe. Les seconds facteurs, d’ordre sociologique, sont liés à l’importance qu’accorde l’élève à sa scolarité en regard des autres avec lesquels il s’identifie. Alors que l’enjeu principal à l’adolescence est souvent l’appartenance à un groupe, si dans celui-ci la réussite scolaire n’est pas valorisée, l’adolescent n’est pas porté à s’y intéresser. De plus, souvent les premiers de classes sont dévalorisés par les autres élèves, on les traite « d’intellos », de « téteux de notes »… Plusieurs sacrifient donc leur scolarité pour sauvegarder leurs amitiés.

1Prévenir le décrochage scolaire. Revue Quart monde, no. 219- Rudes certains chemins des écoliers! Consulté en ligne le 3 mars 2016 à l’adresse http://www.editionsquartmonde.org/rqm/document.php?id=5210

Les troisièmes facteurs sont d’ordre pédagogique. Le problème, explique Petitclerc, est lorsqu’on focalise sur ce qui manque à l’élève plutôt que sur ses aptitudes et ses réussites. La répétition des échecs dirige l’élève vers le découragement et la perte de confiance en lui. S’instaure un cercle vicieux qui risque de ralentir l’épanouissement du jeune et le développement de sa personnalité. Souvent les jeunes en difficulté n’aiment pas l’école parce qu’ils la perçoivent comme un lieu de mise en situation d’échec, ils cherchent donc à l’éviter.

3.3.2 Motivation scolaire

D’après le pédagogue Rolland Viau (2009), la dynamique motivationnelle qui stimule l’élève dépend d’abord de lui-même puisqu’elle découle de « la perception de la valeur qu’il accorde à l’activité pédagogique qui lui est proposée », de « la perception de sa compétence à la réussir » et de « la perception de contrôlabilité » qu’il a sur son déroulement (p.70) tel que décrite par l’auteur (1994) « La motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but. » (p. 7). Par ailleurs, Viau (2009) explique qu’il y a aussi des facteurs externes qui influencent la dynamique motivationnelle de l’élève. En premier lieu, les facteurs liés à la vie personnelle de l’élève, c’est-à-dire sa vie familiale (l’investissement et l’encouragement des parents), sa relation avec ses amis (l’influence des pairs face à l’école) et son emploi extérieur à l’école (manque de temps et de concentration). En second lieu, les facteurs liés à la société (les phénomènes culturels et médiatiques, les références à des modèles, l’identification à des modes). En troisième lieu, les facteurs liés à l’école (la perception qu’a l’élève de l’encadrement disciplinaire et des règlements). Quatrièmement, les facteurs liés à la classe (climat de la classe, interventions de l’enseignant, évaluations, récompenses et sanctions). Le schéma qui suit synthétise les facteurs qui influencent la dynamique motivationnelle de l’élève, d’après Viau (2009) :

Figure 3.4 : Facteurs qui influencent la dynamique motivationnelle de l’élève. (Viau, R. 2009, p70)

L’auteur a établi dix conditions que devrait comporter une activité afin qu’elle soit motivante pour les élèves. L’identification du but et l’interdisciplinarité de l’activité sont des critères importants. Les élèves doivent saisir l’intérêt et l’utilité de l’activité et les directives doivent être clairement exposées. Les bénéfices de l’activité doivent présenter des liens avec les intérêts de l’élève. L’activité est motivante lorsqu’elle représente un défi pour l’élève en le responsabilisant et en lui permettant de faire ses propres choix qui mèneront vers la concrétisation d’un produit qui lui ressemble. L’interaction et la collaboration avec les autres en visant un but commun sont aussi des points importants à considérer lors de l’activité. Bien entendu, il ne faut pas négliger que l’activité doit se dérouler sur une période de temps suffisante.

Viau (2009) explique que ces conditions agissent sur la perception de contrôlabilité qui est un facteur important dans la dynamique motivationnelle de l’élève. La perception de contrôlabilité se définit comme étant « le degré de contrôle que l’élève croit exercer sur le déroulement d’une activité. » (p.44). Cette perception est élevée lorsque l’élève a le sentiment d’avoir une certaine autonomie par rapport à son apprentissage, d’avoir son mot à dire sur la façon dont se déroule cet apprentissage.

3.3.3 Motivation de la créativité

Carl Rogers (1954), dans La créativité constructive, décrit la motivation à la créativité comme « la tendance de l’homme à s’actualiser et à devenir ce qui est potentiel en lui » (p. 248). Il parle de cette motivation particulière comme étant une tendance propre à toute vie humaine de se développer, de murir, de s’exprimer et d’actualiser ses capacités distinctives. Dans le même ouvrage, l’auteur précise que « cette tendance peut être profondément enfouie dans la personne; elle peut se cacher derrière des façades compliquées qui nient son existence (…) elle existe en chaque individu et n’attend que l’occasion de se manifester. » (p.248).

Rogers soutient que ce qui motive l’action créatrice est le besoin naturel pour l’humain de s’actualiser, et qu’au cours du processus, l’énergie engendrée est tellement forte qu’elle pousse le créateur à être créatif et innovateur dans son rapport à l’environnement, dans ses activités quotidiennes. L’auteur définit autoactualisante cette conduite motivationnelle générée par la créativité. En ce sens où lorsque l’individu est entièrement « ouvert » à l’expérience créatrice, celle-ci devient essentiellement constructive puisque l’individu se trouve ouvert à toutes ses sensations et ses perceptions, qui elles, se transposent naturellement dans son environnement. En prenant conscience de ses émotions et de son rapport à l’environnement, l’individu développe une motivation à créer, à innover, à se développer, et donc à s’actualiser.