• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Les facteurs politiques : position des partis

4.3. Débats parlementaires

Depuis les prises de position de Pieter De Crem en faveur du F-35, la question du remplacement des F-16 a fait l’objet de plusieurs questions parlementaires autour de la

1 Certains observateurs ont relevé que les très proches collaborateurs du ministre NVA de la Défense sont des

officiers supérieurs de la Composante Air.

pertinence du remplacement en tant que tel mais aussi de celle du choix de l’appareil américain par celui qui était encore ministre de la défense. Plus récemment, la décision de la nouvelle majorité d’effectivement procéder au remplacement a appelé plusieurs questions. Liées au coût de l’opération d’achat, du caractère nucléaire associé à l’acquisition du vecteur américain (F-35)1 ou au tropisme « orangiste » impliquant une symétrie des choix d’appareils en imitant la flotte de chasse des Pays-Bas, elles prennent également la forme de critiques, notamment de la part du PS, autour de la pertinence du remplacement, alors même que le nouveau plan stratégique devant ou non le légitimer n’a pas encore été rendu public. Les critiques s’articulent également autour de l’envoi du Preparation Survey en juin, alors même que la décision d’un remplacement n’avait pas été prise – motivant selon le sp.a, Ecolo et Groen la nécessité de suspendre le processus.

De même, la rédaction du Survey serait indicative des faveurs accordées au F-35 selon certains. Dans la même optique, le fait que les réponses des industriels au Survey n’aient pas été communiquées à la Chambre a également été critiqué. La thématique devait être plus spécifiquement abordée le 21 janvier 2015, au cours d’un échange de vues en Commission de la défense mais la séance avait alors été reportée, dans le contexte d’un accroissement du niveau d’alerte face à la menace terroriste consécutive aux attentats de Paris et des raids opérés par la Police fédérale belge2.

Le moment est également « stratégique » dès lors que les forces armées, les partis politiques et les acteurs informels planchent sur un nouveau plan stratégique 2015-2030. Mais l’année 2015 est aussi une année importante pour l’avenir des forces armées belges face à un défi majeur : la rédaction d’un plan dit stratégique à dix ans. Une première mouture a déjà été élaborée par le chef de la défense (CHOD) pour la période 2014 -2019 et diverses plumes se sont aussi essayées à cet exercice complexe et délicat. Deux grandes tendances semblent imaginables. Soit les forces armées « gardent tous leurs moyens, mais en diminuant partout les quantités », soit il s’agira de poser à nouveau la question du choix des niches capacitaires et d’excellence en supprimant les outils les « moins utiles ». Tâche délicate dès lors que les diverses composantes (armes) peuvent être en « rivalité d’influence » mais aussi parce que le paysage géostratégique actuel oscille entre les conflits asymétriques, les stratégies européennes et le retour à une « paix froide » avec l’épisode de la montée des tensions ukraino-russes qui bouleverse le voisinage européen. Reste que les lignes de forces « politico-stratégiques » de ce plan (sans indications sur les équipements majeurs et les infrastructures) furent présentées par le nouveau ministre de la Défense, Steven Vandeput (NVA, parti nationaliste flamand soutenant plus ou moins visiblement l’idée d’une armée dite « orangiste »3

par « intégration » militaire belgo- néerlandaise) fin avril.

Cette ébauche de la future configuration de la Défense en 2030 devra être adoptée par le gouvernement, avant que ne soit soumis au Conseil des ministres un plan stratégique dans ces

1 Relevons que cet argument est sujet à caution dans la mesure où les chasseurs-bombardiers Panavia Tornado

construit par un consortium européen sont habilité à être à capacité nucléaire et peuvent donc larguer aussi des bombes B-61.

2 André Dumoulin, « Belgique et terrorisme : « C’est arrivé près de chez nous », tribune n°603, Revue de

Défense nationale, Paris, 20 janvier 2015.

3

André Dumoulin, « Belgique : une défense jaune-bleu ? », dans Europe diplomatie & défense n° 721, Agence Europe, Bruxelles, 31 juillet 2014.

grandes lignes, en principe avant la fête nationale du 21 juillet prochain. Il est probable qu’à ce moment soit confirmé la pérennité de la chasse, sans n écessairement définir le nombre ou le modèle d’appareil retenu. Un plan directeur précis sera enfin soumis dans le courant de l’automne 2015. Les contraintes sont énormes, à la fois budgétaires, politiques et communautaires1. À ce calendrier s’ajoute ainsi le dossier très délicat du remplacement des avions de combat F-16. Un certain nombre d’idées et de propositions furent lancées dans le cadre d’auditions autour de l’avenir des forces armées belges (« La défense belge dans le futur »)2 organisées entre janvier et février 2015 à la Chambre des Représentants (sur initiative de parlementaires de la NV-A), puis lors d’un colloque fermé organisé le 25 février dernier dans les murs de l’Ecole royale militaire par le cabinet de la Défense nationale, avec l’aide de l’IRSD)3

et une campagne de sondages du personnel de la Défense

Il s’agissait bel et bien pour le ministre d’acquérir une série d’informations plurisectorielles avant de prendre attitude, en collaboration avec l’état-major et le gouvernement de coalition à forte dominance néerlandophone, seul le parti libéral francophone est dans la coalition exécutive. Mais l’essentiel des débats parlementaires est sans doute à attendre dans la foulée de la présentation du nouveau plan stratégique.

1 André Dumoulin, « Belgique : une défense jaune-bleu ? », carte blanche, Europe Diplomatie & défense, n° 721,

Agence Europe, Bruxelles, 31 juillet 2014.

2 Tim Vandenput et Alain Top, Auditions. La Défense belge dans le futur, Rapport fait au nom de la

Commission de la défense nationale, document 54 0975/001, Chambre des Représentants de Belgique, Bruxelles, 19 mars 2015.