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DU DÉBUT DU CHRISTIANISME (IV e SIÈCLE) AU DEUXIÈME ROYAUME DE BOURGOGNE (888-1032)

ENÈVE est encore romaine quand elle adopte le christianisme 1

au cours du IVe siècle 2 (fig. 75). A la date où elle est érigée en « civitas »3, elle devient le siège d’un évêché4, dont les plus anciens titulaires connus sont Dominus, en 379, puis Isaac, vers 400, Salonius au Ve siècle 5. Quelques souvenirs des premiers évêques subsistent : une inscription perdue men- tionne Domitianus, qui aurait occupé le siège épiscopal avant 500 sous le règne de Godegisèle 6 ; dans la cathédrale Saint- Pierre, un sarcophage du VIe siècle, orné de rouelles incisées (fig. 92), contenait un corps encore revêtu d’habits violets, qui serait celui de Maxime, évêque de Genève en 513, 517, et mort à une date inconnue 7; nous possédons à deux exemplaires

1 Sur les débuts du christianisme à Genève: G, V, 1927, 107 sq., référ.; PS, 107 sq., 113, référ.; DEONNA, Les croyances, 453 sq., Le christianisme; LECLERCQ et CABROL, Dict. d’arch. chrét., s. v. Genève. — Cependant le paganisme persiste longtemps après, puisqu’en 515 l’évêque

Maxime transforme un temple d’Annemasse en église: PS, 107, 108, note 1, autres ex.; BESSON,

Nos origines chrétiennes, 40.

2 G, V, 1927, 107; PS, 107; BESSON,Nos origines chrétiennes, 14, 17.

34 Cf. p. 75.

Sur la fondation de l’évêché, la liste des évêques, etc. : PS, 118, référ. ; BESSON, Nos origines chrétiennes, 51 ; LECLERCQ et CABROL, Dict. d’arch. chrét., s. v. Genève, 940 sq. ; DHBS, s. v. Genève,

et Genève (évêché de Genève), 382; NAEF, Les origines de la Réforme à Genève, 1936, 3, La ville

et le diocèse; BLAVIGNAC, Armorial genevois, 218; BLONDEL, G, XI, 1933, 100, Origine des paroisses urbaines. 5

G, XI, 1933, 81; XIX, 1941, 112.

6 PS, 117, n° 220.

7 PS, n° 235; Saint-Pierre, ancienne cathédrale de Genève, 3e fasc., 1893, 35, fig. 7, pl. I;

DEONNA, Les croyances, 361, fig. 76; 487, Le sarcophage trouvé dans la cathédrale Saint-Pierre

à Genève. — La détermination n’est pas certaine.

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l’inscription funéraire de l’évêque Ansegisus, qui prit part au concile de Ravenne en 877 et fut enseveli dans l’église Saint-Victor 1. Et dès le IVe siècle des docu-

ments, dont les motifs ne sont plus païens, mais chrétiens 2, attestent que Genève commence une nouvelle période de son histoire.

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1 PS, n° 257, 258.

2 Du IVe siècle, pierre perdue, avec chrisme : PS, N°219; BESSON, Nos origines chrétiennes, 15;

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Dès 443, Genève appartient aux Burgondes1 et devient le siège de leurs rois. Depuis 461, où Lyon est leur résidence principale, elle n’est plus habitée que par

FIG.76. — Inscription de Gondebaud. Musée de Genève.

le frère du roi, qui porte du reste le même titre, et elle reçoit successivement Gundioch (mort vers 470), Chilpéric (mort en 480), Godegisèle, frère de Gondebaud, Sigismond, qui se fait couronner à Carouge en 516 en présence de son père Gondebaud, les filles de Chilpéric et nièces de Gondebaud et Godegisèle, soit les princesses Sédeleube et Clotilde, qui épouse Clovis en 493.

