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9. Exemple – Le makerspace

9.4 Déclinaisons

Nous avons précédemment décliné le modèle pour le makerspace de manière large et générale. Cependant, les quatre sites physiques de la Médiathèque Valais ne sont pas semblables en matière d’espaces, de publics, de moyens financiers, de partenaires et de ressources humaines. Il est nécessaire d’adapter le projet aux contraintes et aux besoins spécifiques de chaque bibliothèque (Willingham, Boer, 2015, p. 16). C’est pourquoi nous allons dès à présent faire des propositions qui tiennent compte des variables suivantes : publics, ressources financières, ressources humaines et espaces à disposition.

9.4.1 Publics

Catégorisés selon l’âge ou les compétences, pour chaque type de public, nous détaillerons ce qu’il est possible de faire, ou plutôt ce qu’il serait le plus adapté de faire. Il faut néanmoins garder en tête que les publics peuvent se mélanger au sein d’une même activité ou d’un même espace : les jeunes pouvant instruire les adultes, les experts pouvant instruire les novices. Une liste des ressources et possibilités d’activités se trouve en annexe 3, Tableau 2.

Public enfant

Le public enfant représente les enfants ayant entre 4 et 14 ans. C’est un public jeune qui n’attend que d’apprendre et d’expérimenter. Il nécessite un accompagnement et

48 À titre d’illustration, l’Hamilton Public Library (http://www.hpl.ca/articles/partnership-policy) et la Stratford Public Library (https://perma.cc/XRY6-84T9) peuvent être une bonne source d’inspiration pour l’élaboration d’une politique des partenariats.

une attention plus soutenue que les autres publics. Les formations et activités de découverte devraient être majoritaires par rapport à d’autres types d’activités. Avec ce public, l’on devrait privilégier les activités moins techniques telles que l'artisanat, le tricot, la construction, etc. L’utilisation des LEGO et du LEGO WeDo 2.0 est également une possibilité. On peut néanmoins le sensibiliser à la technologie via l’utilisation d’applications mobiles.

Public adolescent

Le public adolescent représente les jeunes entre 15 et 20 ans qui, en général suivent des études de niveau secondaires I et II. Il requiert un accompagnement actif en début d’apprentissage afin de le rendre autonome. Ce public nécessite une formation de base qui va permettre de le rendre de plus en plus autonome. On peut également proposer toutes sortes d’activités et de services. On commencera l’introduction à la programmation, à l’électronique, à la robotique (avec LEGO MindStorms EV3, par exemple) ainsi qu’à la création digitale.

Public novice adulte

Le public novice englobe des passionnés, des curieux ou des porteurs de projets. Adultes, parents ou retraités, ils n’ont aucune expérience en matière de création manuelle et digitale. Ce publique nécessite un accompagnement actif en début d’apprentissage afin de le rendre autonome. L’accompagnement est alors nécessaire pour l’activité ou le service choisi.

Public expérimenté adulte

Le public expérimenté englobe les passionnés, les corps de métier, les porteurs de projets avancés qui ont une expérience confirmée en matière de création manuelle et digitale. Ce public profite de la mise à disposition des équipements, contribue à la vie de la communauté et accompagne ou dispense des formations aux autres publics. Il aura ponctuellement besoin d’un appui ou d’une formation complémentaire pour la réalisation de ses propres projets.

9.4.2 Ressources financières

Ne soyons pas naïf, selon l’envergure du projet, un makerspace peut s’avérer très coûteux en matière d’équipement, de maintenance, d’activités et de personnel. Néanmoins, il est tout à fait envisageable de proposer un espace de création fonctionnel et cohérent sans ou avec peu de moyens.

Sans moyens financiers

Enf = Enfants, Ado = Adolescents, No = Novices et Exp = Experts

Enf-Ado Utiliser des applications mobiles et des ressources Web gratuites pour la formation ;

Enf Utiliser ce que la bibliothèque possède déjà et en modifier l’utilisation : tables, papier, cartons, bouteilles en plastique, papier toilette, ciseaux, colle, cartons d’œufs, ordinateurs, etc. ;

Enf Mettre en place des ateliers d’artisanat simples avec les outils que la bibliothèque possède : origami, résolution de problèmes avec une simple question, objets avec des sacs plastiques, etc. ;

Enf S’inspirer de milliers d’ateliers d’artisanat simples de DIY présents sur le Web (voir annexe 3) ;

No-Exp Récupérer du matériel et des outils dans les déchetteries ou d’occasion ; Tous Utiliser des logiciels Open source au lieu d’acheter des licences

commerciales ;

No-Exp Monter soi-même les imprimantes 3D et les machines de découpe laser.