En 534, les Francs mettent fin à ce premier royaume de Bourgogne et Genève passe sous la domination des rois mérovingiens2, puis carolingiens 3, jusqu’en 888, où le second royaume de Bourgogne est fondé, issu du démembrement de l’empire carolingien, et dure jusqu’en 1032 4. Genève a gardé le souvenir des rois burgondes 5

et mérovingiens6, des empereurs carolingiens7, puis rodolphiens8 qui l’habitèrent, y passèrent, l’embellirent de leurs constructions, mais beaucoup de ces traditions sont erronées, créées par l’imagination d’anciens érudits.

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La ville burgonde n’est pas plus étendue que la ville romaine de la fin du IIIe

1 Sur Genève burgonde: G, V, 1927, 115, référ.; PS, 115, référ.; DHBS, s. v. Genève, 354, n° 2; P.-E. MARTIN.La fin de la domination romaine en Suisse et l’occupation germanique, BH G, VI, 2 1933-1938, 3; G, XVIII, 1940, 64, 84.

PS, 116; DHBS, s. v. Genève, 354, n° 3.

3 PS, 117.

4 PS, 117; DHBS, s. v. Genève, 354, n° 4.

5 En particulier de Gondebaud: DEONNA,La fiction, 56, Les Burgondes; PS, 120.

6 PS, 116.

7 Pépin le Bref est à Genève en 755, Charlemagne en 773; traditions relatives à Charlemagne:

PS, 117; D8 EONNA,I.a fiction, 61.

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et du IVe siècle, et elle continue à vivre à l’intérieur de l’ancienne enceinte réduite 1. Gondebaud n’a pas édifié celle-ci, comme on le croyait2 sur la foi d’une inscription (fig. 76) 3, mais l’a seulement restaurée après l’incendie qui ravagea Genève, quand

Fig. 77. — Le palais burgonde, périodes III (Ve s.) et Y (VI-VIIIe s.), d’après L. Blonde! (G, XVIII, 1940, 74-76, fig. 4-6).

1 Plan de Genève burgonde: Mayor, L’ancienne Genève, 14, fig. 7 E; Fatio, Genève à. travers

les siècles, 17, fig.; Montandon, Genève, pl. XVI; Blondel, Origine et développement des lieux habités, 1915, 26, fig. 16. Ces plans ne sont qu’approximatifs, et les découvertes ultérieures en

ont modifié plusieurs détails. C’est ainsi que, sur le plan de M. Blondel, des deux châteaux qui défendent, l’un l’entrée au Bourg-de-Four, l’autre la sortie à la Tour de Boël, le premier n’existe pas encore à l’époque burgonde. — Cf. p. 84. 2

Cf. p. 84; DEONNA,La fiction, 57; PS, 120.

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lingienne, on le fortifie en lui

ajoutant une tour qui, en ce point culminant de la cité, la domine et la sur- veille 9, et il devient un château comtal, en bordure de la rue du Soleil-Levant10 (fig. 78). L’ancien palais, qui est encore habité au début du deuxième royaume de Bourgogne n, disparaît vers le Xe siècle et il ne subsiste plus que la tour avec son quadrilatère de murs. Ce château comtal est lui-même remplacé au début du XIe siècle par celui du Bourg-de-Four.

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* *

1 G, XVIII, 1940, 84; XIX, 1941, 112.

2 PS, 119; G, XVIII, 1940, 86; XIX, 1941, 85.

3 G, XIX, 1941, 112.

4 BLO N D EL, Praetorium, palais burgonde et château comtal, G, XVIII, 1940, 69; XIX,

1941,112. — Périodes de la construction: G, XVIII, 1940, 82-83; période I, I-IIesiècles; période II, fin du IIIe siècle, fig. 3 (I et II) ; période III, Ve siècle, fig. 4; période IV, de 500 au delà; période V, VIIe et VIII5 e siècles, époque carolingienne, fig. 5 (IV), 6 (V).

G, XVIII. 1940, 76, Canalisations et piscines; 72.

6 Ibid., 77, Le four.

7 Ibid., 79.

8 Ibid., XVII, 1939; XVIII, 1940, 76.

9 Ibid., XVIII, 1940, 86, fig. 6, période V; XIX, 1941, 113.

10 Ibid., XIX, 1941, 113, Château comtal, fig. 7, plan.

11 Ibid., XIX, 1941, peut-être par le roi Rodolphe Ier (888-912).

ses troupes l’assiégèrent en 500 parce qu’elle était demeurée fidèle à son frère Godegisèle 1.

Le palais des rois burgondes n’est pas au Bourg-de-Four, où on l’a jadis situé2, mais près de Saint-Pierre (fig.

77). Il utilise d’abord, après 443, le praetorium romain, en bordure du forum du IVe siècle3. Mais après l’incendie de 500 011 le reconstruit sur le même empla- cement et sur celui du petit

sanctuaire romain4. Assez lu-

xueux pour l’époque, il com- prend des bains alimentés par des canalisations5, un chauffage à air chaud 6, une chapelle 7, une salle décorée d’une riche mo- saïque murale, en cubes de verre rouges, bleus, verts, dorés 8.

Vers la fin de l’époque mé-

Rovingienne et à l’époque caro- Fig. 78. — Premier château comtal, rue du Soleil-Levant, d’après L. Blondel (G, xix, 1941, 113, fig. 7).

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La première basilique de Saint-Pierre-ès-Liens1, sans doute à peu près

contem-Fig. 79. — Constructions primitives de Saint-Pierre, édifices romains et basilique de Sigismond, d’après L. Blondel (Gr, XI, 1933, 80, fig. 1).

1 Sur les premières églises de Saint-Pierre: C. Martin, Saint-Pierre, 12 sq., Les premières églises chrétiennes; 15, résumé; Deonna, Les croyances, 487; PS, 108, référ. — Plusieurs affirma- tions anciennes ont été modifiées par les fouilles récentes. — Pour les étapes ultérieures de l’édifice, cf. p. 135.

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poraine de l’institution de l’évêché, est élevée sur des constructions romaines 1 à la fin du IVe ou au début du Ve siècle (fig. 79) 2. La basilique de Sigismond, avec peut-être un baptistère annexe (fig. 80) 3, qui lui succède et dont Avitus fait la dédi- cace entre 513 et 5164, subsiste avec quelques transformations jusqu’au XIIe

siècle5; des fragments architecturaux des VIe- VIIe au IXe siècle6, des inscriptions funéraires7, des sarcophages8 en proviennent.

La basilique primitive de Saint- Germain est aussi ancienne que la cathédrale, soit du IVe siècle9. Avec de légers remaniements après l’incendie de 50010, elle subsiste jusqu’au XIIe

siècle sans doute11. Nous possédons les frag-

1. Cf. p. 85, le forum du IVe siècle: G, XI, 1933, 78, Edifices romains; PS, 50; G, XIX, 1941, 113, fig. 6, plan du forum du IVe siècle, avec l’emplacement de Saint-Pierre. 2.

G, XI, 1933, 79, Eglise du Ve siècle, fig. 1, plan général; XII, 1934, 53; XIX, 1941, 112. 3.

G, XI, 1933, 86; fragment de fonts baptismaux, PS, n° 251. 4.

LECLERCQ et CABROL,Dict. d’arch. chrét., s. v.

Genève, 948, VI. Dédicace de la cathédrale. 5.

G, XI, 1933, 81, Basilique de Sigismond, du VIe

siècle; fig., 1, plan général; fig. 2, reconstitution de l’église du VIe siècle, plan. — Sur ces premières basi- liques: PS, 108, 116, référ.; LECLERCQ et CABROL, Dict. d’arch. chrét., s. v. Genève, 945, V, La cathédrale, fig.

5213, plan (les fouilles postérieures ont rectifié certaines de ces données). 6.

Martin, Saint-Pierre, 210, note 43, d’après Gosse; PS, nos 237 sq.; n° 237, couronnement de chan- cel, avec croix, Ve-VIIe siècles; n° 242, fragments de

tuf, revêtus de mortier rouge, ornements en treillis, VIe siècle; n° 243, fragments de stucs à en- trelacs, VIe siècle ; nos 245, 246, 247, 250, fragments de chapiteaux, VIe-VI Ie siècles ; n° 249, fragments

de frise ornementale, VIIe siècle; n° 248; nos 224-225, 260, 263, plaque avec entrelacs en relief, d’époque mérovingienne ou carolingienne, au revers d’une inscription du VIe siècle; nos 261-264, 266, autres fragments avec entrelacs de même époque; n° 267, chapiteau de pilastre carolingien? — Besson, N7. OS origines chrétiennes, pl. XXIX, 2. — Ces pièces sont parfois difficiles à dater, PS, 109.