Peu de moyens financiers

Tous Mutualiser les dépenses entre bibliothèques avec la création d’un MakerBus, d’un FyskLab, d’un MakerContainer ou en se prêtant les outils et les équipements ;

No-Exp Louer l’équipement à un fab lab ou makerspace local ou une association locale ;

No-Exp Externaliser les activités dans un makerspace local ;

Enf-Ado Créer de petites boîtes spécifiques mobiles pour chaque type d’atelier (Schuldt, Mumenthaler, 2017) :

o Boîte 1 — Jouer et s’amuser avec la technique : Ozobot, Sphero 2.0, MakeyMakey, LittleBits, Cubelets, MOSS

o Boîte 2 – Film : caméras, spot lumineux, microphones, drone muni d’une caméra (DJI Mavic Pro), ordinateur.

o Boîte 3 — Cave d’artisanat moderne : Makerbot 2 go, Brother Scan N Cut, LEGO Mindstorm, LittleBits.

Malgré ces astuces, les moyens financiers peuvent être trop maigres pour lancer le projet. Pour s’en défaire, les sources de financement peuvent être trouvées via (Willingham, Boer, 2015, p. 24‑26) :

• les subventions, avec une source principale de revenus provenant de fonds publics ou privés ;

• un partenaire de type fab lab qui gère l’espace au sein de la bibliothèque ; • une génération de revenus issus des activités du makerspace : formations,

ateliers, conférences, locations, adhésions, etc.

9.4.3 Ressources humaines

Concernant les ressources humaines, il peut y avoir deux situations ou manquements : un manque de personnel à disposition au sein de la bibliothèque et un manque de compétences dans un domaine spécifique.

Manque de personnel

• Permettre à un membre de la communauté désirant partager sa passion ou son expertise avec le reste de la communauté de le faire. Via un partenariat ou via un contrat oral (conformément à la politique des partenariats), le but est alors de faciliter l’animation d’ateliers, la mise en place de formations ou l’accompagnement des membres par un membre de la communauté ;

• Si aucun membre n’est trouvé parmi le réseau de la bibliothèque, il reste la solution de l’engagement d’un professionnel avec rémunération.

Manque de compétences spécifiques

• Les compétences ou les spécialistes peuvent être trouvés au sein du réseau, des partenaires ou des futurs partenaires ;

• Animer et accompagner les membres d’une communauté lors d’ateliers ou de cours de découverte sans avoir de compétences précises est également possible. Il faut alors diriger l’enseignement de manière à ce que les solutions et les compétences de base émergent à partir des participants et non grâce à l’enseignant. C’est le principe même du socioconstructivisme ;

• Les compétences peuvent être acquises en formant un bibliothécaire pour un domaine précis. Les compétences nécessaires pour permettre aux membres d’apprendre par eux-mêmes sont souvent basiques et ne nécessitent donc pas beaucoup de temps. La formation peut être dispensée par un partenaire ou un membre de la communauté, ou encore être acquise sur le terrain par tâtonnement.

9.4.4 Espaces

Les limitations spatiales et le manque d’espace peuvent freiner l’implémentation d’un makerspace. Voici quelques astuces qui permettent tout de même d’offrir le service espéré :

• Créer des ateliers occasionnels, hebdomadaires ou mensuels qui ne nécessitent pas d’infrastructure ni de matériel volumineux. Le matériel peut être rangé dans des boîtes (voir plus haut). Il suffira de les ressortir pour un prochain atelier. C’est ce que les Américains nomment le pop-up makerspace ; • Transformer un espace déjà utilisé de façon temporaire (1-2 mois) en

l’occupant avec des équipements prêtés par ou loués chez un partenaire local. Des ateliers seront proposés tout au long de la période en fonction de la thématique choisie ;

• Investir un espace modulable pour plusieurs types d’activités : murs mobiles, tables modulables, espaces de rangement, etc. ;

• Aménager un conteneur (MakerContainer) ou un long véhicule transformé (MakerBus/FryskLab). La thématique proposée peut changer au fil du temps. Dans le cas d’un véhicule, celui-ci peut également voyager de bibliothèque en bibliothèque et aller à la rencontre du public hors les murs. C’est également une manière de mutualiser les dépenses ;

• Offrir et externaliser les activités et les formations dans un makerspace local.