Cf. p. 112; PS, no« 222 sq.

8.PS, nos 234-235. — Cf. p. 101.

9. BLONDEL, Sculpture des débuts de l’art chrétien à Genève, Mélanges Soc. Aux. du Musée,

1922, 67; ID., G, XI, 1933, 86, église de Saint-Germain, fig. 3, plan; PS, 111, fig., plan. — L’épi-

taphe du martyr Nemesius est une importation moderne de Rome: PS, n° 252 bis. 10.

De la basilique primitive subsiste une partie de l’abside: G, XI, 1933, 89, fig. 4. C’est aussi après 500 qu’elle prend le nom de Saint-Germain l’Auxerrois, ce saint n’étant mort qu’en 448 à Ravenne, ibid. ; PS, 111, note 2. 11.

La seconde église, peut-être fondée en 1188, mentionnée en 1218, est détruite par un incendie en 1334: PS, 111; G, XI, 1933, 86.

Fig. 80. — Saint-Pierre, basilique de Sigismond, VIe siècle, d’après L. Blondel

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nients de son autel, de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, aux frises en relief d’animaux symboliques, cerfs et agneaux, qui s’affrontent autour d’un motif central, la montagne du Paradis, d’où sortent les quatre fleuves et que surmonte la croix 1 (fig. 81). Ce n’est point une sculpture locale, car la pierre dénote l’importation, peut-être d’Arles ou de Marseille 2.

FIG.81. — Autel de Saint-Germain, IV-Ve siècles, reconstitution de L. Blondel (G, III, 1925, 115, fig. 3).

La première église de Saint-Victor, de forme circulaire, est édifiée peu avant 500 par Sédeleube, fille de Chilpéric, et semble avoir été remaniée au IXe siècle 3; l’évêque Ansegisus y est enseveli après 877 4. Quelques fragments en proviennent sans doute : dais ou ciborium 5, chapiteaux 6.

Les églises de la Madeleine et de Saint-Gervais sont plus récentes. Un cimetière barbare succède au temple romain de Maia 7, car on trouve dans les fondations de la Madeleine des tombes plus anciennes que celle-ci8. La première église peut dater

1 PS; n° 217, référ.; G, V, 1927, 113, n° 217, référ.; BLONDEL, G, XI, 1933, 88; GANTNER,

Kunstgeschichte der Schweiz, I, 1936, 53, fig. 30; 2 ID., Hist, de l’Art en Suisse, 69, fig. 43.

G, XI, 19-33, 88.

3 G, IV, 1926, 267; XI, 1933, 99; PS, 51, 108; BLONDEL, Les faubourgs de Genève au XVe siècle, 73.

4 Inscription funéraire: PS, n° 257-258; cf. p. 102.

5 PS, n° 239, VIe-VIIe siècles.

6 PS, n° 238, style corinthien, Ve-VIe siècles; nos 240, 241.

7 Cf. p. 81; G, XI, 1933, 90, 1, Les constructions romaines.

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du VIIe ou du VIIIe siècle1; la seconde, avec des sarcophages des Xe et XIe siècles, l’aurait remplacée au Xe siècle 2.

L’église de Saint-Gervais est élevée aux IXe-Xe siècles3, sur un emplacement

occupé d’abord par une villa romaine, puis par un cimetière barbare dont on a

FIG. 83. — Saint-Pierre et La Madeleine.

retrouvé les tombes sous le sol de l’église, enfin par la chapelle de la villa carolin- gienne 4.

Auquel de ces sanctuaires convient-il d’attribuer un chapiteau de pilastre de tradition corinthienne, sans doute de la fin de l’époque carolingienne, du IXe siècle ?5.

Dans la campagne, le plus ancien document que nous possédons sur l’église du prieuré de Satigny est de 912, mais les constructions en sont peut-être antérieures 6.

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A Carouge, au carrefour même des routes qui ont donné à cette localité son nom (Quadrivium), une grande villa entourée d’autres habitations forme une aggloméra-

1 G, XI, 1933, 90, 2, Première église.

2 Ibid., 91, 3, Deuxième église; fig. 6, sarcophages; fig. 5, plan des édifices successifs;

Gantner, Hist. de l'Art en Suisse, 27, fig. 23, n° 3 (plan des deux premières églises). 3

PS, 111 ; G, XI, 1933, 94, fig. 8, plan des divers édifices. — Prétendu dolmen et construc-

tions romaines sous Saint-Gervais : PS, 111 ; cf. p. 51. 4 Succession des édifices: G, XIX, 1941, 195 sq.

5 PS, 135, n° 259.

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tion burgonde que défendent le cours de l’Arve et des fossés en arc de cercle. C’est dans ce palais que Sigismond est couronné en 516; la localité est abandonnée ou détruite après l’époque burgonde jusqu’au XVIIIe siècle 1. Le bourg de Saint-Gervais, qui succède à l’ancienne villa romaine, a pour origine une villa carolingienne avec une

FI G.84. — Villa carolingienne de Saint-G-ervais, d’après L. Blondel (G, XIX, 1941, 192, fig. 1).

chapelle (sous l’église Saint-Gervais), qui est entourée d’une enceinte et de fossés (fig. 84). Peut-être que Pépin le Bref en 755, Charlemagne en 773, Rodolphe Ier

(888-912), y logèrent quand ils passèrent par Genève 2. En 926, on y rend encore la justice au nom du roi Rodolphe II 3.

Notons que certains détails des maisons rurales dans la campagne genevoise 4, des noms de localité en ens, ins, inges 5, gardent des survivances burgondes.

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1 BLONDEL, Carouge, villa romaine et burgonde, G, XVIII, 1940, 54; 64, Carouge burgonde;

65, Les fossés de Carouge; 67, plan de la villa burgonde. 2 G, XIX, 1941, 200-201.

3 BLONDEL, G, VI, 1928, 29, Saint-Gervais; ID., XI, 1933, 95; ID., La villa carolingienne

de Saint-Gervais, XIX, 1941, 187, plans. 4

Blondel, Origine, 13, assemblage particulier des portes de granges.

5 F. DE SAUSSURE, Les Burgondes et la langue burgonde en pays roman, BHG, III, 1906-13, 9; E. MURET, Les noms de lieux en inge, in et ens, ibid., 22.

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Les inscriptions funéraires des Ve-VIIe siècles 1 donnent les noms des défunts, Adelfîna en 505 2, Ursolus 3, Aelloidus (Aegioldes ?) 4, ou l’image de la colombe chrétienne5. Quelques-unes proviennent des églises Saint-Pierre6 et Saint-

Victor 7, où les morts furent ense- velis. Des cimetières dits barbares

s’échelonnent du IVe siècle aux

temps mérovingiens et même caro- lingiens, près de la ville, hors de l’enceinte, dans les ruines romaines et les terrains vagues: à Longe- malle, sous la première église de la

Madeleine8; sur les terrains en

pente entre la rue Verdaine, la rue du Vieux-Collège, la promenade Saint-Antoine9 ; au Bourg-de-Four10 ; d’autres sur la rive droite du Rhône, à Saint-Gervais11; puis en divers lieux de la campagne12.

Fig. 85. — Coupe en argent, IVMusée de Genève. e siècle apr. J.-C.

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Les objets mobiliers de cette période n’ont été trouvés qu’en petit nombre.

Une coupe en argent — est-ce un calice ? —, découverte dans le

1 PS, 121, Inscriptions funéraires, n° 222-236; LECLERCQ et CABROL,s. v. Genève, 951, VII, Epigraphie. 2

Ibid., n° 222. Remployée dans une des églises de Saint-Pierre comme marche d’escalier; LECLERCQ 3 et CABROL, S. V.Genève, 951.

Ibid., n° 227; LECLERCQ et CABROL, S. V. Genève, 953, fig. 5216.

4 Ibid., n° 231 ; BESSON,Nos origines chrétiennes, 16; LECLERCQ et CABROL, S. V. Genève, 952.

5 Ibid., n° 224-225; BESSON, Nos origines chrétiennes, 15; LECLERCQ et CABROL, S. V.Genève, 954. 6

Ibid., nos 222, 224-225, 226, 229, 230; aussi deux sarcophages du VIe siècle, nos 235-236; cf. p. 101. 7

Ibid., n° 231. — Cf. p. 102 inscription de l’évêque Ansegisus, ibid., nos 257-258.

8 G., XI, 1933, 90-92. — Tombes donc antérieures aux VIIe-VIIIe siècles, date de construc- tion de la première église. 9

G, X, 1932, 73-74, cimetière de la fin du IIIe siècle au début de la période barbare.

10 G, XII, 1934, 54, période barbare.

11 BHG, II, 1898-1904, 345; G, XI, 1933, 98; XVII, 1939, 49, fig. 7 (plan du cimetière près de la façade sud du temple; ce cimetière a pu être en usage jusqu’à l’époque carolingienne); XIX, 1941, 196, tombes sous le temple de Saint-Gervais.

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1it du Rhône, près de Chancy, où des lièvres courent dans des rinceaux de feuillage, pourrait être une importation syrienne à la fin du IIIe ou dans la première moitié du IVe siècle 1 (fig. 85).

Sur un missorium en argent2, l’empereur Valentinien, au milieu de ses gardes,

porte un nimbe que timbre le chrisme chrétien avec l’A et l’

(fig. 86). S’agit-il de Valenti- nien Ier (364-375), II (375-392) ou III (425-455), et serait-ce aussi une oeuvre syrienne de la fin du IVe ou du Ve siècle ? 3.

Ce sont, de l’art barbare, quelques objets de parure 4 (fig. 89). Une agrafe de ceinturon, porte une ornementation indis- tincte où l’on aperçoit cependant un masque humain5. Une autre, en fer plaqué

d’argent provient du Grand-Saconnex 6 (fig. 87). Une fibule ronde, en or et verroterie rouge, d’un tombeau sur les Tranchées, est un beau spécimen de l’orfè- vrerie cloisonnée chère aux Mérovingiens 7 (fig. 88).

1 BREHIER,Le calice en argent du Musée de Genève, G, III,

1925, 121, référ.; PS, 115; DEONNA,Collections arch. et hist., Moyen âge et temps modernes, 1929, 19, E. 472. « Rien n’auto-

rise, dit M. Bréhier, à affirmer d’une manière certaine qu’il provienne d’une église de Genève, bien que cette attribution soit vraisemblable. » G, III, 1925, 128. 2

DEONNA,Le missorium de Valentinien, ASAK, 1920, 18,

92; ID., G, IV, 1926, 147, I. Le missorium de Valentinien,

fig. 1 (sur le nimbe au chrisme attribué à l’empereur) ; PS, 115; L3ECLERCQ et CABROL, S.v. Genève, 954.

BREHIER,G, III, 122; IV, 1926, 147, référ.

4 Quelques-uns sont mentionnés: REBER, ASAK, 1919, 208-209; BESSON, L’art barbare dans l'ancien diocèse de Lausanne, 1909. — LECLERCQ et CABROL, Dict. d’arch. chrét., s. v. Genève, 954,

VIII, Gemmes, fig. 5219, d’après Musée Fol, 4°, III, pl. LXVII; 956, IX, Bijoux barbares; 958, XI, anneaux, rapporte à Genève une série d’objets qui proviennent en réalité d’Italie, de Savoie et de Suisse. 5

E. 3. Bronze. Deonna, Les croyances, 392, fig. 95. — M. Bréhier a étudié les agrafes de ceinturons burgondes du Musée de Genève, dont beaucoup proviennent des environs de Genève, en particulier du cimetière de la Balme en Haute-Savoie: Bréhier, Les objets de parure burgonde au Musée de Genève, G, IX, 1931, 171. Noter entre autres la célèbre agrafe de la Balme, avec l’entrée de Jésus à Jérusalem, souvent reproduite: Cartier, Une agrafe de la Balme (Haute - Savoie), Rev. Charlemagne, 1911, 9; Gantner, Hist. de l’Art en Suisse, 77, fig. 49. 6

E. 155. — Une plaque de ceinturon, damasquinée, de la Croix-de-Rozon, au Musée national de Zurich, 31e rapport du Musée national, 1922, 26; 16e rapport Soc. suisse de Préhistoire,1925,

106; M7ONTANDON,n° 171, n° 166.

E. 471; Besson, NOS origines chrétiennes, 1921, pl. XIII (en couleurs).

FIG.88. — Fibule en or, tombe des Tranchées. Musée de Genève. FIG.87. — Agrafe de ceinturon, du Grand-Saconnex.

Musée de Genève.

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Une fibule de la nécropole de Chancy, entre la fin du Ve et le début du VIIe siècle, aussi en technique cloisonnée, mais en fer, a la forme d’un oiseau stylisé 1. Une bou- cle d’oreille en or, provenant du lit du Rhône à Genève, insère des verres rouges

dans un chaton polygonal2, et une autre, en bronze, trouvée dans le lac à Belle- vue, répète la même forme et la même tech- nique 3.

Voici quelques bagues

mérovingiennes4, dont le

chaton est incisé de motifs ou de monogrammes à la lecture incertaine 5 ; des an- neaux 6, des boucles 7, une fibule8, en bronze ou en fer; un peigne en os 8; un fragment de bracelet en pâte de verre noire 9, etc. Voici des armes et des ins-

1 N° 9134; G, I, 1923, 83, fig. 2. « L’œil est formé par un ca- bochon de verre blanc:taillé, les autres verres sont bleus ou jau- nes, au centre un fragment de petite croix en émail bleuâtre. » 2

E. 297. Début de l’époque carolingienne.

3 E. 571.

4 DELOCHE, Anneaux et cachets de l’époque mérovingienne, Rev. arch., 1893, I, 271, Bagues

appartenant au Musée archéologique de Genève; MAYOR, Note sur les anneaux mérovingiens du Musée de Genève, ibid., 1893, II, 88; Mitt. Antiquar. Gesell. Zürich, XXIV, 1895, 20-21.

5 E. 276. Bague en étain, trouvée dans le lit du Rhône, à Genève. Chaton circulaire, avec croix centrale entourée d’éléments en E: GOSSE, Rapport sur divers objets trouvés dans le lit du Rhône, 1890, 6, pl. III, 3; DELOCHE, Rev. arch., 1893, I, 271, n° CCXXXIV; MAYOR, ibid., 1893,

II, 102; Mitteil. Antiquar. Gesell. Zürich, XXIV, 1895, 21; DEONNA, Les croyances, 379, fig. 84,

1; 321, note 6; LECLERCQ et CABROL, s. v. Genève, 957, fig. 5220, 958. — E. 332. Bague en bronze, trouvée aux environs de Genève. Chaton allongé, avec monogramme ou signe en S et autres éléments: DELOCHE, Rev. arch., 1893, I, 272, 2°, n° CCXXV; MAYOR, 379, fig. 84, 3;

LECLERCQ6 et CABROL,s. v. Genève, 957-958, fig. 5220.

E. 2, petit anneau d’une tombe à Saint-Antoine, bronze. — E. 535, grand anneau d’une tombe à Aire-la-Ville, bronze. 7

E. 85, Eaux-Vives, pendeloque, bronze. — E. 107, Tranchées, bronze; boucle de ceinturon en fer, Chancy: G, I, 1923, 83. 8 C. 2050, Tranchées, avec cercles ponctués: DEONNA,Les croyances, 352, fig. 56, 1.

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truments en fer1. Des lampes en argile, des formes usuelles aux IVe-VIe siècles2, portent des motifs chrétiens: douze têtes autour d’un personnage trônant, identifiés